Ce matin, France Inter vous propose un débat d'entre-deux-tours avec Clémentine Autain (Nouveau Front Populaire), députée réélue de Seine-Saint Denis, Aurore Bergé (Ensemble), candidate à sa réélection dans les Yvelines et Jean-Philippe Tanguy (RN), candidat à sa réélection de la Somme.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
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00:00Un moment politique sans précédent, une dissolution surprise le soir d'une défaite
00:04électorale et une configuration politique jamais vue.
00:07Trois blocs ce défi dans les urnes pour ce second tour des élections législatives anticipées
00:11ce dimanche.
00:12Le Rassemblement National en tête dans les intentions de vote, le Nouveau Front Populaire,
00:17gauche réunie après des mois de batailles fratricides et la coalition présidentielle
00:22distancer le parti ensemble et ses alliés.
00:24Trois blocs qu'on n'a pas encore vu débattre dans cette entre-deux-tours.
00:28Le débat a donc lieu ce matin sur France Inter.
00:31On a poussé les murs pour parler projet, mesures, propositions.
00:34Pendant 40 minutes, avec Yael Ghoz nous recevons… 35 minutes, avec Yael Ghoz nous recevons
00:40non pas les dirigeants des blocs mais leurs représentants pour éclairer ce vote d'après-demain.
00:44Dans l'ordre alphabétique, Clémentine Autain, déjà réélue députée LFI de Seine-Saint-Denis
00:49et qui représente le Nouveau Front Populaire.
00:52Bonjour.
00:53Bonjour.
00:54Aurore Berger, ministre déléguée chargée de l'égalité entre femmes et hommes et
00:56candidate à sa réélection dans les Yvelines pour le parti ensemble, la majorité sortante.
01:00Bonjour.
01:01Bonjour.
01:02Et pour le RN, Jean-Philippe Tanguy, candidat à sa réélection dans la Somme et président
01:06délégué sortant du groupe RN à l'Assemblée pour quelques heures encore.
01:10Bonjour donc à tous les trois.
01:11Merci pour votre invitation.
01:12Et pour ce moment que nous avons passé ensemble, nous avons choisi de vous interroger sur trois
01:16préoccupations majeures exprimées par les Français à l'occasion de ce scrutin.
01:20D'abord les deux priorités qui ressortent de notre étude IPSOS sur les motivations du
01:25reste, à savoir le pouvoir d'achat suivi de l'immigration.
01:28Et nous ouvrirons un troisième thème, l'école, parce que l'école engage l'avenir de notre
01:33pays.
01:34Et on en parlait dans le débat éco juste avant 8h, on commence par le pouvoir d'achat
01:38très largement en tête des préoccupations chez les personnes sondées par IPSOS.
01:42Oui, et c'est vous qui ouvrez le bal Jean-Philippe Tanguy.
01:45Rebonjour.
01:46Votre principale mesure, celle que vous mettriez en place immédiatement, la seule d'ailleurs
01:50dont vous avez chiffré le coût, c'est la TVA, abaissée de 20 à 5,5% sur les carburants
01:56et l'énergie.
01:57Pourquoi ce cadeau pour tout le monde, y compris pour les plus aisés ?
02:00Nous considérons que l'énergie est un produit de première nécessité.
02:04Comme c'est un produit de première nécessité, il doit y avoir la TVA qui correspond à cette
02:07réalité des factures et de la vie des gens, que ce soit chez moi dans la Somme ou dans
02:13l'ensemble du territoire.
02:14On ne choisit pas de prendre sa voiture par plaisir, mais parce qu'il faut aller travailler,
02:18il faut emmener les enfants à l'école, il faut s'occuper de ses aînés ou de ses
02:22proches, il faut évidemment se chauffer, s'éclairer, bref, avoir une vie normale.
02:26Aujourd'hui, les Françaises et les Français sont étouffés par les dépenses contraintes
02:31et la baisse de la TVA qui correspond donc à une réalité, c'est pour ça qu'on pourra
02:34l'obtenir à Bruxelles dans la durée, est la meilleure mesure.
02:38Et ça doit concerner tout le monde parce qu'aujourd'hui on a un problème de consentement
02:41à la fois à l'impôt et à la dépense publique parce que les classes moyennes se
02:44sentent toujours, elles le sont d'ailleurs, exclues de tous les dispositifs et il y a
02:49d'autres moyens de récupérer les quelques dizaines d'euros que les plus riches vont
02:54économiser par mois, par d'autres mesures fiscales.
02:56Clémentine Autain, pour le Nouveau Front Populaire, souhaitez-vous réagir à cette TVA réduite
03:00à 5,5% ?
03:01Oui, nous, nous souhaitons un choc de pouvoir d'achat et il y a un mensonge de l'extrême
03:07droite qui est assez terrifiant d'ailleurs, c'est que les ouvriers, les employés ne
03:12verraient pas avec une accession de Jordane Bardalla aux responsabilités leur situation
03:17s'améliorer.
03:18Le programme de l'extrême droite a été chiffré et on voit qu'il sera favorable,
03:23il serait favorable aux 10% les plus riches et défavorable aux 30% les plus pauvres.
03:28Nous, ce que nous proposons, et nous sommes les seuls à le faire, c'est une hausse
03:32des salaires avec un SMIC à 1600 euros, c'est l'augmentation.
03:37On va y venir, mais d'abord, pourquoi cette TVA vous pose problème ?
03:41Parce que ce n'est pas la solution, nous nous proposons de bloquer les prix de première
03:45nécessité, donc sur l'énergie, l'alimentation, le carburant, ça oui, mais si vous faites
03:51cette simple mesure sur la TVA, TVA qui est un impôt très injuste, mais néanmoins vous
03:55allez aider les plus riches puisque ce sont eux qui payent le plus de TVA, donc cette
04:00TVA n'est pas un impôt juste, mais vous voyez bien que cette simple mesure ne va pas
04:05créer le choc nécessaire pour répondre à la situation des français qui sont pris
04:10à la gorge, vous faites les courses Yael Ghosn, n'importe qui fait ses courses, vous
04:14voyez bien le problème.
04:15Non mais je veux dire, moi à chaque fois que je fais des courses, je me dis mais comment
04:18font les gens ? Comment font les gens ? Donc bloquer les prix de première nécessité
04:21et augmenter les salaires, ça ce sont des mesures concrètes qui permettent de faire
04:24un choc de pouvoir d'achat quand l'extrême droite d'ailleurs n'inquiète pas du tout
04:28la bourse, vous savez qu'après le premier tour, et j'espère qu'il sera fortement
04:31corrigé dimanche prochain, la bourse s'est enflammée parce qu'elle n'a absolument
04:36pas peur du programme de l'extrême droite et on le comprend.
04:38Aurore Berger pour la majorité présidentielle sortante, une réaction à la TVA 5,5 du
04:42RN ?
