• il y a 2 semaines
Avec Georges Fotinos, chercheur spécialiste de l’éducation, Auteur de l’étude, ancien professeur, ex-chargé d’inspection générale de l’Éducation

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-11-07##

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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Il est 7h13. Nous parlons maintenant d'un sujet qui, effectivement, est oublié par les pouvoirs publics
00:10et qui ne semble pas concerner beaucoup de Français. Et pourtant, c'est l'école publique qui est menacée. De quoi s'agit-il ?
00:18Il s'agit du sort que les parents réservent aux principaux et proviseurs. Collège, lycée. Principaux de collège et proviseurs de lycée.
00:30Que se passe-t-il ? Eh bien Georges Fotinos, qui est chercheur spécialiste de l'éducation, auteur de l'étude dont on va parler,
00:39ancien professeur, anciennement chargé d'inspection générale de l'éducation, est avec nous pour en parler. Bonjour, Georges Fotinos.
00:46— Bonjour. — Merci. Merci. Ça me fait plaisir. Votre étude, votre enquête a été publiée hier soir. Et que dit-elle ?
00:54Elle est très claire. Les rapports entre les chefs d'établissement, collège, lycée et les parents d'élèves se détériorent sérieusement d'année en année.
01:03Près de 60% des directeurs d'école, de collège disent avoir subi des menaces l'an dernier.
01:13— Oui. C'est une situation que j'ai pu mesurer. — Oui. — Parce que, bon, si vous préférez, il y a des alertes multiples qui ont été données
01:23aux syndicats par les chefs d'établissement. Les recteurs et les inspecteurs d'académie traitent ce type de dossier régulièrement,
01:31je veux dire de façon hebdomadaire ou quotidienne. — Oui. — Et pourtant, je veux dire, il n'y a aucune action vraiment publique, nationale
01:39ou aucune politique locale sur ce sujet-là. — Ça veut dire que les parents d'élèves sont de plus en plus interventionnistes.
01:46Ça veut dire que, par exemple, ils critiquent l'emploi du temps des enfants. Ça veut dire qu'ils viennent remettre en cause le contenu des cours,
01:56le volume de travail, les sanctions infligées aux enfants. On supprime par exemple ou on confisque un téléphone portable à un enfant.
02:05Le parent d'élèves surgit dans l'établissement et s'en prend au directeur. — C'est ce que j'ai appelé les différends.
02:12Les différends, c'est un désaccord avec l'établissement qui donne lieu à une démarche auprès du chef d'établissement qui reçoit le parent.
02:23Mais je voudrais tout de même remettre les choses un petit peu dans un certain ordre. C'est pas la majorité des parents.
02:29— Non. — C'est toujours une minorité. Mais cette fois-ci, j'ai pu mesurer cette minorité. J'ai pu mesurer les effets. Pourquoi ?
02:36Parce que j'ai fait la même enquête en 2013. Et en 2023, je peux vous dire que ça s'est détérioré par rapport à 2013 sur tous les plans qu'on a évoqués.
02:45Mais en même temps, ce qu'il faut savoir, c'est que les enseignants, d'après les chefs d'établissement, continuent leur engagement auprès des parents.
02:54Ils continuent à informer. Ils continuent à donner des informations concernant la réussite, le progrès. Et en même temps, sur les programmes,
03:05par exemple, les chefs d'établissement disent qu'il y a 7 à 8 chefs d'établissement sur 10 disent que les enseignants font bien leur boulot.
03:13Donc si vous préférez, d'un côté, il y a ces différends qui vraiment s'accentuent, plus de 20% de différents en 10 ans, une détérioration assez effroyable.
03:23Des agressions aussi, notamment verbales, qui se sont multipliées. — 3,5% des sondés, des personnels de direction ont été victimes d'agressions physiques.
03:38— Ah, vous êtes bien informé, vous. — Oui. J'ai regardé votre rapport, Georges Fortunas. — Oui. Parce que ce n'est que 3,5%.
03:45Mais 3,5% par rapport à 2013, où c'était quasiment 0%, quand vous faites 3,5% et que le corps des personnels de direction, c'est 13 000 personnes,
03:56ça nous fait plusieurs centaines... — D'agressions physiques. — ...sur des personnels de direction.
04:02— Sur des personnels de direction. — Donc là, vraiment, il y a aussi un phénomène émergeant. Si vous préférez, le tabou est tombé.
04:09— Oui. Le tabou est tombé. Et je ne parle pas des courriers. Les courriers envoyés aux principaux de collège ou aux proviseurs de lycée,
04:17insensés, négatifs, truffés de propos complotistes. — C'est tout à fait exact. Bon. Et il faut toujours dire que c'est une minorité de parents
04:28qui ont ce type de comportement. Mais malheureusement, cette minorité grandit. En 10 ans, on voit le phénomène vraiment prendre une ampleur.
04:39Bon, un exemple. Par exemple, en 2013, je n'ai pas posé de question sur les différents à propos de la laïcité de l'établissement.
04:48Les différents avec les parents sur la laïcité. Qu'est-ce que je m'aperçois ? Je pose la question, là, en 2023.
04:56Non, je n'ai pas posé la question. Donc la question en 2023. Eh bien on voit que la moitié des établissements – je viens de dire la moitié –
05:0350 % des établissements ont eu des différents avec les parents. Alors « des différents », ça peut être 1, 2, 3, 4, 5, hein,
05:11des différents avec les parents sur ce sujet-là, c'est-à-dire par exemple sur la pédagogie, sur les sorties, sur l'organisation du temps scolaire.
05:21Un établissement sur deux a eu des problèmes sur les valeurs de la laïcité de l'établissement. Donc c'est important et surtout important, en plus...
05:32Actuellement, nous vivons un moment fort, dramatique. C'est le procès des parents et puis des adultes dans l'assassinat de Samuel Paty.
05:43Et là, il faut bien le préciser, si le parent n'avait pas... — Oui. Encouragé son enfant...
05:51— Non seulement encouragé son enfant, mais donné l'information et monté, si tu préfères, toute une série d'informations à ce propos,
05:59Samuel Paty ne serait pas mort. — Merci, Georges Fotinos. Je précise que la dégradation se note plus dans les zones hors REP et REP+,
06:11que dans les zones REP et REP+. C'est quand même aussi intéressant à noter. Merci, Georges Fotinos, pour être venu nous raconter,
06:18nous parler de ça. Vous l'êtes témoigné, 0826-300-300. Il est 7 h 19. Le rappel des titres de l'actualité avec vous, Laurie Leclerc.

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