GAZA. Leen, 10 ans : « Docteur, est-ce que je pourrai remarcher toute seule ? »

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Leen Feras Abu Saqir est de ceux-là. La fillette n’avait pas encore 10 ans lorsqu’une frappe de drone israélien sur sa maison du centre de Khan Younès l’a privée d’une de ses jambes. C’était au mois de janvier et, depuis, rien n’est plus comme avant.

Aînée de six frères et sœurs, Leen est une petite fille semblable à toutes celles de son âge. Elle adore par-dessus tout jouer avec ses amies, particulièrement au Hajla, un jeu bien connu des enfants de la bande de Gaza. Nous connaissons Leen depuis longtemps. Son père était commerçant à Khan Younès, à la tête de plusieurs magasins de la ville et d’une famille heureuse. La guerre a détruit leur bonheur. Prise pour cible par l’armée israélienne, leur maison a été détruite à plus de 80 %.

Gravement blessée dans l’explosion, Leen, ce jour-là, a perdu sa jambe et sa joie de vivre. «J’étais assise en train de manger un morceau et mon cousin m’a appelée pour jouer dehors », se rappelle la fillette, les yeux pleins de chagrin.
Sa mère poursuit : « Notre maison a été visée, mais ce n’est pas tout. Lorsque je suis sortie, j’ai entendu des coups de feu à proximité, Leen a crié. Puis elle s’est tue. J’ai couru vers elle, je l’ai trouvé allongée sur le sol, la jambe en sang, l’os à l’air libre. » Sur le moment, elle n’a pas compris la gravité de la situation. « J’ai appelé à l’aide et Leen a été conduite à l’hôpital », poursuit- elle.

Elle se souvient de tout, de l’acharnement des médecins pour sauver la jambe de sa fille, de l’espoir de guérison, de l’annonce de l’amputation, de la douleur infinie de Leen... « C’était le 3 janvier, explique le père de la fillette, et j’ai supplié les médecins de sauver la jambe de mon enfant. Après cinq jours d’hospitalisation, ils m’ont dit qu’il n’y avait plus d’espoir, qu’il fallait amputer pour éviter que son état ne s’aggrave ».

Plus tard, lorsque nous avons revu Leen, elle ne pouvait plus marcher sans béquilles. « Quand ils m’ont dit qu’ils allaient me cou- per la jambe, j’ai beaucoup pleuré. J’ai crié. J’ai refusé. J’étais tellement triste et j’avais tellement peur de ce que les autres enfants diraient de moi après ça, comment j’allais aller à l’école ? Comment j’allais jouer ? » L’espoir a fini par prendre le dessus : Leen souhaitait plus que tout une prothèse. Nous ne l’avons pas abandonnée et nous l’avons suivie, un jour, jusqu’à l’hôpital de campagne jordanien de Khan Younès, qui a accepté de lui en poser une. Sur le chemin, Leen sourit enfin. «Je suis tellement heureuse de pouvoir marcher sans béquilles, de pouvoir rejouer avec mes amis normalement ! »

Les médecins ont pris des mesures, examiné sa blessure, ajusté sa prothèse. Leen s’est mise debout. « Docteur, est-ce que je pourrai remarcher toute seul un jour?» Le médecin a souri : « Oui, ma chérie, tu vas pouvoir marcher et courir librement. Personne ne pourra plus t’arrêter. »

TEXTE et Images : WADJEEH ABOU ZAREFAH, AVEC SHERIN ABOU HAWAR ET SAED ABOU ZAREFA

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Transcription
00:00J'ai hâte d'aller à l'hôpital et de manger de la cuisine.
00:04J'espère que je vais rencontrer mes amis et mes familles.
00:09Prends des légumes.
00:18Qu'est-ce qui t'a fait mal ?
00:20J'ai été enceinté comme vous ne le voyez pas.
00:23C'est comme le bain d'une chambre.
00:27C'est comme si le bain tombait sur nos voisins.
00:31Nous vivions dans une maison bien.
00:34Là, nous sommes dans une pièce de chambre.
00:40Et ces voisins nous ont tous tués.
00:47Qu'est-ce que tu veux dire ?
00:49Je suis en train de me faire des nouvelles.
00:53La seule chose que je veux voir dans ma vie,
00:57c'est une fille qui ne marche que sur des chaises.
00:58Parce que, honnêtement, c'est très fatiguant.
01:00Et ça me fait beaucoup de mal.
01:02Par exemple, si il y avait des pierres qui se trouvent,
01:04ça me fait beaucoup de mal.
01:06Si la pluie se met à l'eau,
01:08par exemple, dans ma maison,
01:10ça me fait beaucoup de mal.
01:12Si elle va au-dessus des escaliers,
01:14ça me fait beaucoup de mal.
01:18La suite, elle est tombée enceinte.
01:27Alors, elle a tombé enceinte dans la zone que nous vivions.
01:30Alors, Pour le dire, je me souviens que M. Mohamed
01:33a découvert la fille qui allait sortir de notre espace.
01:37Elle s'est touchée
01:38Je l'ai rencontrée et j'ai lancé une émission à l'hôtel.
01:41Et ensuite,
01:44la fille a devoir mourir par l'accident.
01:47Comme vous pouvez le voir, avant la guerre, je travaillais comme commerçant.
01:54Lorsque la guerre est arrivée, j'ai pris tout mon espoir.
01:59Je veux que les gens reviennent comme leur mère.
02:02J'espère que la guerre s'arrête et que nous vivons en paix et en sécurité.
02:07Que les enfants vivent dans leurs écoles.
02:10Que nous vivons comme avant la guerre.
02:15J'espère qu'ils reviennent, même si c'est pour une petite partie.
02:45Je veux aller à l'hôpital de l'Ordre des Morts.
02:49J'aimerais jouer et travailler.
03:09J'étais en colère.
03:14J'étais en colère.
03:17Je n'allais jamais partir de la montagne.
03:20J'allais partir par la porte.
03:22J'étais en colère.
03:24Je ne sais plus quoi faire.
03:33Je reviendrai.
03:35Bien sûr, tu reviendras.
03:37Tu reviendras à la maison.
03:39Tu vas faire ce que tu veux.
03:43Tu vas faire ce que tu veux.
03:45Tu vas faire ce que tu veux.

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