SMART IMPACT - Emission du vendredi 4 octobre

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Vendredi 4 octobre 2024, SMART IMPACT reçoit Ursula Lafleuriere (Directrice des programmes des Écoles de la construction durable, Saint-Gobain) , Sylvain Delerce (Directeur associé de la recherche, Carbon Gap) et Zinedine Hellaili (Fondateur, Alomigo)

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00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, heureux de vous retrouver pour un nouveau numéro de Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation
00:15environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie. Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Ursula Lafleurière, directrice du programme
00:23des écoles de la construction durable chez Saint-Gobain. Selon l'ADEME, il manque 300 000 professionnels du bâtiment pour réussir la rénovation énergétique
00:31du secteur. Le zoom de ce Smart Impact portera sur les moyens de capter et d'éliminer le CO2. Quelles solutions technologiques peut-on, faut-il,
00:41développer à côté des puits de carbone naturel ? Et puis, dans notre rubrique start-up, je vous présenterai Allomingo. C'est une plateforme pour booster
00:48l'engagement social et environnemental des salariés. Voilà pour les titres. C'est Smart Impact tout de suite.
00:54Générique
01:00L'invité de Smart Impact, c'est Ursula Lafleurière. Bonjour.
01:04Bonjour.
01:05Bienvenue. Vous êtes directrice du programme des écoles de la construction durable chez Saint-Gobain. Quand et puis surtout, pourquoi ces écoles ont-elles été créées ?
01:13Alors, ces écoles ont été créées, ça va faire maintenant deux ans parce qu'on a lancé la première en 2022. Et donc, Saint-Gobain a souhaité s'engager
01:21très fertement dans la formation de la nouvelle génération d'artisans du bâtiment pour une construction plus durable, mais aussi et surtout pour répondre
01:29à cette pénurie de main-d'œuvre au niveau du bâtiment et répondre tout simplement à une demande forte de nos clients qui se plaignaient en permanence
01:37de ne pas pouvoir recruter ou même de pouvoir céder ou transmettre leur entreprise.
01:41C'est quoi la construction durable ? Comment on définit déjà ce qu'est une construction durable ?
01:45Alors, une construction durable, on va s'appuyer sur différents items en fonction des différents métiers. Par exemple, je vais prendre les plombiers chauffagistes
01:53où il y a une forte attente sur les nouveaux modes de chauffage où aujourd'hui, on arrête le fuel et on va s'orienter vers ce qu'on appelle des énergies plus vertes
02:03comme les pompes à chaleur, la biomasse ou alors encore le solaire.
02:06Donc ça, il faut se former.
02:07Il faut se former.
02:09Ces métiers-là et ces énergies-là.
02:11Absolument. Aujourd'hui, ça manque encore de formation sur cette nouvelle technologie, sur ces nouveaux besoins aussi.
02:18Donc, c'est en association avec des CFA partout en France. Aujourd'hui, on est en partenariat avec plus de 30 CFA en France parce que nous,
02:25nous ne sommes pas formateurs, bien évidemment. Ce n'est pas notre métier premier. Mais nous, on est partenaire avec ces CFA en France,
02:31avec notamment les BTP CFA ou alors les compagnons du devoir. Et puis, on s'associe avec eux pour leur apporter des futurs apprenants qu'on recrute
02:40et puis qu'on va mettre en relation avec nos clients qui ont besoin de main-d'œuvre au niveau du bâtiment. Et on va les intégrer dans ces CFA.
02:49En plus de ça, nous, on agit également. On a une vraie volonté. C'est d'agir véritablement sur le développement de la construction durable.
02:56Donc, on met en œuvre tous nos experts autour de ces programmes qu'on va venir amender. Donc, on s'appuie sur des diplômes qui sont reconnus par l'État,
03:06qui sont des titres professionnels, qui sont très professionnalisants. Et nous, dessus, on va venir rajouter des modules bien spécifiques autour de la rénovation durable,
03:14la construction durable. Oui, ça veut dire qu'il y a des formations spécialisées métier par métier. C'est ce que je comprends.
03:21Absolument. Donc, on a détecté les 4 métiers qui représentaient le plus au niveau de la pénurie de main-d'œuvre. Donc, on est sur, bien évidemment, les maçons.
