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La députée LFI de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé a décroché à la surprise générale la présidence de la commission des Affaires économiques, sur fond de désaccord entre LR et macronistes. Elle dénonce le budget à venir du Premier ministre Michel Barnier. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-10-octobre-2024-7023032

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00:00Il est 7h49, Sonia De Villers, votre invitée ce matin, et députée de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis,
00:07élue hier présidente de la Commission des Affaires Économiques à l'Assemblée Nationale.
00:12Psychodrame à l'Assemblée Nationale hier, Patrick vient de vous le faire revivre,
00:17et je vous voyais hilar pendant sa chronique et pendant son édito, un nouveau candidat macroniste
00:24s'est présenté à la tête de la Commission des Affaires Économiques,
00:27or les députés Les Républicains l'ont lâché, résultat à deux voix près, c'est une insoumise, vous, qui rafle la mise.
00:34Ça vous fait quoi de devoir votre poste à Laurent Wauquiez, le chef de la droite, Aurélie Trouvé ?
00:39Non, je ne suis pas hilar, je suis surtout très honorée d'avoir été élue présidente de la Commission des Affaires Économiques,
00:47puis j'ai surtout conscience des immenses enjeux, parce que ce qu'il y a devant nous, c'est quand même une grande crise agricole,
00:54vous le savez, alors qu'il y a des millions de gens qui ne mangent pas à leur faim,
01:00il y a des millions de gens qui sont peu ou mal logés, ou pas logés du tout,
01:04alors qu'on a un secteur de la construction qui est complètement en crise,
01:07on a un secteur des énergies renouvelables, parce que c'est de tout ça dont il est question dans cette commission,
01:12un secteur des énergies renouvelables qui est quand même très poussif, alors qu'on a besoin de davantage d'énergies renouvelables,
01:18donc il y a vraiment une économie qui marche sur la tête,
01:21et je crois qu'on a besoin de remettre l'économie au service des besoins des gens.
01:25Et c'est la droite qui remet une insoumise à la tête de cette commission.
01:29Eh bien écoutez, en tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on l'avait dit, le nouveau Front Populaire est capable d'obtenir des majorités dans l'Assemblée Nationale
01:39et dans la Commission des Affaires Économiques, et je le dis aussi, moi je suis consciente du travail que je vais avoir.
01:47Des majorités, c'est-à-dire que dans le même temps, il y avait d'autres élections à la tête d'autres commissions,
01:55le socialiste Jérôme Gage a perdu la Commission des Affaires Sociales à la tête de laquelle il se présentait,
02:02les insoumis ayant refusé de le soutenir. Résultat, c'est la droite qui l'emporte. Vous appelez ça « obtenir des majorités » ?
02:10Eh bien dans certains cas, nous l'obtenons, et dans d'autres cas, non.
02:15En l'occurrence ici, j'ai été élue par une majorité de députés de cette commission, et moi je veux revenir quand même au contexte,
02:24parce que cette commission, ça a été dit, elle est stratégique, d'accord ? C'est une commission qui traite par exemple de toute l'agriculture et de l'alimentation.
02:33Vous savez que c'est quelque chose sur lequel je travaille depuis 25 ans, parce que mon métier avant était d'être enseignant de chercheuse en économie agronome, et que...
02:41Non mais là quand même, je reviens sur la question que je viens de vous poser.
02:44Oui mais c'est ça de ça dont je vais devoir...
02:46C'est-à-dire que vous obtenez cette commission parce que la droite et les macronistes se sont divisés, pendant que votre propre camp se divise sur la Commission des Affaires Sociales.
02:56Est-ce que c'est pas important pour vos électeurs que les affaires sociales restent à la gauche ?
03:01Alors d'abord, sur ma Commission des Affaires Économiques, ça prouve aussi une chose, c'est qu'il n'y a pas de socle commun, de programme commun, du tout,
03:09en fait, entre les républicains et les macronistes.
