Au Royaume-Uni, l'excision reste une réalité

  • il y a 8 ans
D’après un rapport publié en février dernier par les Nations Unies, au moins 200 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui ont subi des mutilations génitales dans trente pays, en particulier en Egypte, Ethiopie et Indonésie.
Mais il n’y a pas qu’en Afrique ou en Asie qu’elles sont pratiquées, en Europe aussi. C’est le cas au Royaume-Uni où de tels actes ont beau être illégaux, ils se transmettent de génération en génération au sein de certaines communautés. Notre reporter Damon Embling a rencontré deux victimes qui nous racontent leur souffrance et la difficulté qu’elles ont eue à s’opposer à leur famille.

Sarian Karim Kamare, de confession chrétienne, avait 11 ans quand elle a été excisée dans son pays d’origine, la Sierra Leone avant qu’elle ne vienne vivre à Londres où elle tient aujourd’hui, un magasin. C‘était au cours d’une fête, le geste a été fait sans anesthésie. “Ils m’ont maintenu au sol, m’ont écarté les jambes et j’ai senti une coupure nette entre mes jambes, raconte-t-elle. A ce moment-là, je ne savais pas ce qu’ils coupaient, je savais juste qu’ils coupaient quelque chose au niveau de mes parties intimes et j’ai été choquée parce que c‘était la dernière chose à laquelle je m’attendais : cette violence que je subissais et qui était organisée par ma famille,” confie-t-elle.

“Aucun livre saint qui en parle”

La jeune femme ajoute : “‘Ils m’ont fait cela parce qu’ils pensaient que cela faisait partie de notre culture et qu’il le fallait pour que je sois totalement acceptée au sein de ma communauté. Il n’y a aucun livre sacré qui en parle, fait-elle remarquer par ailleurs : C’est simplement une pratique culturelle, une mauvaise pratique qui a été adoptée, cela revient à faire subir aux femmes tellement de douleur, c’est une manière de les contrôler, en particulier leurs pulsions sexuelles et cela fonctionne parce que quand on vous a enlevé cela, cela détruit vraiment l’appétit sexuel.”

Le gouvernement britannique estime que dans le pays, au moins 170.000 femmes et filles ont été victimes de mutilations génitales et que 65.000 fillettes de moins de treize ans risquent de subir bientôt le même sort. L’acte est pratiqué la plupart du temps, à l‘étranger, souvent en Somalie, Gambie et Soudan, mais aussi sur le sol britannique, illégalement.

Des problèmes de santé à vie

Les services de santé anglais ont recensé une centaine de nouveaux cas par semaine depuis avril l’an dernier.
Mais combien d’autres femmes et filles victimes ne se présentent pas en consultation…

Le docteur Brenda Kelly dirige un service spécialisé au sein de l’hôpital John Radcliffe d’Oxford. Elle explique que ces mutilations peuvent entraîner des problèmes de santé à vie. “Si c’est une fillette, elle peut avoir des douleurs, des saignements et déclencher une infection, indique-t-elle. Mais la majorité de nos patientes, ce sont des adultes qui vivent avec les conséquences de ce qui leur est arrivé : elles peuvent avoir des difficultés pour uriner, s

Recommandée