03:31Il y a une forte pénurie dans ces métiers-là, des métiers qui sont délaissés par la nouvelle génération. Nous avons ensuite les couvreurs aussi,
03:38un métier très difficile et très compliqué à recruter aussi. Les plombiers chauffagistes, bien évidemment. Mais ça, c'est parce qu'il y a une forte demande
03:47avec toutes les aides de l'État pour favoriser les changements de mode de chauffage, etc. Et puis, on a aussi les plaquistes, qui ont un rôle très important aussi
03:56dans l'isolation des habitations. Alors, j'ai donné le chiffre dans les titres. C'est la source ADEME et France Stratégie qui nous dit qu'il manque 300 000 professionnels
04:04dans le secteur du bâtiment pour tenir l'objectif des 500 000 chantiers de rénovation énergétique annuel. Vous avez choisi ces 4 métiers-là parce que ce sont
04:16les secteurs où il manque le plus de main-d'œuvre ? Absolument. Oui. Et pas forcément parce que c'est ce... Comment je peux poser la question ?
04:22Ceux qui vont avoir le levier sur la construction durable, le plus important. Vous voyez ce que je veux dire ? Oui. Alors, ça fait écho et c'est lié absolument.
04:30Donc, évidemment, c'est les 4 métiers où, nous, on a pu constater qu'il y avait une forte pénurie, bien évidemment. Mais ce sont aussi les métiers qui œuvrent le plus
04:38pour la rénovation en mode construction durable. Si on prend... Alors, vous nous avez donné l'exemple des plombiers chauffagistes. On peut décliner parce que c'est intéressant.
04:48C'est très concret. Un maçon formé à la construction durable, qu'est-ce qu'il va faire de différent ? Eh bien, il va utiliser des matériaux différents, des matériaux plus naturels,
04:58des matériaux qui sont plus écologiques. Des matériaux de récupération aussi ? De récupération. On a, par exemple, un nouveau procédé qui s'appelle la terre liant.
05:07Donc, c'est une méthode de construction qui utilise des matériaux très naturels et meilleurs pour la planète. On va avoir... Je vais vous prendre aussi l'exemple des couvreurs
05:17où on va les former encore plus sur la partie isolation parce que c'est très très important d'isoler par les toits aussi, donc avec le circling. Et puis, on a aussi nos plaquistes.
05:26Donc, c'est la toute dernière école qu'on vient de lancer où, là aussi, on met l'accent fortement sur la partie isolation de l'intérieur de la maison.
05:33Alors, ces apprentis ressortent avec un diplôme, avec une certification ? Absolument, ces apprentis. Donc, aujourd'hui, en deux ans, on a formé plus de 400 apprentis.
05:44L'ambition du groupe, c'est d'en former à peu près 2 500 d'ici 2028. Donc, on a une forte ambition sur cette formation de nos futurs artisans, de cette future génération d'artisans.
05:54On est sur un public en reconversion professionnelle puisqu'on s'adresse à des publics qui ont forcément plus de 18 ans. Donc, on a tout type de profil.
06:02Moi, par exemple, dans les classes, j'ai affaire à des anciens joueurs professionnels de handball ou alors de rugby qui souhaitent se reconvertir ou alors des anciens ingénieurs, architectes,
06:13qui souhaitent revenir à des métiers plus manuels. Donc, on s'adresse à ce type de public. Et ce public sort à la fin de l'école avec un titre professionnel.
06:21Donc, c'est du niveau 3. Mais ils peuvent également poursuivre sur un titre de niveau 4 s'ils souhaitent de poursuivre leurs études sur deux ans.
06:30Donc, ça peut se faire en un an ou en deux ans.
06:32Ça peut concerner aussi des professionnels plus âgés ?
06:37Absolument.
06:38Centenaire, quarantenaire ?
06:39Tout à fait.
06:40Cinquantenaire, soyons fous ?
06:41Tout à fait, oui. Il n'y a aucun problème. Après, c'est une question de contrat, contrat d'apprentissage, de professionnalisation.
06:46Mais en fait, nos écoles sont ouvertes à tout type de public dès l'instant où elles ont au minima 18 ans.
06:51Alors, l'ambition, on la touche du doigt. Mais alors, si je la mets en rapport avec le chiffre global, on se dit 2800 d'ici 2028 ?
07:01Absolument.
07:02C'est ce que vous avez dit. Super. Mais il en manque 300 000.
