• il y a 10 mois
Clémentine Autain, députée LFI-Nupes de Seine-Saint-Denis, évoque le plan d'économies de 10 milliards annoncé par Bruno Le Maire, la crise agricole et les prochaines élections européennes pour lesquelles la gauche se présente en ordre dispersé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-vendredi-23-fevrier-2024-3576314

Category

🗞
News
Transcription
00:00 France Inter, Ali Baddou, Marion Lourdes, le 6/9.
00:07 Grand entretien ce vendredi matin avec Marion Lourdes, notre invité est député, membre
00:12 du groupe La France Insoumise, élu de la 11ème circonscription de Seine-Saint-Denis.
00:17 Vos questions, vos réactions, chers auditeurs au 01 45 24 7000 ou sur l'application France Inter.
00:24 Bonjour Clémentine Autain.
00:25 Bonjour Ali Baddou.
00:26 Bonjour.
00:27 Il y a une manifestation des agriculteurs ce matin à l'appel des syndicats et à la
00:31 veille du Salon de l'Agriculture.
00:33 Grève des salariés de la Tour Eiffel, c'est symbolique.
00:36 Grève annoncée des aiguilleurs de la SNCF également ce week-end.
00:39 Comment est-ce que vous qualifieriez le climat social du pays ?
00:43 Comme une cocotte minute.
00:47 J'ai le sentiment que la France est en ébullition, souvent sourde et parfois exprimée, comme
00:53 c'est le cas avec les agriculteurs, les contrôleurs dont vous parlez.
00:57 D'autres entreprises connaissent des grèves importantes.
01:00 Et en même temps, je pense qu'il y a quelque chose de très sourd dans le pays.
01:04 Il y a du ressentiment, de la colère, avec des Français très inquiets.
01:08 Et ils ont raison de l'être.
01:10 Ils sont inquiets.
01:11 Quoi de commun entre les agriculteurs, les agents de la SNCF, d'autres éventuellement
01:15 qui pourraient être en colère comme vous le dites ?
01:18 Je pense qu'il y a au contraire beaucoup de communs.
01:20 Peut-être que vous ne le voyez pas, mais moi je pense qu'il y a beaucoup de communs
01:22 parce que quand vous prenez chaque secteur, vous voyez que c'est le résultat d'une
01:27 même politique qui est menée depuis maintenant des décennies.
01:29 C'est pour ça que les Français sont inquiets, c'est qu'on ne voit pas le bout du tunnel.
01:32 On est sans cesse à produire la même politique qui nous amène dans le même mur.
01:37 Cette politique c'est quoi ? C'est une politique qui est au service des marchés,
01:42 qui organise la soumission de l'État à la loi du marché avec un gouvernement et
01:47 des gouvernements qui se suivent et se ressemblent, qui ont totalement rompu avec ce qui est l'esprit
01:51 public.
01:52 C'est pourquoi les services publics, on parlait de la SNCF, de la grève à la SNCF,
01:58 les services publics sont laminés.
02:00 Les 10 milliards que vient d'annoncer Bruno Lemaire en moins pour le budget qui vient,
02:06 ces 10 milliards vont impacter considérablement l'écologie, toute la transition écologique,
02:12 mais aussi les services publics puisque ce sont des postes de fonctionnaires qui vont
02:15 être supprimés dans l'éducation nationale.
02:17 C'est entre 8 000 et 11 000 postes en moins qui vont devoir supporter l'éducation nationale.
02:25 Prenez les agriculteurs, c'est une question de revenus.
02:28 Rien n'est résolu.
02:32 Le gouvernement a fait de la communication, a donné satisfaction à la FNSEA en lui donnant
02:38 d'une certaine manière un permis à polluer.
02:40 La FNSEA lève les barrages mais pour la majorité des agriculteurs, strictement rien n'est
02:46 résolu.
02:47 Vous pouvez imaginer que dans une société comme la France, aujourd'hui, ceux qui produisent
02:52 l'alimentation, de ce qui nous permet de nous alimenter, n'ont pas de quoi vivre.
