Nouveau Front populaire à Matignon : "C'est s'exposer à une censure immédiate", juge Aurore Bergé

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Emmanuel Macron cherche un Premier ministre, les macronistes se cherchent un chef. A 8h20, Aurore Bergé, Ministre déléguée démissionnaire chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et députée des Yvelines, est l'invitée du Grand Entretien de France Inter.
Transcript
00:00France Inter, Alexis Morel, le 6-9.
00:07Bonjour Aurore Berger, ministre déléguée, démissionnaire, chargée de l'égalité femmes-hommes, députée Ensemble pour la République des Yvelines, invitée d'Inter ce matin.
00:16Chers auditrices et auditeurs, le standard est ouvert, 0145 24 7000 pour vos questions ou vos messages sur l'application France Inter.
00:24Aurore Berger, ça fait donc presque 7 semaines que les législatives ont eu lieu, toujours pas de gouvernement ce matin.
00:31Cette pause interminable est-elle digne d'une démocratie mature ?
00:35Non, beaucoup de démocratie mature est très proche de nous géographiquement.
00:39Créer des coalitions ça dure beaucoup plus que quelques semaines.
00:42Ça peut durer des mois, certains cas ça peut même durer des années.
00:45Ça n'a jamais été le cas en France ?
00:46Ça n'a jamais été le cas en France parce qu'on n'a jamais eu cette configuration politique à l'Assemblée Nationale en France
00:51où personne aujourd'hui n'est en capacité de dire j'ai une majorité à moi tout seul.
00:55Donc la question qui se pose, et c'est la question qu'a posée le président de la République qui reçoit les présidents de parties et de groupes à partir de demain,
01:02c'est si personne n'est en capacité d'avoir une majorité absolue, qui en tout cas n'a pas face à lui, demain, une majorité qui le censurera.
01:11Il y en a dont on sait qu'il serait censuré immédiatement et d'autres qui peuvent espérer au contraire créer des coalitions.
01:16On va revenir sur les scénarios de coalition. Peut-on quand même mettre la France sur pause pendant cette semaine
01:21quand une nouvelle crise agricole menace, que l'hôpital est à nouveau en tension maximale, qu'on prépare une rentrée scolaire ?
01:26Je ne parle même pas du budget 2025. Bref, quand les urgences s'accumulent.
01:29Mais on est encore au travail et vous le savez, c'est-à-dire qu'on n'a pas le droit de créer un nouveau projet de loi, par exemple,
01:35parce qu'on n'a pas cette légitimité-là, évidemment, qui serait une légitimité politique.
01:39Par contre, gérer les urgences, on a des enjeux, par exemple, sanitaires qui peuvent exister.
01:44Le ministre de la Santé, il est évidemment à sa tâche et au travail pour gérer ces urgences sanitaires.
01:49Continuer dans la droite ligne de ce qui avait été anticipé pour préparer la rentrée scolaire de nos enfants,
01:54évidemment, c'est le travail qui est mené et ainsi de suite.
01:57Donc tout ça, c'est évidemment ce qu'on fait. On l'a fait d'ailleurs dans le cadre budgétaire parce qu'on est tenus par des délais qui sont ceux de la Constitution.
02:04Ça ressemble à quoi le quotidien d'une ministre démissionnaire ? Vous allez à votre ministère le matin ?
02:10Je vais à mon ministère le matin. J'ai encore évidemment une équipe qui travaille autour de moi.
02:16C'est la gestion à la fois de ce qui est essentiel pour la vie du ministère, en lien avec nos administrations, évidemment.
02:23Et on a des enjeux. On a été à pied d'œuvre sur la question de la lutte contre toutes les formes de violences et violences sexuelles,
02:29notamment pendant la période des Jeux Olympiques et demain pendant la période des Jeux Paralympiques,
02:33parce qu'on sait que malheureusement, on peut avoir des cas extrêmement graves.
02:37Donc on était évidemment présent en lien avec le ministère intérieur. C'est ça concrètement.
02:40Par contre, ce n'est pas de nouvelles initiatives politiques parce que cette légitimité, ce sera celle du prochain gouvernement.
