• il y a 2 ans
La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale croit encore que le gouvernement peut échouer avec la réforme des retraites. Elle "félicite" les députés RN qui s'opposent au texte. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-09-mars-2023-4151982

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00:00 Et avec Maxence Lambrecq, nous recevons ce matin la députée du Pas-de-Calais, présidente
00:04 du groupe Rassemblement National, à l'Assemblée Nationale, questions et réactions au 01-45-24-7000
00:11 et sur l'application de France Inter.
00:13 Marine Le Pen, bonjour, et bienvenue à ce micro, on va venir dans quelques instants
00:17 à la réforme des retraites, aux questions de pouvoir d'achat, à l'Ukraine, à la
00:21 vie du Rassemblement National, mais démarrons d'abord par cette annonce hier d'Emmanuel
00:25 Macron lors de la Journée Internationale des Droits des Femmes, au cours de l'hommage
00:29 qu'il rendait à Gisèle Halimi, le président de la République, a dit son souhait d'inscrire
00:34 la liberté pour les femmes de pouvoir recourir à l'interruption volontaire de grossesse,
00:39 l'inscrire donc cette liberté dans la Constitution.
00:41 Saluez-vous cette décision ?
00:43 Vous savez que ce débat a déjà eu lieu à l'Assemblée Nationale, nous étions,
00:48 enfin moi j'étais en désaccord avec la formulation qui avait été proposée par
00:51 la France Insoumise, j'ai trouvé que la formulation proposée par les sénateurs était
00:57 beaucoup plus acceptable parce qu'elle évitait un certain nombre de difficultés, c'est
01:01 celle, semble-t-il, que souhaite reprendre le président de la République, mais la vraie
01:05 question que tout le monde se pose c'est « est-ce que c'est urgent ? » Est-ce
01:08 que c'est ça l'urgence ? Est-ce que c'est ça l'urgence quand on sait qu'en réalité
01:12 personne ne remet en cause la liberté de recourir à une interruption volontaire de
01:16 grossesse aujourd'hui en France, pas un seul mouvement politique constitué, pas une seule
01:22 personnalité d'envergure, pas une seule même association ?
01:26 C'est pas urgent ou c'est inutile ?
01:28 Non mais un, ça n'est pas particulièrement utile et deuxièmement est-ce que c'est l'urgence
01:33 d'aujourd'hui ? On vit en moment où les Français n'arrivent pas à remplir leur
01:35 caddie, où ils n'arrivent pas à remplir leur réservoir de carburant compte tenu du
01:41 prix, où des milliers de TPE-PME sont en train de défaillir du fait du prix de l'énergie,
01:51 où donc le chômage va augmenter dans les mois qui arrivent, est-ce que l'urgence absolue
01:57 c'est cela ? Mais si vous voulez je crois comprendre en fait qu'il y a deux choses
02:02 qui intéressent Emmanuel Macron, deux choses uniquement et les deux en réalité ne sont
02:08 pas politiques mais égotiques.
02:10 C'est sa réforme des retraites parce qu'il se dit qu'il faut bien qu'il laisse quelque
02:15 chose, qu'il ait fait quelque chose et deuxièmement cette réforme institutionnelle,
02:21 constitutionnelle qui semble le passionner parce que chaque président a le souhait
02:26 de laisser une trace aussi minime soit-elle dans l'histoire.
02:30 Et sur l'IVG, vous laisserez la liberté de vote à votre groupe, 23 députés RN ont
02:35 voté contre la proposition de loi de Mathilde Panot ?
02:38 Oui mais ils ont voté contre non pas parce qu'ils sont contre encore une fois l'interruption
02:41 volontaire de grossesse mais parce que la rédaction leur posait une difficulté, parce
02:46 qu'ils trouvent qu'il est inutile pour certains d'inscrire cela dans notre loi
02:51 suprême qui est la constitution.
02:54 Voilà donc il y a mille raisons pour lesquelles on peut, d'ailleurs le sénateur LR eux-mêmes
03:00 avait exprimé ces réserves là mais c'est pas un sujet, je veux dire il n'y a pas de
03:05 risque, personne n'est empêché aujourd'hui si ce n'est par l'effondrement de notre
03:09 système de santé et la difficulté d'accès en réalité à l'interruption volontaire
03:15 de grossesse mais sur le plan idéologique, plus personne ne remet en cause cette liberté.