02:56 Mais qu'est-ce que vous auriez proposé de plus, vous pour les agriculteurs ?
02:59 Justement, LFI, si vous étiez au pouvoir aujourd'hui, qu'est-ce qu'il y a de plus
03:02 à proposer ?
03:03 Il a quand même proposé beaucoup de mesures le gouvernement.
03:04 Il y a la loi EGalim, il y a les entreprises, les distributeurs dont certains vont être
03:08 sanctionnés.
03:09 Je peux vous dire que nous aurions pris des mesures absolument pas du tout dans le même
03:12 sens.
03:13 Et pourtant, il n'est pas acceptable que le gouvernement, pour répondre à la colère
03:17 des agriculteurs, dise "on va abaisser les normes environnementales".
03:19 Voilà un chemin qui n'est absolument pas le bon chemin.
03:22 En plus, là, avec, vous le savez, le thermomètre Nodu qui est supprimé et qui crée une alerte
03:29 très forte des membres du conseil scientifique du plan ECOFITO.
03:35 Donc on fait pas ça ? Pourtant c'est une demande des agriculteurs ?
03:38 Non, vous ne pouvez pas dire ça comme ça.
03:41 Pourquoi c'est une demande de certains agriculteurs ? Et en particulier du haut du panier, de
03:47 ceux qui y ont intérêt.
03:48 Et c'est ça qui ne va pas du tout.
03:49 Les céréaliers, ça va bien la vie.
03:51 Le problème c'est la majorité des autres agriculteurs parce qu'il y a de la vente
03:54 à perdre.
03:55 Vous connaissez d'autres métiers où vous travaillez dur, vous n'avez pas de week-end,
03:58 vous n'avez pas de vacances et au final vous vendez des produits à un prix qui est
04:02 en dessous du prix de revient.
04:03 Il y a eu plusieurs lois EGalim ?
04:05 C'est insensé.
04:06 Qu'est-ce qu'on fait ? On fait des prix planchers.
04:08 On fait en sorte que la réglementation empêche la vente à perte.
04:12 Ça c'est la première chose.
04:13 Donc les consommateurs vont devoir payer à l'arrivée ?
04:15 On fait en sorte que les intermédiaires ne se gaffent pas.
04:20 Parce que l'intérêt des agriculteurs et l'intérêt des consommateurs, en réalité
04:25 c'est le même.
04:26 Les producteurs et les consommateurs.
04:28 Comme les usagers aujourd'hui du train qui sont en colère parce qu'il y a la grève
04:31 et les contrôleurs qui eux sont en colère parce qu'ils ne peuvent pas faire leur travail
04:35 dignement parce qu'ils demandent à être deux contrôleurs par train et c'est bien
04:39 normal et qu'ils demandent à ne pas être payés en prime parce que les primes ça ne
04:42 rentre pas dans le calcul notamment de la retraite.
04:44 Donc l'intérêt que les agriculteurs puissent vivre de leur travail en faisant des productions
04:50 de qualité et l'intérêt des consommateurs y sont liés.
04:53 De la même manière l'intérêt de ceux qui font grève à la SNCF et des clients que
04:58 nous sommes et qui voyons se détériorer le train.
05:01 Enfin je veux dire vous avez pris le train comme moi.
05:02 Quand j'étais jeune, je vais vous dire, quand j'étais jeune la France pour moi,
05:06 quand on me demandait c'est quoi la France quand j'étais ado, j'ai dit…
05:08 Le pays où les pains arrivent à l'heure.
05:09 Exactement, c'était le pays…
05:10 J'ai été élevée avec une obsession de la ponctualité et j'étais dans le train
05:15 et je regardais les secondes et j'observais que le train partait à la minute.
05:19 Je prends beaucoup le train maintenant, quasiment jamais le train part à l'heure.
05:23 Qu'est-ce que c'est que ce pays ?
05:24 Mais cette revendication de faire rentrer les primes dans les salaires, ça justifie
05:28 qu'on bloque des dizaines de milliers de vacanciers pendant un week-end ?
05:32 Mais écoutez, si vous trouvez un autre moyen de se faire entendre…
05:35 C'est une revendication catégorique.