04:43Alors pour répondre à cette mesure, pour moi il y a trois difficultés, la première
04:45déjà c'est que c'est subventionner l'énergie fossile, à partir du moment où on parle
04:49des enjeux de transition écologique et énergétique, je ne suis pas certaine que ce soit une bonne
04:52idée de subventionner des énergies fossiles aussi massivement, la deuxième c'est que
04:57la baisse de la TVA ne garantit pas du tout la baisse des prix parce que ce sont des
05:00cours mondiaux, de manière évidente, et le risque c'est que demain, une augmentation
05:04des cours efface la baisse de la TVA, c'est à dire qu'on aura à réinjecter énormément
05:09d'argent public pour financer cette mesure, on ne dit pas clairement d'ailleurs comment
05:13elle serait financée, si ce n'est peut-être demain par des hausses d'impôts qui ne sont
05:16pas avouées, parce qu'à un moment on vous promet plus de dépenses et une baisse des
05:20recettes, il va bien falloir quand même réussir à les financer, mais en plus il n'y a pas
05:23forcément de garantie d'un pouvoir d'achat supplémentaire, enfin je pense que c'est
05:26une fable en termes de capacité à le réaliser, puisque ça veut dire qu'il faut le négocier
05:30auprès de la Commission Européenne et qu'il n'y a absolument pas la garantie que ça
05:34puisse être mis en place, si ce n'est éventuellement de manière dérogatoire, mais de manière
05:39dérogatoire il y a beaucoup de choses que demande le Rassemblement National au niveau
05:41de l'Union Européenne, m'étonnerais qu'ils obtiennent tout, et ça veut dire que ce serait
05:44mis en place pour une durée limitée, donc je pense que ça coûte très cher, ça subventionne
05:48les énergies fossiles, c'est pas garanti que ça baisse les prix sur le moyen et le
05:52long terme, et en plus c'est même pas sûr qu'ils arrivent à le réaliser.
05:55Ce sera le cas, le blocage européen Jean-Philippe Tanguy ?
05:58Non, non, les gouvernements de gauche de la péninsule ibérique, le Portugal et l'Espagne
06:02ont baissé la TVA, et la Pologne l'a fait sur le carburant, et ça a parfaitement fonctionné,
06:08ils ont eu une dérogation, il n'y a eu aucun problème, et une étude dont personne ne parle
06:11jamais, y compris la Commission Finance où M. Coquerel a refusé de recevoir le président
06:16de la Banque Centrale du Portugal, puisqu'il a fait une étude qui prouve que la baisse
06:19de TVA sur les produits de première nécessité est répercutée à 100%, puisque ce sont
06:23des produits tellement concurrentiels que cela fonctionne parfaitement.
06:27Le blocage des prix ne peut pas fonctionner pour une raison simple, c'est que le carburant
06:31on l'importe, le gaz on l'importe, donc si vous bloquez les prix en France, vous n'allez
06:36pas bloquer le prix des Saoudiens ou des Américains qui vous vendent du gaz de schiste.
06:40Donc ça ne fonctionne pas, c'est une baguette magique qui finit toujours mal, parce qu'on
06:44sait bloquer les prix, on ne sait pas comment en sortir, et ça fait toujours de l'hyperinflation à la fin.
06:48Clémentine Autain, c'est votre tour pour le nouveau Front Populaire, votre mesure phare,
06:51vous en parliez tout à l'heure, celle qui inquiète certains employeurs, le SMIC,
06:54augmenter de 200 euros soit 1600 euros net par mois, est-ce que ce que vous faites gagner
06:59en pouvoir d'achat, l'économie peut le perdre en destruction d'emplois ?
07:03Non, je crois profondément à l'inverse, nous proposons la hausse du SMIC, nous proposons
07:07également d'augmenter de 10% le point d'indice pour les fonctionnaires, de mettre l'AH
07:12au niveau du SMIC et le minimum vieillesse au-dessus du seuil de pauvreté.
07:16Et je crois au contraire que c'est un choc qui va permettre d'augmenter les carnets
07:21de commandes, des TPE et des PME, et que ce choc améliorera très concrètement le quotidien des Français.
07:30Vous savez qu'en Espagne et en Allemagne, ces mesures de hausse des salaires ont été prises,
07:34et on avait prédit un effondrement de l'économie, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé,
07:38et ça a au contraire généré une possibilité de vivre mieux pour des millions d'Espagnols
07:46et des millions d'Allemands.
07:47C'est cette voie qui nous paraît la plus juste au moment où, vous le savez,
07:50pendant toutes ces crises, vous avez des grands groupes économiques qui ont engrangé
07:54des profits faramineux, vous avez des hyper-riches qui ont vu leurs fortunes exploser
08:00et la pauvreté s'installer, les inégalités s'installer.
08:03Donc, mieux répartir les richesses, ça commence par faire en sorte que le travail paye,
08:08puisque de nos jours, vous avez des gens qui travaillent et qui, malgré tout,
08:13n'arrivent pas du tout à nourrir leurs familles, à pouvoir se loger dignement,
08:17à pouvoir vivre tout simplement correctement et non survivre.
08:21Donc, ce choc de pouvoir d'achat, il est pris en tenaille entre à la fois ce blocage
08:25des prix et cette hausse des salaires, et c'est le moyen d'augmenter les carnets
08:29de commande des TPE et des PME.
08:31Et je pense que ce choc-là, le point sur lequel il faut insister, parce que je sais
08:37qu'il y a des directeurs de TPE et de PME, des présidents, des directeurs, ça dépend
08:41des structures, je pense à l'économie sociale et solidaire, qui peuvent s'inquiéter
08:45de la manière dont ils vont pouvoir prendre en charge cette revalorisation.
08:52Mais je veux insister sur le fait qu'il y a ces carnets de commande qui vont aussi
08:56être accrus par la transition écologique.
08:59Vous savez, quand vous mettez beaucoup d'argent de dépenses publiques, et nous,
09:02nous avons chiffré, nous savons financer, vous allez permettre à tout un tissu économique
09:07de pouvoir avoir des moyens d'absorber...
09:11Restons sur ce SMIC M600 euros, est-ce que c'est quelque chose que vous auriez pu faire
09:15au Robert G, sans la dissolution ?
09:16Est-ce qu'il y a un enjeu sur les salaires ? La réponse est évidente, elle est oui.
09:19On a une nécessité d'arriver à augmenter le pouvoir d'achat, et le meilleur moyen
09:23de le faire, c'est évidemment la protection que nous on a essayé de mettre en place
09:27pour les Français.
09:28Je pense par exemple au bouclier tarifaire énergétique qui a permis aux Français
09:31d'économiser 2000 euros sur leur facture d'électricité en moyenne, qui n'a malheureusement
09:35pas été voté par la France Insoumise par exemple.
09:38Mais au-delà de ça, la question spécifique est posée sur le SMIC.
09:42Pour moi, il y a plusieurs difficultés dans ce qui est dit.
