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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent les relations entre la France et l'Algérie et pourquoi elle semble se dégrader de plus en plus.

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Transcription
00:00On a le plaisir d'accueillir Xavier Driancourt.
00:02Bonsoir, M. Driancourt, ancien ambassadeur de France en Algérie.
00:06Deux fois.
00:07Deux fois. Très bien. Sur quelle période ?
00:09Le quinquennat Sarkozy, le premier quinquennat Macron.
00:13Très bien. Donc vous connaissez parfaitement le sujet de l'immigration,
00:18évidemment, parce que vous avez même fait une note pour la Fonds d'Appolles
00:21politique migratoire que faire de l'accord franco-algérien de 1968.
00:24On va faire un petit point évidemment sur toutes ces questions d'immigration.
00:27Juste un petit rectificatif.
00:29J'évoquais il y a quelques instants une lettre d'Arnaud Clarsen,
00:32qui était une lettre ouverte au président de la République française.
00:34A priori, Arnaud Clarsen nous signale que ce n'est pas lui qui l'a écrite.
00:37Il s'agirait peut-être d'une lettre qui a été rédigée par quelqu'un d'autre.
00:41Donc j'espère qu'il nous confirmera s'il sait l'être de lui ou pas de lui.
00:46On referme la parenthèse, mais c'est important de tenir
00:49nos téléspectateurs et auditeurs au courant.
00:51J'aimerais qu'on reparle de cette loi immigration, parce que ça y est,
00:53Bruno Rotaillot et Michel Barnier ont évoqué l'hypothèse d'une nouvelle loi immigration,
00:59étant donné le peu d'effet qu'a la précédente.
01:01On va juste écouter ce que dit Bruno Rotaillot et je vous passe la parole ensuite.
01:04On fera le point sur ce qui se passe avec l'Algérie.
01:07Il y a un dernier point aussi, qui est à mes yeux très important,
01:11c'est l'approfondissement des relations qu'on peut avoir avec les pays sources,
01:14les pays d'origine, les pays aussi de transit.
01:17Nous avons des outils et je pense qu'il y a des progrès à faire
01:20en utilisant tous les leviers que nous avons à disposition,
01:24notamment pour les réadmissions.
01:25Je pense aux leviers des visas, je pense aussi aux leviers de l'aide au développement
01:29et je pense enfin aux leviers commerciaux,
01:32puisqu'il se trouve qu'ils devront être révisés dans quelques temps
01:36et assez rapidement, le système de préférence généralisé avec les droits de douane.
01:40Voilà, Xavier Grégoire, est-ce qu'on a les moyens d'agir aujourd'hui ?
01:43Je pense qu'une nouvelle loi sur l'immigration, ce n'est pas absolument nécessaire.
01:48Je pense qu'il faudrait commencer par appliquer les textes existants
01:51et utiliser les moyens que nous avons vis-à-vis de l'Algérie.
01:53La dernière loi, on est à 27 % d'application des décrets.
01:57Et les OQTF pour l'Algérie, c'est 7 %,
02:00donc je ne sais pas si une nouvelle loi réglera le problème.
02:04Il faut d'abord appliquer ce qui existait avant.
02:07Sur l'Algérie, vous savez que ça ne réglera pas le problème.
02:09Sur l'Algérie, il faut pouvoir utiliser les moyens que nous avons,
02:12les leviers dont nous disposons à l'égard de l'Algérie et nous en avons.
02:16Ils ont les laissés passer consulaires,
02:19mais nous, nous avons des moyens de pression.
02:22Mais lesquels ? Parce que rien ne fonctionne.
02:24Oui, rien ne fonctionne,
02:25mais essayons de faire la liste des différents moyens dont nous disposons.
02:29Il y a, alors je l'ai écrit, l'accord de 1968,
02:33qui serait la bombe atomique.
02:34Qu'est-ce qui prévoit cet accord ?
02:36Cet accord, c'est un petit peu le calendrier de l'avant.
02:39Je ne sais pas si vous avez connu les uns et les autres,
02:41le calendrier de l'avant, où vous avez autant de petites fenêtres
02:46et autant d'exemptions pour les Algériens qu'il y a de jours dans le mois.
02:50Donc, vous avez un regroupement familial qui est facilité,
02:55des visas commerçants pour les étudiants.