07:04On est d'accord.
07:05Est-ce que d'autres initiatives du même type existent ? Est-ce qu'il y a peut-être, je ne sais pas, un programme gouvernemental dans lequel vous vous insérez ?
07:13Alors, on essaie. Alors, effectivement, on contribue. On ne peut pas dire qu'on va résoudre tout ce problème de manquement de main-d'oeuvre dans ce milieu-là.
07:22Mais par ailleurs, on noue également d'autres partenariats avec d'autres associations. Par exemple, Each One, qui va nous mettre en relation avec des migrants qui arrivent sur notre territoire et qui souhaitent se former à des métiers.
07:37Donc, là, pareil, on est en train de travailler avec ces gens-là parce qu'il y a tout un parcours pour les accueillir, pour les former. Ce n'est pas évident.
07:44On a reçu Each One à plusieurs fois ici.
07:46C'est vrai. Voilà. Qui ont envie de travailler. On essaie de nouer tous ces partenariats pour étendre au maximum cette formation de cette nouvelle génération d'artisans.
07:56Et au niveau régional, c'est-à-dire c'est un maillage territorial ? Vous êtes pour l'instant uniquement en région parisienne ?
08:03Non.
08:04Comment vous vous êtes organisée ?
08:05Du tout. Comme je disais en introduction, on est partenaire des centres de formation partout en France.
08:10Donc, nous sommes partout en France. Nous sommes représentés dans toutes les régions, dans toutes les zones de la France, là où il y a des centres de formation qui acceptent de nouer des partenariats avec nous.
08:21Au-delà de ces écoles, dans l'action, les engagements et l'action de Saint-Gobain en matière de durabilité, qu'est-ce qu'il y a d'autre qu'on peut mettre en avant ?
08:32Alors, il y a beaucoup, beaucoup d'initiatives. Puisque nous, alors moi, je représente la branche, on va dire, distribution, donc derrière les enseignes point P, CDO, etc.
08:40Mais il y a aussi toute la branche industrie où on est sur de la fabrication de produits.
08:44Où là, bien évidemment, on s'oriente sur des produits qui sont exclusivement liés maintenant à la construction durable.
08:50Donc, on pense à tous ces produits qui favorisent l'isolation toujours plus et une meilleure consommation.
08:57Ça veut dire une éco-conception, c'est-à-dire qu'on réfléchit aussi au cycle de vie du produit, ce qu'il va devenir après ?
09:03Absolument, à son impact carbone, à comment on va le recycler.
09:07Maintenant, dans toutes nos filières et dans toutes nos enseignes, on a tout un circuit qui est pensé pour recycler l'intégralité des produits qu'on vend.
09:16On a évoqué rapidement la récupération, la réutilisation des matériaux sur les chantiers.
09:22Est-ce que c'est une nouvelle filière finalement, une certaine façon qu'il faut inventer ou qui est en train de se mettre en place ?
09:29Absolument, c'est une nouvelle filière et il faut surtout éduquer ces nouvelles générations d'artisans.
09:34C'est pour ça qu'on est également en partenariat avec Tri & Recycle qui va venir intervenir dans l'intégralité de nos classes
09:41pour justement commencer à éduquer, à sensibiliser ces générations d'artisans à l'importance de trier et de recycler les déchets sur le bâtiment.
09:50C'est un changement d'état d'esprit, c'est-à-dire que ce n'est plus un déchet, c'est presque une ressource.
09:56Ça devient une ressource à la fin, oui, absolument.
09:58Et ça, il faut savoir leur donner cette vision globale que s'ils font ça, ce n'est pas uniquement pour les embêter, pour recycler, etc.
10:05mais qu'à la fin, ça permet aussi de reproduire de nouveaux matériaux qui seront bien meilleurs en termes d'impact carbone
10:11et puis plus faciles pour eux d'utilisation dans leur métier également.
10:15Merci beaucoup Ursula Lafleurière et à bientôt sur BeSmart for Change.
10:19On passe à notre Zoom, comment capturer le carbone ?
10:28C'est le Zoom de ce Smart Impact.
10:30On s'intéresse aux puits de carbone naturel et technologique avec Sylvain Delers.
10:35Bonjour, bienvenue.
10:36Vous êtes directeur associé de la recherche chez Carbon Gap.
10:39Présentez-nous Carbon Gap pour commencer.
