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NewsTranscription
00:00C'est super, et alors je précise que nous avons un invité qui profite également, qui baigne même dans cette odeur de fromage.
00:08Nous avons la chance d'être ce matin avec le scénariste de film aussi divers que l'Odyssée de l'espèce,
00:14Ridicule, Un barrage contre le Pacifique, La marche de l'Empereur, Oscar du meilleur documentaire en 2006,
00:18et je n'oublie pas Tchoupi, parce que oui, cet homme sait absolument tout faire.
00:22Bonjour Michel Fessler.
00:23Bonjour, merci d'être avec nous.
00:26Et ça paraît très éthlectique ce CV, mais finalement, La marche de l'Empereur, ce sont des manchots.
00:31Tchoupi, c'est un pingouin quand même.
00:34Donc il y a quand même un fil rouge finalement dans cette carrière.
00:38Mais c'est vrai, c'est l'amour des animaux.
00:39L'amour et aussi de la nature.
00:41J'ai fait le chêne de Michel Seydoux et de Laurent Charbonnier, le scénario, et puis Bambi.
00:47Et alors voilà, justement, votre nouveau héros est un fan avec Bambi,
00:51mais un Bambi filmé en prise de vue réelle, donc avec de vrais animaux.
00:56On va se mettre dans l'ambiance.
00:57Écoutez bien d'ailleurs la voix de la conteuse.
01:22Où parfois les plus dures épreuves nous montrent la voie à suivre.
01:30Bambi, est-ce qu'autour de la table, vous avez reconnu la narratrice ?
01:33Évidemment.
01:34Olivier, c'est qui ?
01:36C'est une grande chanteuse qui vient de terminer un tour de chant au Stade de France extraordinaire.
01:41Vous auriez son nom, s'il vous plaît ?
01:42Non.
01:44Lulane Farmer, évidemment.
01:45Ah quand même, Lulane Farmer.
01:46Je trouve pas ça évident de reconnaître sa voix quand on ne le sait pas.
01:48On ne la reconnaît pas tant que ça, effectivement,
01:49mais c'est quand même une personne très rare.
01:51Lulane Farmer, comment vous avez fait pour l'emmener dans cette aventure, Michel Fessler ?
01:55Alors je dois préciser, c'est aussi une comédienne,
01:58et donc voilà, elle peut bouger en tant que comédienne et en tant que chanteuse.
02:02Écoutez, dans les producteurs, Jean-Pierre Bailly, Marion Delors et Réginald de Guybon
02:08se sont souvenus que Lulane Farmer avait, dans une interview,
02:13parlé de Bambi avec beaucoup d'émotion.
02:15Et donc, voilà, c'est la prise de contact avec Lulane,
02:19et elle a dit oui tout de suite.
02:20C'est son animal fétiche, c'était son film émotionnel très fort.
02:25Donc elle a dit oui, elle a dit oui.
02:27C'est génial.
02:28Bambi, c'est un film qui a marqué nos enfants.
02:31Depuis quelques années, les studios Disney revisitent leurs classiques,
02:34justement en prise de vue réelle.
02:36Il y a eu Le Roi Lion, il y a eu La Petite Sirène,
02:38mais alors cette fois, Exit Disney, votre film est français,
02:41et c'est un retour aux sources du conte de Félix Salten de 1923.
02:47Il est là, le roman originel,
02:49et il ne faut pas s'attendre d'ailleurs à voir la même histoire que dans le film Disney.
02:53Il n'y a pas de Feu de Forêt, par exemple, dans votre histoire.
02:56Oui, alors moi j'ai adapté le livre, le roman originel.
03:00C'est un conte, c'est un roman, c'est un petit peu les deux.
03:03Donc voilà, je me suis attaché à adapter cette histoire de Bambi
03:09et de ses amis dans la forêt, et de ce qui se passe.
03:14C'était très émouvant d'adapter un roman comme ça,
03:18parce que Bambi, c'est connu dans le monde entier,
03:20c'est une marque internationale,
03:22et c'était beaucoup d'émotions.
03:25Ça veut dire que c'est un film d'ailleurs qui va pouvoir rayonner à l'international.
03:28C'est déjà fait.
03:30Le film est vendu, comme le dit Jean-Pierre Bailly,
03:34le producteur, à la moitié de la planète.