09:45Il y a immédiatement tout de suite ce qui est dit, c'est les très grands groupes.
09:48Et ensuite, avec l'antinotin qui se rattrape en disant oui, mais il y a aussi les petites entreprises.
09:52Très bien, moi ce que j'ai lu dans le programme Nouveau Front Populaire, vous me direz si
09:55je me trompe, c'est que cette mesure d'augmentation du SMIC, elle serait elle-même financée
09:59par l'État, qui viendrait mettre en place un fonds de soutien pour les TP-PME, donc
10:03ça veut dire qu'on subventionne les salaires.
10:05C'est-à-dire que c'est l'État qui va prendre en charge l'augmentation des rémunérations
10:09et l'augmentation des salaires.
10:10Clément Tinotin vous dit oui, elle dit que vous avez bien compris.
10:13Sauf que ça veut dire que ça va coûter à la fois soi-disant à des entreprises qui
10:19pourraient se le permettre et qui devront se débrouiller toutes seules pour financer.
10:24C'est quoi les critères ? C'est la taille de l'entreprise, c'est la masse salariale,
10:28c'est ce fameux carnet de commandes qui augmenterait de manière miraculeuse immédiatement.
10:33Et ensuite, ça coûte combien ce fonds de soutien ? Pendant combien de temps ? Combien
10:37de salariés sont pris en charge ? Et est-ce que c'est pas le risque justement de stocker
10:41au niveau du SMIC beaucoup de Français ? Quand le Premier ministre a parlé de dé-smicardisation
10:45de la société, c'est ça le risque.
10:47C'est qu'à un moment, en vérité on dit que c'est pas très drôle.
10:52Ce qui me fait peur, c'est que ceux qui vont être juste au-dessus, outre le caractère
10:57à mon avis irréaliste du financement de cette mesure.
10:59Puisqu'encore une fois, ce serait un fonds de soutien qui financerait pour les TPE et
11:02les PME.
11:03Et donc l'État qui subventionnerait l'augmentation du SMIC, ce qui n'est pas sain.
11:05Je pense que c'est pas à l'État de prendre en charge les salaires.
11:07Là-dessus, on aurait dû normalement pouvoir s'accorder dans un monde normal.
11:11Et en plus, je pense que ça va bloquer beaucoup de rémunérations au niveau du SMIC, alors
11:16que l'objectif c'est plutôt d'augmenter les rémunérations.
11:18Clémentine Autain, Ror Berger, il faut la laisser parler parce que vous avez un petit
11:21peu d'avance là.
11:22Oui, alors non.
11:23Ce qui me fait rire jaune, c'est qu'on a l'impression qu'il n'y a pas de bilan.
11:27Ror Berger, depuis tout à l'heure, critique les mesures des autres.
11:30On me demande de réagir aux mesures, donc j'entends l'exercice.
11:33J'entends bien.
11:34Mais j'aimerais bien avoir un temps de bilan sur le désastre que vous avez produit depuis
11:407 ans que vous êtes au pouvoir.
11:41La baisse du chômage notamment.
11:42Oui, alors c'est sûr qu'on veut aussi un travail à la tâche et réduire le taux
11:47de chômage en sortant les gens des courbes, en les jetant dans la pauvreté et de l'autre
11:50côté en les obligeant à prendre des boulots qui sont extrêmement mal rémunérés.
11:55Donc moi j'aimerais bien savoir à quel moment il y a une remise en cause.
11:58C'est quoi les critères, vous avez dit, pour aider les TPE, PME ?
12:01Oui, nous pouvons soutenir cette hausse des salaires pour des petites entreprises qui
12:06sont utiles pour le pays.
12:07Combien de milliards, Mme Berger ?
12:09Non mais c'est une question très pratique concrètement sur le financement de cette
12:12mesure.
12:13Combien de milliards avez-vous déversé au grand groupe sans aucun critère ? Je vous
12:15assure que si nous mettons des critères sociaux et environnementaux sur des critères pour
12:22les aides publiques, vous avez dilapidé l'argent public.
12:30Vous laissez 1000 milliards d'euros de dettes.
12:32Vous avez 1000 milliards d'euros de dettes.
12:34Donc sur les comptes publics c'est une catastrophe ce que vous avez fait, notamment parce que
12:37vous avez dilapidé l'argent public.
12:39Là on est parti sur un autre thème qui est celui des finances publiques, artistes
12:43sociales et environnementales sans aucun critère.
12:45Jean-Philippe Tanguy, nous ferons des critères.
12:47C'est subventionné et soutenu.
12:49C'est un débat à trois.
12:51Il y a beaucoup de retard.
12:54Clémentine Autain, s'il vous plaît.
12:56On va laisser parler Jean-Philippe Tanguy, qu'il y a beaucoup de retard.
12:59Est-ce qu'il vous écoutez ?
13:02On a besoin que ça soit audible.
13:05Jean-Philippe Tanguy doit aussi s'exprimer sur ce sujet du pouvoir d'achat.
13:09Tout à l'heure, Clémentine Autain, vous disiez un programme pour les riches, le programme
13:12du RN.
13:13Vous avez notamment travaillé sur la question du salaire.
13:15Oui, bien sûr.
13:16La critique dont parlait Madame Autain, c'était dans Alternative Economics.
13:20Ce sont des économistes engagés auprès du Nouveau Front Populaire.
13:23Ils ont leur liberté de parole, mais ça n'engage qu'eux.
13:25Si on a plus de 50% des ouvriers, des employés, maintenant les catégories intermédiaires,
13:30c'est-à-dire le monde du travail qui vote pour Jordan Bardella et le RN.
13:33Je vois bien, une fois de plus en Picardie.
13:35C'est bien qu'ils ont compris qu'on défendait leurs intérêts.
13:37Sur le salaire, il n'y a jamais eu autant de personnes au SMIC.
13:4017% des salariés au SMIC, c'est le bilan de ce gouvernement.
13:44J'aimerais bien savoir aussi, après Madame Berger, comment vous allez sortir de cette
13:48trappe à bas salaire.
13:49Parce que ça fait six mois que le gouvernement nous annonce des mesures.
13:51M.
13:52Autain a fait toute sa campagne en disant que je vais lisser les aménagements de charges
13:55pour sortir les gens du SMIC.
13:57On ne sait toujours pas à quoi ça correspond.
13:58Parce que les allégements de charges, et là, Madame Autain a raison, ça correspond
14:01à des...
14:02Ça fait des cotisations sociales, M.
14:03Vous savez que ça sert à financer la sécurité sociale.
14:05Ecoutez, je peux finir mon propos.
14:06Madame Autain, ce n'est pas une accusation.
14:07Pour les entreprises, c'est vu comme des charges.
14:08Vous avez raison, c'est des cotisations.
14:10Mais ce n'est pas l'enjeu du sujet.
