Avec Sophie Lacoste, Co-Présidente de Fusalp
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, oser entreprendre, Thomas Vinet.
00:04Bonjour Thomas Vinet.
00:05Bonjour Jean-Marie.
00:06On se lance dans l'aventure de l'entreprise, comme chaque dimanche, à la même heure,
00:08sur Sud Radio.
00:09On parle quoi ?
00:10On va commencer par la saga de la semaine, c'est les Ketchup Heinz, c'est notre grand
00:13témoin Sophie Lacoste, coprésidente de Fusalp.
00:16Allez, comme on passe du tennis au ski aux vêtements de Ville Polyvalent, on va en parler
00:20dans un instant.
00:21Et puis on terminera pour savoir comment se protéger des arnaques commerciales.
00:25Oui, ça c'est important.
00:26On va beaucoup parler d'arnaques aujourd'hui, de toute façon avec vous.
00:29Allez Thomas, on commence comme chaque semaine, en partenariat avec le magazine Entreprendre,
00:33par plonger dans l'histoire d'une marque mythique, la marque de Ketchup Heinz, reine
00:37du Ketchup et des sauces.
00:39Comment elle a démarré ?
00:40Cette histoire de Heinz est une véritable épopée qui débute en 1869 à Pittsburgh.
00:46Henri John Heinz, alors âgé de 25 ans, lance sa première entreprise en vendant la sauce
00:50au Rayford de sa mère.
00:52C'est une sauce qui accompagne des crudités, pour ceux qui ne connaissent pas.
00:54C'est très bon un Rayford.
00:56Mais ce qui le distingue, dès le départ, c'est son obsession pour la qualité et la
01:00transparence.
01:01À une époque où les producteurs utilisaient des bouteilles opaques pour cacher les ingrédients
01:04douteux, Jean-Marie-Henri Heinz choisit des bocaux en verre transparent.
01:08Il voulait que ses clients voient la pureté de ses produits.
01:11Cette idée simple mais révolutionnaire a marqué les débuts de la marque.
01:14Il y a le ketchup dans tout ça, comment il est devenu le produit emblématique ?
01:17Le ketchup est arrivé en 1876, le Ketchup Heinz, donc Henri lance une recette secrète
01:23composée de seulement 5 ingrédients, dont des tomates mûries au soleil.
01:27Son goût unique séduit immédiatement les consommateurs américains.
01:30Mais ce n'est pas tout.
01:31Dès les années 1880, Heinz exporte son ketchup au Royaume-Uni, notamment chez Fortnum & Mason,
01:39une institution londonienne.
01:40Mais c'est déjà une stratégie internationale avant l'heure qu'il met en place.
01:43Ce ketchup va rapidement devenir un symbole de qualité à travers le monde.
01:47Et qu'est-ce qu'on peut dire de ce fameux 57 variétés que tout le monde connaît aujourd'hui ?
01:52C'est quoi le 57 variétés ?
01:53Vous allez voir.
01:54C'est un slogan d'abord iconique et avec une histoire un peu surprenante.
01:58En 1896, Henri Heinz tombe sur une publicité pour une marque de chaussures qui met en avant
02:03ses 21 modèles.
02:04Inspiré, il crée 57 variétés.
02:07Alors le chiffre, il faut savoir qu'il n'a rien à voir avec la réalité, puisque Heinz
02:10vendait déjà plus de 60 produits à l'époque, mais le 5 était son chiffre pot de bonheur
02:14et le 7 celui de sa femme.
02:16Voilà d'où vient l'idée.
02:17Donc ce slogan est devenu un symbole de l'innovation et de la diversité de la marque.
02:20Et l'expansion ne s'est pas arrêtée là, Jean-Marie.
02:23Dans les années 20, Heinz produit 10 000 tonnes de nourriture rien qu'aux Etats-Unis.
02:27On observe aujourd'hui le succès international de cette marque.
02:31Un mot quand même.
02:32Pourquoi la bouteille de ketchup est en verre ? Quand il en reste juste un petit peu au
02:35fond de la bouteille.
