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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Sonia Mabrouk, journaliste pour Europe 1 et CNews, pour son livre "Et si demain tout s'inversait ?" aux éditions Fayard.
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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin Thomas.
00:06Oui je reçois ce matin non pas la journaliste Sonia Mabrouk mais la romancière, même si ce livre est vraiment à mi-distance entre le roman et le récit.
00:14Donc la journaliste n'est jamais très loin quand vous écrivez Sonia en fait ?
00:17Non forcément et surtout que pour ce sujet d'abord j'ai laissé libre cours à l'imagination et si demain tous inversés.
00:23Inversion totale des flux migratoires mais la journaliste n'est pas très loin puisque je suis partie aussi de déclarations.
00:28Alors elles ne sont pas très joyeuses, elles sont même franchement inquiétantes, il y a de nombreux responsables européens.
00:33Il y a encore quelques mois Thomas qui affirmait qu'une guerre sur le continent européen était tout à fait possible et même probable.
00:39Donc à partir de là c'est de la matière pour la journaliste et aussi pour l'auteur.
00:42Donc ça veut dire que cette idée de l'inversion des flux migratoires qui ferait que les Européens seraient obligés de fuir la guerre et d'aller se réfugier de l'autre côté de la Méditerranée.
00:50C'est pas juste un pur exercice d'imagination c'est aussi quelque chose, un scénario qui vous semble crédible finalement.
00:56Dans le monde instable dans lequel nous sommes avec ces relations internationales et une géopolitique qui est comme une tectonique des plats qui bouge tout le temps,
01:03je crois qu'aujourd'hui il ne faut pas exclure un tel scénario et de toute façon il n'est pas exclu.
01:07Je crois qu'il y a quelques jours le Financial Times avait publié des documents secrets ou des documents militaires russes
01:13qui montraient que les infrastructures sur le littoral français étaient visées.
01:16Alors certains peuvent nous dire c'est de l'ordre du fantasme, de la fantaisie.
01:20Si c'est imaginé par des états-majors c'est que ce n'est pas totalement à exclure.
01:24On voit même que Poutine en ce moment est en train de revoir sa doctrine nucléaire.
01:28Alors on va suivre dans votre livre deux familles.
01:31Une famille catholique, une autre juive qui vont faire appel à des passeurs pour aller en Djalmanie.
01:36C'est un pays fictif du Maghreb.
01:38Est-ce que l'idée Sonia Mabrouk c'est d'abord de nous rendre plus palpable la douleur de l'exil ?
01:45Parce que forcément on se met à leur place.
01:47Oui c'est d'abord pour les lecteurs mais aussi pour moi-même.
01:50En tant que journaliste je traite de ce sujet l'immigration très très souvent.
01:54Et à travers des chiffres en fait.
01:56Et à travers des drames ou à travers des injonctions sur le nombre, sur les flux, sur les problèmes que ça pose.
02:02Mais jamais sur l'aspect plus charnel, plus humain.
02:05C'est pas seulement une démarche empathique.
02:08Mais le propre de l'auteur quand il écrit c'est de se regarder dans le miroir et de voir l'autre.
02:12Et je trouve que d'aborder le sujet de l'immigration seulement à travers les chiffres,
02:15de toute façon on le fait depuis 20 ans, ça ne marche pas.
02:17Donc mettons nous, essayons en tous les cas d'imaginer ce que c'est la douleur de l'exil.
02:22La vie dans des camps aussi.
02:24Et puis aussi, il faut le dire, des nations de l'autre côté de la Méditerranée
02:28pleines de préjugés qui vont dire non mais attention.
02:30Vous venez mais assimilez-vous.
02:32Sinon vous repartez.
02:33Mais alors moi ce qui m'a étonné Sonia Mabrouk,
02:35c'est que je crois comprendre que vous n'êtes pas favorable comme Lucie Castey par exemple
02:39à la régularisation de tous les sans-papiers.
02:41Je crois que même la gauche n'est pas d'accord avec Madame Lucie Castey.
02:43Oui c'est vrai, elle est un peu seule dans son coin.
02:45Mais en même temps tout au long de votre livre,
02:47vous vous mettez à la place de ces familles,
02:49vous nous mettez à la place de ces familles qui traversent la Méditerranée,
02:52qui sont jetées dans un camp de migrants.
02:54Et on a envie finalement que ce pays les accueille plus généreusement,
02:58leur ouvre les bras.
02:59Donc c'est comme si la romancière et la journaliste
03:02me délivraient deux messages qui sont contradictoires.
03:04Qu'est-ce que vous avez voulu avec ce livre ?
03:06C'est nous amener à réfléchir sur cette question ?
03:08Oui, à réfléchir sur cette question.
03:09Mais voyez-vous, vous dites très justement
03:11je ne suis pas favorable.
03:13Je n'ai pas un trop-plein.
03:16Moi j'estime que le nombre aujourd'hui est une barrière pour d'autres.
03:19Pour tous ceux qui sont déjà.
03:21Alors là je reprends la réalité en France
03:23et qui ne peuvent pas s'assimiler.
03:24Et je trouve aujourd'hui paradoxalement,
03:26peut-être pour ceux qui nous écoutent,
03:27que dire qu'on ne peut pas accueillir tout le monde
03:30c'est favoriser ceux qui sont déjà là depuis deux ou trois générations
03:33et à qui on ne donne pas la possibilité de s'assimiler.
