Avec Nicolas Lacroix, président LR du Conseil départemental de la Haute-Marne.
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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-10-22##
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NewsTranscription
00:00Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:14Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:17Oui mais, oui mais, depuis quand des Français vendent des institutions françaises ?
00:22Et quelles institutions françaises ? Les institutions de la République ?
00:26Elles sont mises en vente ? Vous n'y croyez pas bien sûr. C'est une fake news.
00:30Et bien pas du tout. En tout cas, certains l'envisagent.
00:34Écoutez.
00:35Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:38Le fait du jour.
00:39Va disparaître, paraît-il. Je ne sais pas ce que ça vient faire là, Tété.
00:43Mais enfin, c'est très bien. Alors Tété, pourquoi on parle tout va disparaître ?
00:48Alors c'est très simple. Je vous assure, c'est pas une légende.
00:54Préfecture, palais de justice, gendarmerie.
00:58Le président du conseil départemental de Haute-Marne, Nicolas Lacroix,
01:04estime que les coupes demandées aux collectivités locales vont fragiliser encore plus certains départements.
01:10Nous l'avons avec nous. Bonjour M. Lacroix.
01:13Bonjour.
01:14Bonjour. Vous êtes président républicain du conseil départemental de Haute-Marne.
01:17Il vous a entendu hier.
01:19Et vous disiez, écoutez, moi, si ça continue comme ça,
01:23je vais mettre sur le site Le Bon Coin, que tout le monde connaît bien sûr.
01:28On a des départements administratifs, la préfecture par exemple, palais de justice,
01:34quelques dizaines de bureaux de gendarmerie dans notre département.
01:38Écoutez, puisque je n'ai plus d'argent et puisque je n'ai pratiquement plus de recettes,
01:42ou en tout cas très très peu par rapport à ce que je voudrais,
01:45je vais les mettre en vente.
01:47C'est une manière de communiquer, c'est une provocation bien sûr, M. le Président.
01:52Alors, pas complètement, parce que d'abord on va mettre en vente ce qui appartient au conseil départemental.
01:58Bien sûr, c'est une alerte envoyée directement au Premier ministre et à son gouvernement.
02:04Et puis, avec cette annonce faite sur Le Bon Coin, c'est aussi un message envoyé directement aux Français
02:09pour dire que les collectivités, les départements ne pourront plus vous accompagner.
02:13Alors, 5 milliards d'économies, 2,2 milliards demandés aux départements,
02:17alors que nous avons déjà beaucoup donné ces dernières années.
02:20Aujourd'hui, l'effort qui est demandé, évidemment insupportable financièrement pour les départements.
02:26Donc, c'est une alerte que je lance, forte, c'est vrai.
02:29Mais je ne vends pas ce qui ne m'appartient pas.
02:31Je souhaite vendre ce qui appartient aujourd'hui au conseil départemental.
02:35Une préfecture, des sous-préfectures, des logements de fonction, des sous-préfets ou des secrétaires généraux.
02:41Voilà, il y a un certain nombre de patrimoines aujourd'hui dont je souhaite,
02:45ou en tout cas, je souhaite engager la démarche.
02:47Vous savez, les démarches sont longues.
02:49Donc, ce n'est pas non plus une blague de 1er avril.
02:51C'est vraiment une volonté de regarder.
02:54Alors, est-ce que je peux vous demander, pour être précis, pour la Haute-Loire,
02:59quel est votre budget et qu'est-ce qui vous est demandé à vous
03:04pour parler du département de la Haute-Loire comme effort dans ces 5 milliards ?
03:08Moi, c'est la Haute-Marne.
03:11Oui, écoutez, en tout cas, on nous demande,
03:14en tout cas dans les projections et les annonces du projet de loi de finances,
03:177,5 millions d'euros des recettes qu'ils n'auront pas,
03:23alors que nous avons déjà fait beaucoup d'efforts.
03:25Alors, le budget, il est de 280 millions d'euros.
03:28D'accord.
03:29C'est énorme.