14:11L'enjeu du sujet, c'est comment vous allez faire, Madame Berger, pour lisser ces dizaines
14:15de milliards d'allégements de cotisations ou de charges.
14:18On n'a aucune explication alors que vous êtes au gouvernement.
14:20Il y a un rapport qui devait être publié fin juin.
14:22On l'attend.
14:24Donc, c'est très facile d'accuser tout le monde.
14:25Mais vous, qu'est-ce que vous proposez ?
14:26Nous, notre mesure, elle est sur la table depuis trois ans.
14:28Une augmentation de 10% de tous les salaires d'une entreprise sans cotisations à faire
14:32en tassée de charges pendant cinq ans.
14:34Des cotisations au bout de cinq ans, contrairement à ce qu'a été dit.
14:36Pour relancer les salaires et pour sortir de cette trappe à bas salaire.
14:40Aurore Berger, Jean-Philippe Tanguy vous a interpellé.
14:42Qu'est-ce que vous voulez lui répondre, rapidement ?
14:44Ce qui est nécessitaire, en effet, c'est d'arriver à lisser les cotisations, c'est-à-dire
14:46les charges, qui sont celles des entreprises.
14:48Parce qu'on voit bien que les allègements de charges, à un moment, malheureusement,
14:51n'ont pas suffisamment favorisé la question de la hausse des salaires.
14:53Par contre, ce que propose le Nouveau Front Populaire, c'est-à-dire de supprimer tous
14:57ces allègements de charges.
14:58Le risque, c'est quoi ?
14:59C'est notamment des entreprises du statut industriel qui nous disent que c'est simple.
15:03En fait, si vous voulez qu'on continue à investir en France, plutôt que de partir
15:06et de mettre notre outil productif, par exemple en Allemagne, si on n'a plus ces allègements
15:10de charges, on ne le fera pas.
15:11On ne pourra pas continuer à investir.
15:13J'entends totalement les critiques, sinon on ne serait pas là aujourd'hui.
15:16Évidemment qu'il y a des choses à remettre en question.
15:18Par contre, ce qu'on ne peut pas remettre en question, c'est à la fois la baisse du
15:21taux de chômage, la baisse du taux de chômage des jeunes et les investissements étrangers.
15:25Le fait qu'on ait réussi quand même à amorcer une réindustrialisation de notre
15:28pays.
15:29On ne peut pas y arriver.
15:30On va devoir fermer cette page sur le pouvoir d'achat.
15:33Parce qu'on a d'autres sujets.
15:34On n'a pas de réponse sur le lissage des charges au bout de trois semaines de campagne
15:36du gouvernement.
15:37Alors que ça représente des dizaines de milliards.
15:39C'est vrai, mais on doit passer à d'autres sujets.
15:41L'allègement des cotisations sociales ne permet pas d'augmenter les salaires.
15:45Donc, l'électorat a très en avance d'augmenter les salaires.
15:48S'il n'y a pas des mesures qui sont prises à l'échelle de l'État.
15:52On va devoir passer à notre prochain chapitre.
15:54Le grand débat continue sur France Inter.
16:01Et on ouvre le deuxième chapitre consacré à la politique migratoire.
16:04Dans notre baromètre Ipso, c'est la deuxième préoccupation exprimée par les électeurs
16:07qui sont allés aux urnes dimanche dernier.
16:09On commence avec vous, Jean-Philippe Tanguy, pour l'ERN.
16:11Lors du débat à Troyes face à Gabriel Attal et Emmanuel Bompard le 25 juin,
16:15Jordan Bardella a fixé un objectif.
16:17Il a déclaré qu'il n'y aurait plus que 10 000 entrées légales par an.
16:21Un solde de 10 000 entrées.
16:23Différence entre les entrées et les sorties.
16:25Comment vous arrivez à ce chiffre ?
16:27Sachant qu'avec les étudiants et même simplement avec les conjoints étrangers,
16:30on dépasse les 100 000.
16:32Comment faites-vous pour arriver à 10 000 par an ?
16:34C'est pour ça que j'ai insisté sur le terme de solde.
16:36C'est-à-dire qu'il ne va pas y avoir 10 000 entrées.
16:38Il y aura plus d'entrées légales pour les étudiants ou les conjoints
16:42de personnes qui sont légitimes à rester sur le territoire.
16:44Mais comme nous allons par exemple expulser les clandestins,
16:48on ne sait pas s'il y en a entre 500 000 et 1 million de clandestins en France,
16:53il y aura plus de sorties que d'entrées sur ce domaine-là.
16:57C'est une politique parallèle.
16:59C'est l'absurdité de ce qui nous est reproché.
17:01Il ne s'agit pas de fermer toutes les frontières
17:03et que plus personne ne puisse rentrer en France.
17:06Comme nous voulons exécuter les obligations de quitter le territoire
17:09et ne plus permettre aux personnes qui n'ont pas à rester sur notre territoire
17:15et qui ne doivent plus le rester,
17:18le solde sera de 10 000 pour l'exécuter.
17:20Il y aura trois mesures.
17:22Première mesure, suspendre définitivement et dans la durée les visas.
17:26Deuxième mesure, suspendre l'aide au développement.
17:28Troisième mesure, suspendre les fonds qui sont versés
17:31par les diasporas étrangères en France vers leurs pays d'origine.
17:34Si ces pays d'origine n'appliquent pas le droit international.
17:36Je vous rappelle que reprendre les ressortissants nationaux d'un pays étranger
17:41c'est une obligation du droit international.
17:43Ce sont ces pays qui sont en infraction et pas la France.
17:45Aurore Berger, pour la majorité présidentielle actuelle,
17:48on vous voyait réagir, dire non, même pendant que Jean-Philippe Tanguy parlait.
17:52Je posais la question du comment.
17:54Parce que c'est facile de venir sur un plateau en disant
17:57avec nous évidemment on exécutera à 100%
17:59toutes les obligations de quitter le territoire français.
18:01La vérité c'est que c'est malheureusement beaucoup plus complexe.
18:03C'est d'ailleurs la dernière proposition que vous avez faite en disant en rétorsion
18:06s'ils ne reprennent pas leurs ressortissants étrangers
18:08on interdira à des gens qui sont sur le territoire français
18:11de pouvoir envoyer de l'argent dans leur pays d'origine.
18:13C'est ce que vous avez dit.
18:14Je pense que c'est profondément illégal.
18:16De quel droit on interdirait par exemple à quelqu'un qui travaille sur notre territoire
18:19qui est d'une certaine origine, d'un certain pays
18:22de pouvoir envoyer de l'argent à sa famille
18:24qui serait restée dans son pays d'origine.
18:26C'est profondément illégal et je trouve ça accessoirement profondément choquant.
18:30La liberté de capitaux n'est pas absolue Madame Berger.
18:32Moi je trouve ça profondément choquant que quelqu'un qui travaille
18:34n'ait pas le droit de faire ce qu'il veut à partir du moment où c'est légal
18:38évidemment de son argent y compris par exemple soutenir sa famille
18:41ce qui permet peut-être aussi que les personnes restent dans leur pays
18:44plutôt qu'elles n'aient envie accessoirement de venir.