05:36 Mais là vous êtes en train d'opposer les uns aux autres.
05:38 Pas du tout, mais ils n'ont pas fait grève pour le service public, ils ont fait grève
05:41 pour leurs salaires.
05:42 Il faut bien qu'il y ait des gens qui défendent le service public et ça c'est le travail
05:46 des salariés, des entreprises publiques ou quand vous avez aussi des grèves dans l'éducation
05:50 nationale, et bien oui c'est embêtant pour les parents qui ne peuvent pas aller travailler.
05:53 Et pour autant c'est un moyen, un moteur.
05:56 Le problème aujourd'hui c'est que le gouvernement ne l'entend pas et sans faire dans une logique
06:00 politique qui est une logique de soumission, de soumission totale aux lois du marché et
06:05 de dépeçage de ces services publics.
06:07 Et cette politique-là, c'est cette politique-là qui nous emmène dans le mur.
06:10 Donc je vous disais les prix planchers pour les agriculteurs et j'insiste aussi sur
06:15 sortir des traités de libre-échange.
06:17 Parce qu'il y a un grand déménagement du monde.
06:20 Jamais nous ne serons compétitifs avec des pays où les normes sanitaires, où les normes
06:25 sociales, où les normes environnementales sont aussi basses.
06:28 Ça ne peut pas fonctionner.
06:29 Et par ailleurs la relocalisation de l'économie, c'est une condition sine qua non pour relever
06:34 le défi climatique.
06:35 Donc vous voyez bien qu'il y a aujourd'hui une politique qui est menée, qui l'effet
06:40 la parbelle au marché, qui tourne le dos au défi climatique et le fait qu'il y ait
06:44 2,2 milliards d'euros sur les 10 milliards qui sont supprimés dans les budgets publics
06:50 par le gouvernement sur les programmes environnementaux qui nous permettraient d'atteindre, certainement
06:56 pas, mais en tout cas de commencer à atteindre nos objectifs en termes d'émissions de
07:00 gaz à effet de serre.
07:01 Vous voyez bien que tout ça est une plaisanterie.
07:03 Et vous ouvrez le site de l'Elysée.
07:04 Et qu'est-ce qu'on vous explique sur le site de l'Elysée ?
07:07 Que la grande priorité nationale du président de la République c'est l'écologie.
07:11 Franchement, on s'étrangle.
07:13 C'est la limite du en même temps.
07:14 Donc dans la colère et l'inquiétude des Français, je pense qu'il y a aussi cette
07:19 parole politique présidentielle qui est littéralement discréditée par le "en même temps"
07:25 où vous avez Gabriel Attal qui peut dire quand il est ministre de l'éducation nationale,
07:29 il peut annoncer la création de 2137 postes d'enseignants en 2024.
07:34 Il le dit très tranquillement le 21 décembre 2023.
07:36 Et le 21 février 2024, le même Gabriel Attal, certes Premier ministre depuis, signe le décret,
07:43 ce fameux décret qui supprime les postes dans l'éducation nationale et enlève 700
07:47 millions si ma mémoire est bonne, pour l'éducation nationale.
07:49 Donc tout ça, tout ça ne peut plus marcher.
07:52 Et c'est pourquoi je dis que c'est une cocotte minute que les Français sont inquiets,
07:56 qu'ils ont raison de l'être et que maintenant le défi, c'est comment on trace le chemin,
08:00 le chemin qui permet d'ouvrir l'espoir pour les Français, de se dire que non, nos
08:04 enfants ne vivront pas plus mal que nous, qu'il est possible de vivre dignement de
08:08 son travail, qu'il est possible d'avoir des remplaçants quand à l'école, on a
08:13 un enseignant qui est malade, qu'il est possible d'avoir des trains qui fonctionnent.
08:18 Et je pense en particulier aux trains du Cotignac puisque maintenant, même à Paris, le métro
08:21 est saturé.
08:22 Enfin je veux dire, où va la France à ce rythme-là ? Ça n'a aucun sens puisque
08:28 les choses se délitent, se détruisent et qu'on a le sentiment que plus rien ne marche.
