"C'est un scandale tentaculaire !" : Ue sénateur PS demande commission d'enquête sur les eaux Nestlé

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Est-ce que vous buvez de l'eau du robinet ou est-ce que vous achetez de l'eau en bouteille ?

00:08Nous sommes avec le sénateur Alexandre Wiesel qui est sénateur socialiste de l'Oise, bonjour.

00:13Bonjour Jacques Bourdin.

00:14Merci d'être avec nous.

00:16Vous vous battez pour déposer une commission d'enquête au Sénat sur les eaux minérales

00:22et notamment sur le groupe Nestlé Water, c'est bien cela ?

00:25C'est bien cela, exactement, si vous voulez on est face à un scandale qui est totalement tentaculaire

00:29avec des dimensions multiples, vous avez une tromperie commerciale avec des consommateurs,

00:34des français qui achètent de l'eau minérale 200 fois le prix du robinet

00:38et on apprend qu'elle a les mêmes traitements que l'eau du robinet.

00:41Vous avez un accaparement de la ressource puisque Nestlé Water,

00:44c'est 19 milliards de litres d'eau qui ont été prélevés sans autorisation sur 9 forages.

00:50Bref, vous avez une multitude de dimensions et une question sanitaire aussi,

00:53une question sanitaire, l'autorité nationale de sécurité sanitaire

00:56qui dans des notes adressées au gouvernement a dit que la qualité des eaux Nestlé n'était pas garantie

01:01et a trouvé dans les prélèvements de la matière fécale.

01:04Donc on a un sujet, on a un énorme sujet.

01:06Ça veut dire que l'eau minérale que nous achetons, beaucoup plus chère que l'eau du robinet.

01:11100 à 200 fois le prix de l'eau du robinet en effet, au litre.

01:13L'eau minérale souvent, souvent est traitée de la même manière,

01:17elle est traitée par ultraviolet avec des filtres à charbon actif,

01:21elle est traitée parce qu'elle est impropre à la consommation,

01:24elle serait impropre à la consommation si elle n'était pas traitée.

01:27Alors normalement, non, évidemment, elle ne doit pas être traitée.

01:30Si elle est minérale et naturelle.

01:31Attendez, exactement, normalement elle est pure et elle n'a pas à être traitée.

01:34Et donc elle est traitée parce qu'en effet il y a des sujets sur les sources,

01:38parce qu'il y a eu une surexploitation des sources par le groupe Nestlé Water

01:42et donc il y a un besoin en effet et ça a duré pendant des décennies.

01:46Et on a un rapport de Ligas qu'au départ le gouvernement n'avait pas rendu public.

01:49Nous nous sommes battus au Sénat avec mon collègue Hervé Gilet pour le rendre public.

01:53– Je me souviens.

01:54– Voilà, et donc en fait on doit aller au bout de cette histoire,

01:57notamment parce que la Commission européenne nous dit, qu'est-ce qu'elle nous dit ?

02:00Que le contrôle français est défaillant.

02:02Il y a eu une enquête de la Commission européenne,

02:04un audit sur le système français de contrôle de la qualité des eaux

02:08et il nous dit que c'est défaillant.

02:09Donc il y a beaucoup de zones d'ombre à éclaircir,

02:11c'est pour ça qu'on demande une commission d'enquête.

02:13Avoir des gens sous serment devant vous qui viennent et qui disent je jure de dire la vérité,

02:16c'est quand même plus simple pour aller au bout de la vérité sur ce que les Français boivent.

02:19– Non mais ça on est bien d'accord.

02:20Alors le groupe Nestlé Waters a été condamné à une amende,

02:24amende payée par le groupe, je crois que c'est 2 millions d'euros,

02:28mais ça n'éteint pas votre requête si je puis dire.

02:32– Si vous voulez, qu'est-ce qui s'est passé dans cette affaire ?

02:35Il y a eu ce qu'on appelle une convention judiciaire d'intérêt public, c'est quoi ?

02:38C'est quelque chose qui est signé entre le parquet et Nestlé Waters

02:41et qui est avalisé par le tribunal, en l'occurrence le tribunal d'Epinal.