03:30Sachant que, vous savez, j'ai annoncé il y a quelques jours,
03:33avant l'annonce du projet de loi de finances,
03:35j'ai réuni les maires de mon département pour leur dire que je ne pourrais plus
03:38s'accompagner comme avant.
03:39Je les ai dédiés à hauteur de 12 millions.
03:41J'ai annoncé 6 millions.
03:43Donc, 6 millions d'économies déjà annoncées il y a à peine un mois.
03:46Et aujourd'hui, je dois dire que c'est la douche froide.
03:48Moi, je ne souhaite pas expliquer que les départements
03:51ne doivent pas faire l'effort que tous les Français vont devoir faire.
03:54Donc, je ne suis pas non plus dans cette volonté.
03:56D'ailleurs, je soutiens le gouvernement et je souhaite d'ailleurs sa réussite.
03:59Mais là, je crois qu'aujourd'hui, on a été fort sollicité.
04:02On ne peut plus, sachant qu'on accompagne beaucoup de Français
04:07du plus jeune âge jusqu'à la fin de la vie.
04:09Vous savez, les départements, c'est vraiment la collectivité des solidarités.
04:13J'ai bien peur qu'on ne puisse plus exercer cette mission.
04:15– Oui, vous voulez dire que toutes les responsabilités que vous avez,
04:19effectivement, vous dites, en étant en train de demander,
04:22vous vous rappelez du nombre de milliards qui est demandé, effectivement.
04:25En même temps, moi, je voudrais avoir votre avis.
04:28Et là, ça ne concerne pas, évidemment, la haute-marne, mais toute la France.
04:32Le problème qui est posé, et on l'a vu,
04:34et alors, ça concerne, évidemment, l'État.
04:36Je parle de l'État central, bien sûr.
04:39Mais est-ce que ça ne concerne pas aussi les collectivités territoriales
04:43et nationales, les collectivités ?
04:46En ce sens, est-ce qu'il n'y a pas un vrai problème dans les dépenses de fonctionnement ?
04:52Parce qu'on regardait les ARS, pour ne parler que de la santé,
04:56on regardait ce qui se passe dans un certain nombre de postes,
05:00et on dit presque un tiers des dépenses publiques,
05:04parce que tout le monde dit qu'il faut, effectivement,
05:06raboter sur les dépenses publiques.
05:08Mais laquelle ?
05:09Est-ce que, franchement, pour vous, il n'y a pas un problème de dépenses de fonctionnement,
05:13Monsieur le Président ?
05:15– Ecoutez, 70% de nos dépenses de fonctionnement
05:18sont des dépenses imposées par l'État sur toutes nos politiques de solidarité,
05:23grand âge, handicap, protection de l'enfance, RSA, insertion.
05:27Ça c'est 70% de nos dépenses qui sont quasiment incompressibles,
05:31parce qu'elles sont décidées bien souvent par l'État.
05:35D'ailleurs, quand l'État décide d'augmenter les allocations individuelles de solidarité,
05:39les aides à la personne, il ne nous demande pas toujours notre avis,
05:42il l'annonce et ensuite nous payons.
05:44Typiquement, la dernière fois que le Président de la République
05:47a annoncé une hausse de 4,6% du RSA,
05:49c'est le Président de la République qui l'annonce,
05:51ce sont les départements qui passent à la caisse.
05:53– Et il n'y a pas de concertation à ce moment-là ?
05:56– En fait, c'est ce qu'on demande aujourd'hui,
05:59souvent des décisions prises sans concertation,
06:02mais qui coûtent chers aux départements.
06:04Vous savez, on entend parler d'un souhait de 90 milliards d'économies.
06:09Moi, j'ai regardé aujourd'hui en face,
06:11vous avez 1 200 agences de l'État
06:13qui coûtent aujourd'hui une estimation de plus de 100 milliards.
06:16Je pense que c'est là qu'on doit aller chercher les économies.
06:18Et arrêter de taper sur les collectivités
06:20qui sont en proximité avec l'ensemble de leurs habitants,
06:23et ça, aujourd'hui, on ne peut plus l'accepter.