03:36C'est vrai que l'aventure de la marche de l'Empereur
03:39était un événement dans le cinéma français,
03:43un événement émotionnel.
03:45J'ai toujours voulu travailler un petit peu sur des films
03:50extrêmement doux, extrêmement paisibles,
03:53dans la douceur.
03:55Et ce monde animal, je l'ai traité dans Bambi,
03:58avec toute cette bienveillance, cette douceur aussi.
04:01C'est amusant que vous parliez d'ailleurs de douceur,
04:03parce que moi j'ai le souvenir petit d'avoir été un petit peu traumatisé
04:06par la mort de la mère de Bambi,
04:09qui arrive très tôt dans l'histoire,
04:11alors que dans votre adaptation, c'est beaucoup plus tardif,
04:14et ça m'a semblé beaucoup moins violent.
04:16C'est peut-être aussi parce que j'ai un peu grandi depuis.
04:18Mais en tout cas, on peut vraiment aller voir ce film,
04:20même avec des tout-petits, il n'y a pas de problème.
04:22Oui, on avait les premières projections avec des petits de 5 ans, 6 ans.
04:25On dit que c'est à partir de 6 ans.
04:27Mais moi j'ai traité, si vous voulez,
04:28pas de la disparition, mais de l'absence de la mère.
04:31Et après, il y a un coup de feu comme ça, lointain dans la forêt.
04:36Chacun avec ses émotions, avec ce qu'il a vécu,
04:38avec son entourage et ses pertes,
04:41peut ressentir quelque chose.
04:44Est-ce que c'est la mère de Bambi qui est partie ?
04:48Est-ce que le chasseur tirait sur un autre animal ?
04:51Et puis, est-ce que la maman de Bambi reviendra un jour ?
04:55Je laisse, si vous voulez, tout ouvert.
04:57On peut très bien se faire son histoire.
04:58Oui, à chacun dans le respect du spectateur,
05:01et des petits et des grands,
05:02de chercher aussi dans les adultes,
05:05l'enfant qu'on a été, dans ce regard sur Bambi et la forêt.
05:09Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois,
05:11c'est à voir à partir de demain au cinéma.
05:13Et alors, comment on réalise un film comme celui-là ?
05:15Comment on fait en sorte qu'un fan vient de se placer au bon endroit
05:19et accepte de se faire piquer par un hérisson ?
05:21Réponse dans une minute. A tout de suite.
05:24Vous écoutez Culture Média sur Europe jusqu'à 11h avec Thomas.
05:27Il est votre invité, Thomas, ce matin.
05:29Vous recevez Michel Fessler, le réalisateur du film Bambi,
05:33avec de vrais animaux dans ce film.
05:35Justement, j'aimerais comprendre comment on réalise un film comme Bambi ?
05:38Comment on fait pour diriger des fans, des biches, des cornets, des lapins,
05:43un raton laveur ou un loup ?
05:44Comment vous y êtes pris ?
05:45Écoutez, la chance, c'est que mes producteurs,
05:49en tout cas Jean-Pierre Bailly,
05:50m'a présenté Muriel Bay, qui est un parc.
05:54Donc tous les animaux font partie de ce parc.
05:56Ce ne sont pas des animaux sauvages.
05:58Ils sont soignés, nourris, choyés par l'homme.
06:03Et ils n'ont pas peur de l'homme.
06:05Et donc ils sont très proches de nous.
06:07Et donc ça, c'est ce qui a été le miracle,
06:10d'avoir tous ces animaux-là dans le même parc.
06:12Et je dois dire que la forêt dans laquelle nous avons tourné,
06:15les étangs et les forêts, c'est le terrain de jeu de ces animaux.
06:18Et donc à chaque fois qu'ils gambadaient dans cette forêt,
06:23ils étaient d'une liberté absolue.
06:27Et la grâce du film, elle vient aussi de cette discrétion
06:32qu'on a eue avec notre caméra,
06:34de filmer ces animaux dans une nature qui les enchantait.
06:38Oui, parce qu'il y a des moments où votre caméra est simplement posée
06:41et vous attendez qu'il se passe des choses.
06:43D'où d'ailleurs peut-être le temps et la patience qu'il faut avoir
06:46pour faire un film comme celui-là.
06:47Je crois qu'il y a eu 16 semaines de tournage,
06:49qui est colossal pour un long métrage.