08:32 Vous avez parlé d'obsession de la dette Clémentine Autain.
08:35 Est-ce que c'est vraiment une obsession ? Est-ce que ce n'est pas finalement quelque
08:40 chose qui s'impose ? Est-ce qu'il faudrait sortir des traités européens par exemple ?
08:44 La question de la dette est évidemment un sujet.
08:48 Personne ne peut vous dire.
08:49 Si nous étions au gouvernement, nous serions évidemment soucieux de savoir comment on
08:59 fait avec cette dette.
09:00 Mais je vois bien à quel point c'est utilisé.
09:02 De la même manière que le « on n'augmente pas les impôts ». On entend toujours ça.
09:06 Le gouvernement qui lui dit « c'est une entrée, je vais vous répondre sur la dette
09:10 ». Les deux choses sont liées parce que les 10 milliards, ils sont au nom d'eux.
09:13 On n'augmente pas les impôts et ils sont au nom de la dette, la dette, la dette.
09:17 Sur les impôts.
09:18 Et en ont deux, il faut répondre aux règles budgétaires européennes, maintenir le déficit
09:22 public en dessous de la barre des 3%, la dette en dessous des 60% du PIB.
09:26 Est-ce qu'il faut sortir des traités européens Clémentine Autain ? C'est une question
09:29 qui se pose.
09:30 La question est est-ce que c'est possible d'émettre davantage de titres de dette ?
09:35 Oui, bien sûr que c'est supportable.
09:37 Vous savez qu'aux Etats-Unis, la dette est beaucoup plus importante et pourtant ils
09:42 ont fait l'Inflation Reduction Act.
09:45 Vous connaissez ça aux Etats-Unis.
09:46 C'est-à-dire qu'ils ont investi 400 milliards dans la transition écologique,
09:51 ils ont investi pour que le coût de la santé soit moins important et ils sont endettés
09:54 infiniment plus que nous.
09:55 Est-ce que l'économie s'est effondrée ? Non.
09:58 Pourquoi ? Parce que le titre de la dette est un titre sûr.
10:01 Et la France, comme l'Allemagne, comme les Pays-Bas, a un titre sûr.
10:05 Pour le dire autrement, je vais être extrêmement explicite, pour le dire autrement.
10:08 Si vous voulez, nous quand on émet des titres de dette, il y a deux fois plus d'investisseurs
10:15 qui sont prêts à les attraper que ce que nous en émettons.
10:18 Vous entendez ça ? Donc on pourrait faire beaucoup plus de titres de dette et même
10:22 des titres verts qui seraient gagés par la BCE, par la Banque Centrale Européenne.
10:26 Donc le discours sur la dette, à la fois il faut le prendre au sérieux, mais il ne
10:31 peut pas être le prétexte à ne pas mener les investissements nécessaires pour faire
10:35 face au choc climatique qui est devant nous.
10:37 Et d'ailleurs même le FMI ou l'ADEME nous disent "Attention, si on n'est pas
10:42 capable d'investir pour changer le modèle de développement, en fait on va creuser de
10:47 la dette, c'est-à-dire on va être obligé de s'endetter encore plus".
10:51 Donc vous voyez, il y a une stratégie à avoir.
10:53 Et en fait la stratégie aujourd'hui qui consisterait à s'endetter pour investir
10:58 dans la transition écologique, pour investir dans les services publics, pour investir dans
11:02 les biens communs, ça c'est de la bonne dette.
11:04 Et ça nous avons les moyens de le faire parce qu'encore une fois on n'est pas
11:07 obligé d'être enfermé dans la discipline de marché.
11:10 Sur les impôts je reviens parce que les deux se tiennent.
11:12 Les impôts, la question c'est qui paye des impôts ? Quels impôts on augmente ?
11:16 Quels impôts on diminue ? Il faut diminuer les impôts sur les TPE et les PME, ça c'est
11:22 l'évidence.
11:23 Mais il faut augmenter les impôts pour les plus riches.
