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Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils font le point sur la situation économique de la France.

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Transcription
00:0012 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le Directeur Général de l'Institut Rexecode.
00:04Bonjour Denis Férand, bienvenue sur Europe 1, Rexecode, Institut de Prévision Économique.
00:09Vous êtes vous-même un spécialiste du suivi de la conjoncture pour l'économie française notamment.
00:13On est un peu inquiet Denis Férand, c'est presque mi-novembre, des clignotants s'allument un petit peu partout.
00:19On a le retour des plans sociaux, on a beaucoup parlé d'Auchan et de Michelin.
00:23On a une forte remontée aussi des défaillances d'entreprises et dans un quart d'heure nous aurons
00:27les chiffres du chômage mesurés par l'INSEE au troisième trimestre.
00:31Est-ce qu'il faut s'attendre à de mauvaises nouvelles sur le front de l'emploi Denis Férand ?
00:35On a probablement effectivement un tournant.
00:37En fait, l'inquiétude que l'on peut avoir sur l'emploi aujourd'hui doit être mise au regard de la grande surprise que l'on avait jusqu'à présent.
00:44C'est-à-dire qu'on avait une progression de l'emploi qui était plus vive que la progression de l'activité,
00:48ce qui est quelque chose de très atypique.
00:50Une manière de l'exprimer en bonne économie, c'est de dire qu'on n'avait pas de gain de productivité.
00:56On produisait moins avec plus de gens, d'une certaine manière.
00:59Ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour une économie ça.
01:02Sauf si vous le faites parce que vous mettez dans l'emploi des personnes qui jusqu'à présent n'y étaient pas,
01:08parce que vous avez plus d'alternants, parce que vous mettez des gens de moins qualifiés,
01:12donc vous avez une baisse du niveau global de productivité, mais vous avez plus d'inclusion dans l'emploi.
01:16Donc ça c'était un peu la tonalité que l'on avait jusqu'à présent,
01:19mais il n'empêche que l'emploi était en forme de surplomb jusqu'à présent par rapport à l'activité.
01:24Ce que l'on a désormais c'est un peu une remise en cohérence entre l'évolution de l'emploi et l'évolution de l'activité.
01:30Jusqu'où est-ce que cela va aller ? C'est là évidemment que se pose la principale question.
01:33Oui parce qu'on avait l'impression de bénéficier d'une espèce d'élan,
01:36on a beaucoup parlé notamment de ces stratégies des entreprises qui retenaient leurs salariés,
01:41qui normalement auraient dû s'en séparer,
01:42mais par inquiétude peut-être de ne pas pouvoir en retrouver d'aussi compétents,
01:46les gardaient malgré tout, c'est terminé ce temps-là.
01:49Nous faisons chaque trimestre une enquête avec BPI France auprès d'un millier de patrons de PME et TPE.
01:56Jusqu'au début de l'année, la première des inquiétudes, le premier frein à la croissance
01:59qu'exprimaient ces chefs d'entreprise, c'était les difficultés de recrutement.
02:03Désormais, c'est en train de changer.
02:05Dans la prochaine enquête que l'on va sortir à la fin de la semaine,
02:09vous allez voir remonter la proportion de chefs d'entreprise qui déclarent être cette fois
02:12contraints par le niveau de la demande ou par les perspectives de demande,
02:16et bien moins désormais par les difficultés de recrutement.
02:18Donc ce qui était un facteur motivant, cette rétention de main-d'oeuvre d'une certaine manière,
02:23ce facteur motivant est en train de s'effacer derrière les circonstances beaucoup plus classiques
02:26qu'est l'absence de demande qui fait que,
02:29eh bien oui, je suis obligé d'ajuster mes effectifs à un niveau d'activité plus faible.
02:32Quelles sont les causes, les grandes causes de différents,
02:34de ces difficultés économiques qui se profilent pour l'économie française ?
02:38Alors, il faut regarder un peu dans le rétroviseur et un peu face à nous.
02:43Vous avez dans le rétroviseur, dans un premier temps,
02:45celle à remonter les taux d'intérêt qui a handicapé très fortement le secteur de la construction,
02:51qui connaît déjà des pertes d'emploi depuis maintenant plus d'un an.
02:53Donc vous avez eu cette première masse de pertes d'emploi qui s'est faite sur ce type d'activité.
03:00On a perdu aussi beaucoup d'entreprises du côté des transports,
03:03avec notamment l'augmentation d'un certain nombre de coûts.
03:07Donc vous avez, ce sont ces secteurs-là qui, dans un premier temps, ont cristallisé les inquiétudes.
03:11Désormais, on a l'impression que la vague d'inquiétudes est en train de se déplacer
03:15vers le domaine industriel, avec l'annonce des premiers plans sociaux.
03:18On a l'automobile, la chimie.
03:20Voilà, l'automobile, la chimie, qui en fait,
03:22ce sont des secteurs qui se trouvent coincés entre différentes contraintes.