02:46Et pourtant, il y a eu une initiative budgétaire pour ce gouvernement, certes démissionnaire, mais toujours en poste.
02:52Gabriel Attal propose un budget pour 2025. C'est une première sous la Vème République pour un gouvernement démissionnaire.
02:58Ça ne vous pose pas un problème démocratique ?
03:01Oui, le problème démocratique de se dire qu'on a des délais constitutionnels qui font qu'au 1er octobre, quoi qu'il arrive,
03:07quel que soit le gouvernement, l'Assemblée, le Parlement devraient être saisis d'un budget et devraient pouvoir en débattre.
03:13Et on s'est bien vu la configuration de l'Assemblée nationale, que de toute façon, ce budget sera sans doute le budget le plus discuté
03:20de l'histoire de la Vème République, parce que le futur gouvernement s'exposerait sinon à une censure immédiate.
03:26Envoyer des lettres au plafond dire qu'il y aura 10 milliards d'économies en tenant compte de l'inflation, ça, ça relève des affaires courantes ?
03:32On a fait la redite en vérité du budget de 2024. Il n'y a pas de nouveauté dans ce budget-là.
03:38On n'a pas dit, attention, on va ici augmenter la dépense ou au contraire la réduire plus que nous ne l'avions fait,
03:45parce que justement, on considère qu'il n'y a pas la légitimité, comme vous dites, politique-démocratique d'aller au-delà.
03:50Par contre, il y a la nécessité institutionnelle, quand même, qui est encore la nôtre aujourd'hui.
03:56Vous citiez d'autres démocraties, dans d'autres démocraties, quand pendant des mois, des mois, vous négociez pour que des coalitions puissent exister,
04:04alors que nous, ça fait 6 semaines, pendant des mois, vous négociez, il ne se passe quoi ? Il ne se passe pas plus rien.
04:09Le pays continue quand même, heureusement, à fonctionner et à tenir debout. C'est ce qu'on doit évidemment faire pour les Français.
04:14Le Président, vous le disiez, consultera les chefs de parti et de groupe parlementaire demain et lundi.
04:20C'est un peu comme s'il avait gagné ses élections et que tout dépendait encore de lui en termes de calendrier.
04:25Mais a-t-il encore la légitimité d'être le maître des horloges ?
04:29C'est le Président de la République, constitutionnellement, qui doit nommer un Premier ministre.
04:33Il ne vous aura pas échappé que la tâche, elle est un petit peu plus compliquée que d'habitude,
04:36parce qu'encore une fois, il n'y a pas une majorité claire, évidente, naturelle qui se dégage.
04:41Donc, la seule question qui doit être posée, à mon sens, demain, au Président de groupe, au Président de parti,
04:46et ensuite lundi, c'est, vous n'avez pas de majorité, puisque personne ne peut revendiquer en avoir une.
04:51Est-ce que, par contre, vous avez une majorité contre vous ?
04:54Est-ce que si, moi, Président de la République, je nomme quelqu'un issu de vos rangs Premier ministre,
04:58est-ce que vous tenez plus de 48 heures, plus d'une semaine, plus de 15 jours ? Parce que c'est ça le risque.
05:03Le risque, c'est l'instabilité politique et institutionnelle permanente.
05:07Je ne crois pas que ce soit ce que souhaitent les Français.
05:09Le Président de la République, il est garant de l'unité, de l'ordre, de la stabilité aussi du pays.
05:14Mais là, vous parlez de règles constitutionnelles, j'entends bien.
05:16Moi, je vous parle de logique électorale, de légitimité politique.
05:19Quelle légitimité il a, le chef de l'État, aujourd'hui, pour finalement choisir son candidat ?
05:23Mais ce n'est pas lui qui choisit son candidat, mais c'est lui qui, constitutionnellement, doit pouvoir nommer.
05:28Et je suis désolée de vous dire, parce que c'est la réalité des chiffres,
05:32qu'aujourd'hui, personne ne peut revendiquer une victoire en disant, regardez, ça y est, nous sommes le bloc le plus important.
05:38Et ça, à la limite, c'est le problème des partis qui candidatent, pas du chef de l'État.