02:36On s'est tous au moins une fois battu avec cette bouteille de ketchup pour en verre.
02:39Elle est un peu en plastique maintenant quand même.
02:41Souvent en verre encore.
02:43Vous verrez, vous vous battrez avec elle vous aussi un jour, Thomas.
02:45Allez, tout de suite, on accueille votre invitée, Sophie Lacoste.
02:47Bienvenue sur Sud Radio.
02:48Bonjour.
02:49Vous êtes la coprésidente de Fusalp.
02:51Alors Fusalp, c'est une marque, une entreprise créée par des tailleurs en 1952 en Haute-Savoie
02:56à Annecy.
02:57Marque de vêtements issus de ski très haut de gamme, qui allie technicité et style.
03:02Et aujourd'hui, vous avez 250 salariés, plus de 60 magasins dans le monde et vous
03:07êtes l'invitée de Thomas Binet.
03:08Merci beaucoup.
03:09Sophie Lacoste, vous êtes dans Oser entreprendre.
03:12Je vais vous citer quelque chose, vous allez me dire si vous vous souvenez.
03:14Innover, c'est oser prendre des risques.
03:17Qui a dit ça ? Ça vous rappelle quelqu'un ?
03:20Je vais me permettre de vous aider.
03:24C'était votre grand-père.
03:25J'imagine que c'est mon grand-père.
03:26Oui, c'est ce que j'allais vous dire.
03:27Qui l'a dit en 1933, donc oser, vous êtes au bon endroit.
03:30Votre grand-père, c'était René Lacoste, un des célèbres mousquetaires du tennis
03:33français qui remporta d'ailleurs la Coupe Davis en 1927 et en 1928.
03:37Il va créer en 1933 la marque Lacoste.
03:40Quel héritage entrepreneurial vous a-t-il laissé ?
03:43Il nous a laissé exactement ce que vous avez dit, c'est-à-dire l'envie d'oser,
03:48l'envie d'entreprendre, l'envie de se dépasser, mais surtout avec un mode opératoire
03:54très particulier, c'est-à-dire en étant extrêmement ouvert sur le monde, en étant
03:59dans un véritable esprit d'équipe.
04:01Mes grands-parents, parce qu'on parle de René, mais sa femme était Simone, qui était
04:05une très grande championne de golf, était absolument indissociable de lui.
04:08Et c'était des champions, c'était des sportives, donc un esprit d'équipe, un esprit
04:13de compétition, mais dans le bon sens du terme.
04:15Et ça, c'est des valeurs fondamentales.
04:17Alors on va s'intéresser un petit peu à vous Sophie Lacoste.
04:19Après des études à Dauphine, vous avez commencé dans la finance, mais alors le plus
04:22surprenant, et probablement d'ailleurs pas su du grand public, c'est que vous avez
04:26devenu comédienne au théâtre pendant dix ans, tout en étant administratrice de Lacoste,
04:30et vous avez en même temps d'ailleurs créé la fondation Lacoste.
04:32Il va falloir nous expliquer un petit peu, vous êtes l'artiste de la famille en fait ?
04:36Oui, sûrement, sûrement, oui, je pense qu'il n'y a pas d'autre cas que le mien,
04:41mais c'était pour moi essentiel depuis que je suis née, j'avais envie de faire ça,
04:45de faire du théâtre, et ma famille l'avait vraiment accepté, oui.
04:49Mais en même temps, vous allez à un moment donné décider d'arrêter le théâtre,
04:53et revenir dans la vie sérieuse des affaires, forcément ?
04:57Oui, je ne sais pas ce qui est le plus sérieux finalement entre les deux.
04:59C'est présenté souvent comme ça en tout cas.
05:01Oui, mais ce n'est pas forcément le cas.
05:02Le théâtre, c'est une affaire extrêmement sérieuse.
05:04D'autant plus que vous aviez créé une compagnie.
05:06Tout à fait, tout à fait, et puis on a essayé de le faire de la bonne manière.