06:25L'État doit être exemplaire,
06:27et donc évidemment, les choses ne peuvent pas se faire en quelques semaines,
06:30et le Premier ministre a cette problématique
06:32de trouver des solutions en quelques semaines.
06:34Mais moi, je demande vraiment à ce qu'on regarde
06:36ces 1 200 agences de l'État qui coûtent beaucoup d'argent,
06:38et aujourd'hui, je crois qu'on peut regarder de près
06:40et faire des économies, en tout cas dans ce domaine-là,
06:42avant de toujours se diriger vers les collectivités
06:44qui, elles, avec leur budget en équilibre,
06:46ne font pas beaucoup de dettes
06:48et ont l'obligation de rembourser leurs dettes,
06:50ce qui n'est pas le cas de l'État.
06:52– Oui, c'est ça, c'est très important ce que vous avez dit,
06:54et ont l'obligation d'avoir un budget en équilibre
06:57et de rembourser, effectivement, leurs dettes,
06:59ce qui n'est pas le cas de l'État, vous avez raison de le souligner.
07:02D'ailleurs, il faudrait peut-être parler aussi
07:04des milliers d'associations, je ne dis pas
07:06les associations, beaucoup font très, très, très bien leur boulot,
07:08mais beaucoup sont subventionnées,
07:10et on se demande pourquoi, il y a aussi cela,
07:12il y a tous ces domaines-là à avoir,
07:14et vous vous dites, en fait,
07:16on est en train de ponctionner
07:18de façon totalement excessive
07:20les collectivités de proximité
07:22dont vous faites partie.
07:24– On explique, et Bruno Le Maire l'expliquait
07:26très souvent d'ailleurs, en donnant beaucoup de leçons
07:28aux collectivités, que les collectivités
07:30dépensaient trop. Si elles dépensent trop,
07:32c'est parce que, régulièrement,
07:34l'État se désengage sur un certain nombre de sujets.
07:36Vous savez, les départements aujourd'hui s'engagent
07:38beaucoup sur les questions de santé.
07:40C'est bien une compétence régalienne, mais aujourd'hui,
07:42si les collectivités ne s'engageaient pas sur les questions de santé,
07:44des pans entiers du territoire
07:46n'auraient pas de couverture pour l'ensemble
07:48de leurs habitants.
07:50Les départements, aujourd'hui,
07:52investissent encore pour loger les gendarmes.
07:54Ça a été mon cas.
07:56Parce que l'État n'est plus en capacité de loger
07:58ses propres fonctionnaires.
08:00La sonnette d'armes, c'est dire, attendez,
08:02aujourd'hui, vous demandez beaucoup
08:04aux collectivités, et bien écoutez,
08:06moi je ne logerai plus gratuitement,
08:08gracieusement, l'ensemble de vos fonctionnaires,
08:10du préfet,
08:12en passant par les gendarmes,
08:14ou en passant aussi par les principaux de collèges,
08:16et l'ensemble des fonctionnaires, aujourd'hui,
08:18qu'on loge,
08:20c'est-à-dire gracieusement, on n'a plus les moyens de le faire.
08:22– C'est-à-dire que, non mais c'est très important,
08:24parce que beaucoup de gens ne le savent pas ça,
08:26Nicolas Lacroix,
08:28c'est-à-dire que le département finance
08:30le logement des,
08:32je veux dire, d'un certain
08:34nombre de fonctionnaires de l'État.
08:36– C'est en fait
08:38la liste sommaire
08:40que j'ai effectivement fait connaître.
08:42Le palais de justice, le tribunal judiciaire,
08:44les sous-préfets sont souvent
08:46logés dans belles maisons, très luxueuses.
08:48Les préfectures,
08:50qui appartiennent évidemment au patrimoine des départements
08:52et au patrimoine, bien sûr,
08:54donc il n'est pas question, évidemment,
08:56de brader ou de vendre.
08:58Simplement, je voulais tirer la fenêtre d'alarme en disant
09:00attendez, respectez un peu les collectivités,
09:02qui sont des partenaires de l'État
09:04sur les territoires, et donc là, je crois
09:06qu'aujourd'hui, ce qui est demandé
09:08de façon historique aux collectivités,
09:10personne ne peut l'accepter,
09:12et les départements, une fois de plus,
09:14sont sollicités plus que les autres.