05:41Oui, mais c'est à lui de choisir, puisque constitutionnellement, c'est à lui de dire,
05:44voilà celui ou celle qui est le plus à même, demain, à défaut de rassembler une majorité,
05:50de ne pas avoir face à lui une majorité qui lui serait hostile.
05:54Parce qu'encore une fois, j'entends la fable qui veut nous être racontée par le Nouveau Front Populaire.
05:58Nommer, demain, quelqu'un issu du Nouveau Front Populaire, sachant deux critères.
06:03Un, qu'ils disent aujourd'hui que les membres de la France Insoumise seraient des membres du gouvernement,
06:08c'est s'exposer à une censure immédiate.
06:10Le Bloc Central l'a dit, la droite l'a dit, donc ils savent qu'ils ne tiennent pas plus de 24 heures
06:15en ayant des membres de la France Insoumise en leur sein.
06:18Et en plus, ils ne peuvent pas revendiquer la victoire.
06:21Encore une fois, je me souviens, il y a trois mois, ils nous disaient « illégitimes »
06:24quand on était 250 députés dans le Bloc Central.
06:28Ils sont aujourd'hui 193 et ils disent qu'ils ont gagné.
06:31En l'occurrence, ils sont les plus nombreux.
06:32Oui, mais ils n'ont pas de majorité et ils nous disaient « illégitimes » quand nous étions 250.
06:36Ils sont 193, vous voyez bien quand même le paradoxe.
06:39Sur le fond, on va revenir sur le NFP, juste sur le fond, est-ce que le chef de l'État est prêt, selon vous,
06:44à se voir imposer une politique qui n'est pas la sienne ?
06:46Parce que c'est tout l'enjeu et ça devrait être la logique issue du résultat des législatives.
06:51Le président de la République l'a dit, il l'a même écrit dans sa lettre aux Français.
06:57Il a reconnu la défaite de manière claire.
07:00Il l'a dit, il l'a écrit.
07:02Donc, il n'y a aucune ambiguïté.
07:03En aucun cas, ni moi, ni aucun membre du gouvernement n'avons jamais,
07:07ça aurait été un comble, revendiqué une quelconque victoire.
07:10Ça n'est pas le cas.
07:11La question c'est, qui peut s'élargir ?
07:13Quand vous dites, notamment le NHP, c'est tout notre projet, rien que notre projet,
07:18et il n'y aura aucun compromis avec personne, vous n'êtes pas en capacité de vous élargir.
07:22Vous n'êtes pas en capacité de compter plus que les 193 députés que vous avez.
07:26Et ça veut dire que vous exposez à la censure immédiate.
07:29Sauf que ces derniers jours, ça bouge un peu.
07:31On lit, on écoute Lucie Castex qui nous dit, on sait bien qu'on a une majorité relative,
07:35il faudra faire des pas vers les autres.
07:37On n'est plus vraiment, justement, sur tout le programme, rien que le programme.
07:41On a des débuts de main tendue.
07:42Vous les saisissez ou pas ?
07:43Sur le fond, je ne les vois pas.
07:45Quelles sont les propositions supplémentaires, complémentaires qui ont été faites par le nouveau Front Populaire ?
07:51Là, moi, je ne les vois pas en termes de main tendue.
07:53En tout cas, il y a une ouverture sur le compromis, sur leurs propositions.
07:57Et deuxième élément, qui est pour moi le plus important, c'est qu'elle n'a pas renoncé,
08:01le NHP n'a pas renoncé à la participation au sein du gouvernement, demain, de la France Insoumise.
08:06Moi, j'appelle les sociodémocrates à passer des tweets aux actes.
08:08C'est bien de tweeter et en permanence de s'indigner de l'énième proposition délirante,
08:15de Jean-Luc Mélenchon, qui n'a plus aucune légitimité politique.
08:18Il n'est pas patron de parti, pas patron de groupe, pas député, pas élu local.
08:21Il n'a plus aucune légitimité politique.
08:23En l'occurrence, il ne fait pas partie des premiers ministrables, là.
08:25Tant qu'il ne rompt pas avec la France Insoumise, il s'expose, à la fois, je trouve, à une part de déshonneur,
08:30mais au-delà de ça, à une censure immédiate qui serait enclenchée.