02:59Vous avez un titre de séjour de 10 ans.
03:01Ce titre de séjour ne peut pas être retiré,
03:05ne peut pas être retiré, sauf par le juge et les juges le retirent rarement.
03:09Donc, vous avez toute une série d'exemptions.
03:11Donc, l'accord de 68, c'est la bombe atomique vis-à-vis de l'Algérie.
03:16Est-ce qu'on veut l'utiliser ?
03:17Ça dépend du président de la République.
03:19C'est lui qui est le garant des traités.
03:21Nous avons aussi, je l'ai écrit récemment dans Le Figaro,
03:24un accord, un échange de lettres entre les deux ministres des Affaires étrangères,
03:28donc qui peut être annulé par le ministre des Affaires étrangères,
03:31sur l'exemption de visa pour les dignitaires algériens.
03:35Faisons simple, les titulaires de passeports diplomatiques.
03:38On a la mosquée de Paris avec un circuit un peu compliqué.
03:43Nous avons toutes les transactions financières algériennes en France.
03:47Il faut savoir que le dinar algérien est inconvertible,
03:51qu'il y a un cours parallèle du dinar qui va de 1 à 2.
03:54Si vous allez dans une banque, vous n'obtiendrez pas de dinar algérien
03:58parce qu'il est inconvertible,
03:59mais il y a quand même des transactions algériennes en France.
04:03Si on demandait à l'Inspection des finances de regarder un peu les circuits financiers,
04:07pourquoi pas ?
04:08Et puis, il y a les consulats algériens.
04:11Nous avons, M. Darmanin, ouvert deux nouveaux consulats algériens
04:16sur les 18 qu'ils avaient, sans contrepartie.
04:20Et les consulats, ils servent à quoi ?
04:21À délivrer des laissés-passer consulaires, nous sommes d'accord.
04:24Et nous en avons très, très peu d'algériens.
04:27Donc pourquoi avoir accordé deux nouveaux consulats sur les 18 qu'ils avaient ?
04:31Sans contrepartie.
04:33On a l'impression que c'est insoluble, Eric Reuvel,
04:35qu'on n'y arrivera pas, en tout cas, à réguler ces flux migratoires.
04:38Comme le dit l'ambassadeur,
04:41il y a l'arme que vous décrivez comme atomique de cet accord de 1968.
04:46Alors, vu que les relations entre la France et l'Algérie,
04:48c'est le moins qu'on puisse dire en ce moment,
04:49avec l'annulation, le report de la visite de M. Théboune,
04:54dans un discours, il accuse la France des génocidaires.
04:57Non ?
04:58Bon, est-ce qu'on prendrait un grand risque à détériorer
05:00un peu plus des relations avec l'Algérie, alors qu'elles sont déjà très détériorées ?
05:03Comme je l'ai souvent dit, les Algériens ne comprennent que le rapport de force.
05:08Ils ont été, certes, colonisés par la France 132 années,
05:12mais ils ont été ensuite formés, formatés par l'URSS,
05:16l'URSS des années Brest-Geneve, sous M. Boumédienne.
05:18Donc voilà, ils comprennent leur rapport de force.
05:21Et effectivement, vous le dites, un peu plus,
05:25il faut avoir une riposte graduée avec eux.
05:27Je crois même que les choses sont plus graves que ça.
05:30Alors, je parle sous votre contrôle, M. l'ambassadeur,
05:32mais il me semble, moi, que l'Algérie, en ce moment,
05:36piétine la France, se moque de la France.
05:39Il y a eu l'épisode, on s'en souvient tous,
05:41on en a beaucoup parlé, de ce couplet anti-français
05:43qui a été réintroduit dans l'hymne national.
05:45C'était quelque chose de symbolique.
05:47Il y a le pouvoir algérien qui, me semble-t-il,
05:49instrumentalise en permanence la colonisation française
05:54pour pouvoir asseoir son pouvoir.
05:56Ça a des répercussions, évidemment, sur les Algériens qui vivent en France,
06:00de la manière dont certains d'entre eux se comportent vis-à-vis de notre pays.
06:03Le fait qu'ils ne délivrent quasiment jamais,
06:05de laisser passer consulaire.
06:06Et à côté de cela, on a un président Emmanuel Macron
06:09qui prend quelques mesures, ou plutôt quelques mesurettes.