18:47Donc moi je ne vois toujours pas concrètement comment le Rassemblement National...
18:50Vous n'êtes pas d'accord avec la mesure. Vous avez le droit.
18:53Oui mais vous garantissez pas.
18:54C'est un moment, c'est facile de dire qu'avec vous ce sera 100%.
18:57Il n'y a jamais évidemment la garantie...
18:59Avec vous c'est 8% seulement.
19:00Il n'y a jamais évidemment la garantie que ce soit le cas.
19:02Je sais bien qu'on a un déficit sur la capacité à exécuter les obligations
19:07de quitter le territoire français.
19:08On est malgré tout le premier pays européen, le meilleur élève dans la matière
19:13parce que ces nécessités, c'est-à-dire des gens qui tout simplement
19:15ne respectent pas les conditions pour être en France,
19:18ne doivent pas et n'ont pas vocation à y rester.
19:21C'est pour ça que moi je refuse catégoriquement qu'on puisse demain
19:24abroger la loi Asile-Immigration, c'est ce que propose nos fronts populaires
19:27parce que je crois qu'on a besoin de règles claires,
19:29régulariser ceux qui travaillent et ceux qui s'intègrent par leur travail
19:33et qui respectent les lois de la République,
19:35refuser évidemment ceux qui n'ont pas vocation à rester,
19:38qui enfreignent nos lois, qui enfreignent nos valeurs
19:40et qui donc doivent pouvoir être reconduits à la frontière.
19:43Je crois que ce sont des principes assez simples
19:45qui doivent pouvoir être mis en place.
19:47On vous voit lever les yeux au ciel Clémentine Autain.
19:49Votre proposition effectivement pour le nouveau front populaire,
19:52c'est d'abolir la loi Asile-Immigration qui a été votée par la majorité
19:56bientôt sortante, c'est aussi garantir le droit du sol intégral
19:59pour les enfants nés en France.
20:01Le Président de la République a dit que vous aviez un programme
20:04totalement immigrationniste, vous comprenez ce terme ?
20:06Vous vous rendez compte ?
20:08Le Président de la République qui reprend le terme de l'extrême droite
20:10pour nous qualifier ?
20:12Écoutez, je suis révoltée parce que l'extrême droite
20:16depuis des années a installé cette peur des étrangers,
20:21cette volonté violente de chasser tous les immigrés,
20:25de stigmatiser les populations issues de l'immigration.
20:29Nous sommes dans un climat où c'est devenu la deuxième priorité des Français
20:34tel que le disent les sondages, ce qui est une aberration totale.
20:38Et l'extrême droite ment aux Français en expliquant que
20:41parce que nous chasserions les immigrés, nous aurions des solutions
20:44pour celles et ceux qui sont en souffrance,
20:46qui n'ont pas de services publics dans les sous-préfectures
20:48ou dans les territoires comme ceux de la Seine-Saint-Denis,
20:51qui ont des problèmes de fin de mois, voire de début de mois
20:54et que parce qu'on va s'en prendre aux immigrés, on trouverait une solution.
20:58Eh bien moi, je pose un diagnostic totalement différent.
21:01Le problème n'est pas une crise migratoire, il va falloir s'y faire.
21:04Parce que l'émigration, avec la crise climatique, avec les guerres,
21:08tout ce que aussi M. Bolloré, votre ami, qui pille l'Afrique
21:11et qui ensuite fait qu'un certain nombre de personnes
21:14fuient ces territoires pour venir là où ils essaient de trouver...
21:20Non, ce n'est pas ridicule d'imaginer que vous avez des grands financiers de ce monde
21:28qui dérégulent tout et qui font aussi qu'on crée des situations de guerre,
21:33de misère qui fabriquent en fait ces migrations.
21:37Donc moi, je ne partage pas ça. Je pense que le problème majeur,
21:40c'est une crise de l'accueil.
21:42Ça fait depuis les années 80, tous les deux ans,
21:44il y a une loi qui durcit les conditions d'accueil.
21:47La vérité, c'est qu'on ne sait pas mettre des barres le belay, s'enfermer.
21:50Même le mur du Mexique n'a pas réussi à empêcher les migrants d'arriver.
21:55Donc il faut changer de stratégie.
21:57La stratégie que je propose, c'est de faire en sorte que quand on travaille...
22:00Vous savez la France qui se lève tôt ?
22:02Moi je la connais bien, en Seine-Saint-Denis, il y a 30% d'immigrés.
22:04Laissez-moi juste terminer cette phrase.
22:06Une France qui se lève tôt pour aller nettoyer les bureaux
22:09des grands groupes économiques dans l'ouest parisien.
22:12Ceux qui nettoient les rues.
22:15Ceux qui viennent.
22:17On a compris qu'il fallait les accueillir.
22:19Beaucoup sont migrés ou issus de l'immigration.
22:22C'est vrai, ceux-là ils sont régularisés par le travail.
22:24C'est faux.
22:26Ou alors Berger-Colesser répond Jean-Philippe Tanguy
22:28qui a été d'accord pour régulariser tous les immigrés qui travaillent.
22:31Ce n'est pas votre proposition.
22:33Clémentine Autain, vous êtes très en avance.
22:37Je crois que ce n'est pas la volonté des Français d'ailleurs.
22:39Ecoutez-vous si je dis vrai, n'osez à bon.
22:41Et ce climat raciste est insupportable.
22:43Vous m'accusez moins de racisme ?
22:45Je suis en train de vous dire que le débat
22:49que vous avez sollicité à l'Assemblée nationale
22:52ne fallait pas se comporter comme des roquets sur le plateau.
22:54Parce que vraiment, nous accuser de racisme
22:56quand il y a des lunettes au terme,
22:58c'est de l'opposant.
23:00Le débat que nous avons eu sur la loi Asile-Immigration
23:04où nous avons discuté de faire des tests osseux
23:06pour vérifier que des jeunes ont bien l'âge ou non
23:08est être infâme.
23:10Il faut laisser Jean-Philippe Tanguy
23:12qui est très en retard vous répondre
23:14puisque vous l'avez interpellé.
23:16J'essaie de respecter les règles qu'on s'était fixées
23:18d'écouter tout le monde.
23:20Je ne vois pas pourquoi on tombe tout de suite
23:22dans la caricature, la stigmatisation
23:24disant qu'on veut expulser tous les immigrés
23:26alors qu'on vient d'expliquer le contraire.
23:28Vous avez des personnes qui sont en situation clandestine
23:30de manière illégale sur notre territoire.
23:32Ils n'ont pas à rester sur le territoire français.
23:34Si la loi n'a plus de sens,
23:36si les clandestins ont les mêmes droits que les immigrés légaux,
23:38plus rien n'a de sens.