08:33Vous, vous voteriez la censure contre un gouvernement qui comprendrait des ministres et des filles ?
08:37Immédiatement.
08:38Mais pourquoi ?
08:39Mais pourquoi ? Parce que je considère qu'après ce qui s'est passé avec Adrien Quatennens,
08:43je considère qu'après ce qui s'est passé quand on n'est pas capable de reconnaître que le Hamas est une organisation terroriste,
08:48je considère qu'après ce qui s'est passé encore récemment quand on appelle à la destitution du président de la République,
08:52chaque jour, on franchit une ligne rouge.
08:54C'est le premier groupe de gauche au sein du NFP. Ils ont une légitimité électorale.
08:57La légitimité électorale d'être un des groupes de l'Assemblée Nationale.
09:01En effet, mais dans ces cas-là, au sein du groupe Ensemble pour la République,
09:04nous sommes plus nombreux en nombre de députés qu'eux.
09:06Donc, vous voyez, les légitimités, elles peuvent être revues en fonction du point de vue.
09:10Moi, je considère surtout que les propos qui sont les leurs, les actes qui sont les leurs,
09:14la manière avec laquelle ils exercent la politique sont en permanence des lignes rouges qui ont été franchies.
09:20Ce n'est pas juste moi qui le dis, ce sont justement des députés, des maires, des élus de gauche qui le disent.
09:25Moi, encore une fois, je les appelle à passer des tweets aux actes.
09:28Je les vois tweeter contre la France insoumise, je ne les vois pas rompre avec la France insoumise.
09:33Je crois que certains, peut-être, sont prêts à le faire, qu'ils le fassent vraiment et qu'ils puissent travailler avec les sociodémocrates.
09:39Vous avez un espoir de désarimer le parti socialiste du NFP encore ?
09:43Mais je crois que c'est souhaitable. Et d'ailleurs, quand ils l'ont fait au moment des européennes,
09:46j'ai l'impression que ça leur a plutôt porté chance, d'ailleurs.
09:49J'ai l'impression qu'ils n'ont pas eu besoin de la France insoumise au moment des élections européennes
09:53pour devenir le premier bloc de gauche.
09:55Et j'ai l'impression qu'ils ont mené une campagne avec des différences évidentes avec celles que nous avons menées,
10:00mais une campagne qui était une campagne honorable, sur le fond et sur la forme.
10:05Donc, ça veut dire que c'est possible. Je lis aussi ce que dit Raphaël Glucksmann,
10:08qui a mené cette campagne au moment des élections européennes.
10:11Donc, moi, je pense qu'on a des sociodémocrates sincères qui ne se reconnaissent pas
10:16dans les outrances systématiques de la France insoumise.
10:20Et cette volonté d'ailleurs de division systématique de la France insoumise.
10:24Il est un opposant politique, donc ce serait compliqué qu'il dise oui au président de la République.
10:28En revanche, ce que je note, c'est qu'au sein du bloc de gauche,
10:31lui considère que c'est un déshonneur de s'allier avec la France insoumise
10:34et avec Jean-Luc Mélenchon, et tant mieux.
10:36Alors, quelle coalition possible ?
10:38Pour vous, est-ce que c'est forcément d'abord vers les LR que les macronistes doivent se tourner ?
10:43Ce qui est intéressant, puisque vous m'aviez dit au début que finalement,
10:47c'était inutile ces dernières semaines.
10:48Moi, je ne vais pas considérer que ces dernières semaines étaient inutiles.
10:51Notamment parce que justement, on a des gens qui ont fait des pas, notamment vers nous.
10:55Je vois la droite qui, en effet, a fait un pacte législatif en proposant qu'on puisse travailler ensemble.
11:01Moi, ce que j'espère, c'est que ça puisse s'élargir encore avec des sociodémocrates
11:05qui, encore une fois, ne se reconnaissent plus dans les outrances de la France insoumise.