10:42Alors, Carbon Gap, c'est une ONG européenne complètement indépendante qui a été lancée à la COP de Glasgow, un peu plus de deux ans.
10:51Et donc, la mission de l'ONG est d'accélérer le développement des méthodes d'élimination du dioxyde de carbone en Europe
10:58de manière à la fois ambitieuse et rigoureuse, j'insiste sur les deux aspects.
11:02Donc, élimination du carbone, de quelle technologie ou de quel moyen on dispose ?
11:09On va être très pédagoges, il y a déjà les puits de carbone naturels, on peut en parler.
11:13On va rappeler quels sont les puits de carbone naturels, pardon de revenir vraiment à la base.
11:17Oui, tout à fait.
11:18Donc, l'élimination du dioxyde de carbone, c'est défini par le GIEC dans son dernier rapport
11:22comme l'ensemble des activités humaines qui permettent de retirer,
11:25donc de prélever du CO2 déjà présent dans l'atmosphère et de le stocker de façon durable.
11:30Et donc, ça couvre un panel assez large de techniques.
11:33Comme vous le dites, il y a d'abord les méthodes naturelles qui sont basées par exemple sur les forêts.
11:38En général, sur les écosystèmes, donc on a aussi les écosystèmes marins.
11:41Oui, l'océan.
11:42Voilà.
11:43Également les sols agricoles, par exemple.
11:46Les tourbières peuvent stocker du carbone.
11:48Les mangroves, voilà.
11:49Donc, ça, c'est pour la partie naturelle.
11:51Et ensuite, on a un panel de méthodes qu'on peut regrouper dans les quatre familles.
11:54Donc, la première est celle qu'on vient de décrire.
11:56Ensuite, on peut convertir la biomasse, donc par exemple pour en faire de l'énergie, en la brûlant.
12:00On peut la pyrolyser pour la transformer en des formes plus stables.
12:04On a des méthodes géochimiques qui en fait se basent sur le cycle naturel du carbone
12:09où on va avoir des réactions entre les gaz de l'atmosphère, l'eau et les roches présentes sur la croûte terrestre
12:14qu'on peut chercher à accélérer avec certaines méthodes.
12:16Et enfin, on a des méthodes très industrielles qu'on voit de plus en plus passer dans les médias
12:20avec des gros ventilateurs où on va en fait traiter des volumes d'air conséquents
12:24pour en extraire de façon sélective les gaz à effet de serre et dans ce cas précis, le CO2.
12:29Donc, on parle de captation ou de capture du carbone.
12:33Ça se fait en usine parfois et ça se fait dans l'atmosphère.
12:37Il y a les deux options, c'est ça ?
12:39Tout à fait.
12:40Donc, en fait, ce qu'on connaît plus parce que c'est un secteur qui a été développé depuis plus longtemps,
12:45c'est la capture sur site.
12:47Donc, en fait, sur la cheminée de l'usine, on pourrait dire.
12:50C'est le cas sur les cimenteries, sur les acieries par exemple
12:53où on va chercher à laver les fumées, on peut dire également extraire le CO2 et le stocker.
12:58Donc là, ce qu'on fait, c'est qu'on intercepte du CO2 avant qu'il ne rejoigne l'atmosphère.
13:02Et donc, c'est souvent, on se réfère à ce secteur d'activité avec l'acronyme CCS
13:07pour capture et stockage du carbone.
13:10Et l'élimination du dioxyde de carbone est donc un autre secteur d'activité un peu plus nouveau
13:15où là, on va directement chercher dans l'atmosphère.
13:18Donc voilà, ça a des rôles différents parce qu'au final, on a des émissions évitées d'un côté
13:21et on a des émissions négatives avec l'élimination du dioxyde de carbone.
13:24EDC, c'est l'acronyme ?
13:25EDC, c'est l'acronyme barbare français.
13:27Le dioxyde de carbone atmosphérique.
13:30Vous avez publié une étude il y a quelques mois, je crois que c'était au printemps dernier, au mois de mars,
13:35sur le potentiel de la France pour déployer ces filières.
13:40On en est où ? C'est l'année zéro ?
13:43Alors, presque. Donc en fait, oui, on a publié cette étude parce que, si vous voulez,
13:48depuis le rapport de 2022 du GIEC, on sait à peu près les volumes
13:52dont on aura besoin collectivement au niveau global
13:54si on veut essayer de tenir l'objectif d'1,5 degré de réchauffement,
13:57qui se compte en gigatonnes.