03:20 Un mot encore Marine Le Pen, Gisèle Halimi était avocate, comme vous d'ailleurs, elle
03:24 était une grande figure du féminisme mais aussi de l'opposition à la guerre d'Algérie,
03:30 l'Elysée étudie toujours son dossier pour une éventuelle entrée au Panthéon.
03:34 Gisèle Halimi selon vous a-t-elle sa place au Panthéon ? Vous seriez favorable à ce
03:39 qu'elle y entre ?
03:40 Ah non j'y suis fondamentalement opposée car Gisèle Halimi n'était pas seulement
03:44 parce que c'était sans droit une opposante à la guerre en Algérie, elle était un
03:49 soutien des terroristes du FLN contre l'armée française.
03:52 Et par conséquence rien que cela doit lui interdire je le crois toute entrée au Panthéon.
04:01 Et puis il y a beaucoup d'autres figures féminines qui pourraient y entrer et qui
04:05 auraient leur place, Olympe de Gouges par exemple, ce serait une bonne idée, non seulement
04:11 parce que ça a été une figure mais en plus c'est ce que peu de gens savent, Olympe
04:17 de Gouges a créé l'affiche politique, c'est la première à avoir affiché sur
04:21 les murs de Paris sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
04:28 Puisqu'il est question de féminisme, Aurore Berger a défendu une proposition de loi pour
04:31 rendre inéligibles les coupables de violences conjugales, sexuelles.
04:35 Elle se montrait très émue, Tenez Vonaire a lancé un député RN dans l'hémicycle,
04:40 ces propos vous les trouvez misogynes, vous les condamnez ?
04:43 Non mais écoutez on est dans un débat, moi je ne suis pas là pour être l'arbitre
04:47 des élégances des échanges de l'Assemblée Nationale à partir du moment où il reste
04:52 dans la limite de la décence, de la politesse, ce qui n'a pas été le cas du comportement
05:00 de M.Dupont-Moretti.
05:01 Donc au jeu de la paille et de la poutre, permettez-moi de vous dire qu'un ministre
05:07 de la Justice, garde des Sceaux, qui fait un président de groupe, non pas un selon
05:12 ses propres dires, mais deux bras d'honneur, m'apparaît beaucoup plus grave qu'un
05:18 propos à l'égard d'une proposition de loi qui par ailleurs était elle aussi très
05:24 opportuniste, tout à fait inutile, ce qu'a jugé majoritairement l'Assemblée Nationale.
05:30 Elisabeth Borne a recadré Eric Dupont-Moretti, pour vous il doit partir ?
05:33 La question c'est, est-ce qu'il peut rester ? Et vous avez la réponse.
05:37 Peut-on rester lorsque l'on est ministre de la Justice et qu'on a un comportement
05:43 tel que celui-là à l'égard de la représentation nationale ? Je veux dire, quelle image donne-t-on,
05:48 quel signal lance-t-on lorsque l'on sait que nos forces de l'ordre, par exemple,
05:55 nos enseignants sont confrontés tous les jours à des gestes de ce type, à des insultes,
06:02 à des grossièretés telles que celles-là, ce qui fait reculer la France du savoir-vivre,
06:12 la France bien élevée, à laquelle après tout nous sommes tous attachés.
06:17 Je crois qu'il ne peut pas rester.
06:19 Mais ce qui est grave, c'est qu'il bénéficie lui aussi d'une forme d'impunité de la
06:23 part d'Emmanuel Macron et d'Elisabeth Borne.
06:26 Venons-en maintenant Marine Le Pen à la réforme des retraites.
06:29 Le Sénat a donc adopté le fameux article 7 portant à 64 ans l'âge légal de départ
06:36 à la retraite.
06:37 Considérez-vous donc que c'est désormais plié, pour le dire de manière familière,
06:42 et que cette réforme-là est lancée maintenant et passera ?
06:45 Pas du tout, absolument pas.
06:47 Je ne suis pas du tout pessimiste.
06:49 Je pense qu'à l'Assemblée nationale, il n'y a pas de majorité pour voter cette
06:54 réforme des retraites.
06:55 Grâce d'ailleurs, il faut bien le dire, à quelques députés LR qui se refusent,
07:03 et je les en félicite, à être non plus la béquille mais le pilier de la majorité,
07:10 comme ont décidé de le faire les sénateurs LR.