06:11Il a divisé à un moment par deux le nombre de visas accordés aux Algériens.
06:15On l'a annoncé, mais on ne l'a pas fait.
06:17Que très peu d'effets.
06:18Ça a été fait pendant quelques semaines, me semble-t-il.
06:19Non, même pas.
06:20En réalité, on n'a pas appliqué.
06:22On a la France qui tremble, en réalité, face à une Algérie
06:25qui est plus que menaçante,
06:26qui est déjà entrée dans une guerre diplomatique avec notre pays,
06:29et pas seulement diplomatique.
06:30Mais vous avez donné la réponse.
06:31C'est-à-dire que nous sommes timorés face à l'Algérie.
06:34Comment est-ce que vous l'expliquez ?
06:35Je l'explique par le fait que, comme nous ne réagissons pas,
06:40les Algériens vont toujours plus loin dans leur récrimination
06:44ou dans leur demande.
06:45Et puis surtout, fondamentalement,
06:47l'Algérie, c'est de la politique étrangère
06:50et de la politique intérieure française.
06:53L'Allemagne ou la Chine, c'est de la politique étrangère.
06:55L'Algérie, c'est de la politique intérieure française.
06:58Une fois que vous avez dit ça,
06:59vous pouvez décliner toute la liste.
07:02C'est la peur qui fait que la France ne fait rien.
07:05C'est la communauté algérienne qui est importante.
07:08Mais pas seulement.
07:09C'est parce qu'il y a 10 % de la population française
07:11qui a un lien avec l'Algérie.
07:12Il y a les Algériens, les Franco-Algériens,
07:14mais il y a aussi les Harkis, les Pieds-Noirs.
07:17Il y a une très grande communauté française
07:20qui a un lien avec l'Algérie.
07:21Et donc, ce sont autant d'électeurs.
07:2310 %, c'est énorme.
07:25Alors, il y a peut-être aussi des enjeux économiques.
07:28Par exemple, sur le gaz.
07:31On dépend à 7 % du gaz algérien.
07:33Alors, moi, je voulais vous poser une question
07:35parce qu'on parle beaucoup de la dégradation
07:37des relations entre la France et l'Algérie,
07:38qu'on vient de constater et qu'on constate tous les jours.
07:41Alors, je ne voudrais pas trop charger
07:42le président de la République
07:43parce que je ne manque jamais une occasion,
07:44mais est-ce qu'il n'est pas un peu responsable
07:46quand il fait campagne pour son premier mandat,
07:49il va en Algérie en parlant de la guerre d'Algérie
07:51comme un crime contre l'humanité ?
07:53La colonisation.
07:55Qu'on n'a jamais vraiment refermé.
07:57Puis, quelques années plus tard, il explique,
07:59et à mon avis, il n'a pas tort,
08:00que la jeune militaire au pouvoir
08:02s'en sert comme rente mémorielle.
08:03Est-ce que ces deux positions,
08:05qui sont, à mon avis, totalement incohérentes l'une de l'autre,
08:08ne sont pas un peu aussi responsables de cette espèce de...
08:10C'est dû en même temps aux diplomatiques.
08:13La colonisation, crime contre l'humanité,
08:16et ensuite, la rente mémorielle.
08:19Donc, voilà, il n'y a pas de continuité
08:20dans notre politique vis-à-vis de l'Algérie.
08:23Et je crois que les Algériens le savent parfaitement et en jouent.
08:27Mais alors, il n'y a pas que l'Algérie, évidemment.
08:28Il y a d'autres pays du Maghreb
08:30et d'autres pays qui nous envoient des flux migratoires.
08:35Est-ce qu'il y a des solutions législatives ?
08:37Ou est-ce qu'il s'agit d'envoyer un signal ?
08:39On sait que l'Italie a envoyé ses premiers bateaux
08:42d'immigrants en Albanie hier.
08:44Donald Tusk, Premier ministre polonais,
08:47a décidé de s'asseoir sur le droit d'asile.
08:49L'Allemagne a rétabli ses contrôles aux frontières.
08:51On a l'impression que nous, on est inerte, complètement inerte.
08:53Vous avez pris en cours.
08:54Nous, nous n'avons envoyé aucun signal.
08:56Au contraire, nous avons même augmenté l'aide médicale d'État, je comprends.