05:10Quand on est entrepreneur aussi, on fait des choses sérieuses,
05:13mais ce n'est pas grave non plus, il faut savoir les faire avec une certaine légèreté
05:18pour pouvoir appréhender les difficultés et les obstacles.
05:20Alors vous allez quitter d'ailleurs ce monde sérieux du théâtre,
05:23et ça va venir avec la vente de Lacoste d'ailleurs,
05:26qui vous fera passer de ce théâtre philanthropique au rachat
05:30avec votre frère Philippe et votre belle-sœur, l'épouse de Philippe, Mathilde,
05:35la société Fusalpes, l'année suivante, c'est-à-dire le 20 décembre 2013,
05:40après avoir vendu le 12 décembre 2012.
05:42Il y a une synchronisation, vous êtes du mois de décembre, vous.
05:44Oui, tout à fait, c'était une année pile-poil,
05:46on a eu beaucoup de chances de tomber sur cette très belle entreprise.
05:49Belle endormie d'ailleurs, vous dites.
05:51Belle endormie patrimoniale, vraiment, qui fait partie de l'histoire de la France,
05:54qui a équipé la plus grande épopée de skis française dans les années 60,
06:00et donc avec une identité, un ADN tellement fort qu'on a eu un coup de cœur immédiat.
06:05Alors on va s'intéresser à Fusalpes justement,
06:07parce que Jean-Marie l'a présenté en disant
06:10c'est une entreprise de skis très haut de gamme, ce qui est vrai,
06:14mais ce n'est plus seulement ça aujourd'hui.
06:16Oui, tout à fait.
06:17On fait 60% de notre chiffre d'affaires est plutôt tourné vers l'urbain.
06:21On fait des vêtements qui sont techniques.
06:23Fusalpes, c'est l'alliance de la technicité et du style, vraiment.
06:26Donc on accompagne nos clients dans plein de moments de leur vie.
06:30Et vous faites 60 millions, pour donner des chiffres quand même, c'est important,
06:3360 millions d'euros de chiffre d'affaires aujourd'hui,
06:35et quand vous l'avez racheté, donc il y a une petite dizaine d'années,
06:37vous faisiez 5 millions, donc c'est colossal.
06:40Le parcours.
06:41Oui, c'est un joli chemin.
06:43Mais je pense que cette marque a vraiment un potentiel international très fort
06:47et puis très, très contemporain.
06:50Vous considérez que l'instinct prime sur toute autre forme de stratégie.
06:55Ça, c'est surprenant, pardon.
06:57Je ne suis pas contre l'idée de l'instinct,
06:59mais alors tous les consultants qui nous écoutent ce dimanche matin,
07:01ils doivent tourner de l'œil.
07:03Oui, je pense évidemment qu'il faut essayer de rationaliser ses prises de décision,
07:07avoir un maximum d'informations, réfléchir aux choses,
07:10mais à chaque fois que je n'ai pas suivi mon instinct,
07:12je l'ai absolument regretté.
07:14Donc je crois qu'il vaut mieux faire ses propres erreurs,
07:17mais bien suivre sa vision des choses.
07:20Comment vous voyez Fusalp dans 10 ans ?
07:22Comme une marque vraiment internationale,
07:24et je pense que Fusalp a un potentiel très, très fort.
07:27On projette des chiffres d'affaires qui sont largement deux fois ce qu'on fait,
07:31et voire beaucoup plus.
07:33C'est un grand marché, on est aujourd'hui tout petit,
07:36donc on a encore beaucoup de place pour se déployer.
07:38Et la conquête du monde, c'est ça ?
07:40Oui, on a déjà pas mal,
07:42on a 50% de notre chiffre d'affaires qui est fait à l'international déjà.
07:45Donc aux Etats-Unis, on a trois magasins,
07:47on est en Corée, en Corée du Sud,
07:49et dans toute l'Europe évidemment,
07:51et on n'est encore qu'au début du chemin.
07:53Une ultime question pour vous.
07:55J'ai lu sur vous que vous cherchiez à aller au-delà de vous-même,
07:58mais pas forcément pour gagner.
