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Il l'avait laissé entendre, c'est maintenant confirmé : le patron de Stellantis (ssu de la fusion en 2021 de Peugeot-Citroën et de Fiat-Chrysler), Carlos Tavares, prendra sa retraite en janvier 2026. Il aura alors 68 ans.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 14 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin, avec Amandine Bégaud et Thomas Otto.
00:05Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud pied au plancher.
00:08Ce matin, Amandine, vous avez décidé de mettre le cap sur le Mondial de l'Auto
00:11où vous attend celui qui est encore le patron de Stellantis, c'est Carlos Tavares.
00:15Bonjour Carlos Tavares, pardon.
00:18Bonjour.
00:19Merci beaucoup d'être avec nous en direct depuis ce Mondial de l'Auto.
00:22Directeur général, on le rappelle, de Stellantis qui regroupe pas moins de 15 marques.
00:27Ça va de Peugeot à Fiat en passant par Jeep, Chrysler et bien sûr Citroën.
00:32Dernier Mondial de l'Auto pour vous en tant que patron de Stellantis
00:36puisque le groupe a annoncé en fin de semaine dernière votre départ à la retraite pour début 2026.
00:41Est-ce que c'est une retraite forcée ?
00:44D'abord, je vais corriger, si vous me le permettez, votre information.
00:47Ce n'est pas le groupe qui l'a annoncé, c'est moi qui l'ai annoncé le 3 octobre 2024
00:52dans le cadre d'un événement Made in France sur l'usine de Sochaux.
00:55J'ai pris les devants, après avoir écouté mes proches et notamment mon épouse et ma famille,
01:01pour dire que je ne briquerai pas un deuxième mandat à la tête de Stellantis.
01:06J'ai un contrat de 5 ans, je vais l'honorer de manière hyper professionnelle,
01:09de manière hyper motivante et motivée.
01:12Et je vais aller au bout de mon contrat jusqu'à début 2026.
01:16Au printemps dernier, vous aviez dit « je pourrais continuer ».
01:19Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ? Pas les mauvais résultats de ces derniers mois ?
01:23Je ne crois pas avoir dit ça, mais je ne crois pas avoir dit ça.
01:26Je pense que nous sommes dans une approche qui est contractuelle, qui est respectueuse, qui est professionnelle.
01:32J'honore mon contrat, l'entreprise honore son contrat.
01:34Nous traversons les difficultés, nous célébrons les succès.
01:38C'est la vie de l'industrie automobile.
01:40Et je peux vous rassurer, il n'y a aucun lien entre les difficultés que nous avons rencontrées cette année
01:46et ma date de départ en retraite à 68 ans.
01:50Après 45 ans d'industrie automobile, je pense qu'il est bien normal qu'on tourne la page et qu'on passe à autre chose.
01:55Cette annonce, Carlos Tavares, vous le disiez, elle intervient dans un contexte bien particulier.
01:59Après plusieurs années record, Stellantis doit faire face,
02:02comme d'ailleurs, il faut bien le préciser, la plupart de ses concurrents à un certain nombre de difficultés.
02:07Vous avez même dû renoncer à votre objectif sacré de marge opérationnelle à deux chiffres.
02:12Est-ce que c'est votre échec, l'échec de votre stratégie ?
02:17Non, c'est le signe d'un durcissement de ce qui se produit en ce moment dans l'industrie automobile.
02:22Je suis suffisamment âgé pour me souvenir de l'époque où l'industrie automobile était en moyenne autour de 3-4% de marge opérationnelle,
02:29les meilleurs étant à 6%.
02:31Et oui, l'industrie automobile est en train de se durcir sous les coups de butoir de la réglementation,
02:37sous les coups de butoir de l'offensive asiatique, pour ne pas dire chinoise.
02:41Ça se durcit et il est certain que tout ceci nous demandera beaucoup d'efforts,
02:46beaucoup d'imagination, beaucoup d'innovation pour recréer une pérennité qui soit durable,
02:53comme toute pérennité, sur la base de profits récurrents.
02:56Et donc, ce n'est pas un objectif sacré que d'avoir une marge opérationnelle à deux chiffres.
03:00Il faut par contre être capable de faire la différence par rapport à nos concurrents.