11:25 Et le gouvernement, le gouvernement pour les grands groupes, le gouvernement il ne
11:29 pense que réduction de la dépense publique.
11:31 Quand est-ce qu'il va penser ? Mais écoutez-moi, quand est-ce qu'il va penser recettes ?
11:35 Quand est-ce qu'il va penser 10 milliards ? Mais c'est rien à trouver.
11:37 Vous remettez l'ISF, vous avez déjà 3 milliards.
11:39 La flat tax, on continue.
11:41 La CVAE, contribution sur la valeur ajoutée, que le gouvernement a décidé de continuer
11:45 de suspendre.
11:46 10 milliards, précisément ces 10 milliards.
11:48 Si simplement, si simplement il arrêtait de suspendre la contribution sur la valeur
11:53 ajoutée, on n'aurait pas à faire toutes ces coupes.
11:55 Ces coupes pour le budget de l'environnement, ces coupes pour l'éducation nationale,
11:59 ces coupes au développement, ces coupes pour les femmes, comme le disait tout à l'heure
12:02 Cécile Mayfair.
12:04 Ça c'est insupportable.
12:06 C'est une grossière erreur de gestion financière.
12:11 J'avoue que j'ai de la colère ce matin parce que j'ai l'impression qu'on ne
12:16 tire aucune leçon.
12:17 Aucune leçon de 40 années de politique qui continue à être soumise à la loi du marché,
12:23 qui continue d'être…
12:24 Au néolibéralisme.
12:25 Oui.
12:26 Où on peut vous rétorquer qu'on a le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé
12:29 ou l'un des plus élevés de l'OCDE à 40% du PIB.
12:32 Et justement, prélèvement pour quoi faire ?
12:34 Prélèvement pour quoi faire ?
12:36 Parce que l'impôt, vous dites on a des prélèvements.
12:39 Mais ces prélèvements, ils sont faits pourquoi ?
12:41 Auprès de qui ?
12:43 La taxe sur les super-profits, elle a été votée à l'Assemblée nationale, personne
12:46 n'en veut.
12:47 Vous trouvez ça acceptable ?
12:48 Sérieusement, Alibadou, vous trouvez normal que les entreprises du CAC 40 en 2023, elles
12:54 ont fait 97 milliards d'euros de bénéfices alors qu'on a une crise majeure, une inflation
13:05 dingue et qu'ils aient augmenté ce qu'ils engrangent de 21% par rapport à 2022 ?
13:11 Est-ce que vous trouvez ça, Alibadou, normal ?
13:13 Est-ce que vous trouvez normal que 4 milliards des plus riches ont vu leur fortune augmenter
13:19 de 87% depuis 2020 ?
13:21 Est-ce que vous trouvez ça normal ?
13:23 Moi je vous dis que la question c'est le partage des richesses.
13:25 Bonjour Chantal, bienvenue sur Inter, vous nous appelez de Marseille ?
13:30 Je vous appelle de Marseille, je voulais dire à Clémentine Autain que je l'apprécie
13:34 énormément en tant que féministe et militante.
13:37 Et je suis très triste qu'on aille en ordre dispersé aux européennes.
13:44 Maintenant, j'espère qu'après les européennes, vous, M.
13:49 Ruffin, M.
13:50 Corbière, etc., vous allez nous faire quelque chose d'unitaire et vous bouger un peu les
13:56 lignes, y compris à la France Insoumise.
13:59 Voilà.
14:00 Merci en tout cas Chantal pour votre intervention.
14:03 Que répondez-vous à Chantal ?
14:04 Il sont nombreux les auditeurs à réclamer l'émergence d'un mouvement qui serait
14:10 différent ailleurs que la France Insoumise.
14:13 D'abord merci à Chantal pour sa question et lui dire que je suis comme elle.
14:18 Je regrette qu'on n'ait pas trouvé le chemin d'une campagne commune des gauches
14:24 et des écologistes pour les européennes.
14:26 Maintenant, il faut prendre acte de la situation et se dire bien sûr qu'après les européennes,
14:32 il faudra reprendre le bâton de pèlerin et vous pourrez compter sur moi pour tracer
14:38 la route et se donner les moyens de gagner en 2027.