09:00Donc, comme il y a une libre circulation dans Schengen,
09:02y compris pour les étrangers non communautaires,
09:05la nature ayant horreur du vide,
09:07ceux qui sont refoulés en Italie ou en Allemagne ou en Suisse,
09:11où viendront-ils ?
09:13En France, parce que la France reste un pays attractif.
09:16Attractif, comme on dit, attractif à de nombreux titres.
09:18Oui, alors je pense que la question de Schengen est fondamentale.
09:21La liberté de circulation dans l'espace Schengen est fondamentale.
09:24Si, supposons qu'on réduise le nombre de visas,
09:27comme l'a annoncé M. Retailleau,
09:29il faut éviter que les Algériens ou les Marocains ou d'autres
09:34aillent demander un visa aux consulats d'Espagne,
09:36aux consulats d'Italie ou d'Allemagne.
09:38Ils obtiendront non pas un visa allemand,
09:40mais un visa Schengen, valable en France.
09:42Donc, il faudrait rétablir les frontières.
09:43Non, mais il faut que la liberté de circulation
09:47dans l'espace Schengen soit réservée aux Européens,
09:50comme c'était le cas à l'origine.
09:52Une question de Thierry Grevel et ensuite de Johan Usage.
09:54Vous avez été, je crois, trois ans juge
09:56à la Cour nationale du droit d'asile.
09:59Oui.
09:59Et vous avez vu un certain nombre de dossiers passer
10:02quand vous instruisez, quand vous auditionnez
10:06ceux qui souhaitaient obtenir le droit d'asile en France.
10:09Est-ce que vous pourriez nous faire bénéficier
10:11de la lecture de ces dossiers
10:12qui, parfois, se ressemblaient de manière incroyable,
10:14comme si les passeurs, non seulement,
10:16vendaient dans le paquet le transport,
10:18mais également ce qu'il fallait dire au juge ?
10:20Il y a un écosystème, je dirais,
10:24pour parler simple,
10:25entre les ONG, les associations,
10:28les réseaux de passeurs, etc.,
10:31qui fournissent la traversée de la Méditerranée,
10:35la traversée de l'Afrique,
10:36et qui vendent le récit à raconter.
10:39Alors, on a à peu près toujours le même récit,
10:41selon les nationalités, avec des variantes.
10:44Marquise, vos beaux yeux.
10:45Belle marquise, vos yeux beaux,
10:48selon les nationalités.
10:49Mais c'est souvent le cas.
10:51Je trouve que j'avais souvent des Somaliens
10:53ou des Bangladais
10:55qui racontent à peu près toujours la même chose.
10:58C'est une histoire formatée, c'est ça qui est déjà...
11:00Oui, c'est aidé par les associations,
11:03par les réseaux de passeurs.
11:05Encore une fois, il y a un écosystème assez puissant.
11:10Et puis, la justice.
11:12Donc, voilà, tout ça...
11:13Il faut réformer, il faut qu'on comprenne.
11:16Je pense que c'est effectivement...
11:17Elle a mis en ce que vous venez de dire.
11:18C'est effectivement important.
11:20Et c'est peut-être là-dessus qu'une loi devrait porter
11:22plus que sur les moyens de contrôle,
11:25alors qu'il faudrait appliquer les moyens actuels.
11:28Yohann Uzay, une question à Xavier de Drian.
11:30Je voudrais revenir sur l'Algérie,
11:31parce que c'est incontestablement le pays
11:33qui pose le plus de problèmes en ce moment à la France.
11:35Vous avez évoqué l'arme nucléaire,
11:37qui serait la dénonciation par Paris des accords de 68.
11:41Est-ce que, dans ce cadre-là,
11:43la reconnaissance de la souveraineté marocaine
11:46sur le Sahara occidental
11:48était aussi un message envoyé à l'Algérie,
11:50en leur disant,
11:51« Voyez ce que nous sommes capables de faire.
11:53La prochaine fois, on peut vous lâcher complètement
11:55si vous ne revoyez pas votre politique
11:59vis-à-vis de notre pays ? »
12:00Non, je ne crois pas.
12:01Je pense que le président de la République
12:03a pesé les avantages et les inconvénients,
12:05a vu qu'en sept ans,
12:07il ne s'est rien passé avec l'Algérie,
12:09qu'on n'avait rien obtenu sur le plan économique,
12:12sur le plan des laissés-passés consulaires, etc.