03:13En fait, c'est une alliance de circonstances pour faire en sorte que le nouveau Front Populaire, qui est arrivé en tête des élections législatives, ne puisse pas gouverner.
03:21Et évidemment, nous espérons gouverner au plus vite, au vu de l'immensité des besoins.
03:26Et quand je vois le budget qui s'annonce, je me dis qu'il est urgent effectivement de proposer un autre budget.
03:30Après, on peut estimer que c'est désolant de voir comment ce nouveau Front Populaire, qui veut gouverner ensemble, n'est pas capable de se mettre d'accord pour la Commission des Affaires Sociales.
03:38Je suis désolée de cette situation, effectivement.
03:42Nous l'avons toujours dit, dans la France Insoumise, nous soutiendrons tous les candidats du nouveau Front Populaire.
03:47En l'occurrence, ce n'était pas le cas de Jérôme Guedj, qui n'est pas candidat du nouveau Front Populaire, mais qui est socialiste.
03:55Donc, je le dis, je suis désolée de cette situation, mais ce qui est important, c'est aussi ce qui s'est passé hier.
04:00C'est que le nouveau Front Populaire a présenté ensemble, et je crois qu'on va y arriver, dix propositions pour faire rentrer 50 milliards dans les caisses de l'État
04:07par une fiscalité qui soit juste.
04:10Voilà, et nous avons ce programme en commun qui est celui qui nous réunit, et vous voyez, on l'a encore prouvé hier.
04:15Donc, est-ce que vous partagez, puisqu'on parle du budget Aurélie Trouvé, est-ce que vous partagez d'abord le constat du nouveau Premier ministre ?
04:22C'est-à-dire, y a-t-il, oui ou non, urgence budgétaire ?
04:25Oui, il y a urgence budgétaire.
04:27Le président Macron nous a mis dans un chaos politique et économique sans nom.
04:32Il y a urgence, parce qu'effectivement, le déficit est extrêmement élevé.
04:37D'ailleurs, le président Macron et ses gouvernements ont caché, en fait, ça pendant des mois et des mois.
04:42Donc, on se rend compte que, oui, on est dans une situation d'urgence.
04:46Maintenant, je le dis, la solution proposée par Michel Barnier est un désastre, c'est-à-dire un effondrement des dépenses publiques de 40 milliards d'euros.
04:55Non seulement, ça va toucher la vie de tous les jours des gens, par exemple, des remboursements, des arrêts maladie.
05:02C'est une très forte hausse des prix des mutuelles, d'accord ?
05:05Une baisse des pensions de retraite, un effondrement aussi des budgets des collectivités locales, c'est la vie de tous les jours.
05:13C'est les gens qui viennent ramasser vos déchets, c'est les dames à la cantine, c'est les bâtiments des écoles primaires.
05:19C'est tout ça qui va être touché par cet effondrement des dépenses.
05:22Et on peut faire autrement.
05:24On peut faire autrement, c'est toute la question, parce que là, cet effondrement des dépenses, il s'agit de retrouver de l'argent.
05:31Et de l'argent qui ne va qu'à une chose, c'est combler un déficit abyssal.
05:35Et justement, en matière de prélèvement, le projet de Michel Barnier se précise à hauteur d'environ 25 milliards d'euros.
05:43Michel Barnier, il a quand même la main lourde.
05:45Il met à contribution les plus riches avec un taux d'impôt minimum de 20% pour les gens qui gagnent plus de 250 000 euros par an.
05:53Il va faire payer les entreprises qui brassent le plus d'argent à hauteur de 8 milliards.
05:57N'est-ce pas exactement ce que la gauche demande ?
06:00Alors, d'abord une chose, il propose moins 40 milliards de dépenses.
06:04Je veux le dire ici à tout le monde, le problème, ce n'est pas les dépenses publiques.
06:08La part des dépenses publiques dans la richesse, dans le PIB, c'est 56% à peu près depuis 15 ans.
06:14Ça n'a pas bougé, c'est stable.