03:05Et la différence par rapport à nos concurrents, c'est ce qui nous motive.
03:07Nous sommes une entreprise qui est passionnée par la dimension compétitive de cette industrie.
03:13C'est ce qui fait d'ailleurs l'intérêt de notre travail, c'est que c'est très difficile, c'est très compétitif.
03:18Tous les jours, il y a de nouvelles réglementations.
03:20Tous les jours, il y a de nouveaux concurrents.
03:22Tous les jours, il y a de nouvelles technologies qu'il faut maîtriser.
03:25Et c'est ça qui fait la passion.
03:26C'est ça qui fait l'intérêt de cette industrie.
03:28Et nous sommes tous privilégiés au sein de Stellantis de pouvoir vivre cette aventure collectivement.
03:33L'objectif, Carlos Tavares, j'imagine, des 15 prochains mois avant votre départ en retraite, ça va être de redresser la barre.
03:39Comment ? Est-ce qu'il faut imaginer des suppressions de postes, par exemple ?
03:43Redresser la barre, ça ne va pas être quelque chose de particulièrement difficile
03:47parce que les problèmes que nous avons rencontrés au premier semestre 2024 sont très proprement identifiés.
03:54Il s'agit pour l'essentiel d'un problème de stock excessif sur le marché américain.
03:59Problème qui est en cours de résolution.
04:01Nous avons déjà d'ailleurs réduit nos stocks de 52 000 unités sur les trois derniers mois.
04:05Donc la résolution de ce problème est en cours.
04:08Je pense pouvoir affirmer que le problème sera résolu avant Noël 2024.
04:12Donc c'est un problème opérationnel, c'est quelque chose que nous connaissons.
04:16Nous avons été malheureusement piégés par un plan marketing au deuxième trimestre 2024 qui n'a pas fonctionné.
04:22Ça arrive, c'était un plan innovant.
04:24On a voulu prendre le risque et ça n'a pas fonctionné.
04:27Voilà, donc nous redressons la barre.
04:29Ça veut dire qu'il n'y aura pas de suppression de postes ?
04:32La question n'est pas liée à la suppression de postes.
04:35C'était ma question de départ.
04:36Je vous demandais si pour redresser la barre, il faudra passer par des suppressions de postes.
04:40On a évoqué des fermetures d'usines et ce matin d'ailleurs dans le journal Les Echos, vous le dites, je ne m'interdis rien.
04:48Là, vous faites confusion entre deux problèmes très différents.
04:51Le problème qui a conduit à notre profit warning est un problème américain
04:56qui est en cours de résolution et sera résolu avant Noël.
04:59La question de la compétition qui se présente devant nous en Europe est une autre question
05:05qui est liée au fait que les clients européens veulent acheter des véhicules électriques au prix du thermique
05:10et que pour vendre des véhicules électriques au prix du thermique,
05:13il est nécessaire de faire beaucoup d'efforts en termes de réduction des coûts.
05:16Or, l'offensive chinoise va s'exercer exactement sur cet axe-là,
05:22ce qui veut dire que si nous voulons rester compétitifs face à l'offensive chinoise,
05:26il va falloir que nous fassions beaucoup d'efforts.
05:28On verra quelles sont les décisions que nous devons prendre pour cela.
05:33En attendant, ce que je veux vous dire, c'est qu'ici au Mondial de l'Automobile,
05:37nous avons des Citroën, Citroën électrique, la C3,
05:41nous avons la C3 Aircross qui sont vendues à des prix tout à fait accessibles.
05:45À partir de 20 000 euros, vous pouvez vous acheter une C3 Citroën
05:49qui est purement électrique avec plus de 300 km d'autonomie,
05:53un design tout à fait moderne, des équipements tout à fait modernes.
05:56Et vous avez en complément maintenant la C3 Aircross qui est une version plus familiale
06:00et plus crossover de ce véhicule qui est également vendue à des prix particulièrement attractifs.
06:05Donc nous avons déjà aujourd'hui en vente, en France, avec la marque Citroën,
06:10des véhicules électriques tout à fait compétitifs et c'est ça qui nous motive.
06:13Ce qui nous motive c'est la compétition, c'est d'offrir à nos clients les meilleurs produits
06:18avec une mobilité qui soit propre, sûre et abordable. C'est ça notre mission.
