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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe jusqu'à 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin, Thomas, vous recevez Dany Brillant.
00:06Je préférais comme on s'aimait avant
00:11Au coin d'une rue ou dans un restaurant
00:16Quand j'essayais d'avoir ton téléphone
00:21Mais quand j'appelais il n'y avait personne
00:27Dany Brillant, je préférais comme on s'aimait avant, c'est le nouveau single de votre 13ème album, Seventies
00:32Vous allez nous l'interpréter en live tout à l'heure
00:35Et Seventies c'est un album qui rend hommage aux années 70, mais avec des textes modernes qui parlent de notre époque
00:41Et dans cette chanson-là, vous déplorez un peu ce que sont devenus les rencontres d'aujourd'hui, c'est ça ?
00:46Déplorer non, parce que j'ai pas mal de copains qui sont mariés quand ils ont eu des enfants avec des sites de rencontres
00:51Mais ce que je déplorais c'était le fait qu'il n'y ait pas de romantisme pour raconter l'histoire
00:56Pour dire, vous voyez, j'ai rencontré cette fille dans un restaurant
00:59Là c'est un algorithme qui choisit, donc quand vous racontez à votre copain comment ça s'est passé
01:04J'étais sur mon ordinateur, c'est le manque de romanesque
01:07J'ai matché avec ta mère
01:09Et puis aussi j'ai fait un peu d'humour, parce que c'est le mec qui donne rendez-vous dans un café
01:13Mais il trafique un peu sa photo
01:16Alors quand la fille arrive, elle voit que le mec n'est pas à la hauteur de la photo, donc elle se barre très vite
01:20Donc c'est ça, c'est faire un peu d'humour
01:23Et j'ai vu aussi un peu la nostalgie d'une époque où on avait peut-être moins peur de draguer
01:27Est-ce qu'il y a un peu ça aussi dans cette chanson ?
01:29Ah peut-être, c'est vrai que là vous avez passé en introduction, il y a que les filles qui m'intéressent
01:32Je sais pas si je pourrais écrire ça aujourd'hui
01:34Mais vous voyez, vous avez raison, il n'y a pas qu'à changer un peu
01:37Et Seventy c'est aussi un hymne à la famille, parce que dans les années 70, on n'était pas chacun sur son écran
01:42Il n'y avait qu'un seul écran, c'était la télévision
01:45C'est ça, il n'y avait qu'une télé qui trônait autour du salon
01:47Ce qui fait que toute la famille regardait, que les programmes étaient intergénérationnels
01:51C'est-à-dire que ça plaisait à tout le monde, aux enfants comme aux petits
01:53Je pense souvent aux Carpentiers par exemple
01:55Et on parlait, comme on était dans ce salon-là, on se parlait, on échangeait
01:59On mangeait ensemble, on faisait tout ensemble en fait
02:02C'est vrai que cette famille après s'est disloquée avec ce problème de chacun dans sa chambre avec son écran
02:07Et il faut dire que les années 70, celle de votre enfance, c'était une parenthèse un peu enchantée
02:11En tout cas, c'est comme ça que vous le voyez, il n'y avait pas de chômage
02:14Il y avait un vent de liberté aussi après 68
02:17C'était aussi l'âge d'or de la créativité, du cinéma, de la télévision
02:21C'est toute cette nostalgie-là qu'il y a un peu dans cet album
02:24C'est moi, en me penchant, j'ai vécu cette époque, j'étais enfant
02:29Mais j'ai senti quand même que c'était une époque très libre, comme vous le disiez
02:32Très joyeuse, je sentais que les gens étaient heureux
02:34Peut-être parce qu'il n'y avait pas de chômage, il n'y avait pas moins de problèmes
02:37Vous-même, c'est l'époque où vous avez été le plus heureux, vous pensez ?
02:40Je pense, oui, mon enfance a été très heureuse, vraiment
02:43Et comme vous disiez, la créativité était au maximum, je pense
02:47La chanson, le cinéma, c'est quand même l'époque du Parrain, de Barry Lyndon, de tous ces films incroyables
02:52Et la chanson, on passait de Serge Régiani à Joe Dassin à Bob Dylan
02:56Il y avait tous les styles, c'est ça
02:57Et il n'y avait pas de synobismes, donc on pouvait aussi bien aimer Barbara que Johnny Hallyday
03:02Entre les deux styles, on pouvait aimer aussi bien la chanson qui fait réfléchir que la chanson qui voulait divertir
03:08Aujourd'hui, vous trouvez qu'il y a du synobisme davantage dans la chanson ?
03:11C'est plus compliqué
03:13Vous le ressentez, vous ?
03:14Oui, j'ai senti qu'il y avait un petit, pas synobisme, mais il y avait des genres en fait
03:21Il y a des genres qu'on ne peut pas mélanger
03:22Et les années 70 mélangeaient tous les genres
03:24Mais ça s'est passé quand ça ? Parce que pendant les années 90, vous êtes une immense star
03:29Tout le monde vous écoute et pourtant vous ne faites pas la même chose que les autres
03:32A partir de quand vous avez senti qu'il y avait un décalage et que vous écoutez
03:36C'était devenu un peu moins bien ?