09:16– Est-ce que ce sera intéressant
09:18de voir si d'autres départements
09:20suivent votre démarche,
09:22en tout cas l'Allance, en disant écoutez,
09:24nous aussi, est-ce que vous savez,
09:26est-ce que vous avez eu contact avec certains de vos collègues ?
09:28– Alors, je n'ai pas été le premier
09:30à lancer l'alerte, puisque mon collègue du Loiret
09:32a lui-même mis en vente
09:34un certain nombre de bâtiments,
09:36dont la préfecture et un certain nombre
09:38d'autres bâtiments.
09:40Je n'ai pas été le premier à lancer l'avance,
09:42moi j'ai effectivement dit que je le vendais
09:44sur le bon coin, pourquoi le bon coin ?
09:46Tout simplement parce que c'est connu par tous les Français
09:48et je veux aussi prendre à témoin les Français.
09:50Vous savez, le Premier ministre, dans son discours
09:52de politique générale, a dit qu'on devait protéger
09:54les plus faibles, c'est la mission des départements,
09:56on protège les plus fragiles et on protège les plus faibles,
09:58et si on n'a plus les moyens d'agir,
10:00je crois qu'aujourd'hui, c'est un vrai sujet
10:02et on doit être entendus par le gouvernement
10:04parce qu'on est au quotidien
10:06aux côtés des plus fragiles et des plus faibles
10:08et c'est notre mission
10:10qui nous coûte évidemment très cher
10:12et je crois que c'est d'ailleurs
10:14l'un de nos plus beaux métiers
10:16en plus de tout ce qu'on peut faire en matière de collège,
10:18sur les routes, sur les mobilités, voilà.
10:20Est-ce que vous avez eu déjà des réactions
10:22du côté gouvernement, puisque
10:24vous espérez évidemment être entendus
10:26avant d'avoir à vendre au bon coin
10:28ou ailleurs tous ces bâtiments,
10:30est-ce que vous avez bon espoir
10:32en tout cas d'être entendus
10:34de façon assez rapide ?
10:36On a déjà eu un certain nombre de rencontres
10:38et je pense que le gouvernement est bien conscient
10:40que les départements ne pourront pas aller aussi loin
10:42qu'il le souhaiterait. Maintenant, j'attends
10:44les débats parlementaires.
10:46On a évidemment aussi sollicité
10:48l'ensemble des parlementaires parce que c'est un vrai sujet
10:50qui concerne
10:52la cohésion territoriale dans son ensemble
10:54et donc, voilà,
10:56les débats sont lancés. J'espère qu'on aura
10:58les bonnes nouvelles, mais
11:00je peux vous dire que les départements
11:02aujourd'hui sont très remontés. Ils ne se laisseront pas faire
11:04parce qu'on a vraiment l'impression
11:06qu'on souhaite les asphyxier. Certains parlent même
11:08de la mort des départements.
11:10Aujourd'hui, 20 départements sont en grande difficulté
11:12et ne peuvent pas déjà boucler le budget 2024.
11:14Moi, je crois aussi que
11:16les départements asphyxiés, ce sont tous les Français
11:18qui seront touchés.
11:20Oui, en tout cas, c'est certain qu'il y a un problème
11:22tout à fait de fond.
11:24Il faut savoir quand on veut faire
11:26des économies et sur qui
11:28on va raboter et qui on va raboter.
11:30Effectivement, il y a, je pense,
11:32si je suis d'accord avec vous et je ne suis pas le seul,
11:34il y a des priorités peut-être plus importantes
11:36que de raboter les proximités,
11:38enfin, les collectivités.
11:40On va suivre ça. Merci
11:42Nicolas Lacroix. Merci pour vos éclaircissements.
11:44Pour réagir ou poser
11:46une question, vous pouvez appeler
11:48au 0 826 300 300.
11:50André Bercoff revient
11:52dans quelques instants pour parler
11:54du boulot dormant de Montmartre et de son évacuation.
11:56A tout de suite.