SMART IMPACT - Du café et du cacao écoresponsable (jusque dans le transport)

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Sourcer, importer et distribuer du café et du cacao, c’est l’activité de Belco. L’entreprise a pris en 2014 un virage vers la durabilité. Alexandre Bellangé, son cofondateur, explique comment ils ont développé la traçabilité. Belco a décidé également de transporter son café à la voile.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact c'est Alexandre Bélanger, bonjour, bienvenue, vous êtes le cofondateur de Belco, créé en 2007 avec votre père Nicolas Bélanger, c'est quoi votre métier ?
00:17Notre métier c'est le sourcing, l'importation et la distribution de café et de cacao, avec une petite particularité, c'est qu'on fait du café et du cacao de spécialité,
00:28donc on est sur des produits qui sont traçables et durables.
00:31Et puis on va rentrer dans le détail, dans la nouveauté qui est le transport par bateau à voile, ça c'est un cran supplémentaire dans l'engagement de l'entreprise,
00:40qui sont vos clients, on les trouve où les produits Belco ?
00:43Alors nos clients sont des artisans, c'est une autre particularité de l'entreprise, depuis la création on a décidé de bosser exclusivement avec des artisans,
00:52donc on travaille avec à peu près 1500 artisans qui sont répartis dans une trentaine de pays d'Europe.
00:58Et donc des artisans torréfacteurs, chocolatiers pour le cacao et torréfacteurs de café pour le café, et on peut les retrouver localement en fait,
01:06ils sont disséminés un petit peu partout en France, dans les centres-villes ou en périphérie maintenant.
01:11C'est un marché qui progresse, comment il se porte le marché peut-être du café, parce que moi j'ai en tête en vous posant la question,
01:18la concurrence entre les machines à dosettes et les machines avec des grains, comment se porte le marché ?
01:26Globalement le marché en valeur on va dire il se porte bien, et spécifiquement le marché des produits de qualité,
01:32le marché des artisans se redéveloppe depuis une dizaine d'années, donc oui il y a de plus en plus de torréfacteurs,
01:37en même temps on était passé en 30 ans d'à peu près 3000 torréfacteurs à 200-300 ces 15 dernières années,
01:44et là ça remonte, je dirais qu'il y a un vrai attrait à la fois pour les métiers du café mais aussi pour le produit.
01:51Vous avez fait évoluer votre modèle depuis la date de création 2007, notamment autour de ces enjeux de durabilité, à partir de quand et pourquoi ?
02:03Alors oui, on a fait évoluer radicalement notre modèle à partir de 2014, et pourquoi c'est né d'une prise de conscience.
02:14En 2007 on crée la boîte, on travaille exclusivement avec des artisans, et assez rapidement je me rends compte que ça manque de transparence,
02:23on n'arrive pas à améliorer la qualité, on n'a pas de traçabilité, et donc je ne voyais pas du tout d'avenir pour cette filière qui regroupait les paysans d'un côté et les artisans.
02:33Donc en fait il y avait deux solutions, c'était soit continuer comme ça et se prendre un mur un jour, soit chercher à évoluer.
02:39Et donc on a cherché à évoluer, on a commencé par évoluer sur l'amont de la filière, donc aller en direct, acheter les cafés aux producteurs,
02:47pour avoir un vrai accès, une vraie traçabilité, et assez rapidement, et très naturellement, les sujets de traçabilité et de qualité nous ont amenés sur des prises de conscience sociales et environnementales.
02:59Oui, alors il y a l'aspect environnemental et l'aspect social. Je commence par l'environnemental, c'est-à-dire comment on produit le café ou le cacao,
03:07et avec quels impératifs environnementaux, c'est-à-dire que vous accompagnez les producteurs, c'est ça le principe ?
03:14Alors oui, on accompagne les producteurs depuis 2014. Alors aujourd'hui on a créé des équipes sur le terrain.