11:09Mais ça veut dire qu'on voit qu'on a un bloc central, qu'on a la droite qui est en capacité,
11:14qui, elle, n'est pas liée par une quelconque alliance contre-nature,
11:17qui est libre de ses mouvements, qui est libre demain d'entrer dans une coalition gouvernementale
11:22ou, sans participer à un gouvernement, pouvoir soutenir une initiative,
11:26puisque c'est plutôt ce qu'a laissé entendre le Renvoqué.
11:28Oui, le Renvoqué a dit « on n'ira pas dans un gouvernement avec vous ».
11:31Lui, en tout cas, non.
11:32On entend un certain nombre de personnalités de droite, d'élus de droite être en capacité de le dire,
11:37de grands élus locaux notamment.
11:39Sans doute, forcément, peut-être des parlementaires.
11:42Mais ça veut dire qu'on a cette possibilité, nous, de s'élargir.
11:45Et vous n'aurez pas échappé, puisque vous faites beaucoup de mathématiques ce matin,
11:48que le bloc de droite et le bloc central sont plus nombreux que le Nouveau Front Populaire.
11:53Vous parliez de discussion pendant cette semaine.
11:55Ça discute en ce moment, en coulisses ?
11:57Parce qu'il y a des envois de lettres, des échanges, pas vraiment d'ailleurs, des échanges épistolaires.
12:01On discute en coulisses ? Il se passe des choses ?
12:03Heureusement que les gens discutent.
12:05Heureusement qu'on est quand même dans un pays démocratique et civilisé,
12:07qui fait que non seulement on peut s'écrire parce que la France est un grand pays épistolaire,
12:11mais qu'au-delà de ça, on est en capacité de se parler, d'échanger.
12:14Et moi, j'échange autant avec des élus d'ailleurs venus de la droite,
12:17qu'avec des sociodémocrates qui ont peut-être enfin envie de rompre avec la France.
12:21On ne fait pas semblant de discuter.
12:23Les consultations, par exemple, à partir de demain, ce n'est pas pour faire semblant.
12:26Je ne crois pas, non.
12:27Je crois que c'est nécessaire et utile.
12:30Mais la question que j'ai posée,
12:32est-ce que si demain, moi Président de la République, je nomme quelqu'un issu de vos rangs,
12:37est-ce que vous savez garantir, non pas que vous aurez une majorité,
12:40puisque personne n'en est capable, en tout cas une majorité absolue,
12:42mais que vous ne serez pas censuré dès le lendemain ?
12:44Parce que si vous êtes censuré dès le lendemain, tout ça, finalement, c'est que du vent.
12:48Ça veut dire que les propositions qui sont mises sur la table,
12:51les propositions de réformes qui sont mises sur la table,
12:53ou de dépenses ici nouvelles ou autres, en vérité n'existent pas.
12:56Donc ça veut dire que chacun doit revenir à la raison.
12:59La raison, c'est que personne n'est en capacité de revendiquer une quelconque majorité
13:03ni une quelconque victoire à l'issue des législatives.
13:05Et ça suppose du compromis.
13:07Mais ça veut dire qu'il faut aussi borner ce compromis par des lignes rouges,
13:11à la fois sur avec qui on est prêt à gouverner,
13:13et puis jusqu'où on est prêt à aller sur le fond.
13:15Parlons un peu casting.
13:16Avec quelle figure à la tête de ce gouvernement potentiel ?
13:19Vous, vous êtes très pro-Xavier Bertrand ?
13:21Je ne suis pas pro-X ou Y.
13:22J'entends que certains ont fait presque un acte de candidature.
13:25Et tant mieux, qu'on ait des hommes et des femmes qui aient envie aussi
13:29de devenir Premier ministre dans notre pays.
13:31Après, c'est la décision souveraine qui sera celle du Président de la République, évidemment.
13:36Sur la base, justement, des consultations.
13:38Sur la base de qui n'a pas une majorité contre lui, qui le censurerait dès le lendemain.
13:43J'aimerais surtout, au-delà du casting, qu'on parle du fond, justement.
13:46Parce que je crois que c'est ça qui est important.
13:48On a des messages clairs qui nous ont été envoyés, à tous d'ailleurs,
13:51quels que soient nos territoires, pendant ces élections législatives.
13:53On a 11 millions de Français qui ont voté pour le Rassemblement National.
