Anne Fulda reçoit Jean-Michel Thénard pour son livre «L’amour était presque parfait» dans #HDLivres
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00:00 - Bonjour Jean-Michel Tenard. - Bonjour.
00:02 - Vous êtes journaliste, vous avez déjà écrit quelques livres dans un domaine plutôt différent.
00:07 Et là vous venez de publier "L'amour était presque parfait", c'est paru au Seuil.
00:11 Et c'est un petit bijou parce que ça raconte une histoire clandestine
00:14 qui a eu lieu entre Ingrid Merman et Robert Capa, le cofondateur de l'agence Magna.
00:19 Donc si vous aimez en plus le cinéma des années 40, vraiment c'est à lire.
00:23 Et première question, pourquoi vous vous êtes intéressé à cette romance ?
00:27 - Parce que justement elle est relativement méconnue.
00:30 On connaît l'histoire d'amour entre Robert Capa, photographe et Garda Taro,
00:37 qui sont allés couvrir la guerre d'Espagne.
00:40 Ils ont d'une certaine façon, avec David Seymour, inventé le photojournalisme en 1936.
00:45 Garda Taro est morte en 1937 en Espagne.
00:49 Mais cette histoire-là est très connue.
00:51 En revanche la liaison Capa-Bergman est peu connue.
00:54 Et pour cause, parce que c'était une liaison clandestine.
00:57 Ingrid Bergman était mariée.
00:59 À Hollywood, ça ne se faisait pas à l'époque.
01:01 Et ça ne se fait peut-être toujours pas d'avoir des amants, si on veut travailler correctement.
01:07 Et Bergman en a parlé elle-même dans ses mémoires qu'elle a écrites en 1980,
01:12 en disant tout l'amour qu'elle avait pour Capa, mais en étant assez discrète.
01:18 Et j'ai eu envie de connaître un petit peu plus.
01:21 Alors pour travailler, visiblement vous vous êtes inspiré de ses mémoires.
01:24 Mais aussi, l'une de vos sources principales, c'est les notes qu'a prises le confondateur de Magnum,
01:31 donc David Seymour.
01:32 "Shim", c'est ça ?
01:33 Plus d'autres films, c'est comme ça ?
01:35 Parce que c'est un roman, mais on voit visiblement que c'est très documenté.
01:39 Alors c'est documenté parce que je ne voulais pas écrire de bêtises sur le Paris de 1945,
01:45 sur le Berlin de 1945, sur le Hollywood de 1945, et New York de 1945-1947.
01:50 Donc effectivement, je me suis documenté.
01:53 Et puis j'ai imaginé que quand Ingrid Bergman a appris la mort de Capa en mai 1954,
02:00 elle habitait à Rome à l'époque, elle était mariée avec Roberto Rossellini,
02:04 et elle avait un ami qui était David Seymour, qui était un ami de Capa,
02:07 et ils ont fondé Magnum ensemble.
02:09 Et j'ai imaginé qu'elle avait appelé Seymour et qu'ils étaient allés noyer leur chagrin
02:15 dans un bar d'hôtel à Rome, et que Seymour avait recueilli toutes ses confidences.
02:22 Alors ils se rencontrent en 1945, et peut-être qu'on ne mesure pas...
02:27 Enfin ceux qui ne connaissent pas, à l'époque, Ingrid Bergman est déjà une grande star,
02:31 puis une star un peu différente des autres, parce qu'elle est naturelle, grande, pas longiligne,
02:35 elle a son style à elle.
02:36 Voilà, elle est arrivée pour faire un remake d'un film suédois qui avait bien marché en Suède,
02:44 qui s'appelait Intermezzo, c'est David Selznick qui l'a fait venir,
02:48 et puis quand la guerre a débuté en Europe, David Selznick lui a dit "reviens",
02:52 et puis là il ne l'a pas fait tourner, et puis finalement elle s'est débrouillée,
02:55 et elle a fait un certain nombre de films qui sont passés à la postérité,
02:58 dont le plus célèbre c'est Casablanca, et puis elle a fait Pour qui sonne le glas,
03:03 elle espérait avoir l'Oscar pour Qui sonne le glas, elle ne l'a pas eu,
03:06 mais elle l'a eu en mars 1945 pour un film de George Cooker qui s'appelle Hantease,
03:11 et quand elle arrive à Paris en juin 1945, elle est donc auréolée de son statut de star,
03:18 de son statut d'Oscarisée, et elle vient pour aller soutenir les troupes américaines
03:25 qui sont en Allemagne, et là elle rencontre Robert Capa à Paris.
03:30 Alors Robert Capa, on le voit, il lui fait connaître le Paris fou et pétillant de l'après-guerre,
03:37 on rencontre des figures comme Hemingway, on croise aussi Lou Beach, on croise Marlene Dietrich,
03:44 c'est ça qui l'a fait basculer plus la personnalité de Capa, qui vient d'Europe de l'Est,
03:50 qui est hongrois à l'origine.
03:52 Capa c'est un hongrois qui a émigré à Paris, qui a fui le nazisme comme beaucoup d'autres en 1934,
03:59 et c'est un garçon, je pense que toutes les femmes étaient sous le charme de Capa,
04:04 et tous les hommes aussi, tous les hommes avaient envie d'être amis avec Robert Capa,
04:08 et toutes les femmes éventuellement avaient envie d'être amis, et peut-être plus.
04:12 Mais parce qu'il avait un charme fou, c'était un type qui était très drôle,
04:15 c'était un type qui se moquait de lui-même, qui était hyper dynamique, c'était un joueur, c'était bon.
04:22 - Il connaissait la terre entière, il l'avait partout, on le voit, il l'emmène voir Picasso.
04:26 - C'était une star, c'était une star, parce qu'il est dans le photojournalisme,
04:30 Time Life avait expliqué que c'était le plus grand photographe du monde au sortir de la guerre d'Espagne,
04:36 et en plus, cet hommage a été renforcé par le fait qu'il est, il ne faut pas l'oublier,
04:41 le seul photographe à avoir fait des photos in situ du débarquement,
04:45 les fameuses six photos floues qu'on a du débarquement que Capa a fait.
04:50 Donc c'est aussi une star, mais c'est une star, je dirais aujourd'hui un peu en post-traumatisme,
04:55 pourquoi ? Parce que Capa, ça fait neuf ans qu'il suit les guerres,
04:58 il a vu toutes les horreurs de la guerre, il a fait tous les débarquements en Afrique du Nord, en Sicile, en Normandie, etc.
05:04 Et c'est un type qui se retrouve en juin 45, la guerre est finie, et il se dit "qu'est-ce que je vais faire,
05:08 qu'est-ce que je vais devenir ?" et puis il croise Horitz, Ingrid Bergman,
05:12 il est avec un ami et il décide de lui écrire une petite lettre, de l'inviter à dîner,
05:17 et par extraordinaire, alors qu'il ne s'y attend pas du tout, elle dit "ok".
05:21 - Elle accepte. Et c'est le début d'une très belle histoire que vous racontez très bien,
05:24 on croise Hemingway, on croise Billy Wilder, on croise Cartier-Bresson, c'est vraiment passionnant.
05:30 Effectivement, la rencontre, cette histoire aura duré deux ans, mais c'est vraiment une très belle histoire.
05:35 Je vous le conseille donc vivement, "L'amour était presque parfait", c'est donc paru au Seuil.
05:39 Merci beaucoup Jean-Luc Soussena. - Merci.
05:42 (Générique)
05:45 [SILENCE]