06:22Mais on est d'accord, ça peut passer éventuellement par des suppressions de postes,
06:26des fermetures d'usines. Je vous repose ma question,
06:29il s'agit quand même de la santé financière globale du groupe.
06:33Oui mais la santé financière globale du groupe, je vois bien où vous voulez m'amener et je ne veux pas y aller.
06:38La santé financière du groupe ne passe pas que par des suppressions de postes.
06:42Ça passe par beaucoup d'autres choses, de l'imagination, de l'intelligence, de l'innovation
06:48et tout ça c'est ce que nous sommes en train de faire.
06:50Mais ça veut dire pardon que vous ne l'écartez pas ?
06:52Bien sûr que je n'écarte rien, bien sûr que je n'écarte rien.
06:55Mais si vous voulez, ce n'est pas le cœur de notre réflexion stratégique.
06:59Le cœur de notre réflexion stratégique, c'est d'abord rendre nos clients heureux
07:03par la qualité de nos produits, par l'innovation de nos technologies
07:07et par la dimension accessible de notre mobilité qui doit être à coup sûr propre.
07:12Et donc sur cette dimension-là, vous voyez que les touches du piano sont très nombreuses.
07:18Et vous, vous vous insistez sur une seule touche du piano.
07:20Eh bien les touches, elles sont très nombreuses et nous avons l'intention de jouer notre partition
07:24pleinement sur l'ensemble du clavier et du piano.
07:27Et vendre certaines marques, est-ce que c'est quelque chose qui est exclu ?
07:32Non, ce n'est pas exclu du tout puisque les marques, elles peuvent continuer à vivre
07:36dès l'instant que la valeur qu'elles créent est reconnue par les clients.
07:39Lesquelles par exemple ?
07:41C'est les clients qui vont décider, ce n'est pas moi.
07:43C'est les clients qui vont décider au travers des achats qu'ils vont faire,
07:47au travers de la rentabilité que nous serons dégagés sur ces ventes.
07:51C'est les clients qui décideront, ce ne sera pas moi.
07:53Mais il n'y a pas de tabou chez Stellantis.
07:55Stellantis est une entreprise ouverte où nous écoutons l'ensemble de nos dirigeants,
08:00nous écoutons l'ensemble de nos employés.
08:02Ils nous diront s'il y a un moment donné, il y a des modèles d'affaires qui ne sont pas viables,
08:07tout simplement parce que nous n'arrivons pas à faire reconnaître par nos clients
08:09la valeur de ce que nous créons et donc c'est la conclusion naturelle qui sera prise
08:15si jamais les chiffres ne sont pas à la hauteur de nos attentes.
08:18Une toute dernière question Carlos Tavares, elle concerne le durcissement du malus auto
08:22qui a été annoncé par le gouvernement français lors de la présentation du budget.
08:26Est-ce que ce malus, qui va désormais concerner quasiment tous les véhicules essence et diesel neuf,
08:32peut avoir des répercussions sur vos ventes ?
08:34Est-ce que vous le redoutez ? Est-ce que vous l'avez chiffré déjà ?
08:37Je pense que c'est une erreur.
08:38Je pense que c'est une erreur, c'est une double peine.
08:41À des véhicules électriques, il faut d'abord rendre abordables.
08:45Il n'est pas utile de rendre les véhicules thermiques inabordables.
08:50Et c'est une pénalité pour la liberté de mouvement de nos concitoyens.
08:53C'est une pénalité pour la liberté de mouvement des classes moyennes.
08:56Je rappelle que 70% de nos concitoyens ont besoin de leur voiture pour leur vie de tous les jours,
09:01notamment pour aller travailler.
09:03Et donc porter atteinte à la liberté de mouvement par l'aspect économique de nos classes moyennes,
09:08de mon point de vue, est une erreur.
09:09Et je pense que ce n'est pas comme ça que nous allons régler le problème.
09:12Il faut commencer par travailler sur la réduction des coûts des véhicules électriques,
09:16non seulement pour rendre cette mobilité tout à fait abordable,
09:20mais aussi pour combattre l'offensive chinoise.
09:23Et donc ce n'est pas la peine de pénaliser tout le reste
09:25pour rendre la mobilité de nos concitoyens encore plus difficile.

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