23:40C'est qu'on ne récompense pas
23:42les gens qui respectent nos lois.
23:44Le fait d'être sur notre territoire de manière clandestine
23:46c'est enfreindre nos lois, que ça vous plaise ou non.
23:48Sinon, on supprime les lois
23:50et l'état de droit dont vous parlez matin, midi et soir
23:52n'a plus de sens.
23:54Considérez que l'immigration clandestine est une chance
23:56pour les clandestins. Vous le dites vous-même
23:58qu'ils font des métiers difficiles alors qu'évidemment
24:00leur statut clandestin, et si vous les régularisez
24:02ils seront remplacés par d'autres clandestins
24:04faits qu'ils travaillent dans des conditions de travail
24:06très difficiles, souvent inhumaines.
24:08C'est une des causes, et vous le savez Madame Autain,
24:10du fort taux d'accidents de travail dans notre pays,
24:12des morts qu'il peut y avoir sur un certain
24:14nombre de chantiers de BTP, parce que
24:16ces personnes ne sont pas respectées,
24:18leurs droits ne sont pas respectés, les salaires sont
24:20systématiquement à la baisse, ça a été d'ailleurs
24:22un combat, tout le monde peut voir les archives
24:24de grandes figures de la gauche
24:26de ne pas défendre l'immigration comme une filière
24:28de travail, parce que c'est une armée de réserve
24:30pour un certain patronat qui ne se comporte
24:32pas bien. Donc toujours être dans la caricature
24:34Madame Autain, de ne pas pouvoir discuter de l'immigration
24:36comme n'importe quel autre sujet, et non pas
24:38des immigrés d'ailleurs,
24:40de manière rationnelle, et tout de suite être dans l'invective
24:42les insultes, les procès d'intention,
24:44je n'ai jamais tenu de propos
24:46racistes de ma vie, et je vous interdis
24:48Madame Autain de me traiter de raciste
24:50tant que vous n'êtes pas capable de le prouver.
24:52Il y a des limites à tout, moi je vous respecte,
24:54je ne vous ai jamais caricaturé, je ne vous ai jamais
24:56insulté, ni ici ni ailleurs, je ne vois pas
24:58pourquoi, à 8h30 du matin,
25:00je serais censé être accusé de ne pas respecter
25:02les personnes immigrées, alors que
25:04c'est une ligne rouge de mon engagement politique,
25:06que ça vous plaise ou non. En un mot Clémentine Autain,
25:08mais très rapidement. Vous faites
25:10une différence entre l'immigration et les immigrés, mais c'est
25:12lunaire. Si on parle d'immigration,
25:14il y a des gens, non, il y a des gens derrière,
25:16ceux qui meurent dans la mer Méditerranée, ce sont des êtres
25:18humains, et pour moi la richesse de la France,
25:20bien sûr,
25:22que vous allez accentuer cela, vous êtes
25:24pour qu'on fasse des sauvetages en mer, non, vous allez
25:26leur sucrer les subventions, vous allez
25:28fermer, vous êtes dans une logique
25:30de fermeture, et vos candidats...
25:32Il y a des limites à tout, vous ne pouvez pas m'accuser de volonté d'homicide
25:34à 8h30 du matin,
25:36comme je ne vous ai pas dit que vous vouliez tuer des gens,
25:38vous ne pouvez pas dire à 8h30 du matin que je veux
25:40tuer des gens et que je ne veux pas secourir des enfants,
25:42des femmes et des enfants, et des hommes en mer. Il y a des limites
25:44à tout. Nous n'avons jamais remis en cause
25:46le sauvetage en mer, nous avons juste dit
25:48qu'il faut appliquer le droit international,
25:50et que ce soit ramené sur les côtes. Donc est-ce qu'on peut se respecter
25:52Madame Autain ? On peut discuter d'immigration
25:54sans me traiter de meurtrier ?
25:56Je comprends bien, je comprends bien, et d'ailleurs
25:58c'est toute l'arnaque
26:00de l'extrême droite, on le voit avec
26:02les nombreux candidats. On va rester respectueux quand même ?
26:04Oui, mais arnaque c'est respectueux.
26:06Je pense qu'il y a
26:08une volonté aujourd'hui de ne pas
26:10donner à voir le vrai visage de l'extrême droite
26:12au pouvoir, que nous voyons ces derniers jours
26:14avec tous ces candidats qui tiennent des propos
26:16racistes, qui tiennent des propos
26:18antisémites, qui vendent des livres
26:20dans des librairies qui sont
26:22négationnistes. Donc je veux dire, il y a une logique
26:24qui est une logique de préférence nationale,
26:26de droit du sol, et qui est
26:28une rupture fondamentale
26:30avec ce qu'est la France. La France,
26:32c'est sa créolisation, c'est sa capacité
26:34d'intégration, c'est sa capacité
26:36d'ouverture, et avec l'extrême
26:38droite, je sais que nous allons aller
26:40dans une logique de haine de l'autre,
26:42de repli sur soi, et donc c'est logique
26:44contre logique. Il ne s'agit pas d'insulter,
26:46il s'agit de dire qu'elle est la réalité
26:48des politiques que vous mèneriez
26:50si vous accédiez aux responsabilités.
26:52Et beaucoup de gens
26:54ont peur pour leur vie.
26:56C'est vous qui leur faites peur.
26:58C'est vous qui leur faites peur.
27:00Et je comprends qu'ils aient peur.
27:02Et je partage cette peur.
27:04Franchement, ce que vous faites n'est pas correct, parce que vous alimentez
27:06des peurs, et effectivement il y a des gens qui sont en souffrance
27:08parce que vous dites des choses qui sont fausses,
27:10qui ne correspondent pas à la réalité.
27:12Vous voulez revenir sur le droit du sol ?
27:14Vous voulez fermer les frontières
27:16et limiter drastiquement
27:18l'immigration ?
27:20Et bien tout cela a des conséquences dans la chair
27:22et dans le corps de milliers et de milliers de personnes.
27:24C'est vous qui vivez de ces peurs et c'est triste.
27:26On passe à un autre chapitre.
27:28Le grand débat continue sur France Inter.
27:30France Inter.
27:32Législative 2024.
27:34Le débat.
27:36A 8h50, je ne sais pas si l'école va vous apaiser, mais c'est le chapitre qu'on ouvre.
27:38Et on commence avec vous, Aurore Berger, pour la majorité présidentielle
27:40sortante. Tout le monde y va de son
27:42choc d'autorité, voire de son big bang
27:44avec la promesse de moyens supplémentaires pour l'éducation.
27:46C'est le point commun à vos trois
27:48programmes. Aurore Berger, le président, avait
27:50le sujet dans l'atmosphère dès le mois de janvier
27:52et c'est assez logiquement qu'on le retrouve dans votre programme
27:54interdire le téléphone
27:56portable avant 11 ans
27:58et les réseaux sociaux avant 15 ans.
