• il y a 8 mois
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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Sarah Barukh et Claire Lajeunie, pour le documentaire « Vivante(s) » diffusé le soir même sur Canal+.

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News
Transcription
00:00 avec Thomas Hill et avec vos invités ce matin.
00:02 Oui, je reçois ce matin Sarah Barouk et Etlaire Lajeuny
00:04 qui viennent nous présenter le documentaire "Vivante"
00:07 qui sera diffusé ce soir à 21h sur Canal+.
00:09 Je m'appelle Sarah Barouk, j'ai 43 ans.
00:12 Pendant dix ans, j'ai vécu avec la peur au ventre.
00:16 Pendant dix ans, j'ai vécu la violence d'un homme.
00:19 Mon homme.
00:21 Aujourd'hui, j'ai réussi à m'échapper de cette emprise,
00:28 à me libérer.
00:30 Cette liberté, j'ai décidé de m'en servir.
00:33 Faire bouger les lignes,
00:35 c'est le défi que je me suis lancé.
00:37 Voilà, faire bouger les lignes sur les violences faites aux femmes,
00:44 c'est le défi que vous êtes lancé, Sarah Barouk,
00:46 et vous l'avez fait de nombreuses manières,
00:48 par des mobilisations, par un livre, par un podcast.
00:52 Et aujourd'hui, donc, par un documentaire,
00:54 c'est vraiment, je le disais tout à l'heure, le combat de votre vie.
00:57 C'est votre histoire aussi.
00:59 Oui, je crois toujours que
01:03 ce n'est pas tellement ce qui nous arrive qui compte,
01:05 c'est ce qu'on en fait.
01:06 Quand je me suis enfuie avec ma fille en pleine nuit
01:11 et que j'ai réalisé, finalement, d'où je venais,
01:14 cette espèce de déconnexion du monde qui est liée à l'isolement
01:18 lorsqu'on est dans une relation d'emprise,
01:21 j'ai eu l'impression d'avoir perdu dix ans de ma vie,
01:24 qu'on me les avait volées.
01:25 Et finalement, la seule manière de les réintégrer à ma vie,
01:29 c'était d'en faire quelque chose.
01:30 Voilà.
01:31 C'est ce que vous faites aujourd'hui.
01:33 Et vous expliquez d'ailleurs dans ce doc que votre mari, il était beau,
01:36 qu'il était drôle, qu'il était intelligent
01:38 et que ça ne l'a pas empêché d'être violent.
01:40 Et ça montre que ces violences, elles concernent tout le monde
01:43 et tous les milieux sociaux.
01:45 Personne n'est protégé vis-à-vis de ça.
01:47 Bien sûr, il n'y a pas de stéréotype de la femme victime de violences
01:50 et il n'y a pas non plus de stéréotype de l'homme agresseur.
01:54 C'est pour ça que moi, je crois que ça ne sert à rien de créer
01:58 de nouvelles divisions, d'essayer d'imputer aux hommes ceci,
02:02 aux femmes cela.
02:03 Bien souvent, et c'est le cas du père de ma fille,
02:05 il est le résultat d'une histoire lui aussi.
02:08 Et la plupart des hommes violents ont eux-mêmes subi des violences
02:13 lorsqu'ils étaient petits, etc.
02:14 Et ce n'est pas une façon de les déresponsabiliser
02:16 lorsqu'on souffre de troubles psychologiques
02:21 ou de psychoses qui vous font réagir de manière agressive.
02:25 On n'est pas responsable d'être malade, on est responsable
02:27 de ne pas se faire soigner.
02:28 Et vous dites aussi qu'on ne s'identifie pas à une statistique,
02:33 on s'identifie à une histoire.
02:34 Et c'est ce que vous avez voulu faire dans ce doc Claire Lajeunie.
02:37 En le réalisant, c'était mettre des visages, des histoires
02:41 sur des statistiques de féminicides qui sont souvent très, très froids.
02:45 Voilà, on entend ça au journaux, mais on n'a pas de visage.