13:59On est entre 6 et 9 gigatonnes de CO2 qu'il faudrait éliminer chaque année à l'horizon 2050.
14:04Donc c'est très conséquent, sachant que, pour donner une référence,
14:08aujourd'hui, on élimine environ 2 gigatonnes par an,
14:12dont 99% est réalisé avec les forêts, en fait.
14:16Donc il y a seulement moins d'un pour cent qu'on est capable d'éliminer
14:19avec des méthodes plus permanentes que celles qu'on a décrites.
14:22Donc on a publié ce rapport parce qu'on a un manque de visibilité
14:27sur, en fait, ce qu'il est possible de faire également dans les pays.
14:29Donc dans l'étude, ce que l'on fait, c'est qu'on prend certains pays,
14:33donc la France en a fait partie dans le premier batch,
14:35et on regarde vraiment chacune des ressources disponibles,
14:38donc la biomasse, l'eau, l'énergie décarbonée dont on a besoin pour faire tourner ces activités,
14:44combien on en a, combien on pourrait en développer,
14:47en regardant également, évidemment, les usages existants,
14:49parce qu'il faut éviter les phénomènes de compétition.
14:51Et donc pour la France, on a produit trois scénarios,
14:55deux sont vraiment intéressants parce qu'ils nous permettraient d'atteindre
14:58l'objectif climatique de la France, qui est la neutralité carbone à l'horizon 2050,
15:01et on voit qu'avec des hypothèses quand même assez conservatrices
15:06sur l'utilisation des ressources, c'est important,
15:08on arrive à dégager un potentiel allant jusqu'à 146 mégatonnes de CO2
15:14éliminés chaque année à l'horizon 2050, avec des politiques un peu ambitieuses,
15:20sachant que dans la stratégie nationale bas carbone,
15:22qui est donc un peu notre feuille de route de décarbonation,
15:25les volumes qu'on anticipe jusqu'à aujourd'hui,
15:27c'est environ 80 mégatonnes de CO2 à l'horizon 2050.
15:31Donc en fait, si on fait un bon travail sur la décarbonation,
15:34on tient la SNBC et qu'en parallèle, on développe le DC de façon ambitieuse,
15:38la France pourrait même devenir nette négative avant 2050.
15:41Mais alors ça suppose quoi ? Pardon de poser des questions de Béossien,
15:46mais c'est des usines à construire ? Cette filière, elle pourrait ressembler à quoi ?
15:52Alors comme sur la question énergétique, il faut adopter une approche portefeuille
15:56où on va chercher à jouer sur plusieurs méthodes pour distribuer le risque,
16:00distribuer la contrainte sur les ressources et aussi distribuer les opportunités
16:03sur différentes filières et différents territoires.
16:05C'est aussi important parce qu'on a un nouveau secteur d'activité,
16:07donc il y a des opportunités économiques à saisir.
16:09Donc dans les scénarios qu'on a produits, par exemple,
16:12on a un mélange du puits naturel qu'on va chercher à préserver plus qu'autre chose.
16:17Déjà préservons nos forêts.
16:19Voilà, en fait, il est dans un déclin un peu structurel.
16:22Donc le but, c'est de lutter contre ça pour le préserver.
16:25On a ensuite les pratiques stockantes, notamment en agriculture,
16:29qu'on va chercher à développer, notamment avec des mécanismes de financement
16:33de ces crédits carbone pour inciter les agriculteurs.
16:36On a la partie création de nouvelles forêts également.
16:41On a la capture directe dans l'air, qui sont donc ces usines
16:44où on va traiter des volumes d'air.
16:46Donc ça, c'est des filières à créer qui vont se greffer,
16:48peut-être probablement sur des sites industriels
16:51qui auront des infrastructures de transport et de stockage de CO2
16:55pour pouvoir évacuer le CO2.
16:57On a la bioénergie avec capture et stockage également.
17:00Donc là, plus que créer des nouvelles infrastructures,
17:04il y a beaucoup à faire déjà en faisant du rétrofit,
17:07on appelle ça en anglais, c'est-à-dire greffer des unités de capture
17:10donc c'est des moyens de capture sur déjà toutes les centrales
17:13qui fonctionnent à la bioénergie.