03:35J'exclus ceux qui ne veulent pas s'assimiler
03:38et qui ont une volonté séparatiste.
03:40Mais tous ceux qui le veulent et à qui on ne donne pas les moyens
03:42sont empêchés par des flux trop importants.
03:45J'estime que cette démarche n'est pas une démarche de rejet de l'autre.
03:49Moi je trouve que c'est parfaitement universaliste et généreux.
03:52C'est ce que j'ai voulu dire dans ce livre.
03:53C'est-à-dire que quand on propose, comme le font les pays,
03:56en l'occurrence dans ce livre, ce pays imaginaire de s'assimiler,
03:59ce n'est pas un rejet de l'autre.
04:01Au contraire, c'est venez, mais pas forcément venez comme vous êtes.
04:04Il y a des efforts à faire pour s'assimiler tout simplement.
04:07C'est vrai que c'est le mot central de votre livre, l'assimilation.
04:10Parce que c'est français, on va leur imposer de s'assimiler au pays.
04:13On comprend que c'est ce pour quoi vous plaidez aussi en France.
04:17L'assimilation plus que la simple intégration.
04:20Mais dans votre livre, on va leur demander à ces catholiques, à ces juifs,
04:23de carrément se convertir à l'islam.
04:26Donc de renier une part de ce qu'ils sont.
04:28Jusqu'où doit aller l'assimilation selon vous ?
04:30Alors là, c'est la liberté de l'auteur.
04:33Parce que là je pars évidemment d'une situation imaginaire.
04:36Mais ce sont des pays de l'autre côté de la Méditerranée.
04:38Il faut le comprendre qu'ils sont jaloux pour leur identité.
04:41Qu'ils veulent préserver leur culture, en l'occurrence arabo-musulmane.
04:46C'est vrai que j'ai pris un cas extrême.
04:48Mais j'ai pris ce cas extrême, en fait, pas tellement pour dire qu'il fallait dans ce cas-là s'assimiler
04:52et changer de religion.
04:54Mais pour dire, regardez ce qui est demandé comme effort.
04:56Quand on doit s'assimiler, quand même, il faut poser à côté son bagage culturel.
04:59Non pas l'oublier.
05:01Moi j'ai jamais, et j'oublierai jamais évidemment, les origines qui sont les miennes.
05:05Mais je partage aujourd'hui les héros français, les gloires françaises, les fiertés.
05:10Je pleure aux défaites.
05:12Je suis vraiment fière et heureuse quand il y a des célébrations et des gloires.
05:18Donc ce panthéon imaginaire, moi je l'ai fait mien.
05:22Et je trouve que c'est dommage qu'on puisse ne pas le partager aujourd'hui.
05:27Et ne pas faire que des...
05:29Je dis quand même, ce sont des millions de français aujourd'hui.
05:31Deuxième ou troisième génération.
05:33Vous allez voir quand ils reviennent en Tunisie, ces français immigrés,
05:37ils ne sont assimilés ni de l'autre côté de la Méditerranée, ni en France.
05:40Je veux dire, c'est comme s'ils étaient apatrides.
05:43Et qu'on est satisfait, on se satisfait d'une telle situation.
05:47Donc pour vous, s'assimiler c'est additionner.
05:49Ça ne veut pas dire oublier ses racines.
05:51Exactement. Mais vous savez Thomas, depuis des années,
05:53je suis allée voir sur les dix dernières années,
05:56comment les responsables politiques appréhendaient cette notion d'assimilation.
05:59D'abord, ils ne l'emploient plus, sauf à l'extrême dans notre classe politique.
06:02Et elle a été totalement dévoyée.
06:04L'assimilation, en quelques mots, c'est de partager les mêmes codes culturels
06:07et les mêmes mœurs du pays d'accueil.
06:10Est-ce si terrible de le demander ?
06:12Est-ce vraiment une démarche teintée de xénophobie comme certains veulent le faire ?
06:15Oui, mais parce que souvent, l'assimilation est associée au mot « renier ».
06:19Souvent, dans l'esprit des gens,
06:21s'assimiler veut dire renier ses origines, sa culture, ses souvenirs.
06:27On est passé de l'assimilation, donc il y a quelques années,
06:29à l'intégration et à la société inclusive.
06:31L'intégration, c'est avoir ses papiers.
06:33Mais moi, j'estime, et je n'emploierai jamais l'expression français de papier,
06:38mais j'estime qu'être naturalisé, ça ne veut pas dire être acculturé.
06:42Vous pouvez être français, mais il y a un effort à faire.
06:45C'est une autre marche à monter pour vouloir préserver l'unité culturelle d'un pays
06:50sans rejeter l'autre.
06:51Et c'est ce que vous avez réussi à votre manière à faire, Sonia Mabrouk.
06:54Oui, mais moi, avec facilité.
06:56Thomas, j'ai eu accès à l'école et j'ai eu un passeport extraordinaire.
07:00Moi, j'ai appris à aimer le pays par la langue, par la littérature.
07:03Donc moi, je suis une privilégiée par ces canaux-là, par ces vecteurs-là.
07:08Je sais que pour une partie de la population, ce n'est pas le cas.
07:11Mais je dis aussi que quand on veut avoir la chance d'être assimilé,
07:14il faut s'en donner les moyens.
07:16Et on va revenir justement sur votre parcours dans un instant, Sonia Mabrouk,
07:19avec votre portrait sonore.
07:21Et si demain, tout s'inversait, c'est votre nouveau roman disponible chez Fayard.