07:12 Parce qu'on peut quand même s'interroger sur le comportement des républicains, et
07:16 notamment au Sénat, qui deviennent véritablement l'allié principal d'Emmanuel Macron,
07:23 et même qui sont plus royalistes que le roi, c'est-à-dire qui utilisent toute une série
07:29 de réglementations internes au Sénat pour pouvoir faire avancer à pas très rapide
07:37 l'adoption de cette réforme des retraites.
07:40 Donc je pense que quelques réticences dans la majorité, plus des réticences assez nombreuses
07:48 chez certains députés LR, me permettent de vous dire que ça n'est pas gagné pour
07:53 le gouvernement.
07:54 Et Dieu merci d'ailleurs, car évidemment, vous le savez, nous nous opposons fermement
07:57 à cette réforme.
07:58 Mais le gouvernement pourrait utiliser le 49-3 s'il n'a pas de majorité.
08:01 Vous savez que ça va se jouer à quelques députés.
08:03 Le 49-3, Laurent Berger dit que ce serait un « vice démocratique ». Vous partagez
08:07 son analyse ?
08:08 Non mais écoutez, on ne va pas rentrer un petit peu, c'est un peu compliqué, mais
08:12 ils utilisent le 47-1 plus le 49-3.
08:15 C'est une démonstration de faiblesse absolument inouïe.
08:18 Soit on prend le 47-1, soit on prend le 49-3.
08:21 Mais si on prend le 47-1, ça veut dire qu'on veut arriver à un vote.
08:26 Et ce que je souhaite aussi, c'est pour ça que j'ai été assez vive à l'encontre
08:31 de la France Insoumise qui a empêché en réalité que ce vote se réalise par une obstruction
08:36 parlementaire systématique.
08:37 Donc s'ils utilisaient le 49-3, je pense que ce serait un terrible aveu de faiblesse.
08:43 Et effectivement, ça en dirait long sur la manière dont ce gouvernement se comporte.
08:48 Tant à l'égard du peuple français, qui est je le rappelle majoritairement opposé
08:52 à cette réforme des retraites, qu'à l'égard de la représentation nationale.
08:56 Il y a eu des manifestations massives avant-hier, de nouvelles journées de mobilisation sont
09:00 prévues samedi, la semaine prochaine.
09:03 Comment on sort de ce bras de fer entre les syndicats, le gouvernement et vous venez de
09:06 le dire, les Français qui sont au milieu majoritairement contre la réforme, même
09:09 s'ils pensent qu'elle s'appliquera ?
09:11 Référendum, voilà comment on sort d'un blocage.
09:15 Parce que le premier blocage qui a été fait par le gouvernement, c'est celui qui a
09:19 consisté à bloquer le référendum sur la réforme des retraites.
09:24 Et en cela, il a été aidé par l'intégralité des groupes de l'Assemblée Nationale, de
09:29 LR jusqu'à la France Insoumise, qui ont refusé de voter la motion référendaire.
09:34 Lorsque l'on est sur un sujet de société tel que celui-là, prévu de manière très
09:41 claire par la Constitution, c'est au peuple français de s'exprimer.
09:45 Et voilà un bon moyen d'éviter les blocages, les violences et la violence qui a saisi le
09:51 débat public, car ça ne vous a pas échappé tout de même que les débats à l'Assemblée
09:55 Nationale ont dépassé un seuil de violence absolument inadmissible dans une démocratie.
10:01 Donc revenons au cœur démocratique, je le crois, de notre Constitution, qui est la mise
10:08 en œuvre d'un référendum pour demander aux Français ce qu'ils en pensent.
10:11 Mais vous Présidente, vous ne faites pas un référendum que vous êtes sûre de perdre.
10:14 Ce serait le cas si Emmanuel Macron se lançait dans cette aventure.
10:17 Mais moi Présidente, Monsieur Lambrecq, je ne fais pas passer une réforme dont le peuple
10:22 ne veut pas majoritairement pour une raison très simple.
10:25 C'est que la démocratie, c'est le respect de la volonté du peuple.
10:31 Le peuple est souverain, il est le seul souverain.
10:35 Et si on veut continuer à gouverner contre lui, alors oui, on utilise tous les superfuges
10:41 possibles et imaginables, le 47.1, le 49.3, le caractère inaudible de ce que souhaite
10:50 le peuple français.
10:51 Il faut respecter la volonté du peuple.
10:53 C'est comme ça que ça fonctionne dans une démocratie.