17:15Les technologies, elles existent ou il faut un gap technologique ?
17:19Il y a quelque chose à inventer ?
17:21Comme vous l'avez vu, c'est assez divers,
17:23donc on a différents niveaux de maturité.
17:25Mais dans l'ensemble, toutes les techniques existent
17:29et sont disponibles.
17:31Il y a un défi, on va dire, de financement et de modèle économique à créer
17:35parce qu'évidemment, retirer du CO2 de l'atmosphère,
17:38c'est bien pour la planète,
17:39mais en soi, c'est un peu comme un service de gestion des déchets.
17:42Qu'est-ce qu'on en fait ?
17:43Ce CO2, il n'a pas de valeur derrière ?
17:46D'ailleurs, il est stocké sous quelle forme ?
17:48Liquide ? Solide ?
17:50Bonne question.
17:51En fonction de la méthode utilisée,
17:52il peut devenir de la biomasse stabilisée avec le biochar par exemple,
17:55donc c'est quelque chose qui ressemble à du charbon de bois
17:57qu'on va pouvoir utiliser dans des matériaux de construction
17:59et pendre dans les sols agricoles.
18:01Si on utilise la bioénergie avec capture ou la capture directe dans l'air,
18:05on obtient du CO2 concentré sous forme pressurisée
18:10qu'on va donc pouvoir conduire dans des tuyaux
18:12et enfouir dans des stockages géologiques.
18:14La France a enfin démarré un peu son exploration de ce côté-là
18:18pour créer des réservoirs.
18:22Et dans les écosystèmes, ça prend la forme de biomasse vivante
18:25qui a tout un tas de co-bénéfices,
18:27mais qui est aussi relativement fragile,
18:29comme on le sait, aux différents aléas climatiques.
18:31Est-ce qu'il n'y a pas un effet pervers du développement de cette filière,
18:36je vois très bien l'utilisation et ce que ça ouvre comme perspective,
18:41mais de nous faire croire qu'on peut continuer à rien changer
18:43à nos modes de vie ?
18:45Oui, en français, on parle d'aléa morale,
18:47en anglais, on parle de mitigation deterrence.
18:49C'est un risque qui existe, c'est un risque sérieux.
18:52Néanmoins, on a des possibilités pour le contrôler,
18:57notamment par le biais de la réglementation
18:59et en créant des règles du jeu
19:01sur comment on peut utiliser ces méthodes et pourquoi.
19:03Donc ça, c'est quelque chose que nous, on pousse activement,
19:06au niveau européen, mais aussi dans les différents pays membres,
19:09pour que cette réglementation soit créée le plus tôt possible
19:12et que tout le monde y voit clair sur quelles vont être les règles du jeu.
19:16Si on tarde, on laisse un peu un champ libre
19:20et des pratiques contre-productives peuvent se développer
19:22avec un bénéfice climatique quasiment nul.
19:24Donc il faut le contrôler, en effet.
19:26J'ai bien compris qu'il y avait plein de filières et d'options technologiques.
19:30Votre réponse va dépendre de ces filières, j'imagine.
19:34Mais est-ce qu'il y a des pays beaucoup plus avancés que la France ?
19:36Oui, notamment les Etats-Unis,
19:39qui ont engagé un plan de financement très ambitieux
19:42sous le mandat actuel, depuis 2020,
19:46avec des crédits d'impôts, des hubs d'infrastructures
19:50qui ont été créés à différents endroits.
19:53Ils ont un écosystème de start-up très vivant et très divers
19:56et de plus en plus puissant.
19:58Je pense qu'ils ont très clairement identifié l'opportunité économique.
20:01Il faut voir aussi que,
20:03quand on voit les chiffres proposés par le GIEC,
20:06prenons 10 gigatonnes à l'horizon 2050,
20:09pour faire simple,
20:11le prix cible pour ces crédits carbone est de 100 dollars la tonne.
20:15C'est ce qu'on vise, ce n'est pas la réalité d'aujourd'hui.
20:18Ça fait un marché très conséquent de quasiment 1 trilliard de dollars
20:22pour ces activités.
20:24Des acteurs se positionnent, des pays poussent leurs entreprises
20:26pour se positionner.
20:28Là encore, j'assume une question peut-être à côté de la plaque,
20:32si ce CO2 n'a pas de valeur,
20:35vous dites qu'on crée des crédits carbone,
20:37mais qui paye pour ces crédits carbone ?
