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00:00C'est aujourd'hui la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
00:05L'invité qui fait l'actu à 7h45 Anne.
00:07C'est le principal adjoint du collège Gérard Philippe à Montpellier
00:10qui est aussi formateur sur les questions de harcèlement scolaire.
00:13Bonjour Jérémy Fruchard.
00:14Bonjour à vous.
00:15Qu'est-ce que vous avez mis vous déjà concrètement dans votre établissement
00:19en place pour lutter contre le harcèlement ?
00:21Le programme de lutte contre le harcèlement à l'intérieur de mon établissement
00:24on a commencé à le mettre en place il y a trois ans.
00:26Nous on a une équipe ressource qui la première année
00:29la prise en charge des situations de harcèlement était composée de 5 personnes.
00:34Aujourd'hui 12 personnes.
00:36Des adultes ?
00:38Ce sont des enseignants, des AESH,
00:41donc les personnes qui sont à côté des élèves en situation de handicap pour les accompagner.
00:45Des AED, donc des surveillants.
00:47On a également aussi pu installer une équipe d'ambassadeurs,
00:51donc d'élèves qui ont une mission d'accompagnement par rapport aux élèves qui sont harcelés
00:56et des missions de prévention.
00:58Au départ ils étaient une dizaine, aujourd'hui ils sont 27.
01:00Et puis après il y a eu un certain nombre de formations
01:03concernant par exemple les compétences psychosociales,
01:05c'est-à-dire la gestion des émotions de la part de nos élèves
01:08et leur apprendre à mieux gérer les émotions et mieux gérer les interactions sociales
01:12qui ont été mises en place par un certain nombre d'enseignants.
01:15Trois ans que c'est en place dans l'établissement,
01:17vous avez déjà des retours,
01:19vous voyez les effets de ce qui a été mis en place ?
01:22Oui, très clairement.
01:24La première année on avait des familles essentiellement qui venaient nous voir,
01:29des parents qui venaient nous voir en nous disant
01:31« ça fait trois mois, quatre mois que mon enfant subit ces choses-là,
01:34au départ on ne voulait pas vous déranger ».
01:36Aujourd'hui c'est les élèves eux-mêmes qui viennent nous voir
01:40et ils viennent nous voir souvent accompagnés soit d'un élève ambassadeur,
01:43soit d'un de ses camarades qui était tout simplement alerté par ce qu'il a constaté.
01:48Et là ils nous disent « ça fait une semaine, deux semaines, trois semaines ».
01:52C'est-à-dire qu'on est passé de trois mois d'enquêtement
01:54d'une situation de harcèlement à trois semaines.
01:57Les élèves attendent moins avant de venir parler à un adulte ?
02:00Clairement, il y a une forme de libération de la parole des élèves,
02:03c'est l'objectif de ce programme.
02:05C'est de faire en sorte que les élèves aient des adultes de confiance
02:08dans les établissements, qu'ils les aient identifiés,
02:11qu'ils sachent que leur parole va être prise en compte
02:13et qu'il y a des actions qui vont être mises en œuvre
02:15pour mettre fin aux situations de harcèlement.
02:17Combien d'élèves vous avez déjà au collège Gérard Philippe ?
02:20480 élèves à peu près.
02:21Et des situations de harcèlement,
02:23ou en tout cas des élèves qui viennent vous voir pour en parler,
02:26c'est tous les combien, c'est quelle fréquence ?
02:28Alors, dans mon bureau, j'en ai deux à trois par semaine.
02:33Ah oui, c'est énorme quand même !
02:34Oui, c'est non négligeable.
02:37Après, il y a aussi des élèves qui vont voir les membres de mon équipe bien-être,
02:43l'équipe ressource, donc des douze adultes dont je parlais tout à l'heure.
02:46Et en moyenne, on traite une cinquantaine d'affaires de harcèlement sur l'année.
02:52Parce que parmi ceux qui viennent vous voir,
02:53il y a des situations qui finalement ne sont pas du harcèlement
02:56et qui se règlent assez rapidement ?
02:58Oui, et puis parce que de toute façon,
03:00il faut qu'on soit à l'écoute du mal-être qui vient nous confier,
03:03que ce soit dans mon bureau ou auprès des membres de l'équipe bien-être.