02:442 millions d'euros d'amende pour une fraude qui est estimée par la répression des fraudes

02:47à 3 milliards d'euros et surtout avec cette convention,

02:51Nestlé n'est pas reconnu coupable, il n'y a pas de culpabilité,

02:55il y a une responsabilité mais pas de culpabilité.

02:57Et le plus grave c'est quoi ? C'est que tout ça éteint les enquêtes préliminaires.

03:00C'est-à-dire qu'il y a des enquêtes préliminaires en cours

03:02et à chaque fois qu'on soulève quelque chose, on trouve quelque chose d'autre

03:04et là, avec cette convention, les sujets sont éteints.

03:07Et donc ce qui n'est pas éteint en revanche,

03:09c'est la question de la responsabilité aussi administrative et gouvernementale.

03:12Et c'est aussi ça qu'on veut comprendre avec l'enquête qu'on veut,

03:16la commission d'enquête qu'on veut au Sénat.

03:17– Alors l'IGAS, l'Inspection Générale des Affaires Sociales,

03:21nous dit qu'en France, près de 30% des marques d'eau minérale conditionnées

03:27subissent des traitements non conformes.

03:3030% des eaux minérales que nous achetons.

03:33– Oui, subissaient des traitements non conformes

03:34au moment où ils ont fait l'enquête.

03:36Et vous avez raison, c'est un vrai sujet parce que,

03:38vous savez ce que me disait ma mère quand j'étais jeune,

03:40elle me disait, la confiance ça se gagne par goutte et ça se perd par litre.

03:43Et donc là pour le secteur, la confiance s'est perdue par litre.

03:46Et donc vous avez des petits minéraliers,

03:48qui sont des gens qui font très bien leur boulot,

03:50qui sont eux aussi mis dans le même sac si vous voulez.

03:53C'est pour ça qu'il faut cette commission d'enquête,

03:55il faut aller au bout de la vérité pour comprendre ce qui s'est passé.

03:57– Et au bout de la transparence.

03:58– Et au bout de la transparence, c'est évident.

04:00Et puis la transparence aussi sur la chaîne,

04:02qu'est-ce qui s'est passé au niveau du contrôle.

04:03Parce que si les contrôles sont défaillants,

04:05il faut qu'on comprenne pourquoi et à quel niveau les choses n'ont pas été.

04:08– Vous buvez de l'eau du robinet ou de l'eau en bouteille ?

04:11– Moi je bois de l'eau du robinet,

04:13mais mes enfants boivent de l'eau en bouteille,

04:14parce que j'ai des enfants en bas âge.

04:15Et donc forcément je me pose les mêmes questions que vous et que moi.

04:18Et donc c'est pour ça qu'on veut aller au bout de tout ça.

04:20– Mais oui, de la transparence dans cette eau minérale,

04:23c'est vrai que les minéraliers, les gros font énormément de profit.

04:27Donc il faut de la transparence pour savoir

04:30quelle est la qualité de l'eau que nous buvons.

04:32Et je le répète encore, l'eau du robinet aujourd'hui à Paris,

04:34elle n'est pas bonne, je ne sais pas pourquoi,

04:36ce qui se passe en ce moment.

04:38Mais je vous pose la question,

04:40que privilégiez-vous, l'eau du robinet ou l'eau en bouteille ?

04:44Que buvez-vous ?

04:45Vous nous dites merde.

04:46Un mot de politique, puisque vous êtes sénateur PS,

04:49j'ai vu que la motion de censure contre le gouvernement Barnier

04:52serait déposée dans une semaine,

04:54non pas après son discours de mercredi.

04:57Vous avez vu ça ?

04:58– Non je n'ai pas vu ça, je suis désolé.

05:00Au Sénat on ne censure pas, donc je n'ai pas regardé le détail.

05:02– C'est vrai qu'au Sénat vous ne censurez pas.

05:04– On ne peut pas être dissous, mais on ne peut pas censurer,

05:06c'est la contrepartie.

05:07– Oui c'est la contrepartie, c'est vrai.

05:09Merci Sénateur.

05:10– Merci à vous.

05:11– Il est 7h40.

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