28:00Est-ce que c'est techniquement
28:02souhaitable, possible, et qui va faire
28:04la police de l'écran ?
28:06Est-ce que c'est souhaitable ? Oui. Je pense qu'en tant que parent,
28:08on le mesure et on voit l'angoisse que ça peut
28:10générer. Est-ce que c'est
28:12techniquement possible ? C'est évidemment plus difficile
28:14mais ce n'est pas pour ça qu'il faut s'interdire de travailler
28:16et de faire en sorte qu'au sein de l'Union Européenne
28:18on puisse y arriver avec cette majorité numérique
28:20à 15 ans parce que ça pose
28:22des questions qui sont majeures. La question
28:24de la lutte contre le harcèlement, on voit bien que malheureusement
28:26il n'y a plus d'horaire au harcèlement.
28:28Ça ne s'arrête pas à la fermeture
28:30des classes de nos enfants et ça continue
28:32évidemment au domicile. La question
28:34de l'accès à des sites pornographiques, quand on
28:36parle de la lutte contre les violences sexuelles,
28:38le fait de banaliser la capacité
28:40de nos enfants à avoir accès à des images d'une
28:42violence inouïe où des vraies femmes
28:44sont vraiment victimes de viol.
28:46C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, dès le mois de juillet
28:48on pourra enfin avoir des référentiels
28:50sur les sites pornographiques pour en interdire
28:52l'accès aux mineurs. Je crois que ça c'est un
28:54premier pas qui est absolument déterminant
28:56pour protéger nos enfants. Après
28:58sur l'école il y a bien d'autres choses évidemment
29:00à dire. Je pense qu'il faut qu'on puisse
29:02continuer ce qui a été amorcé.
29:04Moi je me félicite qu'on ait réussi le dédoublement
29:06des classes en CP et en C1.
29:08Le Rassemblement National veut supprimer
29:10le classement en REP. Je crois que
29:12ce n'est pas comme ça qu'on peut avancer alors
29:14qu'on a parfois des fragilités
29:16qui justifient évidemment qu'on ait des moyens
29:18supplémentaires. Je le vois moins élu dans
29:20un territoire qu'un territoire rural
29:22où on a maintenu massivement
29:24des classes dans les zones rurales
29:26malgré parfois des baisses d'effectifs
29:28parce que là encore la classe elle est souvent
29:30et l'école le lien social déterminant
29:32dans nos communes rurales
29:34et la capacité d'avoir du service public
29:36et d'avoir justement de l'égalité
29:38dans nos territoires.
29:40Je crois qu'il faut continuer dans cette voie, continuer aussi
29:42sur les revalorisations des enseignants.
29:44Aujourd'hui, heureusement on ne recrute plus un seul enseignant
29:46en moins de 2000 euros net, ça n'était pas le cas
29:48en 2017, ça a progressé, tant mieux.
29:50Jean-Philippe Tanguy, pour le RN, Ror Berger
29:52parlait de la fin du collège unique
29:54vous concernant, collège modulaire,
29:56qu'est-ce que c'est ? Oui, alors par contre on n'est pas pour la suppression
29:58des REP. C'est une fausse information
30:00qui s'est diffusée, ce n'est pas de votre faute,
30:02c'est parce que la presse l'a reprise mais ce n'est pas du tout dans le programme.
30:04C'est parce que vous n'êtes souvent pas très clair sur vos propositions.
30:06Mme Autain, pour votre bienveillance
30:08ce matin, je pense que tout le monde aura compris qu'on ne peut pas avoir un propos
30:10sans que ce soit critiqué
30:12mais enfin bon, c'est comme ça.
30:14Donc oui, la fin du collège unique, nous considérons
30:16qu'il faut revaloriser
30:18les filières professionnalisantes,
30:20le génie des mains, que la France
30:22par exemple, pour faire la transition énergétique, ce qui m'étonne
30:24beaucoup, nous avons besoin d'artisans
30:26qualifiés, de professionnels qui sont
30:28heureux et fiers de faire leurs
30:30beaux métiers et aujourd'hui, si
30:32par exemple, les rénovations de logements sont
30:34en retard, c'est que nous manquons de mains
30:36et de talent pour réaliser
30:38ces travaux et donc il faut valoriser
30:40ces filières parce qu'on ne peut pas parler de la transition énergétique
30:42si on n'a pas les moyens humains et professionnels
30:44derrière de les faire et la France, pendant longtemps
30:46il faut bien le dire, s'est complètement trompée
30:48de voie en stigmatisant les métiers
30:50manuels, en expliquant que la seule façon...
30:52C'était la fin de ma phrase et que ça a commencé
30:54à changer et qu'il faut donc poursuivre
30:56ce mouvement, que ce n'est pas infamant,
30:58que ce n'est pas grave d'avoir
31:00un autre choix et surtout qu'il y ait toujours des passerelles parce que
31:02effectivement, ce serait une mauvaise mesure si ce serait
31:04définitif. Ce qui est important, c'est qu'un enfant, un jeune,
31:06un adolescent ou un jeune adulte
31:08puisse toujours passer d'une filière à l'autre
31:10s'il en a la volonté
31:12et s'il travaille pour le faire
31:14et qu'on ne soit jamais coincé dans un sens
31:16ou dans l'autre dans un secteur ou dans un champ
31:18qu'on n'a pas choisi définitivement.
31:20Mais quand Jordan Bardella dit qu'il faut rentrer plus tôt
31:22dans l'emploi, ça veut dire qu'il faut faire moins
31:24d'études ? Mais il ne faut pas des études pour faire des études
31:26en soi, si vous êtes heureux.
31:28Mais tout de suite, ça y est, c'est une
31:30transgression morale. Faire des études
31:32en soi ne rend pas heureux.
31:34Moi, j'ai connu dans toute ma vie... Non mais ça peut servir.
31:36Bien sûr, mais pourquoi opposer les uns aux autres ?
31:38Mais c'est un choix. C'est un choix et une liberté.
31:40Oui, mais Mme Berger, d'ailleurs, vous l'avez dit,
31:42vous avez revalorisé le métier manuel. Avant,
31:44ce n'était pas un choix. Moi, je me souviens, quand j'étais au collège,
31:46on stigmatisait de manière très violente
31:48avec beaucoup d'ailleurs de violences sociales
31:50et sociétales, les enfants
31:52et les jeunes qui faisaient des filières professionnelles,
31:54professionnalisantes, en estimant qu'en gros,
31:56si on... Et je me souviens, par exemple, du monsieur
31:58apprentissage pendant longtemps qui dirigeait Veolia
32:00qui était intervenu, d'ailleurs, une fois sur France Inter,
32:02qui avait expliqué que l'apprentissage, c'est formidable et
32:04les journalistes de France Inter lui avaient demandé
32:06« Et vos enfants, est-ce qu'ils vont le faire ? » Il a dit « Ah bah non, sûrement pas mes enfants. »
32:08Voilà. Donc cette vision, si vous voulez,
32:10des métiers manuels, comme si on était malheureux
32:12quand on avait un métier manuel, c'est scandaleux.