10:56 On ne peut donc pas faire voter de force une réforme contre la volonté de 70% des Français
11:02 et 93% des actifs.
11:04 En attendant Marine Le Pen, il y a donc des grèves reconductibles dans certains secteurs
11:08 de l'économie, transports, énergie, éboueurs, des blocages aussi.
11:14 Est-ce que vous soutenez ces modes d'action ? Dès lors qu'il n'y a pas de référendum,
11:19 vous venez de le dire.
11:20 Moi je pense que les Français ont parfaitement la liberté, le choix de manifester contre
11:25 cette réforme de retraite.
11:26 Il faut bien qu'ils se fassent entendre.
11:27 Nous, nous portons leur voix au sein de l'Assemblée nationale.
11:31 Ceux qui sont opposés à cette réforme de retraite, et ils sont nombreux, je l'ai
11:35 dit, mais qu'ils manifestent est parfaitement logique et prévisible d'ailleurs.
11:41 Il était prévisible qu'il y ait des manifestations et prévisible d'ailleurs qu'il y ait des
11:45 blocages.
11:46 Moi je viens apporter une solution.
11:48 Elle s'appelle référendum, elle éviterait les manifestations, elle éviterait les blocages
11:52 et elle permettrait de faire respecter la volonté populaire.
11:54 Elle n'est pas sur la table mais sur les blocages donc.
11:56 Est-ce que vous les redoutez ? Est-ce que vous les comprenez ?
11:58 Mais bien sûr que je redoute que l'économie souffre alors qu'elle souffre déjà, contrairement
12:03 à ce que dit le gouvernement, beaucoup.
12:04 Évidemment que je redoute que l'économie souffre de ces blocages.
12:08 Bien sûr que je redoute que des millions de Français se voient gênés dans leur circulation,
12:14 dans leur travail, parce qu'il y aurait des pénuries de mains, d'essence ou je ne sais
12:22 quoi d'autre.
12:23 Mais qui porte la responsabilité de cela ? En réalité essentiellement, il faut quand
12:27 même le dire, c'est le gouvernement.
12:28 On a aussi pu voir des coupures sauvages d'électricité anonnées dans la ville d'Olivier Dussopt,
12:33 dans la permanence de Gérard Archer.
12:35 Ces coupures d'électricité, c'est aussi une méthode ?
12:37 Non, je ne vous cache pas que les coupures d'électricité qui visent des personnes,
12:45 et en l'occurrence des ministres ou des députés qui sont au soutien de cette réforme, m'apparaissent
12:53 dépasser le cadre que je souhaite conserver à la manifestation d'une opposition à une
13:00 réforme.
13:01 Marine Le Pen, dans cette séquence sur les carrières longues et les mères de famille,
13:05 quand on regarde les choses et les dernières semaines, ce sont les Républicains qui ont
13:10 obtenu des avancées.
13:11 Sur les 1200 euros, ce sont les économistes et le PS qui ont levé des lièvres.
13:16 Sur les 64 ans, c'est l'intersyndical qui a toujours porté la contestation.
13:20 On fait le rassemblement national sur le fond pour améliorer le texte ou en montrer les
13:24 limites.
13:25 Rien, ou pas grand-chose, c'est même Robert Ménard qui le dit.
13:28 D'abord, Robert Ménard dit beaucoup de sottises, donc c'est quand même pas non plus une jauge.
13:33 Ça c'est la première des choses.
13:35 Deuxièmement, vous avez tort, peut-être c'est parce que vous ne les écoutez que eux.
13:38 Parce que moi je suis venu au tout début du débat sur cette réforme des retraites pour
13:43 dire que les 1200 euros étaient une arnaque et qu'il y aurait beaucoup moins de gens
13:48 que ce qui était envisagé, qui toucheraient ces 1200 euros.
13:50 Nous avons été, dès le départ, à la pointe pour expliquer que ce sont les femmes qui
13:56 allaient souffrir de cette réforme des retraites.
13:59 Nous avons expliqué tout cela.
14:01 Alors peut-être avons-nous moins de caisses de résonance, mais on ne juge pas, encore
14:05 une fois, une action ou un positionnement à l'effet qu'il peut avoir.
14:11 Et à l'Assemblée nationale, nous avons mené le combat tel que nous avons pu le faire,
14:15 c'est-à-dire sans utiliser l'obstruction parlementaire dont on voit qu'elle a aidé
14:20 le gouvernement.