13:57On ne va pas faire semblant, quand même.
13:59C'est un fait politique majeur.
14:01Ça veut dire que la ligne politique doit se droitiser ?
14:03Mais ce n'est pas ce que je dis.
14:04Ça veut dire qu'il faut juste être lucide sur le vote des Français
14:07et sur les raisons qui ont poussé à ce vote.
14:10On a parlé surtout du pouvoir d'achat.
14:12Donc, ça veut dire la gestion des salaires et de la nécessité de l'augmentation de ces salaires.
14:15C'est pour ça que je crois beaucoup à l'idée d'avoir une conférence sociale
14:18avec l'ensemble des partenaires sociaux,
14:20qui puisse démarrer très vite à l'automne,
14:22de manière à ce qu'on parle de cette préoccupation,
14:24qui est, je crois, la préoccupation principale aujourd'hui des Français.
14:27C'est aussi la préoccupation de Lucie Castex.
14:28Quand on cite ses priorités, pouvoir d'achat, service public,
14:31je crois aussi que c'est la vôtre.
14:33Il y a donc des points communs.
14:34Mais, encore une fois, moi, je ne la connais pas.
14:36Donc, je n'ai pas de sujet personnel,
14:38ni d'inimitié, ni d'amitié personnelle avec elle.
14:40Je crois que, comme beaucoup de Français, je ne la connais pas.
14:42La question, elle n'est pas là.
14:43La question, elle est, est-ce que si demain elle est nommée,
14:47elle tient plus de 24 ou 48 heures,
14:50alors qu'elle n'a pas de majorité pour,
14:52mais qu'elle a sans doute une majorité contre elle ?
14:55Et jusqu'où est-elle prête à aller ?
14:57Est-ce qu'elle est prête à renoncer
14:59à la participation de la France insoumise ou pas ?
15:01Je n'ai toujours pas entendu le dire.
15:04Et, en effet, sur le fond, je crois qu'il y a cette nécessité
15:07de continuer à renforcer nos services publics,
15:09comme nous l'avons fait.
15:10Évidemment, sur des priorités essentielles,
15:12sur l'école et sur la santé,
15:14et sur l'ensemble des services publics de proximité.
15:16Je crois qu'on a ce qu'on veut préparer comme monde pour nos enfants.
15:19Moi, je suis préoccupée par la baisse de la natalité.
15:21Je crois que c'est un sujet majeur qui doit nous préoccuper,
15:24par la question de la dépendance et du bien vieillir qui préoccupent nos familles,
15:27par la question du dérèglement climatique,
15:29par des enjeux de valeur,
15:30comme la question de la lutte contre toutes les formes de violences,
15:32notamment faites aux femmes, faites aux enfants,
15:34la lutte contre l'antisémitisme,
15:35alors qu'on a vu le regain, malheureusement, d'antisémitisme dans notre pays.
15:38C'est ça dont je crois qu'il serait urgent de pouvoir discuter.
15:41Un mot encore du casting avant de passer à autre chose.
15:43On a entendu parler à gauche de Bernard Cazeneuve,
15:45ces derniers jours, surprise, du maire socialiste de Saint-Ouen, Karim Bouamrane.
15:49Ça, c'est le candidat de gauche un peu idéal pour vous, Karim Bouamrane, anti-LFI ?
15:53J'ai pas un candidat ni de droite ni de gauche idéal.
15:56Moi, ce que je veux, c'est qu'on puisse garantir de la stabilité et de l'unité pour ce pays.
16:01Ce que je ne veux pas, c'est qu'on se retrouve dans une nouvelle crise institutionnelle,
16:05voire politique, avec demain, encore une fois, des gouvernements
16:08qui seraient renversés toutes les semaines, tous les 15 jours.
16:12Parce que je crois que ça ne serait pas souhaitable.
16:14Et ça veut dire que vous n'avez plus aucun processus législatif qui peut aboutir.
16:18Ça veut dire que les sujets auxquels on croit,
16:20on ne pourra plus en discuter à l'Assemblée nationale,
16:22parce qu'ils tomberaient systématiquement toutes les semaines ou tous les 15 jours.
16:25Je ne crois pas que ce soit souhaitable.
