L'invité du jour : "Ceci n'est pas une lecture", le nouveau spectacle d'Antoine Duléry !

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Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00...
00:05Bonjour, Antoine.
00:07Bonjour, William.
00:08Comment ça va ?
00:09Très bien. Quand vous êtes sur scène, vous êtes heureux ?
00:12Très heureux.
00:13Alors, ça s'intitule
00:15Ceci n'est pas une lecture, la question que vous pouvez vous poser.
00:19Mais qu'est-ce que c'est ? Et d'où vient ce titre ?
00:21Il y a un petit côté maghrittien,
00:24parce que quand on dit lecture, ça peut paraître rébarbatif.
00:27C'est pas ça.
00:28C'est un voyage littéraire.
00:30Je parle de tout ce qu'on lit,
00:33des panneaux routiers, des annonces publicitaires,
00:36des notices de médicaments.
00:37Je parle des journalistes,
00:39qui ne sont pas des journalistes pour certains,
00:42puisqu'ils lisent...
00:43Ce sont des lecteurs, ils lisent le prompteur.
00:46Je fais des ponts entre ces textes magnifiques
00:49qui vont de Duras à Francis Blanche et à Baudelaire.
00:52Je parle de la vie d'aujourd'hui.
00:54Malheureusement, ce qui est le plus lu, ce sont les textos.
00:57Voilà. C'est un voyage.
00:59C'est pour ça que je voulais appeler ce spectacle
01:02Ceci n'est pas une lecture, car c'en est une, mais pas que.
01:06Mais là, vous avez le choix, quand même.
01:08Parce que le nombre d'auteurs en France, on n'en manque pas.
01:12Qui sont les auteurs qu'on va croiser au fil du spectacle ?
01:15Comment vous les avez choisis ?
01:17Franchement...
01:18Je voulais rendre hommage à la littérature
01:20qui m'a permis de m'évader quand j'étais jeune.
01:23C'est ça, d'ailleurs. Je lisais beaucoup de romans d'aventure.
01:28Je me prenais pour tous ces Capitaine Fracas,
01:30pour ces Bob Moran, pour ces Tintin, etc.
01:33Je parle beaucoup de ça.
01:34Après, j'ai choisi des textes qui me parlaient,
01:37que j'étudiais quand j'étais à l'école et qui m'emmerdaient.
01:41Je dis la lecture à l'école.
01:43Dès que la lecture est imposée, le charme est rompu.
01:45Je dis que la lecture évolue comme nous évoluons.
01:48Il y a des textes épouvantables.
01:50On les relit après et on dit que c'était sublime.
01:53C'est pour ça que je parle des pas, notamment de Paul Valéry.
01:57En écho, je fais les pas de Francis Blanche.
01:59Je mêle un peu toutes les époques.
02:01Il y a du Raymond Devoz.
02:03Il y a du Raymond Devoz.
02:04Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas faites pour être lues.
02:08Le théâtre n'est pas fait pour être lu,
02:10c'est fait pour être vu et entendu.
02:12Je cite Raymond Devoz, je parle de la chanson.
02:15On ne la lit pas, on l'écoute.
02:17Quand Barbara chante, on l'écoute.
02:19Sa voix nous fait voyager.
02:21Elle est si sobre qu'il ne faut jamais revenir.
02:24On entend la voix.
02:26Hergé dit, encore, avec...
02:28On rappe, on entend, on entend.
02:30Le texte est quand même très beau.
02:32Je lis le texte.
02:34Je lis Barbara.
02:35Si vous ne l'avez jamais entendu sur scène, on n'est pas loin.
02:38Il vaut mieux se mettre près de la scène avec Barbara.
02:41Elle se tournait, elle bougeait, elle dansait.
02:44Oui, beaucoup.
02:45Dans mon spectacle, c'est aussi interactif.
02:48Je fais lire les gens.
02:50Je fais lire les gens, donc il y a de l'interactivité.
02:53On va écrire une phrase ensemble.
02:55On s'aperçoit.
02:56J'ai vu le spectacle.
02:57Il y a des gens qui ont le texte comme ça.
03:00Ils hésitent, ils ne savent pas comment l'aborder.
03:03Ce n'est pas facile.
03:04Il y a Corneille parmi les auteurs cités.
03:06On se dit, Corneille, c'est la classe, c'est l'école.
03:09Justement, on a un petit extrait à son sujet, Corneille.
03:14Au XVIIe siècle, le harcèlement sexuel existait déjà.
03:19Oui.
03:21Les gros dragueurs lourdingues étaient déjà en place.
03:25Oui, mesdames et messieurs.
03:26Pierre Corneille, lui aussi, ce célèbre tragédien,
03:29il avait 50 ans, il draguait une jeune marquise,
03:33une jeune demoiselle, une jeune comédienne,
03:35qui s'appelait Mademoiselle Duparc, et qu'on surnommait marquise.
03:38Et comme elle se refusait à lui, vexée comme un pouls,
03:41il lui a écrit ceci.
03:43« Marquise, si mon visage a quelques traits un peu vieux,
03:47souvenez-vous qu'à mon âge, vous ne voudrez guère mieux.
03:51Le temps, aux plus belles choses, se plaît à faire un affront
03:56et sera fanévoreuse comme il a ridé mon front.
03:59Le même cours des planètes règle nos jours et nos nuits.
04:03On m'a vu, ce que vous êtes.
04:06Vous saurez ce que je suis. »
04:09Non, mais vous imaginez ?
04:11Non, mais quelle ordure, ce Corneille.
04:13Maintenant, avec Mediapart et MeToo,
04:16il n'aurait pas 3T dans Télérama, M. Corneille.
04:19Il aurait un bracelet électronique et ce serait bien fait pour lui.