14:41 Et je veux dire à celles et ceux qui nous écoutent que j'ai absolument la condition
14:44 - Vous avez déjà la tête à 2027 ? - Non, j'ai d'abord la tête à faire la
14:47 campagne de Manon Aubry.
14:48 On me pose la question.
14:49 Pour les européennes, faire la campagne de Manon Aubry et je le ferai vraiment avec conviction
14:56 parce que je pense que le travail de notre délégation a été très fort, très pertinent,
15:02 très actif.
15:03 Une délégation emmenée par Manon Aubry.
15:05 Donc je le fais avec, et je le ferai jusqu'au bout avec enthousiasme.
15:11 Mais la question qui m'est posée est sur l'après et je sais que beaucoup de Français
15:15 s'inquiètent sur la perspective, surtout à l'heure où on nous explique du matin
15:18 au soir quasiment que Le Pen a déjà gagné.
15:20 Donc c'est insupportable.
15:22 Et donc oui, je pense aussi aux échéances suivantes et je pense que nous devons nous
15:28 dire que pendant ces européennes, il ne faut pas créer de fractures à l'intérieur
15:32 des gauches et des écologistes.
15:33 Une chose est que chacun défende son profil.
15:37 Mais il faut qu'on soit capable de dire que nous nous donnerons les moyens de gagner
15:42 et nous pouvons gagner.
15:43 Je le dis ici solennellement, je crois que la gauche non seulement doit, mais peut gagner
15:48 en 2026.
15:49 Mais Clémentine Autain, la gauche elle est fracturée et votre parti lui-même il est
15:52 fracturé.
15:53 Vous avez dénoncé par exemple dans "C'est à vous" cette semaine les comportements
15:56 d'exclusion de Jean-Luc Mélenchon qui est le leader de la France insoumise.
16:00 Et il y a un militant, elle a fait qu'il a porté plainte pour harcèlement moral et
16:02 violence psychologique au sein du parti.
16:05 C'est le lot d'après lui de toutes les têtes qui dépassent chez LFI.
16:08 Vous décririez-vous les choses de cette façon dans votre parti ?
16:11 Je n'ai pas du tout venu ce matin pour polémiquer.
16:14 Ce n'est pas un secret de polychinelle que de dire que l'ambiance n'est pas radieuse
16:19 dans notre groupe et dans notre famille politique.
16:22 Et je pense d'ailleurs que si on veut aider la campagne de Manon Aubry, ce qui serait
16:28 bien c'est d'être capable de rassembler la France insoumise.
16:32 Derrière qui ? C'est François Ruffin ?
16:34 Non, là en l'occurrence il s'agit de la campagne de Manon Aubry.
16:38 Pour 2027.
16:39 Ce que je veux dire c'est qu'il y a des débats, comme dans toutes les familles politiques,
16:46 et nous manquons d'instances pour les réguler, pour les trancher démocratiquement.
16:50 Il y a des débats, mais quand on parle de projet de sabotage, ce n'est pas du débat.
16:53 Et c'est ce qui peut créer, ce qui contribue à créer des abcès.
16:58 Et que les choses se passent aussi toujours sur le terrain public, puisqu'il manque
17:03 la machine à laver interne.
17:05 Mais je ne veux pas polémiquer ce matin, et je veux dire à quel point nous avons besoin
17:09 non seulement que la France insoumise trouve les moyens de dépasser ces clivages, et de
17:13 faire en sorte que les militants n'en soient pas à déposer des plaintes, ou à quitter
17:17 soit avec fracas, soit à bas bruit notre mouvement.
17:21 Mais qu'au contraire, ils puissent s'y sentir bien, même quand ils ne sont pas d'accord
17:24 en tout point avec ce que décide la direction.
17:26 Mais harcèlement moral, ça existe ?
17:28 Écoutez, je découvre comme vous cette plainte, donc il faut regarder.
17:35 Mais je pense que c'est important dans un mouvement politique, surtout quand il est
17:38 émancipateur, de faire en sorte qu'il y ait un climat qui soit un climat qui permette
17:42 à tout le monde d'être quand même serein dans le mouvement.
