7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Ce qu'il faut attendre des consultations d'Emmanuel Macron pour trouver un Premier ministre

  • le mois dernier
C'est la première grande initiative politique présidentielle depuis les législatives anticipées. Emmanuel Macron a convié les chefs de partis et de groupes parlementaires, ce vendredi 23 août à l'Élysée, plus de six semaines après les résultats du scrutin. Ces rencontres devraient aboutir à la nomination d'un Premier ministre, un mois et demi après la démission de Gabriel Attal.

Category

🗞
News
Transcript
00:008h15 sur BFM TV, c'est aujourd'hui le début d'une longue série de consultations à l'Elysée à partir de 10h30. Emmanuel Macron reçoit les
00:07représentants des partis politiques pour
00:10aller trouver un premier ministre. Si on nous promet que c'est dans quelques jours et c'est le thème de notre 7 minutes pour comprendre.
00:22On sourit parce que c'est vrai que ça fait sept semaines qu'on joue un peu au jeu du qui-est, c'est de savoir qui occupera
00:28cette fameuse place à Matignon. On va en parler avec Mathieu Croissanteau dans un instant, avec Bastien Lachaud, député La France Insoumise,
00:36NFP de Seine-Saint-Denis, et puis Anne-Laure Oblin, député Les Républicains du Maine-et-Loire, nous rejoindra aussi dans quelques secondes. D'abord on va planter le décor
00:43avec toi, Mathieu. Est-ce que ces consultations organisées par Emmanuel Macron, c'est quoi ? C'est pour la femme, c'est de la communication ou alors non ?
00:49Réellement, c'est un vrai casting qui va servir à nommer le futur premier ministre ou la future première ministre ?
00:53Ce n'est probablement pas un casting. Il faut comprendre qu'on est dans une situation de blocage. Pourquoi ? Parce qu'il y a deux dénis de réalité, en gros, qui s'affrontent.
00:59Le premier déni de réalité, c'est celui du président, qui veut croire qu'il n'a pas vraiment perdu. Or, il a perdu les élections. Il en a perdu trois
01:06d'affilée, les européennes et les deux tours législatives. Et puis l'autre déni de réalité, c'est celui du Nouveau Front Populaire, qui croit qu'il a vraiment gagné.
01:13Il est arrivé en tête au second tour des législatives, mais il dispose d'un peu plus de 190 députés, ce qui n'est pas la majorité absolue
01:21pour gouverner confortablement à l'Assemblée. Donc aujourd'hui, plutôt qu'une affaire de casting, ça va être la question que va poser l'Elysée
01:29aux représentants des partis politiques et des groupes parlementaires qu'il va recevoir, à commencer par le Nouveau Front Populaire, acteur ennemi.
01:35C'est au fond, quelle est votre coalition ? Quelle est votre majorité ?
01:38Et toute la journée, en fait, ça va être qui a la plus grande coalition, d'une certaine façon. Et donc le Nouveau Front Populaire, il a sa candidate,
01:45Lucie Castex. Emmanuel Macron, pour l'instant, ne veut pas en entendre parler. Mais tout le défi du Nouveau Front Populaire va être de dire
01:51« Voilà, nous, on est capables de gouverner de telle et telle façon en donnant des détails, pas juste en disant on fera texte par texte. »
01:57Parce que ça, ça ne convaincra pas l'Elysée. C'est plutôt de dire « Voilà jusqu'où on est prêts à aller, avec qui on est prêts à convaincre. »
02:02Et c'est pour ça que ça rend les discussions d'aujourd'hui extrêmement compliquées.
02:05Bastien Lachaud, vous êtes député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis. Je vais vous laisser répondre aux mots de Mathieu Croissando.
02:12Est-ce que vous êtes en plein déni de réalité en allant à l'Elysée avec Lucie Castex, alors qu'Emmanuel Macron a déjà dit qu'il ne voulait pas
02:18en entendre parler ?
02:20– Mais en fait, Emmanuel Macron n'a pas vraiment son mot à dire sur le sujet. Emmanuel Macron, vous venez de le dire, a perdu trois élections.
02:28Dans n'importe quelle démocratie, Emmanuel Macron nommerait le Premier ministre issu de la première force au gouvernement,
02:38à charge pour cette force, de constituer des majorités sur les différents textes qu'elle va proposer.
02:47Nous sommes dans un déni de démocratie de la part d'Emmanuel Macron. Nous sommes dans un comportement autocratique d'Emmanuel Macron
02:54qui utilise tous les artifices de la Ve République pour en fait ne pas respecter le vote populaire
03:01qui s'est exprimé lors des élections législatives, qu'il a lui-même convoqué de manière anticipée.
03:06Et aujourd'hui, quelle est l'autre solution démocratique que de nommer la représentante de la première force à l'Assemblée nationale ?
03:14C'est d'ailleurs ce que Emmanuel Macron avait fait lorsqu'il a nommé Elisabeth Borne, qui n'était pas et qui n'avait pas de majorité absolue
03:21et cela n'avait posé de problème à personne à l'époque.
03:24– Bastien Lachaud, le problème, et il est répété depuis cette semaine, c'est que vous avez 193 députés.
03:30Avec 193 députés, vous ne pouvez pas gouverner et donc il faut une coalition pour éviter que le gouvernement
03:36soit censuré. Donc au-delà du nom, c'est la question de la coalition derrière.