06:16Donc le problème, ce n'est pas les dépenses publiques.
06:18Et la Cour des comptes le pointe elle-même.
06:21Le problème, c'est le fait qu'il y ait eu de moins en moins de recettes d'argent qui rentrent dans les caisses de l'État.
06:27Plus de 60 milliards d'euros supplémentaires qui manquent depuis les 7 ans de présidence Macron.
06:32Et il faut aller chercher l'argent là où il est.
06:34C'est-à-dire chez les plus riches, les ultra-riches qui se sont de plus en plus enrichis et les multinationales.
06:43Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'assez peu dogmatique chez Michel Barnier
06:48qui propose 25 milliards de prélèvements contre les macronistes et contre une partie des républicains ?
06:54Alors un, ce qu'il propose est transitoire, c'est pour un ou deux ans.
06:57C'est insuffisant, d'accord.
06:59Et c'est peu probable parce qu'effectivement, vous avez vu, vous avez toute la Macronie,
07:03l'avant et l'arrière-garde de la Macronie qui dit non, non, mais ça, ce n'est pas possible.
07:08Mais sachant que Michel Barnier, par ailleurs, propose qu'une toute petite partie de son plan
07:14dans la fiscalité sur les plus riches et les profits des multinationales.
07:19Nous, nous proposons d'aller chercher la très grande majorité grâce à ça,
07:25c'est-à-dire notamment une taxe sur les super-profits.
07:28Mais vous, vous iriez plus loin, par ailleurs, il enterre la réforme de l'assurance-chômage.
07:32En fait, ma question, c'est est-ce que le budget de Michel Barnier mérite d'être censuré ?
07:37Alors oui, en tout cas tel qu'il est prévu là, parce que je l'ai dit, c'est un désastre pour la vie quotidienne des gens,
07:43mais aussi pour l'économie parce que ça va avoir un effet récessif.
07:46C'est-à-dire qu'on sait qu'à ce niveau-là de baisse de dépense, ça va jouer, ça va baisser la demande, l'emploi, etc.
07:53Donc ça va baisser in fine derrière les recettes publiques et ça va aggraver le déficit public.
07:59Aurélie Trouvé, on va avoir jusqu'au mois de décembre pour parler du budget ligne par ligne.
08:03J'ai quand même une question importante à vous poser, le député de l'ISER, Hugo Prévost,
08:0825 ans, a été exclu hier du groupe La France Insoumise car accusé, je cite,
08:12de faits graves à caractère sexuel pouvant relever de l'infraction pénale.
08:16Il a finalement donné sa démission hier soir, tard. Il devait démissionner.
08:21Vous me permettrez d'abord d'avoir une pensée pour toutes ces jeunes femmes qui ont témoigné et qui sont meurtries.
08:28Et il y a beaucoup trop de femmes, évidemment, beaucoup trop de personnes en France qui subissent ces violences sexuelles et sexistes.
08:34D'abord, je veux dire que nous avons pris une bonne décision, que je suis honorée de...
08:38Nous sommes honorés de la décision que nous avons prise, qu'il soit exclu du groupe parlementaire de La France Insoumise.
08:44Il n'y a pas eu de décision de justice à cette heure ?
08:46Non, il n'y a pas eu de décision de justice. Nous avons pris cette décision de manière transitoire,
08:51en attendant peut-être une décision de justice.
08:54Mais en tout cas, sachez qu'au sein de La France Insoumise, nous avons aussi une instance
08:58qui, justement, permet à ces jeunes femmes de témoigner. Et c'est ce qui a permis aussi de détecter cela.
09:03Je veux simplement dire que ces violences sexuelles et sexistes sont systémiques
09:07et qu'il faut un budget derrière. Nous avons parlé du budget. Il faut 2,6 milliards pour réellement...
09:13600 millions pour réellement combattre les violences sexuelles et sexistes.
09:16Ce sera notre combat, un de nos combats pendant le budget, la discussion du budget 2025.

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