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Transcription
00:00 de bonne forme d'un pays, quand même, ça reste son industrie.
00:03 Ça vous parle énormément, Loïc Lefloch-Prigent.
00:06 Le gouvernement met en avant malgré tout l'effort de réindustrialisation,
00:10 ce mot qu'on ne cesse d'entendre depuis des années, qui serait en marche,
00:13 ce que dénonce et dément l'opposition. Mais où est la vérité ?
00:17 Moi, je ne suis pas... Je ne suis ni dans la majorité ni dans l'opposition,
00:19 ce n'est pas mon sujet. Mon sujet, je suis industriel.
00:22 Et ce que je vois, c'est une méconnaissance profonde, profonde,
00:26 du politique, de ce qu'est l'industrie.
00:30 L'industrie, ce n'est pas de mettre de l'argent n'importe comment, n'importe où,
00:34 ce n'est pas ça. De dire c'est vert, ce n'est pas vert, ce n'est pas ça.
00:38 L'industrie, c'est à un moment, des gens qui ont envie de faire quelque chose
00:42 et qui peuvent ou qui ne peuvent pas.
00:44 Alors, soit, ils sont aujourd'hui en l'air, on va vous aider.
00:48 D'abord, il faut essayer de ne pas empêcher.
00:51 Aujourd'hui, les gens qui veulent faire des choses sont empêchés.
00:54 Ils sont empêchés par les administrations, par les militants des directions régionales
00:58 de l'environnement, par les textes, les normes, etc.,
01:04 par le fait qu'ils ont des contrôles dans tous les sens, etc.
01:07 Ils sont empêchés. Donc, mes directeurs de sites,
01:09 puisque j'ai des directeurs de sites, ils se sentent empêchés.
01:12 On leur dit, ben non, il y a telle administration qui va arriver,
01:16 qui va faire ci ou ça.
01:17 Bon, quand quelqu'un a envie de sortir de la maison,
01:21 on fait une rupture conventionnelle et s'il y a un abandon de poste,
01:24 en tout principe, c'est assez facile, on dit, voilà,
01:27 une fois, deux fois, trois fois, ils ne sont pas là, abandon de poste.
01:30 Maintenant, on a rigidifié l'ensemble de ces affaires en disant qu'on simplifie.
01:35 À chaque fois, on dit qu'on simplifie.
01:37 La simplification, c'est un millefeuille supplémentaire.
01:39 Donc, ils sont aujourd'hui empêchés.
01:41 Alors, d'abord, on n'en empêche pas et puis après,
01:44 on dit, est-ce qu'on aide ou est-ce qu'on n'aide pas ?
01:46 Et je pense que l'essentiel, c'est de savoir quelle est la volonté
01:49 du chef d'entreprise de réaliser quelque chose ou pas.
01:53 C'est ça, le sujet.
01:54 Est-ce que vous avez envie ou pas ?
01:56 Alors, aujourd'hui, par exemple...
01:57 - Depuis le début de ce quinquennat et même le précédent,
02:01 le ministre de l'Économie met en avant une politique de l'offre,
02:06 tourner vers les entreprises, en faveur des entreprises.
02:09 C'est un gouvernement pro-business, comme il se vante lui-même ?
02:12 - Pro-business de quoi ?
02:14 - Je ne sais pas, est-ce que vous comprenez cette expression ?
02:16 - On continue à définir l'industrie comme quelque chose
02:19 qui est sale, qui n'est pas bien et qui pose des problèmes.
02:23 C'est ça, la réalité.
02:24 Et ça, ce n'est pas le cas.
02:26 Aujourd'hui, lorsque j'entends qu'on va faire de l'industrie verte
02:31 et qu'on va donner de l'argent à l'industrie verte,
02:32 qu'est-ce qui est vert ?
02:34 Est-ce que l'éolien, c'est vert ?
02:36 La pâle d'éolienne, elle n'est pas verte
02:39 puisqu'elle ne peut pas être recyclée et on l'enterre.
02:41 Donc, elle n'est pas verte.
02:42 Si jamais je prends le bilan carbone de l'ensemble solaire,
02:46 éolien, voiture électrique, ce n'est pas bon.
02:48 Le bilan carbone n'est pas bon.