03:05Et en effet, certaines sont du harcèlement, certaines n'en sont pas.
03:08De toute façon, il faut qu'on soit en mesure d'y apporter une réponse.
03:10Alors justement, vous, vous êtes formateur,
03:12vous vous adressez à vos collègues,
03:13j'imagine que vous recevez aussi des parents.
03:15Le harcèlement finalement,
03:17à partir de quel moment on doit s'en préoccuper
03:20quand on est parent ou quand on est prof ?
03:22Quelle est la frontière entre c'est une chamaillerie entre élèves
03:25et ça va passer dès demain ?
03:27Ou il faut prendre cette situation au sérieux
03:29et aller plus loin sur l'affaire ?
03:31Moi, je pense qu'il faut prendre toujours la situation au sérieux.
03:33C'est-à-dire que le discours que moi je tiens aux parents
03:36en tant que chef d'établissement à la rentrée,
03:38c'est mieux vaut être alerté trop tôt pour pas grand-chose
03:41que trop tard pour quelque chose qui est déjà conquisté.
03:43Donc c'est aussi ça l'esprit du programme de lutte contre le harcèlement.
03:46C'est que les enfants et les adultes, c'est-à-dire les parents,
03:51puissent identifier un certain nombre de personnes ressources
03:54à l'intérieur de l'établissement
03:55et puissent confier les difficultés que leur enfant rencontre,
03:57quelles qu'elles soient.
03:58Parce que même ce qui peut nous paraître à nous
04:02des micro-violences ou des gamineries, entre guillemets,
04:04sont des éléments extrêmement violents parfois pour les élèves.
04:08Un ado, il se constitue dans son groupe
04:11et donc qu'à un moment il soit mis à l'écart ou qu'il ait un surnom,
04:14si les adultes regardent ça avec un haussement d'épaule,
04:18on va casser la confiance qu'on doit avoir avec eux.
04:21Donc non, moi j'incite fortement les parents à simplement informer.
04:28Ils peuvent prendre rendez-vous avec vous ou faire un mot ?
04:31Moi je leur incite simplement à m'appeler
04:33ou à contacter la conseillère principale d'éducation, la CPE,
04:36pour que nous on ait l'information et qu'après on creuse
04:40et qu'on puisse recevoir l'élève, le rassurer,
04:42lui demander où ça en est, faire des points d'étape
04:45et après voir si on déclenche le protocole harcèlement
04:48ou si on est sur autre chose,
04:50ou si l'élève dit que les choses se sont arrangées.
04:52Parce qu'il y a ça aussi qui peut arriver assez régulièrement
04:54dans les conflits interpersonnels.
04:55Vous dites des effets depuis trois ans,
04:57avec notamment des élèves qui osent se confier un petit peu plus à des adultes.
05:00Qu'est-ce qu'on peut faire encore pour améliorer les choses ?
05:02Puisqu'il y a toujours beaucoup d'élèves qui viennent vous voir.
05:05J'imagine que le but ultime,
05:07c'est d'enrayer avant même qu'il y ait un début de situation.
05:10Dans le déploiement de ce programme,
05:12il y a des éléments qui sont en lien avec la prise en charge des situations de harcèlement
05:16et la deuxième étape, c'est tout ce qui concerne la prévention.
05:19Donc la capacité que l'école va avoir à armer les élèves
05:24pour essayer d'éviter les situations de harcèlement.
05:27En tout cas, de les armer émotionnellement et socialement
05:30en mettant en place, par exemple,
05:32des séances de sensibilisation sur les réseaux sociaux
05:35ou en mettant en place des séances concernant la gestion des émotions.
05:39Moi, j'ai aujourd'hui une équipe d'anglais
05:42qui va travailler avec toutes les classes de 3e sur les problématiques de harcèlement
05:45sur les réseaux sociaux.
05:47L'an dernier, il y a une enseignante en espagnol
05:49qui a travaillé sur la gestion des émotions
05:52à partir de photolangages en espagnol,
05:54donc en travaillant le vocabulaire espagnol.
05:56Ça peut se faire dans toutes les matières
05:57et c'est effectivement une discipline un peu transversale.
06:00Merci beaucoup, Jérémy Fruchard, d'être venu nous voir ce matin.
06:03Principal adjoint du Collège Gérard Philippe à Montpellier.