Elisabeth Lévy : "Le catholicisme n’est pas une religion parmi d’autres"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Il est 8h13, merci d'être avec nous Elisabeth Lévy, bonjour.

00:07Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:09On l'a donc appris, Emmanuel Macron, la prière, parlera devant Notre-Dame,

00:14je dis bien devant Notre-Dame, sur le parvis, le 7 décembre.

00:19Alors je ne sais pas si ce sera une résurrection, c'est un petit clin d'œil à Françoise,

00:24mais notre Père qui n'est pas aux cieux, pas aux cieux, je ne crois pas, mais à l'Élysée,

00:29eh bien il descendra en effet de son Olympe le 7 décembre,

00:32et il prononcera son homélie sur le parvis.

00:35Alors il paraît qu'il se serait bien vu le faire à l'intérieur,

00:38ça ne vous étonnera pas, juste avant la messe.

00:41Bon, son entourage adulte le convainc que cette confusion des gens serait de très mauvais goût

00:45et que la polémique emporterait absolument tout ce qu'il dirait.

00:49Donc ce sera César le 7 décembre et Dieu le 8, avec la première messe depuis avril 2019.

00:56Ça fait quand même cette visite sur le parvis, il fait bien sûr brailler quelques laïcars,

01:01mais le parvis n'est pas une église, enfin ou alors je me trompe,

01:04mais il appartient au peuple de Paris et de France, donc il n'y a rien de choquant.

01:09Et d'ailleurs Jean-Jacques, je vous dirais la même chose si c'était la mosquée de Paris,

01:13qui est aussi notre patrimoine, un témoignage de notre histoire.

01:17Alors le 7 en plus, Emmanuel Macron, c'est en quelque sorte le maître d'œuvre,

01:21l'État qui remet les clés du chantier au client qui est l'église.

01:26Alors à l'Élysée, on annonce un discours sur le thème du « on a tenu le pari les gars »

01:31– Mais ça c'est vrai remarquez.

01:32– Ah non mais je vais y venir, ne vous inquiétez pas, je suis tout à fait d'accord.

01:35Mais connaissant Emmanuel Macron, on peut aussi espérer quelques envolées sur la France millénaire.

01:41Alors cependant, quand il veut quelque chose, vous savez, notre président n'aime pas renoncer.

01:47Mais il aura quand même, si c'est concocté, une petite visite de chantier le 29 novembre.

01:53Peut-être qu'il aura un casque de chantier, sûrement d'ailleurs.

01:57Voilà, il aura donc son grand moment dans la nef de Notre-Dame,

02:01alors en petits comités, juste les 2000 compagnons qui ont travaillé,

02:05les donateurs, c'est-à-dire le gratin des affaires français,

02:08quelques invités et bien sûr les caméras de télévision,

02:11une cérémonie, tout ce qu'il y a de plus intime.

02:14Bon, franchement, je suis d'accord avec vous Jean-Jacques,

02:17qu'Emmanuel Macron veuille profiter, en tous les cas,

02:20veuille qu'on le reconnaisse pour la réouverture de Notre-Dame dans ses délais,

02:24et qu'il veuille profiter de ce moment pour renouer avec les Français,

02:27eh bien c'est légitime et franchement, il a raison de le faire,

02:31parce que oui, il avait promis que ce serait fait en 5 ans, il l'a fait,

02:365 ans après Notre-Dame renaît de ses cendres,

02:39et ça on le doit quand même beaucoup à sa volonté,

02:42et puis pardon, il n'a pas tant de grands succès éclatants à montrer,

02:47et puis alors en plus, je voudrais quand même le remercier,

02:49parce qu'il nous a épargné le geste architectural

02:52dont il nous menaçait, la flèche de violet de l'électeur à restaurer à l'identique,

02:57vous êtes d'accord ?

02:58– Ah mais ça je suis totalement d'accord, mais non mais François, c'est vrai.

03:02– Mais bien sûr, c'est évident, évident.

03:03– Mais bon, maintenant il n'y a plus de débat.

03:05– Le geste architectural, ça fait peur.

03:07– Vous êtes intransigeante sur la laïcité,

03:10ça ne vous choque pas qu'il assiste à la messe du 8 ?

03:13– Non, intransigeante ça ne signifie pas extrémiste ni obtuse, pardon.

03:18La séparation entre l'Église et l'État, pour revenir un peu dessus,

03:21ça signifie que l'État évidemment n'obéit absolument pas aux lois de Dieu,

03:25ne se mêle pas des affaires des Églises,

03:27sauf pour vérifier qu'elles respectent bien sa loi,

03:30ça ne signifie pas évidemment qu'ils ne se parlent jamais,

03:33ni que nos élus n'ont pas le droit d'aller à la messe,

03:36vous savez le général de Gaulle y allait en public,

03:38quand il était un peu comme président, il ne communiait pas.

03:42Alors en plus, dans le cas de Notre-Dame et le catholicisme,

03:46il faut, j'en ai assez, si vous voulez qu'on ne veuille pas voir ça,

03:49le catholicisme ce n'est pas une religion parmi d'autres en France,

03:52c'est notre ADN, notre héroculturel, notre inconscient anthropologique

03:56à tout ce qui que nous soyons, d'où que nous venions.