03:38Dès le début, c'est-à-dire que les radios ont des formats quand même
03:42Avec les radios libres, il y a eu des formats, il y a eu le son pop, le son rock
03:46Alors qu'à l'époque, j'écoutais RTL, on passait aussi bien Carlos que Dalida
03:56Donc c'est cette espèce de générosité sur tous les genres
04:00Je pense que les années 80 ont été des années plus individualistes
04:04Avec les sondages qui sont arrivés
04:06Vous savez, les sondages ont commencé à arriver
04:08Alors que je pense qu'en années 70, les gens, par exemple les programmateurs de chansons faisaient ça avec leur cœur
04:12Oui, ils tentaient des trucs
04:14Il y avait une prise de risque
04:16Et puis alors 70, c'est aussi un album qui est né après deux années qui ont été difficiles à vivre pour vous
04:21Dany Brillant, parce que votre petit frère Steve est décédé il y a un an
04:25Après 18 mois de lutte contre le cancer
04:27Vous l'avez accompagné, soutenu dans la maladie
04:30Et vous dites que vous vous êtes un peu retrouvés finalement tous les deux
04:33Oui, c'est vrai, entre frères et sœurs
04:35Vous savez, on est très très proches
04:37On vivait dans la même chambre jusqu'à l'âge de 18 ans
04:39Et puis après quand on part, chacun fait sa vie
04:41Et on se voit de temps en temps
04:43Mais c'est moins fraternel
04:45Et donc avec la maladie de mon frère
04:47C'est vrai que j'ai été plus proche de lui
04:49Puisque je l'accompagnais dans les soins
04:51Et on s'est retrouvés
04:52Et je crois que c'est lui qui m'a donné envie de faire ce projet
04:55Parce que je ne sais pas pourquoi
04:57On avait envie de regarder Amicalement Votre
04:59On avait envie de regarder Chapeau Moulin et Bottes de Cuir
05:01Des séries qui ont bercé notre enfance
05:03Et je crois que je se dis que je l'ai fait pour lui
05:05Vous vous êtes rappelé des souvenirs et ça vous a donné envie d'écrire
05:07Et notamment d'écrire cette magnifique chanson pour lui
05:10Nous étions deux frères
05:13Nous étions unis
05:16Et pour notre mère
05:19C'était le petit
05:22J'adorais mon frère
05:25Bien plus que ma vie
05:28Ce monde est cruel
05:30Il me l'a repris
05:33Alors c'est frappant comme on a l'impression d'entendre Mike Brandt
05:36Sur cette chanson et sur ce disque d'ailleurs
05:39Et vous dites dans cette chanson que Dieu qui voit les belles âmes
05:42Voulait votre frère auprès de lui au paradis
05:45C'est une jolie phrase
05:46J'ai cherché à faire un peu de poésie quoi
05:48Et c'est vrai que vous avez passé beaucoup de temps ensemble
05:50A évoquer tous vos souvenirs
05:52Et ça donne cet album
05:53Et puis vous avez enfin écrit une chanson pour votre maman aussi
05:57Et je crois que c'est elle qui vous l'a réclamée
06:00Maman
06:02Pour nous tu as tout sacrifié
06:05Ta beauté, tes jeunes années
06:07Tu as mis ta vie de côté
06:13Maman
06:15Tu es le génie de l'amour
06:18Alors laisse-moi te dire un jour
06:20Merci maman
06:22C'est vraiment elle qui vous l'a demandé cette chanson ?
06:24Ouais
06:25J'avais écrit des chansons sur ma femme, sur ma fille
06:28On l'a entendu tout à l'heure
06:29Sur mon père, ça avait été dit
06:30Et moi !
06:31Il était temps de lui rendre hommage
06:33Oui surtout que c'est une femme comme on en a parlé tout à l'heure
06:36Qui s'est battue
06:37Qui est repartie de zéro
06:38Et je crois que toute sa vie ça a été que ses enfants
06:41Et je voulais dire un truc aussi
06:42Dans les années 70
06:43On avait l'impression
06:44Enfin nos parents avaient l'impression
06:45Que leurs enfants auraient une meilleure vie qu'eux
06:48Par les études
06:49Par le respect des professeurs
06:51Et donc ma mère voulait à tout prix qu'on fasse des études
06:53Elle s'est battue
06:54Elle s'est acharnée
06:56Et voilà
06:57Donc elle a mis un peu sa vie de côté
06:58Comme je dis dans la chanson
06:59Mais aujourd'hui par exemple
07:01Je sais pas si mes enfants auront une meilleure vie que moi
07:03C'est ça la différence
07:04C'est vrai qu'on peut tout s'en douter
07:05Aujourd'hui
07:06Effectivement
07:07Et ça fait du bien de retrouver ces sons aussi
07:09Des années 70 dans votre album
07:11Seventies
07:12On va continuer à en parler
07:13On va vous écouter aussi tout à l'heure chanter