17:45 Ça c'est important.
17:46 Et ensuite, de travailler avec les partenaires.
17:48 Il est encore émancipateur, bon, on a du mal à vous croire, mais la campagne des européennes
17:52 démarre à peine.
17:53 Il y a la question de l'unité de la France insoumise, il y a aussi la question de l'unité
17:56 de la gauche qui a explosé.
17:57 Et on a vu un tir groupé contre Raphaël Glucksmann qui porte la liste PS place publique.
18:03 Traité de vatanguer par Éric Coquerel sur la question ukrainienne, traité d'irresponsable
18:09 par Manuel Bompard.
18:10 Votre campagne, on a l'impression que c'est une campagne contre le PS qui était vos alliés
18:15 il y a pas si longtemps.
18:17 J'ai écouté aussi Raphaël Glucksmann, on ne peut pas dire qu'il était très tendre
18:22 avec les insoumis.
18:23 Donc vous pourriez aussi citer ce qu'a dit Raphaël Glucksmann au sujet de la France
18:30 insoumise.
18:31 Et par ailleurs, oui, j'ai des désaccords avec l'interview qu'il a donnée que vous
18:35 citez.
18:36 C'est de bonne guerre ?
18:39 Non, c'est pas de bonne guerre.
18:40 Je ne trouve pas que c'est de bonne guerre, mais je pense que tout le monde aurait intérêt
18:44 encore une fois à ne pas créer des fractures.
18:46 Et à faire en sorte que pendant cette campagne européenne, si chacun doit faire entendre
18:51 sa petite musique, qu'on n'oublie pas le concert commun.
18:55 Mais ce qu'a dit Raphaël Glucksmann, c'était en réponse à ces propos forts tenus par
19:00 vos camarades Bonpart et Coquerel.
19:02 Il y a eu des propos forts de Raphaël Glucksmann sur la démocratie et la France insoumise,
19:07 avec des propos injustes.
19:09 Bonjour Dominique.
19:10 Oui bonjour.
19:11 Et sur les marchés.
19:12 Et bienvenue dans le Grand Entretien Inter.
19:15 Vous avez une question pour Clémentine.
19:16 Oui, elle est la suivante.
19:18 Madame Autain est en colère, d'accord, mais pensez-vous qu'il y a immensément plus important
19:22 que nos problèmes domestiques dont vous nous parlez ce matin, qui sont pertinents certes,
19:29 mais je veux parler de plus important.
19:31 Selon vous, qu'est-ce qu'il y a ?
19:34 Bon, je vous réponds tout de suite.
19:36 C'est l'agonie militaire de l'Ukraine qui pointe en face de la Russie et à laquelle
19:40 nous devrions nous disposer, nous tous en Europe, en économie de guerre pour les aider
19:46 bien davantage.
19:47 Et là, l'économie de guerre, ça ne va plus être de savoir si on va devoir partir
19:51 au sport d'hiver, si on va pouvoir rouler sur les routes ou quoi que ce soit.
19:55 Voilà, moi je vous pose cette question.
19:59 L'heure est grave.
20:00 Et ce que je reproche à France Inter, c'est que…
20:06 Alors, Dominique, laissez d'abord Clémentine Autain vous répondre et ensuite vous nous
20:09 ferez part de vos reproches.
20:11 Clémentine Autain.
20:12 Oui, je partage la préoccupation immense pour la situation en Ukraine.
20:18 C'est tout à fait juste de la pointer.
20:20 En revanche, je dis faisons attention à ne pas dire…
20:23 Parce qu'à ce compte-là, il y a plus grave.
20:25 On connaît bien ça avec les féministes.
20:28 Vous savez, quand on se plaint des violences conjugales en France, on nous dit "mais
20:32 regardez les femmes en Iran".
20:33 Bon, donc ça, c'est pas possible.
20:35 On ne peut pas dire que les Français qui s'appauvrissent, ceux qui n'arrivent pas
20:39 à se loger, des services publics qui sont complètement cassés, que tout ça, on n'en
20:43 parle pas parce qu'il y a une situation en Ukraine ou la situation au Proche-Orient
20:47 et que Gaza, qui est dans un état qui me glace.