16:27On a montré pendant les Jeux qu'il y avait parfois de l'unité qui pouvait prévaloir.
16:31Ce serait bien que cet esprit-là puisse quand même perdurer.
16:34– Aurore Bergé, quoi qu'il arrive, quel avenir vous voyez-vous au macronisme et à son parti ?
16:39Au parti Renaissance, aura-t-il un avenir ce parti,
16:42une fois qu'Emmanuel Macron ne sera plus au pouvoir ?
16:44– Pourquoi n'en aurait-il pas ?
16:45– Parce qu'il s'est construit autour d'Emmanuel Macron.
16:47– Pourquoi forcément une mort programmée ?
16:48Vous savez, il y a ceux qui disaient en 2017 qu'Emmanuel Macron ne serait pas candidat,
16:52qu'ensuite il n'obtiendrait pas ses parrainages,
16:54qu'ensuite il ne passerait pas la barre du premier tour,
16:56qu'il ne serait pas élu, qu'il n'aurait pas de majorité,
16:58qu'il ne serait pas réélu en 2022,
17:01Premier président de la République à avoir été réélu sans sortir de cohabitation,
17:06et avec une majorité en effet relative,
17:08mais une majorité tout de même qui a tenu pendant deux ans,
17:10et qui a permis que des réformes majeures,
17:12avec lesquelles on peut avoir des désaccords,
17:13mais des réformes majeures soient adoptées.
17:15Donc il a fait cette démonstration-là,
17:17et ça veut dire que collectivement on a réussi à faire cette démonstration-là.
17:20Est-ce que les Français veulent revenir à un débat
17:22qui serait uniquement un débat de clivage droite-gauche ?
17:24Je ne crois pas.
17:25Et je crois que les partis eux-mêmes sont traversés
17:28par cette volonté-là de dépassement.
17:30Quel avenir pour Renaissance ?
17:32Ce matin, Elisabeth Borne lance un peu la guerre de succession,
17:35puisque l'ancienne première ministre annonce être candidate
17:37à la direction de Renaissance, s'il y a un congrès cet automne.
17:40Vous la soutiendrez ?
17:41Elle aura tout mon soutien, ce n'est pas une guerre de succession,
17:44c'est juste une normale d'un parti politique et démocratique
17:47et qui élit, lui, son secrétaire général.
17:50Je crois qu'elle a démontré qu'elle a été ministre,
17:53première ministre, elle a été réélue députée
17:55dans un territoire très difficile,
17:57qu'elle a disputé face au Rassemblement national.
18:00Et je crois qu'on a besoin de cet esprit collectif
18:02et de cet esprit de rassemblement dont elle est capable.
18:04Vous dites que ce n'est pas une guerre, mais elle nous dit
18:05que si Gabriel Attal est candidat, il devra forcément quitter
18:07le poste de président du groupe à l'Assemblée, ça donne un peu le ton.
18:09Non mais ce n'est pas une guerre, tout simplement,
18:11parce qu'encore une fois, elle n'anticipe pas un calendrier,
18:13c'est prévu qu'il y ait une élection.
18:14J'ai eu l'honneur d'être présidente de groupe,
18:16je sais l'engagement qu'il faut pour l'aide
18:18et je sais qu'on ne peut pas l'être à mi-temps,
18:20c'est un temps plein et je crois que Gabriel Attal,
18:22on a de la chance qu'il soit président de groupe,
18:24il a souhaité l'être et je crois qu'il souhaite surtout le rester.
18:27Et je crois que ce serait bien que justement,
18:29les deux anciens premiers ministres,
18:31ou futurs anciens premiers ministres dans le cas de Gabriel Attal,
18:33puissent être à la fois président de parti
18:35et président de groupe.
18:37Je crois que ça en vaut aussi un signal.
18:39Et en termes de ligne politique, l'avenir de Renaissance,
18:41c'est justement la ligne de Gabriel Attal
18:43ou celle de Gérald Darmanin ?
18:45Mais c'est justement ce qu'on doit discuter
18:47quand on a un congrès d'un parti politique.
