Anne Fulda reçoit Marc Dugain pour son livre «L’Avion, Poutine, l’Amérique et moi» dans #HDLivres
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00:00Bienvenue à L'Heure des Livres, Marc Dugas, on est ravis de vous recevoir.
00:05On vous connaît tous, écrivain, réalisateur, on connaît bien sûr vos livrets films
00:10La Chambre des Officiers, La Malédiction d'Edgar, Tsunami, plus récemment.
00:15Et là, vous venez de publier L'Avion, Poutine, l'Amérique et moi.
00:19Un livre qui est paru chez Albin Michel, un roman qui n'est pas une auto-fiction
00:26mais qui semble contenir pas mal d'éléments biographiques, auto-biographiques.
00:33Ça mêle l'histoire contemporaine, la réalité, la fiction, l'Amérique des années 80, la Russie
00:42et aussi tout ce qui touche à la responsabilité individuelle.
00:47On y suit les aventures d'un homme qui vous ressemble vraiment assez fortement.
00:52Il y a quelques éléments biographiques qui vous ressemblent.
00:55Ce n'est pas une auto-biographie, évidemment, mais pourquoi ce jeu de trouble, ce jeu de miroir ?
01:02La première raison, c'est que je crois que l'auto-biographie est toujours assez fortement mensongère.
01:10Dès le moment où on se met soi-même en scène et qu'on prétend à une certaine objectivité vis-à-vis de soi-même,
01:17c'est le début des mensonges.
01:19En plus, j'écris beaucoup de livres. J'ai écrit sur mon grand-père, j'ai écrit sur mon père.
01:27Il y a toujours un peu de moi dans chaque livre, évidemment, mais je n'ai pas un goût forcené,
01:33même si j'ai beaucoup d'admiration pour Knausgaard, par exemple, qui a écrit des milliers de pages sur lui-même.
01:38Je n'ai pas un goût très affirmé sur le fait de me mettre en scène, de parler de moi, de faire de moi le sujet principal.
01:46Sauf que là, je trouvais que ce qui était intéressant, c'était de se dire que j'ai eu la chance de vivre cette période
01:56qui a précédé la chute du mur, puis la chute du mur, tout ça avec des liens qu'on voit dans le livre avec la Russie.
02:03J'ai été aux États-Unis longtemps et je me disais que tout ça, ça agite le monde aujourd'hui
02:09et peut-être que ce témoignage peut avoir une forme d'intérêt, en tout cas pour ceux qui le lisent.
02:14J'ai essayé de faire quelque chose qui est assez complexe, c'est-à-dire à la fois d'être dans la fiction,
02:22puisque c'est un roman, mais la fiction au plus près de moi-même.
02:25C'est-à-dire en essayant de ne pas mentir, mais surtout de ne pas me mettre en scène,
02:32de ne pas créer un personnage qui serait un personnage extraordinaire, ce qui n'est pas du tout le cas du livre.
02:37Mais je trouvais qu'il y avait un intérêt, parce que ces 40 ans de vie ont compté dans la grande histoire.
02:47Et tout ce que j'ai fait dans mon travail, tous mes livres, c'est toujours un petit personnage dans la grande histoire.
02:53Mon grand-père qui est un ingénieur, qui vient juste d'avoir son diplôme, qui est tout content,
02:59et boum, il est défiguré pendant la guerre de 14, c'est mon père pendant la Résistance.
03:04Et je trouve ça toujours intéressant et touchant, c'est-à-dire comment on subit, comment on vit.
03:09Et il se trouve que moi j'ai eu la chance, à travers ma carrière à la fois dans l'aviation,
03:15de traverser cette période et d'amener un témoignage.
03:20Alors le témoignage, enfin le roman, commence à New York, dans le New York des années 80,
03:26qui était le temple de la finance, là où il fallait être.
03:30New York pour la finance, c'était comme le golfe de Sainte-Androse en Écosse pour les golfeurs.
03:35Des années où ce virus du fric facile indécent règne, comme vous l'écrivez.
03:41Le narrateur est comme un poisson dans l'eau, là.
03:44Mais cette époque, elle semble très lointaine, en fait.
03:47Cette époque où l'argent a été ainsi glorifié, non pas qu'il continue pas à compter, mais ça semble tellement loin.
03:54C'est-à-dire que, ça semble loin surtout pour moi à mon âge,
03:58mais c'est une époque où, il faut s'en souvenir, où la finance a pris le pouvoir sur l'industrie.
04:08C'est-à-dire qu'on était habitué aux grandes fortunes industrielles,
04:10des gens qui avaient travaillé, qui avaient cédé leur entreprise à leurs enfants,
04:15des constructions comme ça qui duraient sur des vingtaines, des centaines d'années.
04:20Et là, d'un seul coup, on découvre que des jeunes assez bons en maths, généralement,
04:25avec un goût du jeu très fort, parce que c'est ce qu'on appelait le spiel à l'époque,
04:31d'un seul coup sont capables d'amasser des fortunes phénoménales, ce qui n'a pas été mon cas.
04:35Mais d'un seul coup, la finance a pris un poids.
04:40Et c'est vrai que ça tombe juste avant, je dirais, la mondialisation.
04:48C'est-à-dire qu'ensuite, on a eu la mondialisation, après on a eu la chute du mur,
04:51et puis on a eu la mondialisation en disant, aujourd'hui, oui ou non, il n'y a qu'un seul système.
04:56Et c'est ce que je montre d'ailleurs dans le livre, c'est que la Russie tout Poutine qu'il est,
05:00ça n'est jamais qu'un capitaliste qui est à peu près aussi violent et aussi impérial
05:08que pouvaient l'être les entrepreneurs du Far West au moment de la conquête de l'Ouest aux Etats-Unis.
05:14Alors c'est très bien parce qu'on ne vous a pas dévoilé le livre.
05:17Il y a aussi une histoire d'amour, une histoire familiale un peu compliquée.
05:23Il est question d'affaires que vous avez traitées à l'époque de vos obsessions,
05:29le renseignement, les Kennedy, tout ça, dans un roman qu'on ne lâche pas, qui est très prenant,
05:36donc que je vous laisse découvrir, comme ça vous verrez.
05:39Ça s'appelle, et c'est un bon résumé finalement, L'avion, Poutine, l'Amérique et moi.
05:43Un livre qui est paru chez Albain Michel. Merci beaucoup Marc Dugas.
05:45Merci beaucoup.