20:52 Donc oui, les guerres qui nous préoccupent aujourd'hui sont essentielles à notre regard
21:00 et impliquent notre investissement.
21:02 Et c'est vrai que l'Ukraine, pour répondre d'un mot sur l'Ukraine, Poutine a profité
21:07 du fait que ce qui s'est passé en Israël, l'attaque du Hamas, puis la guerre d'Israël
21:15 contre les Palestiniens, ce massacre effrayant, a éclipsé un peu et a laissé du champ à
21:20 Poutine.
21:21 Or, Poutine, c'est un régime effroyable.
21:24 Il ne faut avoir aucune naïveté sur le régime poutinien.
21:28 Et il faut soutenir les Ukrainiens qui, aujourd'hui, sont en train d'être exsangues.
21:32 Donc je partage cette préoccupation.
21:34 Deux questions rapides de Clémentine Autain.
21:36 Judith Godrech prendra la parole ce soir pendant la cérémonie des Césars.
21:40 C'est un combat que vous avez mené parmi les premières.
21:44 Qu'est-ce que vous attendez de cette prise de parole ? Encore une, encore une, dans le
21:48 monde du cinéma et encore au cours d'une cérémonie très solennelle.
21:53 Elle était bouleversante quand elle témoignait au micro de Sonia De Vilaire, ici même dans
21:57 ce studio.
21:58 D'abord, je voudrais lui envoyer toute ma sympathie, mon empathie, mes encouragements,
22:05 mon soutien.
22:06 Je n'ai pas de mots.
22:07 Mon courage aussi, parce que ce n'est pas évident ce soir d'être face à tout ce
22:10 monde du cinéma qui peut se sentir coupable d'avoir couvert, d'avoir manqué, de n'avoir
22:20 pas ouvert les yeux, mais aussi aujourd'hui, de manquer de parole.
22:23 Heureusement qu'il y a Judith Godrech et d'autres femmes, Anna Mouglalis et d'autres
22:27 qui ont parlé.
22:28 Mais je trouve qu'on entend fort peu de grands acteurs, même de stars du cinéma,
22:34 qui là diraient « oui, je suis avec vous, il faut que ça cesse ». Il y a un problème
22:39 structurel.
22:40 Et ce problème structurel, il est dans le cinéma révélé aujourd'hui, avec des conditions
22:46 de précarité, des rapports de classe aussi, des rapports de genre, des rapports des adultes
22:49 vis-à-vis des enfants.
22:51 Mais c'est un problème qu'on connaît malheureusement dans toute la société, dans
22:55 le monde politique aussi, parce qu'au fond, la question qui est posée est celle du pouvoir.
23:00 Et justement, sur la question politique, sur celle de la violence faite aux femmes, Adrien
23:05 Kattenins, député de la France Insoumise, a fait son retour médiatique cette semaine
23:09 dans les médias.
23:10 Qu'est-ce que ça vous inspire qu'il revienne alors qu'il a été absent pendant un an
23:14 suite à sa condamnation à quatre mois de prison pour violence conjugale ?
23:18 Je pense que le problème a été les conditions très chaotiques de sa mise en retrait, alors
23:30 que notre mouvement a pris des décisions de sanction.
23:33 Il y a eu une communication qui n'a pour le moins pas permis d'être comprise à
23:38 échelle de masse.
23:39 Et donc, ça ne permet pas un retour totalement serein.
23:44 Après ces quatre mois de prison avec sursis, il peut revenir dans l'espace public, ce
23:50 n'est pas un problème.
23:51 C'est la décision qui a été prise, là pour le coup, avec un débat, un vote à
23:58 l'intérieur de mon mouvement.
23:59 Et après, les Français jugeons.
24:04 Merci Clémentine Autain d'avoir été l'invité de France Inter ce matin et d'avoir répondu
24:08 aux questions des auditeurs.
24:11 Bonne journée à suivre sur Inter.

Recommandations