18:49C'est la ligne politique qui doit prévaloir
18:51au-delà de la personnalité qui doit ensuite
18:53réussir à l'incarner.
18:55La force d'Elisabeth Borne, c'est qu'elle a réussi à incarner
18:57dans une majorité qui était déjà relative
18:59la question du compromis.
19:01Et je crois encore une fois que l'esprit de nuance,
19:03la question du compromis,
19:05ce ne sont pas des gros mots en politique,
19:07c'est plus difficile que l'outrance en fait.
19:09Beaucoup plus difficile à construire.
19:11Et vous, quelle place vous souhaitez prendre
19:13dans cette réorganisation du parti ?
19:15En tout cas, moi je serai aux côtés d'Elisabeth Borne
19:17pour que cette campagne continue à me déplacer
19:19dans les territoires. Moi je veux surtout aller dans les territoires
19:21où nous n'avons plus, nous, de députés
19:23issus du Bloc central.
19:25Parce que c'est là où en priorité on doit aller
19:27justement pour mener des combats
19:29qui sont des combats politiques
19:31sur des thématiques dont je vous parlais, qui me paraissent absolument déterminantes.
19:33En parlant de combats à venir,
19:35est-ce qu'on ne va pas tout droit finalement vers une nouvelle
19:37dissolution en juin 2025 ?
19:39Je ne crois pas et je ne l'espère pas. Et je crois surtout
19:41que si chacun est obsédé en tant que député
19:43par sa future réélection,
19:45dans un an si jamais nouvelle dissolution,
19:47voire dans deux ans, voire dans trois ans,
19:49ce qui est certain c'est que personne n'a intérêt au compromis.
19:51Parce que, évidemment, vous expliquez
19:53à ceux qui vous ont élus, sur un territoire de droite
19:55que vous allez peut-être faire des compromis avec la gauche,
19:57sur un territoire de gauche que vous allez peut-être faire des compromis avec la droite.
19:59Vous n'y avez aucun intérêt électoral.
20:01Mais si on veut dépasser cet intérêt électoral,
20:03il faut se mettre dans l'optique
20:05qu'il n'y aura pas une nouvelle dissolution et que nous n'avons
20:07pas d'autre choix que d'arriver
20:09à créer cette coalition et à réussir
20:11à travailler ensemble en se mettant
20:13d'accord sur le fond, évidemment,
20:15et sur les sujets qui sont importants.
20:17Vous avez parlé du succès des JO.
20:19Il y a les paralympiques qui arrivent. Est-ce que cette crise politique
20:21en pleine rentrée ne risque pas de gâcher
20:23ces Jeux paralympiques dont la réussite est tout aussi
20:25importante en matière d'inclusion et d'accessibilité ?
20:27La réussite est essentielle. Vous avez vu d'ailleurs
20:29qu'on a toujours parlé de manière commune
20:31des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques.
20:33On n'a jamais dissocié les deux.
20:35Il y a pour la première fois un relais de la flamme paralympique
20:37qui va pouvoir démarrer
20:39à partir de la semaine prochaine.
20:41Vous craignez pas la concomitance,
20:43la crise politique, Jeux paralympiques ?
20:45Je crois surtout que pour la première fois,
20:47on a parlé quasiment autant des Jeux olympiques
20:49et des Jeux paralympiques. J'ai vu le changement de regard.
20:51Du changement des publicités. C'est très intéressant
20:53de voir que pour la première fois, on a des athlètes paralympiques
20:55qui sont au cœur de ces images-là,
20:57de l'imagerie de la fête populaire.
20:59Sur la cérémonie d'ouverture, il y avait des athlètes
21:01olympiques et paralympiques parce que ce sont des athlètes
21:03à part entière. J'ai eu la chance d'en rencontrer
21:05certains d'entre eux. Ce sont des athlètes
21:07exceptionnels par leur résilience,
21:09par leur histoire, par leur courage.
21:11Je suis très rassurée de voir la billetterie qui a explosé.
21:13Je crois que ça, c'est un très beau signe.
21:15Et les médias et Radio France seront aussi au rendez-vous de ces Jeux paralympiques.
21:17Merci beaucoup, Aurore Bergé, invitée de France Inter ce matin.

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