03:19On a des équipes en Éthiopie, en Colombie, au Brésil, au Salvador, au Guatemala, et ces équipes, il y a des ingénieurs agronomes tout simplement,
03:27des ingénieurs techniques, des spécialistes de la qualité qui accompagnent les producteurs pour les faire évoluer dans leur agriculture.
03:34Et depuis l'année dernière, on a même créé une première ferme école expérimentale dans laquelle on accueille les producteurs
03:41pour leur apprendre un petit peu à faire évoluer leur agriculture vers des méthodes qui sont plus vertueuses, assez simplement vers ce qu'on appelle l'agroécologie.
03:50Je lisais que 50% des surfaces cultivables d'Arabica sont amenées à disparaître d'ici 2050.
03:57Alors ça c'est sans doute si on ne fait rien, mais bon, on peut espérer faire baisser un peu ce chiffre.
04:01Ça veut dire qu'ils sont aussi victimes du changement climatique ? Ils le ressentent, les agriculteurs, les producteurs avec lesquels vous travaillez ?
04:11Oui, moi je l'ai ressenti en fait assez tôt, depuis 2013-2014, quand je me promenais dans les pays producteurs.
04:17En fait, je me rendais compte en discutant avec eux qu'ils arrêtaient de cultiver dans les zones les plus basses.
04:23Parce qu'il faisait trop chaud ?
04:25Parce qu'il faisait trop chaud en fait, et du coup ça développait des maladies. La qualité baissait aussi, parce que le temps de maturation était plus faible.
04:31Donc on avait des cafés qui étaient moins aromatiques, donc moins rémunérés sur le marché.
04:36Et ils commençaient à produire sur des zones qui étaient plus en altitude, sur lesquelles ils n'avaient jamais réussi à produire du café.
04:42Donc ça c'était déjà il y a une grosse dizaine d'années.
04:46Et aujourd'hui, oui, clairement ils sont touchés, 50%, peut-être même que ça sera plus si on ne fait rien.
04:51Mais aujourd'hui, la qualité de l'agriculture, dans le café, dans le cacao, c'est une catastrophe.
04:55Et alors l'aspect sociétal ou social, c'est la rémunération.
04:58Donc là aussi, quels engagements, quelles actions vous menez ?
05:02Au niveau de la rémunération, le truc est assez simple en fait, c'est d'améliorer la qualité.
05:05Donc c'est sortir d'une démarche de matière première et rentrer dans une démarche de produit agricole,
05:09dans laquelle on peut développer une qualité qui est liée à un savoir-faire et qui peut être rémunérée durablement.
05:15D'accord, donc s'ils font du café de bonne qualité, il sera vendu plus cher, c'est ce que je comprends.
05:20Exactement, bonne qualité organoleptique, qu'on ait quelque chose de délicieux.
05:25Et maintenant, on essaie de rentrer dans la valorisation de la qualité aussi agricole,
05:29à savoir que si finalement on rentre dans une démarche qui permet de sortir d'une agriculture qui détruit
05:34et qui est extractive vers une agriculture qui permet de régénérer les systèmes,
05:39le consommateur puisse donner plus de valeur à ce produit.
05:42Est-ce qu'il y a des difficultés de recrutement aussi ?
05:45On est en Amérique du Sud, en Afrique, j'imagine. Est-ce que c'est un métier vieillissant, le métier de producteur ?
05:53Il y a beaucoup de métiers quand même dans le café.
05:55Le métier de producteur, oui, c'est un métier vieillissant et on cherche à renouveler les générations.
06:02Mais pour ça, il faut rentrer dans une démarche de produit agricole.
06:05Comme je disais, si on n'arrive pas à rendre fier le producteur de ce qu'il fait
06:10et si on ne le fait pas rentrer dans une démarche de produit agricole de qualité
06:13et qu'on n'arrive pas à développer en lui cet amour, cette passion pour le produit,
06:17alors il va continuer à faire du café comme il pourrait faire du coton ou autre.
06:20Ce sont des métiers très difficiles.