32:14On peut très bien être heureux en faisant des études et par ailleurs,
32:16elle finirait là-dessus. Aujourd'hui,
32:18pour être un bon artisan, pour être un bon agriculteur,
32:20pour faire un métier manuel, on fait des études, en fait.
32:22Clémentine Autain, vous avez l'air sceptique.
32:24C'est pas du tout schématisant.
32:26D'abord, je voudrais dire que
32:28j'avoue, M. Tanguy, je n'ai pas de bienveillance
32:30à l'égard de l'extrême droite et je pense d'ailleurs
32:32que l'élection de dimanche
32:34porte un enjeu très important.
32:36C'est qu'il ne manque aucune voix de progressiste,
32:38d'humaniste, de personne
32:40attachée aux valeurs de la République
32:42et à l'État de droit
32:44pour vous barrer la route. Je viens
32:46sur l'école parce que ce que vous venez de dire
32:48en dit long sur votre projet. Moi,
32:50je crois à l'école de la République
32:52et je pense que plus nous élevons
32:54le niveau de scolarité, c'est-à-dire
32:56permettre un plus grand nombre
32:58de... Qu'est-ce qu'on y apprend
33:00à l'école ? On apprend à être des citoyens,
33:02on apprend l'esprit critique,
33:04on apprend de la culture
33:06qui nous sert dans toute la vie. Pas simplement
33:08pour être un bon travailleur
33:10mais aussi pour être un
33:12individu libre et émancipé.
33:14Donc, je souhaite tirer vers le haut.
33:16Le collège unique, c'est une logique d'abaissement.
33:18D'abaissement.
33:20Comme d'ailleurs le choc des savoirs est une logique
33:22de tri-sélection.
33:26La fin du collège unique
33:28que propose l'extrême droite
33:30pardonnez-moi si j'ai fait un lapsus ce matin
33:32mais la fin du collège unique
33:34pour moi tire vers le bas
33:36et entre dans une logique de sélection
33:38encore plus tôt
33:40des élèves. Et moi, je crois
33:42profondément que nous devons
33:44avoir mieux et plus d'écoles
33:46et permettre à celles et ceux
33:48qui ne s'y retrouvent pas,
33:50qui s'y ennuient, qui n'y arrivent pas
33:52d'avoir les moyens de s'y retrouver
33:54dans cette école-là.
33:56C'est pour cette raison aussi que vous voulez supprimer
33:58Parcoursup. C'est un peu votre mesure
34:00phare. La fin du choc des savoirs,
34:02la fin de Parcoursup
34:04qui est un tri terrifiant
34:06terrifiant pour les élèves
34:08terrifiant aussi pour les parents.
34:10C'est la plateforme qui permet d'orienter
34:12dans l'enseignement supérieur.
34:14Oui, nous sommes sans doute les seuls à dire qu'il faut
34:16avec Parcoursup. Mais par contre,
34:18il faut des moyens
34:20pour les services publics,
34:22pour l'école. Et je constate
34:24Mme Berger que 700 millions
34:26d'euros en moins en 2024
34:28ont fait en sorte que
34:30pour le premier degré, on ait 2620
34:32emplois en moins. C'est une nouvelle saignée.
34:34Il faut arrêter avec les saignées.
34:36C'est la démographie de votre nombre d'élèves.
34:38C'est assez logique qu'on mette le nombre d'enseignants
34:40en face d'un nombre d'élèves.
34:42Au lieu d'en profiter
34:44pour diminuer le nombre d'élèves
34:46par classe.
34:48D'ailleurs,
34:50on a moins diminué le nombre d'enseignants
34:52par rapport au nombre d'élèves. Ça ne s'est pas fait au prorata.
34:54On a maintenu beaucoup d'enseignants
34:56malgré des baisses d'effectifs
34:58pour tirer vers le haut.
35:00J'assume, je sais les difficultés
35:02que rencontrent nos enfants
35:04et parfois leurs parents sur Parcoursup
35:06et le casse-tête que ça peut représenter. Le dispositif
35:08précédent APB, c'était un tirage au sort.
35:10Il n'y a rien de plus inique et de plus
35:12égalitaire et de plus anti-méritocratique
35:14qu'un tirage au sort.
35:16Mais ça a été profondément amélioré et tant mieux.
35:18Il y a des prises en compte qui sont
35:20diversifiées en fonction des parcours,
35:22en fonction éventuellement des difficultés des enfants.
35:24S'ils sont en situation de handicap par exemple,
35:26tout peut évidemment être remis en question, s'améliorer, etc.
35:28Dire qu'il faut tirer un trait de plume
35:30sur un dispositif alors que le précédent
35:32c'était du tirage au sort. Je suis désolée,
35:34le tirage au sort, c'est inique et anti-méritocratique
35:36quant au choc des savoirs. Je l'assume,
35:38je crois qu'il y a une attente de choc d'autorité dans notre pays.
35:40Je crois d'ailleurs que les résultats
35:42de ces élections, du premier tour des élections législatives,
35:44nous le disent assez clairement.
35:46Ce n'est pas moins d'autorité qui est attendue mais plus d'autorité.
35:48Et ce n'est pas de la sélection le choc des savoirs.
35:50Moi je suis aussi mère, je suis aussi belle-mère
35:52de deux petites filles qui sont aux primaires.
35:54Désolée de vous dire que parfois vous pouvez avoir des enfants
35:56qui ont des difficultés, qui sont des difficultés
35:58momentanées et noyés dans une classe tous ensemble,
36:00ça ne les tire pas forcément vers l'eau.
36:02Par contre, qu'on leur permette d'être justement
36:04dans des effectifs qui sont des effectifs réduits,
36:06où elles vont pouvoir apprendre différemment,
36:08où elles vont pouvoir se perfectionner,
36:10où elles vont pouvoir aussi se sentir
36:12moins seules dans les difficultés qui sont les leurs,
36:14moi je trouve que c'est sain, que c'est efficace,
36:16ça ne stigmatise pas, ça permet juste
36:18encore une fois à nos enfants de progresser.
36:20C'est comme les notes, ça ne stigmatise pas,
36:22ça permet de s'évaluer, de savoir où on se situe
36:24et ça permet de tirer vers le haut, tout simplement, nos enfants.
36:26Aurore Berger pour le Parti Ensemble
36:28et ses alliés, Clémentine Autain
36:30pour le Nouveau Front Populaire, Jean-Philippe Tanguy
36:32pour le Rassemblement National. Merci à tous les trois
36:34d'être venus nous éclairer,
36:36nous aider à choisir peut-être à 48h du vote.
36:38Je rappelle, le deuxième tour de ces législatives
36:40anticipées, c'est dimanche.
36:42Merci à tous les trois d'être venus sur Inter.