12:15Et que, dans le fond, il y avait davantage à gagner,
12:18si je puis dire, davantage, davantage avec le Maroc.
12:21Il y avait un piège algérien et une impasse marocaine.
12:25Et on est sortis de l'impasse marocaine
12:28en reconnaissant la marocanité du Sahara occidental.
12:31Et il y a une visite du président Macron à la clé,
12:33d'ailleurs, dans quelques semaines, au Maroc.
12:35Oui, il va aller au Maroc, début novembre.
12:37Avec des solutions à la clé ?
12:40On va voir ce qui va se passer.
12:42Naïma Ymefadel, une question à Xavier Deianco,
12:45ancien ambassadeur de France en Algérie.
12:47Plus je vous écoute, plus je me dis que si on ne revient pas
12:49sur cet accord de 68, on ne pourra rien faire,
12:53en tout cas, concernant les migrants algériens.
12:56On ne va pas s'en sortir, en fait.
12:58Il faut envoyer des signaux, comme le disait l'annonce.
13:01Est-ce que la France est prête à envoyer des signaux ?
13:03Parce que ce que vous avez dit aussi est extrêmement important.
13:06Alors, vous avez cité aussi dans cette communauté,
13:09disons algérienne, les Harkis.
13:10Moi, je pense que les Harkis, il faut les mettre à part.
13:12Non, mais eux, ils sont beaucoup plus...
13:15Ils en veulent beaucoup plus, justement, au président,
13:16par rapport à certains propos qu'il a tenus en faveur de l'Algérie.
13:20Mais ce que je voulais dire, c'est que c'est de la politique intérieure française
13:23avec toute sa complexité de droite, de gauche,
13:26de toutes les sensibilités politiques.
13:29Bien sûr, je suis bien conscient que les Harkis sont une communauté...
13:33Mais je vais compléter la question peut-être de Naïma,
13:37parce que vous dites qu'il y a, en France,
13:3910 % de la population qui a un lien avec l'Algérie.
13:42Ça fait grosso modo 6 millions d'électeurs.
13:44C'est à peu près ce que vous avez rappelé.
13:46Donc, l'arme nucléaire que vous évoquez,
13:48c'est de la dénonciation de ces accords de 68.
13:50Moi, je comprends qu'aucun président ne prendra le risque de dénoncer ces accords
13:54parce que politiquement, ça serait beaucoup trop coûteux pour lui.
13:57Non, parce que les 6 millions d'électeurs, ils sont déjà en France.
14:02Ils ne sont pas concernés par l'accord.
14:03Mais ils ont peut-être encore de la famille en Algérie.
14:05Oui, mais il y a un moment où il faut peut-être...
14:08Mais le risque politique serait quand même très important pour un président,
14:10me semble-t-il, compte tenu de ce que vous voulez décrire.
14:12Je ne crois pas.
14:15Je pense que l'Algérie a aussi intérêt à laisser partir
14:21une jeunesse turbulente, agitée,
14:24qui fera des dégâts de l'autre côté de la Méditerranée
14:27plutôt que de la laisser, en Algérie, s'agiter.
14:30Donc, c'est une stratégie sinistre.
14:32Donc, voilà, je pense que tout ça est pensé.
14:36Ce qui est terrible.
14:37C'est terrible.
14:39Et puis, à côté de ça,
14:41vous avez aussi les personnes issues de l'immigration
14:43qui, aujourd'hui, souffrent de l'amalgame
14:46qui est fait aussi de ces personnes qui viennent.
14:49Et qu'il n'y a aucune maîtrise de cette immigration qui vient
14:55et qui ne s'adapte pas, etc.
14:56Et aujourd'hui, effectivement, même dans le cas de l'emploi...
14:58Ils sont assimilés.
14:59Exactement, sur la question de l'emploi, sur des tas de questions,
15:02ils en souffrent énormément.
15:04Et puis, il y a aussi une partie de la jeunesse algérienne
15:07qui vient en France qui est parfois pas considérée comme française
15:11alors qu'ils sont français.
15:12Et quand ils vont en Algérie,
15:13ils ne sont pas considérés comme algériens.
15:15Ils sont, entre les deux, accueillis nulle part.
15:19C'est ça.
15:20C'est dramatique.