06:22Si on ne trouve pas de sens, si on n'est pas fier, on arrête.
06:25Il y a une nouveauté cet automne, c'est qu'une partie de vos cargaisons sont transportées en bateau à voile.
06:32Expliquez-nous, je vois bien pourquoi vous avez fait ce choix, on est dans une cohérence,
06:36est-ce que c'est entre l'idée et la réalisation ?
06:39Quels freins ou quels obstacles vous avez dû affronter ?
06:43Il y en a eu beaucoup.
06:44Le pourquoi est très simple, c'est la cohérence.
06:48Le sujet de l'environnement, de la démarche environnementale,
06:53c'est aussi de construire une filière plus résiliente
06:57et qui maintient un certain niveau de désirabilité auprès du consommateur.
07:00Construire cette cohérence permet aussi de travailler sur la désirabilité de la filière.
07:06On a lancé ce projet en 2018 et quels freins...
07:10Je vois les freins, puisqu'on est six ans plus tard.
07:13On a mis six ans avec la société TOWT à pouvoir rendre possible ce transport de café et de cacao à la voile.
07:21La première des choses, ça a été de trouver des financements pour construire les premiers bateaux.
07:26Et puis, pour nous, de prendre l'engagement sur des bateaux complets.
07:29Quand on est une PME, une ETI, on va dire,
07:32ce n'est pas forcément simple de prendre des engagements aussi importants.
07:35Mais si on ne prenait pas ces engagements, les bateaux n'existaient pas.
07:38Donc l'engagement, c'est-à-dire la totalité de la cargaison, c'est vous ?
07:41La totalité. En fait, on loue le bateau, on passe du statut de chargeur à celui d'affraiteur.
07:46C'est un métier supplémentaire ?
07:48Oui. Globalement, on s'est engagé sur la totalité de la capacité de chargement
07:53pour rendre possible ce transport à la voile.
07:56Parce que si on s'engageait que sur un sixième des cales, ça posait un problème.
07:59Il fallait trouver des clients.
08:01Est-ce que ça va moins vite ?
08:03Alors, ça va plus vite. Le temps de transport, oui.
08:06C'est contre-adaptatif, ça.
08:08Oui, bien sûr. Le bateau va un petit peu moins vite. Il va peut-être mettre trois jours de moins.
08:12Mais le truc, c'est qu'on réserve la totalité du bateau qui nous est dédié,
08:16qui va sur des quais de chargement qui sont dédiés au transport à la voile
08:19et qui ne sont pas congestionnés.
08:21Finalement, le bateau accède facilement aux quais de chargement dans les pays producteurs,
08:25en charge, par et par la destination du Havre, directement.
08:29Donc, le temps que vous perdez pendant le transport, vous le gagnez...
08:32On a un temps de transport qui est divisé par deux.
08:34On n'utilise plus des ports de conteneurs avec une capacité de 22 000 ou 23 000 boîtes,
08:39comme on dit, qui nécessitent d'aller dans plusieurs ports pour charger, dans plusieurs ports pour décharger.
08:44Les premières livraisons, c'est pour quand ?
08:46La première livraison, c'est pendant dix jours.
08:48Donc, fin octobre. Il arrive d'où, le café ?
08:52Le café arrive de Colombie.
08:53Et il y en a d'autres qui sont prévues ?
08:55Bien sûr. Dans un mois, on a le Brésil qui va partir.
08:58Et à partir de l'année prochaine, on va ouvrir l'Amérique centrale.
09:01Donc, il y a plein d'autres bateaux qui sont prévus.
09:03Et on est très excités à l'idée d'ajouter une nouvelle pierre
09:07à la démarche environnementale de la filière café.
09:10Merci beaucoup, Alexandre Bélanger.
09:12Et donc, bon vent, on peut le dire, à votre cargaison de café.
09:17On passe à notre débat.
09:18Comment adapter nos villes et nos côtes aux épisodes climatiques extrêmes ?

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