02:48 Et c'est ce que vous avez fait.
02:49 Oui, tout à fait. En fait, c'est ce qui m'a séduit avec Sarah,
02:53 c'est qu'elle avait fait un livre où elle racontait qui étaient ces femmes.
02:57 Et finalement, j'ai eu envie de poursuivre ce travail avec elles
03:00 et d'essayer vraiment qu'elles existent autrement
03:03 et de travailler beaucoup sur l'identification aussi.
03:06 Effectivement, c'est important de se dire que ça peut être notre soeur,
03:08 notre mère, notre copine.
03:10 Voilà, que c'est à côté de nous.
03:12 Encore faut-il que ces femmes, elles acceptent de témoigner face caméra.
03:15 Et vous avez réussi à en convaincre quelques unes.
03:18 C'est à dire que toutes les familles nous ont fait confiance.
03:20 Il y avait beaucoup de femmes qui sont malheureusement plus là,
03:22 donc qui ont accepté qu'on les projette en photo dans ce film.
03:26 On a construit un mur en temps réel.
03:28 C'est le générique du film qui est très fort.
03:30 Voilà, c'était un moment très fort du documentaire, du tournage.
03:32 Et puis, oui, il y a certaines qui parlent comme par exemple Fanny,
03:36 une jeune fille qui a perdu sa mère, son père l'a tué le soir de Noël dans sa chambre.
03:41 Et pardon, c'est vrai que
03:45 il y a beaucoup de femmes, en fait,
03:47 qui, lorsqu'elles ont réussi à fuir les violences,
03:49 mettent tout ça derrière elles pour passer à autre chose,
03:52 pour goûter une autre vie et parfois même en admettant pas forcément
03:57 ce qu'elles ont vécu.
03:59 Et tout l'enjeu, en fait, c'est de réussir à mettre des mots,
04:02 non pas pour se victimiser.
04:04 Et je crois que c'est très important de dire que ce n'est pas parce qu'on a été victime
04:07 de violences de telle date à telle date qu'on doit continuer
04:10 d'être considérée comme telle et finalement d'être encore en dehors de la société.
04:15 On a le droit finalement de danser, de chanter
04:18 et de vivre à nouveau, de rire.
04:21 Voilà. Et je crois qu'il faut considérer ce terme de victime
04:24 presque comme un terme juridique
04:26 ou comme un terme médical.
04:29 J'en sais rien, mais en tout cas, voilà, j'ai souffert de ça à tel moment.
04:32 Je l'accepte, je le réintègre dans ma vie et je suis vivante.
04:37 Ça veut dire que vous vous sentez plus victime aujourd'hui ?
04:39 Pas du tout, mais déjà parce qu'il n'y a pas de victime sans bourreau.
04:43 On est toujours la victime de quelqu'un.
04:45 Et donc, c'est un couple.
04:46 Et vu que je ne suis plus avec cet homme et que j'essaye justement
04:50 de couper les liens même de culpabilité qui peuvent parfois être résiduels.
04:54 Si je continue à me considérer victime, ça veut dire que je suis encore liée à lui.
04:58 Et visiblement, on découvre dans ce doc que vous avez même plutôt retrouvé l'amour.
05:01 Depuis, en tout cas, c'est une des images jolies de ce documentaire
05:05 dans lequel vous faites aussi de la sensibilisation partout où c'est possible.
05:08 Vous allez dans les entreprises, dans les écoles, dans les commissariats aussi,
05:12 parce qu'aujourd'hui encore, les policiers, les gendarmes,
05:14 vous pensez qu'ils ne sont pas assez formés à recevoir la parole des femmes.
05:18 Les choses n'ont pas bougé dans ce domaine là ?
05:20 Il y a eu énormément de travail de fait.
05:23 Ceci dit, un gendarme, une gendarme, un policier, ça reste un humain.