14:21 En fait, la France Insoumise et ses alliés, les alliés étant d'ailleurs pas tout à
14:25 fait d'accord avec cette stratégie, et pour cause, cette stratégie était mauvaise.
14:30 Je l'avais dit d'ailleurs dès le départ et ils ont fini par comprendre qu'elle était
14:33 mauvaise, il était trop tard.
14:34 Vous parlez de caisses de résonance, vous manquez de relais dans la société civile ?
14:38 Non, on ne manque pas de relais dans la société civile.
14:40 Mais il faut bien dire que dès que quelqu'un est stampillé de gauche, c'est extraordinaire,
14:45 on l'écoute, il est invité partout, etc.
14:48 Bon, alors entre la droite brutale qui est pour la réforme des retraites et la gauche
14:54 qui est à porte ouverte, c'est vrai qu'on a du mal peut-être à se faire entendre.
14:58 Mais enfin, en attendant, il y a quand même une chose qu'il faut constater, c'est que
15:01 si les journalistes ne nous entendent pas, les Français eux nous entendent, puisque
15:04 tous les sondages d'opinion qui sont parus depuis la fin du débat à l'Assemblée nationale
15:11 ont démontré que c'est le Rassemblement national qui réunit en réalité le plus
15:16 d'approbation dans la manière dont ils combattent cette réforme des retraites.
15:19 Allez, avant d'aborder la question de l'Ukraine, on passe au Standard Inter.
15:23 Hervé nous y attend, bonjour, vous nous appelez de Paris.
15:26 Oui.
15:27 On vous écoute.
15:28 Oui, bonjour à tous, bonjour Madame Le Pen, soyez assurés Madame Le Pen de mon respect
15:32 et de mon vote assuré pour 2027 quand vous serez présidente de la République.
15:37 Ma question est la suivante, pendant la campagne présidentielle, votre programme défendait
15:42 43 ans de cotisation, si je me souviens bien, et l'âge 62 ans.
15:47 Quand vous serez élu, non pas si vous êtes élu, mais quand vous serez élu, mettrez-vous
15:52 en place ce projet qui clorera le débat finalement ?
15:56 Merci Hervé pour cette question, donc d'un soutien clair de Marine Le Pen qui vous répond.
16:02 Oui, Hervé, et donc je rassure tout le monde, enfin je veux dire, même si cette réforme
16:06 de retraite, ce que vraiment je ne souhaite pas et ce dont je ne suis pas convaincue et
16:10 votée, elle sera défaite lorsque je serai élu.
16:15 Car je mettrai en place cette réforme que j'ai portée pendant la campagne présidentielle
16:19 qui est une réforme beaucoup plus juste et qui consiste à dire que tous ceux qui ont
16:23 commencé à travailler avant 20 ans doivent partir à 60 ans avec 40 annuités.
16:32 Et progressivement, on augmente jusqu'à 62 ans et 42 annuités, mais jamais plus
16:38 loin si je puis me permettre en termes d'âge légal ou en termes d'annuités nécessaires
16:42 pour partir que 42 ans.
16:45 Et ça c'est beaucoup plus juste.
16:46 Alors c'est vrai que ça a un coût, on l'a d'ailleurs, et M.
16:50 Dussopt a enfin admis que ce coût était de 12 milliards, nous l'assumons, nous trouverons
16:55 les moyens de financer cette réforme de retraite car il y a beaucoup de sources d'économies
17:01 à faire en France, mais elle est juste et elle est, je crois, attendue.
17:05 Jean-Louis est au standard maintenant.
17:07 Jean-Louis, bonjour, vous nous appelez des Alpes-Maritimes.
17:10 Oui, exact.
17:11 Bonjour France Inter et bonjour Madame Le Pen.
17:14 Bonjour.
17:15 Voilà, moi c'est très simple ma question.
17:18 Je suis un peu étonné que vous ne soyez pas encore intervenu comme avait fait le président
17:24 Sarkozy à son époque, c'est-à-dire intervention des forces de l'ordre.
17:30 Vous n'avez pas dit ça encore pour le moment.
17:34 Pourquoi ? Pour débloquer les raffineries par exemple, c'est ça ?
17:38 C'est évident, ça a été fait sous Sarkozy, peut-être sous Hollande, mais j'en suis pas
17:42 sûr.
17:43 Et donc, moi je ne suis pas pour frapper les gens, mais c'est pas normal que… Alors
17:48 ils ont fait… Le gouvernement s'est montré, mais verbalement seulement, mais c'est pas
17:53 verbalement là.