04:23Fumier de Corneille !
04:25Pierre Corneille, vous l'imaginez, vieux comme ça,
04:27qui s'adresse à la Duparc, qui était jeune.
04:29Très jeune, elle avait 20 ans.
04:30Alors, Tristan Bernard a inventé une réponse
04:34pour venger la marquise 250 ans plus tard.
04:36« Peut-être que je serai vieille, répond Marquise.
04:39Cependant, j'ai 26 ans, mon vieux Corneille,
04:42et je t'emmerde en attendant. »
04:44Qu'avait repris notre ami Georges Brassens.
04:47Mais comment vous avez eu cette idée-là
04:49de faire un spectacle autour du thème de la lecture ?
04:53Parce qu'on dit que les gens lisent de moins en moins.
04:55Alors, moi, ça m'amusait de faire un peu à contre-courant.
04:57Et puis, je voulais, encore une fois,
04:59rendre hommage à tous ces textes qu'ils m'ont faits,
05:00parce que, moi, je suis venu, encore une fois, par la lecture.
05:03C'est le goût des mots qui m'ont emmené à faire ce métier.
05:06C'est les beaux dialogues de Prévert, de Carnet, de Janson,
05:09et ces beaux textes que j'ai appris très jeune,
05:12notamment quand j'avais 14-15 ans.
05:13Bérénice, pour draguer les filles, parce que j'étais très timide.
05:16Le seul truc que je comprends pas du tout.
05:18Mais au moins, elle s'intéressait à moi.
05:19Non, mais draguer les filles avec Bérénice, il y a du boulot, là.
05:22Ah, c'est du boulot, hein.
05:23J'avais beau dire « femme qui rit », « femme adulérie »,
05:25ça marchait pas du tout.
05:26Parce que dès qu'il y avait un mystérieux qui arrivait,
05:28elle partait avec le mystérieux.
05:29Moi, je faisais rire, mais...
05:32Non, Antoine, Antoine, on les connaît bien.
05:35Le beau mystérieux, le gars qui est là, près de la porte,
05:37il bouge pas.
05:38Il n'a rien besoin de faire.
05:39Et ça marche, et ça marche.
05:40Il a un essai de filles qui viennent.
05:42Mais nous, les petits rigolos, il fallait qu'on y aille, quoi.
05:45Il fallait qu'elle dise des histoires drôles.
05:47Je disais « je t'aime », je sais pas quoi.
05:49Elle riait, mais je disais « pourquoi tu riais ? ».
05:51On sait jamais si t'es sérieux ou pas.
05:54Alors c'était un drame, mais c'est vrai.
05:55C'était terrible, il fallait à la fois savoir danser le cha-cha,
05:59le twist, le rock, il fallait tout faire.
06:00Et le beau, il bougeait pas, lui.
06:03Le mystérieux qui ramassait.
06:05Et pourtant, William, toi et moi, on a quand même
06:07un physique exceptionnel.
06:09Qu'est-ce qui leur est arrivé ?
06:11Je sais pas.
06:12Elles ont pas bien regardé.
06:14Est-ce qu'il y a un livre ou un auteur
06:15qui vous a donné envie de faire l'acteur ?
06:19Pendant « Mes filles » de l'époque.
06:21Beaucoup, beaucoup.
06:23Un peu plus tard, c'est Simnon, beaucoup.
06:24Simnon, parce que je me suis beaucoup identifié
06:26à Maigret, à l'homme nu.
06:30Il y a beaucoup...
06:31Plus tôt, évidemment, c'était...
06:33Alors Tintin, je parle beaucoup de la bande dessinée.
06:35C'était Tintin, c'était le capitaine Fracas,
06:37qui m'avait beaucoup marqué.
06:39Et tous les Dumas, bien sûr.
06:41Dumas, quand on a 16-17 ans,
06:43j'ai dévoré les trois mousquetaires.
06:45Alors pas les trois, les trois mousquetaires.
06:48Il y a les trois mousquetaires.
06:49Il faut faire avec les mains.
06:50Les trois, parce que sinon, il y a des gens
06:51qui pensent que c'est les trois mousquetaires.
06:53Vous savez, quelquefois, les gens...
06:55Ah oui, les trois mousquetaires, c'est comme, vous savez,
06:57là, il y a eu un film sur Romain Garry
07:00qui a été fait, et on m'a raconté
07:02que le type qui faisait le casting, il a dit
07:03je suis content, je lui ai trouvé celui qui va jouer Romain Garry,
07:06mais il faut que je trouve l'autre homme
07:08pour jouer le rôle important.
07:09Alors on lui a dit, mais quel autre homme ?
07:11Eh bien, Jean Seberg.
07:13Jean.
07:14Ça va loin.
07:15Jean Seberg.
07:16Donc, il cherchait un homme pour jouer le rôle de Jean Seberg.
07:19C'est pour ça que je... Non, mais les trois mousquetaires,
07:20c'était un film de Max Derli.
07:23Très bien.
07:24Si vous voulez voir comment il imite aussi
07:27ses rôles, quand il y a Raymond Devos, tout ça,
07:29il faut aller sur scène, c'est au studio des Champs-Elysées.
07:33Alors, notez bien, c'est le jeudi, le vendredi et le samedi
07:36jusqu'au 28 décembre.
07:37Voilà.
07:38À 19h.
07:39Oui, 19h.
07:40Spectacle écrit et mis en scène par Pascal Serres.
07:43Serres, exactement.
07:44Il affiche Trasagrite.
07:45Merci de la visite, Antoine.
07:46Merci infiniment, William, d'avoir reçu.
07:48A bientôt.
07:49Au revoir.
07:49Au revoir.

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