Anne Fulda reçoit Jean-Marc Parisis pour son livre «Prescriptions» dans #HDLivres
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00:00Bienvenue à l'Heure des livres, Jean-Marc Parézy, vous êtes romancier, vous avez écrit avant, pendant et après,
00:06vous avez écrit aussi un livre très intéressant, un très joli livre, Un problème avec la beauté de l'on dans les yeux.
00:12Vous venez de publier aujourd'hui Prescription, un livre qui est paru chez Stock, un roman qui est prenant à l'humour en demi-teinte
00:20et qui suit un héros, les états d'âme d'un homme à qui il arrive un coup du destin, que peu aimeraient affronter.
00:32Alors ce personnage, c'est le héros du livre, il s'appelle Pierre Vernier, il est rédacteur en chef photo dans un journal,
00:41et il apprend, après avoir eu des migraines violentes, qu'il a atteint d'un mal incurable et qu'il lui reste peu de temps à vivre.
00:50Il est littéralement sidéré, mais sa première réaction est assez étonnante, en fait, il décide de ne pas en parler et il décide finalement d'enquêter sur son propre passé.
01:02Absolument, c'est-à-dire qu'effectivement, il décide de ne pas en parler parce que c'est indicible.
01:08Il est difficile d'annoncer à sa compagne ou à ses amis ou à sa fille qu'on vous a dit qu'il vous restait trois mois à vivre, en quelque sorte.
01:17Donc, c'est indicible, c'est impensable parce que, d'une certaine façon, il a souffert de migraines, mais en fait il se sent plutôt pas mal après un traitement.
01:28Donc, tout va bien, ça l'installe dans une zone, si vous voulez, plus ou moins fictive, d'apesanteur, personne ne peut croire à sa propre mort à trois mois.
01:36Vous voyez ce que je veux dire quand on se sent plutôt bien.
01:38Et alors, donc effectivement, comme c'est quelqu'un qui bouge d'une certaine façon, il va bouger dans les deux sens.
01:44Il va bouger vers le passé, c'est-à-dire que quand même, avec cette épée de Damoclès, il essaie de régler certaines choses, notamment avec deux femmes.
01:57Et puis, d'un autre côté, il va enquêter sur ce qui lui arrive et sur sa maladie.
02:04Et ça, ce pan-là, si vous voulez, c'est le pan roman noir du livre.
02:09C'est-à-dire qu'on ne peut pas trop en parler, il y a une résolution, on ne peut pas trop en parler, il faut laisser les mystères.
02:15Ce qui est très important, c'est la notion, comme vous dites, du passé et des souvenirs.
02:21C'est-à-dire qu'il va replonger, ses jours sont comptés et il va replonger dans certains jours passés.
02:28Oui, alors il se trouve que justement, en sortant du rendez-vous avec ce médecin qui lance cette mauvaise nouvelle, il a deux messages de deux anciennes compagnes amoureuses.
02:39L'une, Sophie, dont vous écrivez assez joliment, elle avait été à côté de lui, mais jamais avec lui.
02:46Il semblait qu'un film translucide, hyper fin, mais indéchirable, les sépara, quoi qu'ils se disent.
02:51Alors elle, elle veut récupérer sa correspondance.
02:54Il faut bien comprendre que quand il sort de la clinique, au lieu d'annoncer qu'il allait mourir, ces messages qu'il trouve sur son portable le convoquent.
03:05C'est le passé qui le convoque, en fait, en quelque sorte.
03:08C'est-à-dire que ses jours sont comptés, il n'a plus d'avenir, mais le passé revient vers lui.
03:13C'est intéressant parce que j'ai voulu travailler sur la notion de coïncidence et de surprise.
03:18C'est-à-dire que c'est un livre sur le temps, c'est un livre sur les jours qui passent.
03:23C'est un livre sur le temps au sens où, en fait, on baigne dedans, que c'est immatériel, que c'est silencieux.
03:29Et ce que j'ai voulu faire, c'est installer dans cette thématique un peu abstraite du temps qui passe, silencieux, immatériel, quelque chose qui soit très physique.
03:38C'est-à-dire des dialogues percutants, des descriptions précises. Il fallait compenser tout ça.
03:43D'ailleurs, ce qui est assez amusant, il y a deux messages qui arrivent en même temps. Il y a celui de cette Sophie et un autre de Coco, dénommé Coco,
03:50qui lui envoie une photo de deux, dans les années 80, avec cette légende, le temps passe, les souvenirs restent.
03:56Il y en a une des deux, il va la voir et il lui demande pourquoi ça n'a pas marché. Il lui pose plein de questions.
04:01En fait, il revisite cette relation qui a échoué des années après. Et à ce moment-là, elle parle très librement.
04:10Le héros aussi, d'ailleurs.
04:12Oui, absolument. Parce qu'en fait, le temps a passé.
04:15Le temps a passé.
04:16Le temps a passé. C'est aussi le titre prescription, c'est-à-dire c'est prescription médicale.
04:20Oui, il y a une double entrée, enfin, un double sens.
04:22Prescription au sens de prescription médicale et prescription au sens où le temps éteint les souvenirs, d'une certaine façon.
04:31Alors, justement, sur le deuxième sens du mot prescription, c'est-à-dire l'ordonnance, d'une certaine façon, que donne un médecin,
04:40il y a une enquête aussi qui va arriver à une fois qui n'est pas si dramatique que celle qu'on aurait pu croire au début.
04:48Je n'en dirai pas plus puisqu'il faut garder le suspense.
04:51Tout ça pour dire qu'en fait, finalement, à l'arrivée, le héros, il n'est pas si malheureux que ça.
04:58Non, non seulement il n'est pas malheureux, mais en fait, je le définis comme un homme tranquille.
05:03Il a une femme qui est très intelligente.
05:05Il a une femme qui est prof d'histoire, historienne, qui a une intelligence redoutable.
05:10Lui, et peut-être d'une certaine façon que ça va lui permettre de vivre, c'est qu'il est plutôt dans l'imagination.
05:16Il est plutôt dans l'intuition.
05:18Il est plutôt dans le physique.
05:21Il sent les choses.
05:22C'est une plaque sensible.
05:23Et effectivement, c'est quelqu'un qui aurait voulu être écrivain peut-être.
05:27C'est quelqu'un qui aurait voulu être photographe.
05:29Il se retrouve rédacteur en chef photo d'un journal.
05:34Mais c'est pas mal aussi comme ça.
05:36C'est un homme à la fois profond, talentueux, mais finalement moyen.
05:42C'est l'homme de tous les jours, en fait.
05:44Et ça, ça m'intéresse.
05:45Après avoir beaucoup travaillé sur l'héroïsme, on parlait de Dolon tout à l'heure.
05:49J'aime bien travailler sur quelqu'un qui est tranquille, normal.
05:53En tout cas, c'est à lire.
05:55Ça s'appelle donc Prescription, au pluriel.
05:57C'est paru chez Stock.
05:58Merci Jean-Marc Parisi.
05:59C'est moi qui vous remercie.
06:00Et c'est vraiment écrit d'une très jolie plume.
06:01Je vous le conseille.
06:02Merci.
06:03Merci encore.