17:54 Il faut envoyer…
17:55 Vous voulez des gendarmes et des CRS pour débloquer les lieux bloqués ?
17:59 Parce que ça bloque la France, ça bloque les gens qui sont contre la retraite plus
18:06 longue, mais qui ne peuvent pas aller travailler, qui n'ont plus d'essence.
18:10 Merci Jean-Louis pour cette intervention.
18:12 Marine Le Pen vous répond.
18:14 Mais monsieur, vous avez parfaitement raison.
18:15 Et tous les gouvernements en réalité successifs ont utilisé la même méthode.
18:19 À partir du moment où le blocage a des conséquences sur la capacité à accéder au centre de
18:26 l'économie, qui est l'essence, ils ont toujours été débloqués par les forces
18:32 de l'ordre.
18:33 Il y a eu des réquisitions, la fois précédente.
18:36 Bien sûr, il y a eu des réquisitions et c'est parfaitement naturel.
18:39 Encore une fois, il faut, je crois, avoir une différence de vue entre la manifestation
18:44 pacifique, ce qui pour l'instant est le cas, sauf quelques exceptions liées au black
18:48 bloc traditionnel, et le blocage de l'économie.
18:51 Donc, ceux qui aujourd'hui viennent dire « on va mettre l'économie à genoux », sont
18:56 en train de s'attaquer directement aux classes populaires et aux classes modestes, car ce
19:01 sont elles qui vont souffrir le plus, bien sûr, de ce type de blocage.
19:06 J'avais vu que les syndicats avaient évolué dans leur manière d'agir.
19:09 Ils avaient utilisé d'autres méthodes qui avaient largement ma préférence.
19:13 La grève des contrôles, par exemple des tickets de transport, je pense qu'ils devraient
19:20 plutôt aller dans ce sens-là plutôt que le blocage de l'économie.
19:23 Sur l'Ukraine, on y vient, un an après le début du conflit, le président du RN,
19:28 Jordan Bardella, a fait un mea culpa sur la position du parti vis-à-vis de la Russie.
19:32 Il a reconnu, je le cite, « une naïveté collective à l'égard de la volonté expansionniste
19:38 de Vladimir Poutine ». Est-ce que vous reprendriez ces mots ? Et surtout, est-ce que c'est
19:44 ça désormais la ligne du parti ?
19:45 Non mais je pense qu'on a résumé cette interview.
19:48 Je comprends un peu l'objectif, j'ai trop d'expérience pour ne pas comprendre l'objectif
19:53 des journalistes à avoir résumé l'interview de Jordan Bardella à cette formulation qui
19:58 visait d'ailleurs l'ensemble de la classe politique.
20:00 Qui intégrait Emmanuel Macron, qui intégrait François Hollande, qui intégrait Jacques
20:05 Chirac, voilà.
20:06 Oui mais je suis favorable à l'envoi de tout ce qui peut permettre à l'Ukraine
20:10 de défendre sa souveraineté et de protéger ses frontières.
20:13 On a tout de même un revirement de doctrine.
20:14 Non, pas du tout, je crois pas du tout.
20:16 Non, non, je crois pas du tout.
20:17 Jordan Bardella a ré-exprimé la même chose que ce que j'ai eu l'occasion d'exprimer.
20:22 Nous sommes contre l'envoi d'armes offensives à l'Ukraine.
20:24 Voilà, c'est clair.
20:25 Donc à l'envoi de tout ce qui peut permettre à l'Ukraine…
20:27 Tout ce qui est défensif ne pose aucun problème, nous l'avons dit dès le départ.
20:30 Tout ce qui est offensif nous pose un souci, surtout nous y sommes opposés.
20:37 Et pourquoi ça vous pose toujours un souci ? Parce que ça fait un an que vous êtes sur
20:40 cette ligne.
20:41 Ça pose pas de souci.
20:42 Non mais sur les armes offensives, comment vous faites la différence déjà entre les
20:45 deux ?
20:46 Pourquoi ça pose un souci ? Parce que ça peut être l'élément qui va faire dégénérer
20:53 une guerre qui est pour l'instant encore une guerre territoriale en guerre mondiale.
20:56 Alors moi, je suis celle qui défend la paix.
21:01 Je suis celle qui cherche à faire la promotion de la paix depuis le début de ce conflit.