15:21Et si on revenait sur cet accord franco-algérien de 68,
15:24ça serait combien de visa en moins, selon vous ?
15:28Ça remettrait les choses à zéro.
15:31C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
15:32il y a un régime totalement dérogatoire pour les Algériens.
15:36Et donc, ils seraient soumis aux droits communs.
15:38Donc, ça veut dire que toutes les lois françaises votées sur l'immigration,
15:42une troisième loi ou une quatrième ou une 26e,
15:46je crois, sur l'immigration, 30e,
15:48ne s'appliquent pas aux Algériens.
15:51C'est ça.
15:53Parce que le Conseil d'État reconnaît à chaque fois,
15:56et je l'ai vu de près à Alger,
15:58dans des annulations de dossiers de visa ou autre,
16:01le Conseil d'État rappelle que les Algériens
16:03ne sont soumis qu'à l'accord du 27 décembre 68
16:07et pas par les textes français et par le droit commun.
16:10Donc, voilà, la grande différence, elle est là.
16:13Mais au-delà des aspects juridiques que vous soulevez,
16:16je trouve que la reconnaissance par la France de cet accord de 68,
16:20c'est psychologiquement un aveu de culpabilité
16:24dont se sert, en fait, dans sa politique de tous les jours,
16:26le gouvernement algérien.
16:28C'est ça aussi qu'il symbolise, je trouve, cet accord de 68.
16:31Oui, il s'en sert parce que, si vous lisez les déclarations...
16:36Non, mais qui renvoient à la colonisation et la guerre des juges.
16:38Le président algérien, il a dit
16:40« Nous avons droit à 132 années de visa. »
16:44C'est clair.
16:45C'est quantifié, donc...
16:47Ça veut dire 132 années, comme vous nous avez colonisés 132 années.
16:51Donc, le visa a un aspect politique, c'est un droit.
16:55Il y a un droit au visa, dans l'esprit des Algériens.
16:59Comment sortir de cette impasse ?
17:01Je vous ai dit, il y a un certain nombre de mesures
17:04à décliner et à envoyer des signaux.
17:08Johanne, cette loi Immigration, elle pourrait être votée
17:11si elle arrivait devant le Parlement ?
17:13Alors, déjà, il faut...
17:15Savoir ce qu'il y a dedans ?
17:16Il faut savoir ce qu'il y a dedans.
17:17On sait à peu près ce qu'il y a dedans,
17:18ce serait les mesures qui ont été censurées
17:20pour des questions de forme, plutôt que des questions de fond.
17:24On est sur des mesures, par exemple,
17:26qui permettraient de détenir dans les centres de rétention administrative
17:29les détenus les plus dangereux qu'on veut renvoyer chez eux.
17:33De 90 jours, on passerait à 210 jours.
17:36Bruno Retailleau aimerait également
17:38que les allocations non-contributives,
17:41les aides aux allocations familiales,
17:44les aides pour le logement, bénéficient aux immigrés
17:48en restant sur le territoire français.
17:50Par exemple, 5 ans aujourd'hui, c'est 6 mois.
17:52Il pourrait en bénéficier au bout de 5 ans
17:53contre 6 mois aujourd'hui s'il ne travaille pas.
17:55Ce sont des mesures qui feraient
17:58que la France serait moins attractive
18:00pour ceux qui voudraient venir dans notre pays.
18:02En tout cas, merci beaucoup, monsieur l'ambassadeur Xavier de Riancourt,
18:06ancien ambassadeur de France en Algérie,
18:08d'être venu ce soir dans Punchline.
18:10Et un petit rectificatif concernant cette lettre d'Arnaud Klaersfeld
18:13que nous évoquions en première partie.
18:16Ce n'est pas lui qui l'a écrite,
18:17il a appelé la rédaction de CNews et Europe 1.
18:19Donc voilà, il faut savoir reconnaître
18:22quand il s'agit d'une fake news.
18:23Et donc, nous prenons acte du fait
18:26que ce n'est pas Arnaud Klaersfeld qui a rédigé cette lettre.
18:28Merci à vous tous d'avoir participé à Punchline.
18:30Dans un instant, Pierre Delvigneau sur Europe 1,
18:32Christine Kelly sur CNews.
18:33Bonne soirée à vous sur nos deux antennes.
18:35À demain.

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