02:49 Alors, c'est vert ou ce n'est pas vert ?
02:52 Le concept d'industrie n'est pas compris.
02:55 - Vous avez une formule importante.
02:56 Vous dites finalement d'abord ne pas nuire.
02:59 Est-ce que c'est la fonction de l'État ?
03:01 Ça devrait être un slogan.
03:02 De quelle manière pourrais-je ne pas nuire ?
03:03 Pourrais-je simplifier la vie ?
03:04 - Ne pas empêcher et essayer d'avoir des fonctionnaires
03:08 qui ne seront pas des militants politiques anti-industrie,
03:10 c'est déjà pas mal,
03:11 et de regarder dans la forêt des normes
03:15 quelles sont les injonctions contradictoires.
03:18 C'est-à-dire qu'on prend une norme,
03:20 puis on prend une autre norme,
03:21 et puis on dit "non, ce n'est pas celle-là".
03:22 Vous avez vu par exemple, lorsque vous avez voulu,
03:25 vous avez dit "on ferme Fessenheim".
03:26 Très bien, on ferme Fessenheim, ce n'est pas bien,
03:28 et je pense qu'il faut rouvrir.
03:29 Très bien.
03:30 Mais on dit "on va mettre Roche-Roche dans la place de Fessenheim".
03:33 On met une mission à Fessenheim
03:34 pour regarder ce qu'on va faire comme industrie.
03:36 Et puis, le jour où il y a des gens qui disent
03:38 "oui, j'ai envie d'être là",
03:40 on leur dit "ah non, il y a la loi climat et résilience,
03:42 vous n'avez plus le droit d'artificialiser les sols,
03:44 par conséquent, vous ne pouvez plus être là".
03:45 Mais vous le faites encore.
03:46 On dissout de la mission, on s'en va.
03:47 Vous êtes en train d'écrire un gâchis français.
03:49 Un gâchis complet.
03:50 Un gâchis complet, c'est-à-dire qu'on croit
03:53 que mettre de l'argent, ça va résoudre tous les problèmes.
03:55 Non.
03:56 D'abord, il faut qu'il y ait des hommes et des femmes
03:58 qui aient envie de faire quelque chose.
04:00 C'est ça le sujet.
04:01 Et quand j'ai fait le livre "Capitaine d'Industrie",
04:04 j'ai expliqué comment en 1945
04:07 et dans les années qui ont suivi,
04:09 les gens avaient envie de faire des choses,
04:11 et puis à un moment, il manquait d'argent
04:14 et d'autres, les financiers, l'État,
04:18 se sont mobilisés pour arriver à le faire.
04:20 Mais Dassault ne pouvait pas arriver tout seul
04:22 à faire ce qu'il a fait, parce qu'il était contre la meute.
04:24 Mais il a réussi parce qu'il avait envie.
04:27 Le Hitler, Freud, Kruger,
04:28 tous les discours d'Emmanuel Macron ces derniers jours,
04:30 jeudi, le déplacement de vendredi à Dunkerque,
04:32 selon vous, il fait complètement fausse route ?
04:34 Il est hors sol, c'est-à-dire qu'il ne connaît pas l'industrie.
04:37 Il ne sait pas comment l'industrie se développe.
04:40 L'industrie ne se développe pas comme ça.
04:42 Elle ne se développe pas avec l'argent,
04:44 et avec l'aide, avec des subventions,
04:45 avec des gens intelligents qui disent "faites ci ou faites ça".
04:48 J'ai envie de faire quelque chose.
04:49 J'ai envie de faire quelque chose parce que mes clients,
04:51 mes clients me le demandent.
04:53 Par conséquent, je vais faire un produit
04:55 parce que mes clients le demandent.
04:56 Et qu'est-ce qu'ils demandent, les clients, aujourd'hui ?
04:58 Ils demandent que le produit éventuel soit recyclable,
05:01 que l'usine soit bien tenue,
05:03 ils demandent des tas de choses.
05:05 Moi, j'ai des audits de mes clients
05:07 à l'intérieur des usines que je dirige,
05:09 et ils disent "voilà, là c'est pas bien, là c'est pas bien
05:12 parce que j'ai besoin de dire pour mes clients
05:15 que vous travaillez de telle et telle façon".
05:17 C'est ça.

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