20:39C'est une question très importante.
20:41Jusqu'à aujourd'hui, dans les 3 dernières années,
20:43il y a eu une croissance portée par le marché volontaire.
20:45Ce sont des entreprises qui, volontairement,
20:47vont faire évoluer leur stratégie climatique.
20:50On a des exemples,
20:52comme par exemple Google ou EasyJet,
20:54qui ont choisi d'arrêter d'acheter des quantités importantes
20:58de crédits peu chers,
21:00notamment suite aux scandales révélés en 2023
21:02sur la nature de ces crédits,
21:04et qui vont préférer réduire davantage leurs émissions
21:07et combiner avec de l'EDC,
21:09plus cher éventuellement,
21:11pour avoir une stratégie plus sérieuse.
21:13C'est jusqu'à aujourd'hui.
21:15Maintenant, ce marché s'essouffle un peu,
21:17parce qu'on a un nombre d'acheteurs un peu concentré et réduit.
21:20Ensuite, à l'horizon 2030,
21:22on a des mécanismes réglementaires
21:24qui vont se profiler,
21:26avec des obligations qui vont être créées
21:28pour distribuer l'effort de participation à ce marché.
21:32Entre les deux,
21:34il y a une période d'hiver
21:36qui se profile pour le secteur,
21:38avec un risque de perte de projet d'EDC
21:40par manque de demande.
21:42C'est là que les entreprises peuvent faire une différence
21:44en investissant dans ce secteur à ce moment-là,
21:46en suivant l'exemple des entreprises
21:48que j'ai mentionnées.
21:50Il y a aussi Microsoft, Shopify, Stripe,
21:52de grandes entreprises qui ont fait ce pivot depuis un moment.
21:54Merci beaucoup EDC,
21:56élimination du dioxyde de carbone atmosphérique.
21:58Merci Sylvain Delers
22:00et à bientôt sur Be Smart For Change.
22:02On passe à notre rubrique consacrée
22:04aux startups écoresponsables
22:06et socialement responsables.
22:12Smart Ideas
22:14Smart Ideas avec Zinedine El Haïli.
22:16Bonjour.
22:18Bonjour.
22:20Bienvenue.
22:22Vous êtes le fondateur d'Allomigo.
22:24Vous l'avez créé en mai 2023.
22:26Racontez-moi, avec quelle idée ?
22:28C'est quoi le point de départ ?
22:30Le point de départ, c'est que j'étais un étudiant
22:32qui était très engagé.
22:34Je participais beaucoup à des maraudes,
22:36des soupes populaires
22:38avec l'association caritative de mon école.
22:40Une fois entré dans le monde du travail
22:42en mars 2020, en plein Covid,
22:44je sens vraiment
22:46une grande différence.
22:48Je travaille de 10h jusqu'à 19h
22:50sans pouvoir avoir le temps de m'engager
22:52puisqu'on est en Covid, donc beaucoup de télétravail.
22:54C'est comme ça que m'est venue l'idée d'Allomigo.
22:56Allomigo, c'est une plateforme
22:58numérique qui va permettre aux salariés
23:00de s'engager socialement
23:02et sur le plan environnemental auprès
23:04d'associations locales.
23:06Comment ça marche ?
23:08Comment je fais ?
23:10Il faut que l'entreprise soit utilisée Allomigo.
23:12On met en place la plateforme.
23:14On source les différentes associations
23:16qui sont autour de l'entreprise.
23:18La vraie différence d'Allomigo, c'est que
23:20les associations sont au plus près des entreprises
23:22pour renforcer l'engagement social
23:24et environnemental
23:26dans les zones où sont implantées les entreprises.
23:28Il y a une notion de territorialité
23:30qui est importante.
23:32Combien d'organisations
23:34vous accompagnez aujourd'hui ?
23:36C'est une jeune entreprise.
23:38On a déjà des centaines d'utilisateurs
23:40sur tout le bassin méditerranéen.
23:42On accompagne notamment une compagnie d'assurance,
23:44CFDP Assurance.
23:46Aujourd'hui, ça marche très bien.
23:48Dans quel domaine
23:50on parle d'engagement,
23:52d'association ?
23:54Dans quel domaine
23:56ces engagements se déroulent ?
