• l’année dernière
Quand elle avait 2 mois, Saly Diop a subi une excision dans son pays d’origine, le Sénégal. De tradition ethnique et/ou religieuse, l’excision est souvent effectuée à l’insu des femmes, dans leur petite enfance ou à l’adolescence. Bien qu’elle soit interdite par la loi dans de nombreux pays, cette ablation des tissus intimes est encore pratiquée en France et dans le monde. Aujourd’hui présidente de l'association Imani, Saly Diop nous a raconté la douloureuse découverte de sa mutilation et le chemin parcouru pour s’en remettre.

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Transcription
00:00 Le jour où j'ai vu la gynécologue lors du premier rendez-vous,
00:04 elle m'a montré une photo et elle m'a tendu un miroir.
00:07 Et elle m'a dit, voilà ce que vous auriez dû avoir
00:11 et voilà ce que vous avez.
00:13 Il vous manque ça, ça, ça et ça.
00:15 C'était la première fois que j'étais confrontée à la réalité
00:18 et là, je suis rentrée en état de choc.
00:19 Bonjour, je me présente, Sally Diop.
00:22 Je vais vous parler de mon excision,
00:24 comment je m'en suis rendue compte et comment j'en ai guéri.
00:27 Alors, j'ai 17 ans.
00:30 Je suis là, dans un moment intime, avec le copain
00:33 qui, pour moi, était l'homme idéal, en tout cas, pour passer la première étape.
00:39 Et puis, mon homme arrive à cette partie intime
00:45 et il me dit, merde, on te l'a fait.
00:48 On fait ça aux filles de chez toi.
00:49 Brusquement, ça a mis un froid et ça nous a arrêtées tous les deux.
00:54 Je ne savais pas de quoi il parlait,
00:55 mais c'est vrai que j'avais déjà entendu parler du mot excision,
01:00 mais sans savoir exactement ce que c'était.
01:02 C'est après, plus tard, juste après ce moment-là,
01:05 que j'ai commencé à me renseigner dessus,
01:08 que j'ai vu des photos, des images, des choses horribles,
01:11 en tout cas sur l'excision.
01:13 Et en fait, je les ai occultées.
01:15 Je me suis dit, c'est pas possible,
01:17 ça, c'est pas quelque chose qu'on a pu me faire.
01:19 Et j'ai été dans le déni pendant plusieurs années.
01:22 Pour parler de mon excision, il fallait que je guérisse,
01:26 en tout cas que je me répare.
01:27 À ce moment-là, j'ai pris rendez-vous avec le GAMS,
01:33 qui est le groupe d'abolition des mutilations sexuelles.
01:36 J'ai bénéficié du parcours avec le GAMS,
01:39 qui consiste à rencontrer d'abord une gynécologue,
01:43 ensuite une psychologue et ensuite une sexologue.
01:46 C'est le jour où j'ai vu la gynécologue,
01:49 lors du premier rendez-vous,
01:51 où elle m'a montré une photo et elle m'a tendu un miroir.
01:56 Et elle m'a dit, voilà ce que vous auriez dû avoir
02:00 et voilà ce que vous avez, il vous manque.
02:02 Ça, ça, ça et ça.
02:04 C'était la première fois que j'étais confrontée à la réalité,
02:07 à 37 ans.
02:08 Et là, je suis rentrée en état de choc.
02:09 Je suis partie chez moi, je ne mangeais plus,
02:13 je ne buvais plus.
02:14 J'ai atterri à l'hôpital.
02:15 Et sur le moment, au début, on m'avait parlé de burn-out.
02:19 Ça s'est répété plusieurs fois.
02:21 J'ai essayé d'en parler avec ma maman,
02:24 mais il faut savoir que chez nous, c'est très tabou.
02:27 Quand je lui en ai parlé, en gros, ce qu'elle m'a dit,
02:29 c'est "écoute, tu n'es pas la seule,
02:33 il y a un tel, un tel, un tel, c'est comme ça chez nous".
02:35 Je lui ai dit "j'ai besoin de savoir".
02:37 Je l'ai même quasiment supplié "j'ai besoin de savoir".
02:40 Et c'est à ce moment-là qu'elle m'a dit
02:42 "tu devais avoir entre deux mois et demi et trois mois".
02:44 C'était pour te protéger parce que comme ça,
02:45 au moins, on sait, on savait, on se disait
02:48 que tu n'allais pas t'en rappeler,
02:50 que tu n'allais pas en souffrir.
02:52 Ça avait été fait au Sénégal et pas en France.
02:55 Cette fois-là, choc à nouveau.
02:59 Et c'est d'ailleurs ce jour-là que j'ai atterri
03:03 en hôpital psychiatrique.
03:04 Par la suite, ça a été extrêmement douloureux pour moi.
03:06 J'ai fait ce qu'on...

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