Étude inquiétante : Les enfants ne sortent plus dehors

Sud Radio

Avec Sylviane Giampino, psychologue pour enfants, présidente du Haut Conseil de l'Enfance et de l’Adolescence, auteure de l’étude "Quelle place pour les enfants et les adolescents dans les espaces publics ?"  Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry  ______________________________________   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/  ______________________________________   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr   ##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-11-12##

Transcript

00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04— Il est 7h40. Merci d'être avec nous.

00:06Deux ans de travail et un rapport inquiétant.

00:09Étude du Haut Conseil de l'enfance et de l'adolescence dévoilée ce mardi.

00:15Sylviane Giampino, bonjour. — Bonjour.

00:18— Vous êtes psychologue pour enfants, présidente de ce Haut Conseil, auteure de l'étude.

00:25Quelle place font les enfants, les adolescents dans les espaces publics ?

00:28Eh bien les enfants. Conclusion de votre rapport, les enfants sont la plupart du temps à l'intérieur.

00:35Et les premiers responsables sont les parents ?

00:39— Alors on ne peut vraiment pas dire ça.

00:42— Allez-y, Sylviane Giampino. Qu'est-ce qu'on peut dire, alors ?

00:46— Le phénomène de retrait des enfants de l'espace public et de la nature, y compris en milieu rural, d'ailleurs,

00:56est lié à une évolution des modes de vie de manière générale, puisqu'on fait de plus en plus de choses depuis la maison.

01:03Vous le savez. On se socialise, on se fait des amis, on kisse des liens familiaux, on commande ses courses, on choisit sa déco, etc.

01:14Et puis il y a aussi quand même un autre phénomène, qui est que l'investissement dans le virtuel, le temps passé...

01:26— Devant les écrans, oui.

01:28— ...observé à l'écran, évidemment, s'est dangereusement augmenté.

01:34— Mais là, ne me dites pas que ce ne sont pas les parents qui sont responsables, là, en l'occurrence.

01:39— En l'occurrence, on est passé en une génération...

01:43— Oui.

01:44— ...vraiment à un état d'esprit où il était bon que les enfants sortent dehors, aillent jouer dehors, voient leurs copains dehors...

01:56— Oui, oui.

01:57— ...à un moment où la présence des enfants dans l'espace public, sans leur famille, est devenue inquiétante, voire un peu répréhensible,

02:10comme si les parents étaient défaillants.

02:12Donc il y a une nouvelle mauvaise image de l'enfant dehors.

02:16Et puis il y a quand même des phénomènes qui sont plus larges que cela,

02:21c'est-à-dire qu'on est de plus en plus dans un repli individualiste,

02:27où chacun est responsable de sa propre vie, de sa réussite, de ses échecs, de ses propres enfants,

02:37et où, à l'extérieur, le regard des adultes sur les enfants et les adolescents a diminué, voire la liberté d'intervenir s'il y a un souci.

02:53— Voilà. Ça veut dire que quand on voit des enfants dehors jouer dans un parc, on se dit « Mais qu'est-ce qu'ils font là ? ».

02:58Parfois, ça peut arriver. Il y a une peine de confiance dans l'extérieur, si j'ai bien compris.

03:03— Absolument. C'est pour ça que l'axe majeur du rapport, c'est d'examiner comment on peut transformer la ville

03:13de telle sorte que ça devienne à nouveau une ville habitée.

03:18— Oui, je comprends.

03:20— Il y a plusieurs enjeux sur cette affaire des enfants d'intérieur. C'est qu'on a quand même des enjeux de santé.

03:26— Évidemment. La sédentarité, problème de croissance, obésité, diabète, santé mentale.

03:32— Absolument. Puis les risques d'arxe sont augmentés. La qualité du sommeil, donc la nutrition, donc les apprentissages.

03:41Et puis sur la santé mentale, il y a bien nette la confiance en soi, l'anxiété, mais aussi les tensions qui font que les enfants

03:49peuvent être plus tendus en permanence. Et puis les sociabilités, c'est très important dans le développement d'un enfant...

03:57— Bien sûr.

03:58— ...pour découvrir les autres et le monde et d'avoir confiance en l'extérieur.

04:02— Bien sûr. Alors il faut repenser l'extérieur pour qu'il soit adapté, sécurisé pour les enfants, si je comprends bien.

04:10— Bien sûr. Alors il y a des conduites qui sont quand même étonnantes. Juste un instant sur la sédentarité.

04:18La France arrive en 119e position sur 146 pays sur l'activité physique.

04:25— 119e sur 146. Ben dites-moi. C'est pas brillant.

04:30— Voilà. Après ce merveilleux événement du mois de juillet sportif. Et surtout, les activités qui sont pratiquées hors du temps scolaire

04:41sont des activités d'intérieur. Je vous cite comme exemple. Parmi les collégiens, 84 % le week-end font leur devoir.

04:5183 % font du sport dont une partie maintenant est du sport intérieur, les salles de sport, les vidéos, écoutent de la musique,

05:02jouent aux jeux vidéo et regardent des films. Donc c'est un constat qui nous a inquiétés.

05:08Et j'en donne un autre qui est important pour nous, puisqu'il y a tout un enjeu de proposition dans le rapport sur l'aménagement des villes

05:18pour la sécurisation pour les enfants et les ados. C'est que les déplacements domicile-école dont la distance est inférieure à 2 km

05:31se font pour 60 % en voiture. Et donc vous voyez, on a quand même des... Voilà. Alors les choses bougent. Les choses bougent.

05:45Et il y a une prise de conscience qui est en train de se faire. Simplement, la rénovation des villes et surtout, surtout, l'autre enjeu majeur,

05:58c'est le contact des enfants avec la nature, avec les éléments, l'air, le ciel ouvert, l'eau, les plantes, etc.

06:09Merci Sylviane Giampino. Merci beaucoup. C'est très intéressant ce rapport. C'est nos modes de vie qui sont à revoir.

06:17Je pense que quand même, il y a une lourde responsabilité des parents. Il faut absolument que les enfants sortent. Il est 7h40.

06:24Oui, mais certains ont peur. Mais débrouillons-nous pour que... Mais oui, absolument, absolument. Il est 7h47.

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