23:58C'est dans différents domaines.
24:00Il y a différentes missions possibles.
24:02Ça peut être nettoyer un parc
24:04dans le quartier où est implantée l'entreprise
24:06avec une association qui s'occupe
24:08de ces questions-là.
24:10Ça peut être aller refaire le site internet
24:12d'une association qui, par exemple,
24:14fait de l'apprentissage du français à des migrants.
24:16Ce sont des missions qui sont hyper variées,
24:18qui peuvent être en visio ou en physique,
24:20qui peuvent demander la journée comme seulement une heure par mois.
24:22C'est vraiment très large. Tout est possible.
24:24C'est une demande des salariés ?
24:26Pour bien comprendre,
24:28vos clients, ce sont les entreprises.
24:30Le modèle économique, c'est quoi ?
24:32C'est un abonnement ?
24:34C'est ça. Vous avez tout compris. C'est un abonnement.
24:36Après, on peut faire aussi payer le sourcing.
24:38Mais le modèle économique de base, c'est un abonnement.
24:40Vous avez, comme client, des entreprises
24:42qui répondent à une demande
24:44de leurs salariés. C'est-à-dire qu'elles ont ressenti
24:46qu'il y avait une demande d'engagement
24:48sociale, sociétal, environnemental ?
24:50Il y a plusieurs raisons.
24:52Déjà, les salariés souffrent
24:54d'un terme qui s'appelle le burn-out.
24:56Il y a beaucoup de salariés qui sont en manque de sens
24:58aujourd'hui. Et une solution comme
25:00l'Omigo peut leur permettre de s'engager et de trouver
25:02du sens dans leur travail, et en plus,
25:04à proximité de l'endroit où ils travaillent.
25:06Vraiment avoir un impact local.
25:08Il y a cette raison-là, mais il y a aussi
25:10toute la réglementation européenne, le CSRD.
25:12Les entreprises ont besoin de contenu
25:14pour remplir le CSRD.
25:18Le reporting extra-financier.
25:20Exactement. Vous avez tout compris.
25:22En fait, l'Omigo permet
25:24de donner de la data
25:26pour tout ce qui va être reporting extra-financier.
25:28Je reprends quelques exemples
25:30parce que ça permet d'être le plus concret
25:32possible pour nos téléspectateurs.
25:34Il y a par exemple
25:36une association qui s'appelle Agir
25:38avec trois R. Là, on est dans
25:40quel univers ? Protection
25:42de la Méditerranée ?
25:44C'est l'association Agir
25:46pour protéger la Méditerranée sur toute la région
25:48de la Côte d'Azur.
25:50Antibes, Cannes-sur-Mer, Nice.
25:52Ils organisent régulièrement
25:54des plogging sur les plages
25:56de la Côte d'Azur.
25:58Sport dans la ville aussi ?
26:00C'est une association qui permet
26:02de faire de l'insertion sociale
26:04par le sport.
26:06Comment vous les sélectionnez ces associations ?
26:08Il y a des dizaines de milliers d'associations
26:10en France, plus ou moins professionnalisées.
26:12Comment vous les choisissez ?
26:14On choisit des associations sociales
26:16et environnementales
26:18qui sont plutôt des petites ou des moyennes
26:20pour être sûr qu'ils ont vraiment besoin d'aide.
26:22Ensuite, il faut qu'ils soient apolitiques
26:24et apartisans.
26:26C'est un élément important.
26:28Dernier mot, vous vous adressez
26:30à qui dans l'entreprise ?
26:32C'est les DRH qui sont vos interlocuteurs privilégiés ?
26:34On a plusieurs interlocuteurs.
26:36On a les DRH parce qu'on va engager les collaborateurs.
26:38Il y a plein de bénéfices
26:40pour les collaborateurs en termes
26:42de montée en compétence,
26:44de fidélisation des collaborateurs.
26:46Le DRH est un interlocuteur important.
26:48Il y a aussi le responsable RSE
26:50qui va s'occuper
26:52de remplir le rapport RSE,
26:54le rapport extra-financier.
26:56Merci beaucoup Zinedine El Haïly
26:58et bon vent à Allomigo.
27:00C'est la fin de ce numéro
27:02de Smart Impact.
27:04Merci à toutes et à tous de votre fidélité
27:06à BeSmart4Change.
27:08Je vous dis à très vite.

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