06:50Alors 16 semaines aussi pour que les animaux puissent être épanouis,
06:55qu'il n'y ait pas de contraintes, que ce soit simple.
06:58Mais il y a un travail de storyboard avant,
07:00juste la mise en scène.
07:01C'est-à-dire qu'une fois que j'ai fait le scénario,
07:04on fait ce travail de mettre en scène un storyboard.
07:08Et j'ai pu travailler avec les animalières sur les images,
07:11d'ailleurs on le voit dans le livre de photos.
07:14Et puis je disais aux animalières,
07:16est-ce qu'on peut faire ça ?
07:17Est-ce qu'on peut faire ça ?
07:18Peut-être, pas, ou alors on va essayer.
07:21Et tout ça a été préparé avec les animalières,
07:24avec leurs animaux même.
07:26Et c'est beaucoup de cache-cache dans la forêt.
07:29Et nous on savait que le lapin adorait ce buisson.
07:33Il va y aller.
07:34Il va y aller, donc on se prépare avec les caméras.
07:36Et oui, le lapin qui s'appelle Pif,
07:40qui est un petit lapin qui appartient à une des animalières,
07:44qui vit dans la maison et dans le jardin de l'animalière,
07:46elle savait exactement qu'il allait foncer vers l'eau.
07:49Mais il y a plusieurs lapins j'imagine, non ?
07:50Non, il y en a un seul.
07:51Il y en avait qu'un seul.
07:52Il y en a un seul.
07:53Un lapin, c'est comme un chat.
07:57C'est le lapin de Marine.
08:00Et il venait le matin comme une super star
08:02et on le posait dans la nature.
08:05Et en travaillant avec les animaliers et les animalières,
08:08y compris la corneille,
08:10on savait où ils allaient, ce qu'ils faisaient,
08:13et on s'adaptait par rapport à l'histoire et au scénario.
08:15C'est comme ça qu'on a pu construire ce scénario.
08:18Et justement, vous le disiez,
08:19ce ne sont plus tellement des animaux sauvages,
08:22mais quel rapport, par exemple, le loup a à vous, les humains ?
08:26Est-ce qu'il venait vous voir ?
08:27Est-ce que vous aviez une relation avec cet animal ?
08:30Non, alors là, il faut être très respectueux des animaux.
08:33Vous savez, si on devient très affectueux avec les animaux,
08:36ils ne peuvent plus bouger parce qu'ils sont là.
08:40On a de la nourriture le matin,
08:41quand on prenait le café et qu'il y avait un petit croissant,
08:45la corneille guettait la moindre miette
08:48et elle venait vers nous.
08:51Le loup, on le laissait aux animaliers dans son espace.
08:54Et je crois que c'était aussi une façon de rester assez loin du loup
09:00pour ne pas se familiariser avec nous,
09:03y compris le grand cerf.
09:05Le grand cerf, il a des épées sur la tête.
09:07On a trouvé la bonne distance,
09:09mais grâce à ce parc et grâce à ce terrain de jeu.
09:12Ça, c'était formidable.
09:13Et on n'aurait pas pu faire ce film avec des animaux sauvages en forêt.
09:17Un parc de 24 hectares.
09:19Évidemment, Michel Fessler,
09:20il y a une association qui s'en prend quand même à votre film,
09:23qui veut même le faire interdire.
09:25Il s'appelle Projet Animozo Police Paz.
09:27Ils distribuent les tracts aux avant-premières,
09:29ils vous accusent d'emprisonner des animaux pour faire du divertissement.
09:32Qu'est-ce que vous avez envie de leur répondre ce matin ?
09:35Écoutez, c'est simple.
09:38Il y avait très peu de personnes.
09:39Moi, j'étais devant les cinémas,
09:41il y avait 11 personnes devant un cinéma,
09:4315 personnes de l'autre.
09:45C'est absolument rien.
09:46Ils ne veulent plus qu'il y ait des animaux.
09:48Oui, ce n'est pas contre Bambi et mon film.
09:51Ils ne veulent plus,
09:52ils se servent de la sortie de Bambi pour dire
09:54qu'ils ne veulent plus de voir d'animaux dans les films.
09:57Voilà.
09:58Donc après, c'est une question.
10:00Je pense que cette association s'est un peu servie
10:02de notre film pour exister.
10:04Et il faut rappeler qu'en plus,
10:05il y a une loi maintenant qui existe sur le recours aux animaux
10:08dans un cadre artistique.