07:59Alors là, pardon aussi,
08:00mais j'ai du mal à le comprendre quand on sait de qui vous venez.
08:04Oui, alors moi j'ai pas personnellement tellement l'esprit de compétition.
08:07J'ai jamais fait de sport de compétition vraiment,
08:09j'ai toujours fait beaucoup de sport.
08:10Mais vous avez dû être révélée là-dedans quand même.
08:12Oui, certainement.
08:13Il y a beaucoup de membres de ma famille qui ne diraient pas ça.
08:15J'imagine.
08:15Mais moi, oui, j'ai besoin de me dépasser moi-même
08:20et d'aller au-delà de ce que je dois faire,
08:23mais sans forcément l'histoire de la victoire.
08:26Pour moi, c'est le chemin qui compte le plus.
08:28Merci à vous.
08:29Merci à vous Sophie Lacoste.
08:30Je rappelle que vous êtes la co-présidente de FUSALP.
08:34Allez, tout de suite, on explique quelque chose.
08:35Bruno, le spécialiste des fournitures et de l'équipement pour les professionnels présente
08:41Sud Radio, oser entreprendre, les essentiels de l'entrepreneuriat.
08:46Dimanche sous le signe de la vigilance avec vous Thomas.
08:49Aujourd'hui, on y reviendra un peu plus tard.
08:51D'ailleurs, entreprendre, c'est se lancer dans l'inconnu.
08:53Vous nous le dites tout le temps, avec enthousiasme.
08:55Vous nous le dites aussi, mais comment on évite les pièges ?
08:58Comment on se protège des arnaques commerciales, surtout quand on débute ?
09:02Le plus dur dans la vie, c'est de dire non, vous ne croyez pas ?
09:04Oui, ça dépend.
09:06Pour se protéger des arnaques commerciales, il faut d'abord savoir dire non.
09:11Ça peut paraître simple à dire, mais en réalité, c'est souvent un défi.
09:15Lorsqu'on démarre, on est plein d'énergie, parfois un peu stressé et on veut saisir
09:19chaque opportunité qui se présente parce qu'on a peur de les rater.
09:22C'est normal, mais cela peut aussi nous rendre très vulnérable.
09:26Apprendre à dire non, c'est apprendre à poser des limites, à prendre du recul et
09:29surtout à protéger son projet.
09:30Pourquoi selon vous, c'est si compliqué de refuser certaines offres ?
09:33Il y a plusieurs raisons.
09:34D'abord, la peur de manquer une occasion.
09:36Beaucoup se disent, et si je passais à côté de quelque chose d'important ?
09:39Ensuite, il y a la pression exercée par certains interlocuteurs peu scrupuleux.
09:43Ils jouent sur l'urgence ou l'émotion.
09:45Cette offre expire aujourd'hui, ou c'est votre chance.
09:48Oui, c'est un métier.
09:49Ce n'est pas forcément le meilleur.
09:50Ces discours sont faits pour nous pousser à agir sans réfléchir.
09:53Enfin, il y a le manque d'expérience.
09:54Quand on débute, on n'a pas toujours les outils pour évaluer une offre ou détecter
09:58un discours suspect.
09:59Concrètement, qu'est-ce que peuvent faire les entrepreneurs pour se protéger ?
10:03D'abord, prenez le temps.
10:04Car une opportunité sérieuse vous laissera le temps d'y réfléchir et de poser des questions.
10:08Deuxièmement, enseignez-vous sur vos interlocuteurs.
10:10Cela peut éviter bien des déconvenues.
10:12Et enfin, posez des questions.
10:13Beaucoup d'entrepreneurs hésitent par peur de paraître méfiants ou inexpérimentés.
10:17Mais au contraire, un interlocuteur fiable appréciera que vous cherchiez à comprendre.
10:22Demandez des détails sur les conditions, les résultats attendus et lisez toujours
10:26les petits caractères en les contraint qu'on ne lit pas.
10:29Si les réponses sont vagues, évasives, fuyez.