03:26Vous avez, en fait, c'est comme si l'industrie se retrouvait prise dans un étau,
03:31avec une première mâchoire qui est celle de la baisse des prix très forte
03:36que l'on a en Chine relativement à l'Europe.
03:38On a, en simplement trois ans,
03:40vous avez les prix à la production ont augmenté de 5% en Chine,
03:44ils ont augmenté de 25% en zone euro.
03:46Ça fait 20 points d'écart d'évolution de prix en l'espace de trois ans.
03:49C'est la brutalité, c'est la soudaineté de cette évolution qui joue.
03:52Et derrière l'augmentation très forte des prix à la production de l'industrie,
03:55c'est notamment la hausse des prix de l'énergie qui est le problème.
03:58La deuxième mâchoire de l'étau, c'est la mâchoire américaine.
04:02C'est la mâchoire de l'attractivité de l'investissement.
04:04Donc on est attaqué du côté des prix par la Chine,
04:07on est attaqué du côté de l'investissement.
04:09C'est le plan IRA, c'est le plan Inflation Reduction Act,
04:12c'est le plan SHIPS Act également du côté américain,
04:15qui en fait attire des investissements,
04:17déroule le tapis rouge pour les entreprises
04:19pour qu'elles viennent investir aux États-Unis
04:21et travailler dans le territoire américain.
04:24Alors ça, c'est la grande image, la big picture, comme on dit en bon franglais.
04:28Et c'est à ce moment-là, Denis Ferrand,
04:29que surgit un débat sur le temps de travail des Français,
04:32animé notamment par cette déclaration de Nicolas Sarkozy
04:35ce week-end aux Rencontres de l'avenir de Saint-Raphaël.
04:37Il parlait des enseignants en disant que nos enseignants ne travaillent pas assez.
04:40Il se trouve que chez Rex & Code,
04:42vous êtes des spécialistes de la mesure du temps de travail des Français.
04:44Qu'en est-il, Denis Ferrand ?
04:45Est-ce que nous travaillons suffisamment ?
04:46C'est un jugement de valeur,
04:47mais comparativement avec nos voisins européens notamment.
04:50Alors, on travaille moins que les autres pays européens.
04:54Si on prend un salarié à temps complet,
04:56il travaille environ 150 heures de moins qu'un salarié allemand.
05:01Et de tous les pays européens,
05:02nous sommes le pays qui a la durée du travail
05:05pour ce type de salarié à temps complet la plus faible
05:07de toute l'Union Européenne, Finlande excepté.
05:11Maintenant, si on élargit, si on prend l'ensemble des salariés,
05:15notamment les salariés à temps partiel,
05:16on en a beaucoup moins.
05:18Il y a beaucoup moins de salariés à temps partiel en France
05:20que dans les autres pays européens.
05:21Et donc, si on prend la moyenne des salariés temps complet et temps partiel,
05:25on est à peu près dans la moyenne de l'Union Européenne.
05:27Mais en réalité, le problème du temps de travail
05:30est à la fois un problème de quantum horaire pour les salariés à temps complet,
05:34mais également et surtout le fait que l'on travaille moins,
05:36on a un taux d'emploi,
05:38donc la proportion de personnes qui sont en emploi
05:39dans la population en âge de travailler,
05:41qui est plus faible en France
05:43qu'elle ne l'est dans l'ensemble de l'Europe.
05:44Et ça, c'est un handicap pour l'économie française, Denis Ferrand ?
05:48Oui, c'est un handicap parce que de toute façon,
05:50de la quantité de travail se résout
05:51la quantité de production de richesses
05:53qu'on a dans une économie.
05:54Vous n'avez de progression d'activité
05:56qu'à condition de l'emploi durable, important,
05:59de la population.
06:00Et qu'est-ce qu'on fait de ce sondage la semaine dernière
06:02pour l'Institut Montaigne,
06:03qui montre que des Français globalement plutôt hostiles
06:05à l'idée de travailler davantage de différends.
06:07C'est compliqué, ça.
06:08Plutôt hostile si on prend le salarié individuel,
06:11mais j'imagine que beaucoup souhaiteraient pouvoir travailler,
06:15simplement, et notamment,
06:16il s'est imaginé des passerelles qui permettent d'embaucher plus
06:19à temps partiel des personnes
06:20qui pour l'instant ne sont pas dans l'emploi,
06:21notamment peut-être les plus jeunes,
06:22où là on a un gros retard par rapport à l'ensemble,
06:25à plusieurs pays européens,
06:26mais qui sont dans des enfers sociaux,
06:27comme les Pays-Bas, comme le Danemark, comme la Suède.
06:29Donc voilà, il faut imaginer des pistes nouvelles.
06:32Merci beaucoup, Denis Ferrand,
06:33le directeur général de l'Institut Rexecode,
06:35était l'invité d'Europe Un Matin.
06:37Bonne journée à vous.

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