10:10Ce qui signifie que la société avec laquelle vous avez travaillé,
10:12Animal Contact, a des comptes à rendre légalement.
10:15Par exemple, j'ai vu qu'il y avait trois fangs
10:17pour jouer le rôle de Bambi,
10:19pour préserver justement la santé, le bien-être animal.
10:22Signalons aussi que la Ligue de protection des oiseaux,
10:25elle, soutient votre film
10:27parce qu'ils considèrent que c'est un outil de sensibilisation
10:29pour les jeunes.
10:30Et c'est vrai que ça ne peut que leur faire aimer les animaux.
10:33Quand on voit un film comme ça, c'est merveilleux.
10:35En revanche, il y en a qui ne sont pas contents,
10:36ce sont les chasseurs, évidemment,
10:38qui n'ont pas le beau rôle dans ce film.
10:40En même temps, on ne va pas changer l'histoire de Bambi.
10:42C'est comme ça.
10:43Non, mais moi, je ne dirais pas ça
10:44parce que dans le film, ce sont les hommes.
10:46Vous voyez, j'ai voulu aussi remettre l'animal à sa place
10:49dans la forêt.
10:51Les animaux viennent dans nos champs,
10:52ils viennent dans nos jardins,
10:54et nous, nous allons dans la forêt.
10:55J'ai voulu, avec ce film, montrer
10:57qu'il fallait respecter ce monde animal
11:00parce que nous aussi, on va sur leur territoire,
11:02eux aussi, ils viennent.
11:03C'est des petits voisins,
11:05il faut faire très attention,
11:07il faut faire attention aux animaux.
11:09Mais je vais vous dire quelque chose
11:11sur les saisons qui passent.
11:13Moi, j'ai grandi en Centrafrique,
11:15proche de la jungle,
11:16donc je connais très bien les animaux.
11:18J'ai grandi dans la savane à Thiès,
11:20très jeune.
11:21Et quand je suis arrivé en France,
11:23qu'est-ce que j'ai vu ?
11:24J'ai grandi sur deux saisons,
11:25il y en avait quatre !
11:26Quatre saisons !
11:27Et ça m'a frappé.
11:28J'ai dit, mais qu'est-ce qui se passe ?
11:30Des couleurs différentes,
11:31des senteurs différents.
11:32Ça a été un émerveillement.
11:34Et donc, j'ai voulu, dans ce film,
11:36redonner cette place,
11:37faire de la poésie, si vous voulez.
11:39Quelque chose de poétique,
11:43et montrer à quel point
11:45la richesse de nos forêts
11:47et la situation géographique de la France
11:49dans laquelle nous sommes,
11:51c'est quelque chose qu'on ne trouve plus
11:53sur toute la planète.
11:54C'est vrai.
11:55Et c'est aussi un film sur les quatre saisons.
11:56C'est un film sur les quatre saisons.
11:58Et la musique aussi,
12:00j'ai voulu travailler ce film
12:02comme un opéra.
12:04Laurent Delmar,
12:06qui avait fait La Torturante,
12:07où j'avais fait une musique extraordinaire.
12:09Et donc, j'ai voulu travailler
12:10et faire un opéra de la nature.
12:12Où même le silence, les oiseaux,
12:14le silence de la nature
12:15faisaient partie de cet opéra.
12:17Et la musique est là pour souligner
12:19un peu les émotions, la tristesse.
12:21Et ça, c'est pour répondre
12:23comment avez-vous fait pour mettre en scène ?
12:25Mais tout ça, il y a le cinéma,
12:26il y a le son,
12:27il y a le souffle des animaux,
12:28la musique,
12:30et c'est ça, la musique.
12:31Et tout ça, avec...
12:32Très beau film.
12:33Oui, merci.
12:35Voilà, moi je suis heureux
12:37de donner la place à l'animal.
12:39Bambi, l'histoire d'une ville dans les bois,
12:41c'est à voir au cinéma dès demain.
12:42Il y a aussi l'album du film que je présente
12:44et le roman de Félix Salten
12:46aux éditions Télémac.
12:48Préfacé d'ailleurs par Amélie Notombe.
12:50Tous les deux sont disponibles
12:52aux éditions Télémac.
12:53Dans un instant, on va parler séries
12:54avec Héloïse Gouin.