03:59Notre-Dame c'est la France éternelle, c'est notre inscription dans la grande histoire,

04:03les cloches quand même de Notre-Dame ont sonné les grandes heures de la nation,

04:07de la fin de la guerre de cent ans dont vous me parliez hier, Jean-Jacques,

04:11à la libération de Paris, et quand Emmanuel Macron sera un chapitre des livres d'histoire,

04:16et la plupart d'entre nous ils ne veulent à peine une note de bas de page,

04:19et bien Notre-Dame sera toujours là.

04:22Alors j'aimerais quand même pour finir espérer que le président sera touché par l'esprit saint,

04:27et qu'il renoncera à son funeste projet de remplacer les vitraux de Viollet-le-Duc,

04:32qui sont restés pourtant intacts après l'incendie,

04:35et qu'il veut remplacer donc par les oeuvres d'artistes à la mode,

04:38comme Buren ou d'autres, qui ont beaucoup d'autres lieux en France.

04:41Vous savez, parfois, la plus belle trace qu'on puisse laisser dans l'histoire,

04:45c'est d'avoir l'humilité de ne rien changer.

04:48– Bon, c'est vrai que le catholicisme n'est pas une religion comme les autres,

04:51mais n'oubliez pas les protestants dont je suis.

04:54– Pardon Jean-Jacques, pardon, pardon, pardon.

04:56– Mais quand même, vous avez attention, laissez le papayeau, attention.

04:59– Non mais bien sûr, vous avez raison, la branche protestante a aussi un statut spécifique,

05:04mais malgré tout, voilà, la branche ou le tronc.

05:07– Mais dites-moi pour les vitraux, Jean-Jacques,

05:10les vitraux, vous êtes d'accord avec moi, non ?

05:12– Oui, oui, je suis d'accord, moi, j'adore Notre-Dame.

05:15– Notre-Dame, c'est méta.

05:17– Non mais là, c'est pas Macron, Macron, c'est pas lui,

05:20mais je dis hommage à toutes celles et ceux qui ont travaillé sur ce chantier.

05:24– C'est aussi lui, quand même, je pense.

05:26– Oui, c'est lui qui a initié, je suis d'accord.

05:28– Si vous n'avez pas quelqu'un qui…

05:30– C'était le chef, mais pardon, tous ceux et celles qui ont travaillé.

05:33– Je passe, j'habite à côté de Notre-Dame,

05:35donc je y passe à peu près deux ou trois fois par semaine.

05:38Vous avez, allez voir si vous voulez, vous avez toutes les photos,

05:42combien d'arbres ont été coupés,

05:44ce qu'on appelle la forêt pour refaire les charpentes.

05:46Les gens qui sont venus, je parlais avec un chef de chantier,

05:49qui me disait qu'il y a des gens qui sont venus du monde entier

05:51travailler gratuitement pour l'honneur de refaire Notre-Dame.

05:54Donc Notre-Dame, c'est méta-religieux, Elisabeth a absolument raison,

05:58c'est autre chose qu'une église, c'est autre chose.

06:01– Et c'est aussi autre chose qu'un lieu touristique.

06:03– Oui, je suis d'accord, mais bon, sur Macron, oui, très bien,

06:07est-ce qu'il va être touché ? J'aimerais bien qu'il soit touché

06:09par l'Esprit-Saint pour plein de choses, notamment pour la réforme sociale.

06:11– Le butot, le butot.

06:13– Non, mais je veux dire par là qu'on ne va pas lui enlever cette victoire.

06:16Effectivement, Elisabeth, elle l'a bien dit, il en a tellement peu,

06:20que voilà, ça serait bien quand même aussi,

06:22de lancer un message à ce Président, que ça ne devienne pas,

06:24qu'il ne passe pas de l'autre côté du cheval

06:26et que ça ne devienne pas le show d'Emmanuel Macron, si vous voulez,

06:29comme Nouvelle-Archange.

06:31– Non, mais je pense qu'il va faire, si j'étais lui,

06:33je ferais le show de toutes celles et ceux qui ont travaillé.

06:35– Si j'étais lui, je ferais sobre, j'essaierais de faire sobre, on va voir.

06:37– On va voir. – En tout cas, c'est un...

06:39Si j'étais lui, mais je pense que c'est impossible.

06:41– Non, mais je dis que sobre Macron, ce n'est pas un oxymore.

06:43– Je pense que c'est oxymorique, absolument.

06:45Mais de toute façon, il y a une chose qu'on verra.

06:47Un monsieur qui habite à côté de Notre-Dame, toute sa famille,

06:50depuis des générations, m'a dit, vous savez, en fait,

06:53le grand bonheur, c'est qu'aucun de nous vivants n'a jamais pu avoir l'occasion

06:58de voir Notre-Dame telle que nous allons la voir,

07:00c'est-à-dire complètement nettoyée, sublime.

07:03– C'est vrai. – C'est comme, pardon, François,

07:05c'est comme nous habitons chacune de part et d'autre, en fait, de Notre-Dame.

07:08On peut dire que les cloches de Notre-Dame, c'est nous.

07:10– C'est vrai, non ? – Bon, on a bien réagi.

07:12– Dites-moi, vous êtes en forme ce matin.

07:14– Strictement en face, mais il y a la Seine qui nous sépare, heureusement.

07:17– Et c'est moi qui habite sur la rive gauche, je tiens à vous le dire.

07:21– 8h20, vous êtes sur Sud Radio, bien sûr, à tout de suite.

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