05:29 Et quand on a déjà vu dix personnes dans la même journée,
05:33 qu'on en est à la onzième femme, un dimanche,
05:36 qu'on s'est disputé avec sa femme ou qu'on n'a pas dormi de la nuit à cause de son enfant.
05:41 Peut-être qu'on passe à côté de signaux faibles.
05:43 Voilà. Le problème, c'est qu'on n'a pas le droit à l'erreur
05:46 pour les questions de violence, parce qu'une femme qui vient porter plainte,
05:49 c'est souvent le fruit de mois de stratégie pour réussir à trouver un créneau,
05:55 des années parfois pour assumer ce qu'elle vit,
05:59 assumer de se mettre à nu devant un inconnu.
06:01 Donc, en fait, si on loupe ce coche là, c'est une catastrophe.
06:04 Vous abordez aussi dans ce doc, Claire Lajeunie, le rôle des médias,
06:08 des médias qui parlent encore trop souvent de crimes passionnels
06:10 et n'utilisent pas toujours le terme de féminicide.
06:12 Vous montrez aussi des titres de presse qui transforment les féminicides
06:15 en petites histoires légères, comme ce titre d'un journal local
06:18 "Violence conjugale, la ratelette tourne au vinaigre".
06:21 Le boulot, il est aussi affaire dans les médias aujourd'hui pour vous ?
06:25 Ah oui, complètement. C'était très intéressant.
06:28 C'était important pour moi de pointer cette problématique qui, me semble,
06:31 en fait, on est tous concernés.
06:33 C'est les trous dans la raquette dont on parle dans ce film.
06:35 Et effectivement, on est revenu sur l'affaire Marie Trintignant dans le film.
06:39 On se rend compte à quel point les médias
06:40 parlaient de crimes passionnels, d'accidents,
06:44 donnaient des circonstances atténuantes à Bertrand Contat
06:49 parce qu'il avait bu, alors que pour elle, c'était une circonstance aggravante.
06:52 Oui, on est tous responsables.
06:54 Ce n'est pas tellement drôle de dire "il l'a tué à cause de la pâte à grumeaux".
06:57 Et en fait, on entretient aussi une sorte de romantisme passionnel.
07:02 C'est ça.
07:02 Voilà, on est fascinés.
07:04 On est encore éduqués à Roméo et Juliette.
07:06 On s'aime jusqu'à la mort.
07:08 Oh, c'est une tragédie, mais ça passionne.
07:10 Et puis, surtout, sans aller même jusque là, jusqu'au titre drôle.
07:14 Finalement, lorsqu'on parle des féminicides, on invisibilise totalement les victimes.
07:18 Souvent, les articles, les reportages racontent les circonstances du drame.
07:24 On dit si c'est une arme à feu, si c'est des coups de couteau, combien il y en a eu.
07:27 On commence déjà à donner les circonstances atténuantes de l'agresseur.
07:31 Il avait bu, il était désespéré d'avoir perdu son travail, etc.
07:35 Elle voulait le quitter, alors il l'a tué.
07:37 Et finalement, sur elle, rien.
07:39 Et non seulement c'est une horreur pour les familles,
07:42 parce qu'il faut s'imaginer que plus tard, les enfants lisent ces articles,
07:45 que tout ça est très dur, mais surtout, ça ne permet pas de faire de la prévention
07:49 puisque personne ne s'identifie à 39 coups de couteau.
07:51 Et en cela, ce doc est particulièrement utile.
07:54 Ça s'appelle "Vivante" et c'est diffusé ce soir à 21h sur Canal.
07:58 Il y a peut-être des femmes qui nous écoutent en ce moment même,
07:59 qui subissent régulièrement la violence de leurs conjoints.
08:02 On rappelle qu'il y a un numéro gratuit et anonyme qu'elles peuvent composer.
08:05 C'est le 3919.
08:07 Restez avec nous sur Europe 1 dans un instant,
08:09 le journal des médias de Julien Pichenay.
08:11 Ce matin, on va parler des audiences du mois de février.
08:14 Il est temps de faire le bilan.

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