03:40Et de ce que l'on comprend, c'est que chez vous, du côté de la France insoumise, c'est le NFP ou rien.
03:45Vous restez sur cette position, pas de compromis, donc dans quel état d'esprit vous y allez ?
03:50Pourquoi rencontrer Emmanuel Macron ? Vous allez au bras de fer ?
03:53C'est pour participer à cette mise en scène ou vous avez quand même bon espoir à un moment donné d'être entendu
03:59ou peut-être même vous, d'infléchir aussi votre position ?
04:02– Emmanuel Macron doit comprendre qu'aujourd'hui, c'est à l'Assemblée nationale
04:07que doivent se composer les majorités sur les différents textes.
04:10Ce n'est pas à lui, à l'Élysée, de choisir quelle va être la majorité à l'Assemblée nationale.
04:15Ça, c'est de l'autocratisme et c'est les défauts de la Ve République qui nous ont conduits ici.
04:23Dans un régime parlementaire, il y a un Premier ministre, une Première ministre en l'occurrence,
04:29Mme Castex, qui va aller devant le Parlement, qui va présenter les textes.
04:33Et ça, là, nous sommes très clairs au niveau du Nouveau Front Populaire,
04:37c'est le programme du Nouveau Front Populaire qu'elle présentera à l'Assemblée
04:41et après charge à elle et à son gouvernement d'obtenir les majorités nécessaires pour faire adopter ces textes.
04:47Si elle n'obtient pas ces majorités, si elle est censurée,
04:50eh bien le gouvernement tombera et il faudra trouver une autre solution.
04:54Mais nous n'avons pas à trouver d'autres solutions avant d'avoir essayé de respecter le choix démocratique des Français
05:02qui est d'envoyer Lucie Castex et le Nouveau Front Populaire au gouvernement.
05:06On a bien entendu le message.
05:08Bastien Lachaud, merci.
05:09Mathieu Croissandeau, il y a d'autres noms qui circulent, les plus probables, les plus crédibles aujourd'hui, qui sont-ils ?
05:16Les plus probables, il n'y en a aucun.
05:17Il y a des noms qui circulent.
05:19Il y a celui de Xavier Bertrand qui a fait une offre de service.
05:21Mais Xavier Bertrand, il est à la fois isolé dans son propre camp,
05:24parce que c'est Laurent Wauquiez qui tient la droite républicaine, ce n'est pas Xavier Bertrand.
05:28Et donc, ça serait un casting qui n'apporterait pas forcément de voix supplémentaires pour constituer une majorité.
05:35À gauche, on a parlé de l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.
05:38On en parlait dans le journal de 8h du maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrad.
05:43Emmanuel Macron, en fait, va devoir sortir de son chapeau quelqu'un qui serait capable de créer cette coalition.
05:48Le problème, c'est que pour l'instant, il ne l'a pas encore trouvé.
05:50Bonjour, Anne-Laure Blain, vous êtes députée Les Républicains du Maine-et-Loire.
05:57Vous n'avez eu que 46 sièges, il me semble, je parle sous votre contrôle,
06:01lors de ces élections législatives du côté des Républicains,
06:04parce qu'il y a eu la scission avec la ligne Éric Ciotti.
06:09Est-ce que vous poussez malgré tout, malgré ces 46 sièges pour un Républicain à Matignon, avec quelle légitimité ?
06:15Et j'ai une autre question également à vous poser, c'est l'hypothèse de Xavier Bertrand.
06:18Est-ce que vous soutenez une éventuelle candidature de Xavier Bertrand ?
06:21Écoutez, bonjour. Les choses sont très claires de notre côté.
06:25Nous l'avons annoncé dès début juillet.
06:29Nous avons rédigé un pacte législatif et c'est aujourd'hui, nous, le sens de notre engagement depuis la fin des législatives.
06:37Le président de la République a décidé de lancer aujourd'hui des consultations.
06:41Naturellement, Laurent Wauquiez s'y rendra avec Annie Gennevard, la secrétaire générale du parti de la droite républicaine.
06:47Et nous redirons au président de la République ce que nous avons déjà dit depuis le début du mois de juillet,
06:53c'est-à-dire que nous voulons que ce mandat serve aux Français et qu'il y ait des textes qui aillent dans le sens de ce qu'ils attendent et de leurs priorités.
07:02Nous avons posé des lignes rouges, notamment l'augmentation des impôts, notamment la baisse des pensions de retraite,
07:08notamment la présence de ministres insoumis au gouvernement qui feront de notre part l'objet de mesures de censure s'ils venaient à être proposées.
07:16La question du casting du Premier ministre n'est pas du tout la priorité des Français.
07:24Ce qu'ils veulent, c'est que nous travaillons sur le fond.
07:26Nous avons été élus parlementaires, nous sommes députés et nous sommes là pour être à leur côté au travail.
07:33Et donc nous devons proposer des textes et nous voterons tous les textes qui vont dans le sens de ceux que nous avons proposés début juillet,
07:40c'est-à-dire notamment des textes qui vont dans le sens de la valorisation du travail, des textes qui vont dans le sens de la protection de la sécurité des Français
07:47parce que ce sont là les deux enjeux principaux qu'ils attendent de nous aujourd'hui.
07:51Merci beaucoup Anne Lorblain, merci aussi à Bastien Lachaud qui était avec nous et Mathieu Croissando.

Recommandée