21:05 Je suis celle qui réclame l'organisation d'une grande conférence sous l'égide
21:10 et l'impulsion de la France.
21:12 Une grande conférence pour la paix en mettant l'intégralité non seulement des belligérants
21:17 mais également des pays concernés, des voisins de ce conflit autour de la table.
21:21 Je pense qu'on croit que la guerre c'est au travers d'un écran mais ça n'est pas
21:28 un film américain cette guerre en Ukraine.
21:31 Ça n'est pas un jeu vidéo.
21:33 C'est un drame humain absolu.
21:35 Ce sont des dizaines de milliers voire maintenant au moment où nous parlons des centaines de
21:42 milliers de morts, de blessés, d'amputés.
21:45 C'est ça la guerre.
21:47 C'est terrible.
21:48 Et moi, ceux qui souhaitent cette guerre ou souhaitent l'aggraver, souhaitent la diffuser,
21:55 souhaitent l'élargir, eh bien ils portent je crois une responsabilité.
21:59 Historiquement, la France peut jouer ce rôle de grande organisatrice de la conférence
22:06 pour la paix.
22:07 Donc je maintiens qu'il faut faire cela et je l'ai dit plusieurs fois.
22:11 Je vais le répéter parce que c'est important.
22:14 Il n'y a pas 50 solutions au-delà de la paix.
22:17 Il n'y a pas 50 solutions.
22:18 Il n'y a même que des mauvaises solutions.
22:20 Soit la Russie gagne et c'est dramatique parce que tous les pays qui ont un conflit
22:24 territorial iront le régler par la force en pensant qu'ils peuvent obtenir ainsi une
22:30 bénédiction.
22:31 Soit l'Ukraine gagne et elle ne gagnera que si l'OTAN en réalité vient au soutien
22:36 de l'Ukraine.
22:37 Et si l'OTAN entre en guerre aux côtés de l'Ukraine, alors c'est le monde entier
22:41 qui est en guerre parce que la Chine entrera également très certainement dans le conflit.
22:46 Soit on continue à livrer en réalité des armes que nous n'avons pas d'ailleurs
22:51 et qui départissent notre propre armée au compte-goutte à l'Ukraine et alors c'est
22:55 la guerre de cent ans qui est devant nous.
22:57 Donc il n'y a que des mauvaises solutions humaines.
23:00 Comprenez ?
23:01 Il nous reste très peu de temps Marine Le Pen.
23:03 Une question sur l'inflation des prix de l'alimentation.
23:06 14,5% en février sur un an et ce n'est pas fini puisque la facture moyenne pourrait
23:12 être augmentée encore de 10%.
23:14 Le gouvernement a lancé une opération baptisée « trimestre anti-inflation ». Est-ce que
23:20 ça va dans le bon sens ?
23:21 Non, c'est nul, ça ne sert à rien.
23:23 C'est une opération commerciale en réalité pour les grands distributeurs car on n'exige
23:28 rien, on n'a aucune garantie.
23:30 C'est un logo gouvernemental appliqué sur des marques de distributeurs d'ailleurs
23:36 sans que le gouvernement n'ait la capacité d'influer sur le prix des produits qui
23:42 bénéficieront de ce logo.
23:44 Liberté du commerce dit Bruno Le Maire qui dit qu'on ne peut pas bloquer les prix
23:47 administrativement.
23:48 Non mais il y a beaucoup de choses qu'ils pourraient faire pour limiter l'inflation
23:52 parce que l'inflation est la conséquence en grande partie de leurs propres décisions
23:56 politiques qui ont été profondément erronées, que ce soit sur l'énergie, que ce soit
24:02 sur le nucléaire, que ce soit sur les masses monétaires qu'ils ont laissées être adressées
24:11 aux banques par l'Union Européenne, que ce soit par les super profits qui nourrissent
24:18 l'inflation comme l'a admis la BCE contre lequel ils refusent de lutter.
24:23 Enfin, ils ont une responsabilité qui est essentielle et ce n'est pas avec un logo
24:27 encore une fois sur lequel ils n'ont aucun pouvoir d'appréciation que l'on va régler
24:32 le drame, le mur de l'inflation que j'avais annoncé bien avant la guerre en Ukraine.
24:38 Nicolas Demorand : merci Marine Le Pen, président du groupe Rassemblement National à l'Assemblée
24:43 Nationale d'avoir été à notre micro ce matin.
24:45 !

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