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NewsTranscription
00:00 -Vous écoutez "Culture Média" sur Europe 1 jusqu'à 11h
00:03 avec Thomas Hill.
00:04 Ce matin, vous recevez Josiane Balasco et Mélanie Thiry
00:08 à l'affiche du film "Captive" qui sort demain.
00:10 -Un film qui nous plonge dans un hôpital psychiatrique
00:14 pour femmes à la fin du 19e siècle.
00:16 -Tu dois le comprendre toi-même
00:20 -De quoi souffrez-vous ?
00:21 -Je suis pas malade.
00:23 -Oui, c'est vrai.
00:24 -J'oublie toujours.
00:25 -Aucune femme n'est folle.
00:27 -Je veux que je t'aime...
00:30 -Je cherche ma mère.
00:31 Elle a été internée ici il y a des années.
00:34 ...
00:36 29 ans, exactement.
00:37 Elle aurait 68 ans.
00:39 -T'es entrée pour ça ? C'est de la folie.
00:41 -Oui, c'est de la folie.
00:43 Mélanie Thiry, vous êtes Fanny,
00:45 une mère de famille qui se fait interner
00:47 à l'hôpital de la Salle Pétrière en 1894.
00:49 500 femmes convaincues de folie sont enfermées.
00:52 Si Fanny s'y rende son plein gré, c'est pour retrouver sa mère
00:56 qui a été internée depuis des lustres là-bas
00:58 et tenter de la libérer.
01:00 Quand Fanny pénètre dans ce lieu,
01:02 elle sait pas où elle met les pieds.
01:04 Elle le découvre en poussant la porte.
01:06 -Non, elle est un peu inconsciente.
01:08 Elle ignore tout à fait ce qui va lui tomber dessus.
01:12 Je pense qu'à la fois,
01:14 elle a fait des recherches pendant de nombreuses années,
01:17 mais avoir une idée et se confronter
01:20 à une réalité aussi brutale,
01:22 je crois qu'elle est loin d'être préparée.
01:25 -Ce qui lui fait penser que sa mère est là,
01:28 c'est qu'elle a reçu une lettre ?
01:30 -Oui, et puis il y a quelque chose au fond d'elle
01:32 qui lui dit qu'il y a quelque chose de pas résolu.
01:35 Tu traînes toute ta vie et à un moment, il faut en découdre.
01:39 Il faut se confronter à...
01:40 à cette réalité et ne pas la laisser passer
01:44 tant que l'espoir est encore là de pouvoir retrouver sa mère.
01:49 -Il faut se confronter notamment à Bobott,
01:51 Josiane Balasco, vous êtes Marguerite Botard,
01:55 qui a réellement existé.
01:56 C'est une fille de paysans, un modèle d'ascension sociale.
02:00 -Extraordinaire pour l'époque,
02:01 puisqu'elle est née d'une famille d'une dizaine d'enfants,
02:04 vraiment pauvres, elle est devenue infirmière,
02:07 elle a travaillé avec Charcot.
02:09 Elle reçoit la Légion d'honneur,
02:11 ce qui est extrêmement rare à cette époque pour une femme.
02:14 -Elle a gravi tous les échelons à la salle pétrière
02:17 où elle est surveillante générale.
02:19 C'est une femme de devoir,
02:20 peut-être pas foncièrement méchante, mais quand même...
02:24 Très sévère, mais apparemment, elle essaie d'être juste.
02:26 -Elle a un bon fond ?
02:29 -Elle n'est pas sadique.
02:31 Elle n'est pas sadique, elle applique à la lettre
02:34 certaines règles, certains traitements
02:37 qui ne sont pas forcément des parties de plaisir
02:39 pour ceux qui les reçoivent,
02:41 c'est même des moments difficiles.
02:43 -C'est des moments de torture.
02:45 -Elle ne le fait pas en idée de faire souffrir gratuitement.
02:48 -Elle pense faire le bien.
02:50 D'ailleurs, ça fait un peu penser parfois à la servante écarlate,
02:53 une excellente série dystopique avec Elisabeth Moss.
02:56 Je ne sais pas si vous connaissez cette série,
02:58 mais il y a cette côté très dure avec les femmes.
03:01 Et la vraie méchante de ce film,
03:04 celle qui transpire la haine, c'est la douane,
03:07 jouée par Marina Feuss, qui est absolument terrifiante.
03:11 Je ne sais pas si elle vous a peur aussi pendant le tournage.
03:14 -Non, mais elle est terrifiante, effectivement,
03:17 mais elle a aussi des excuses.
03:19 Je ne dis pas qu'elle a raison,
03:21 mais elle a des excuses, puisqu'on apprend qu'elle a eu
03:25 une enfance extrêmement difficile,
03:28 que mon personnage l'a récupérée,
03:32 l'a protégée, et effectivement, elle effectue le sale boulot.
03:36 -Oui, c'est ça.
03:37 -Même physiquement, Marina Feuss est transformée.
03:39 Elle a un visage beaucoup plus dur.
03:41 -C'est ça d'être une grande actrice.
03:44 -Et on partage aussi l'angoisse de Mélanie Thierry
03:47 d'être enfermée dans ce lieu,
03:50 parce que petit à petit, vous vous demandez
03:52 si vous allez pouvoir en sortir un jour.
03:54 -Quand on rentre dans un asile psychiatrique,
03:58 même si on ne sait pas si elle est atteinte d'une forme de folie,
04:03 mais en tout cas, elle la côtoie d'une façon sans filtre.
04:09 Donc forcément, à un moment, ça devient poreux.
04:12 Ça devient quelque chose où t'as du mal à distinguer
04:16 à quel point tu vacilles et tu dérapes toi-même.
04:20 -Si certaines femmes sont enfermées là-bas
04:22 parce qu'elles ont des problèmes mentaux,
04:25 elles sont enfermées parce qu'elles gênent.
04:27 Des femmes sont rejetées par leur mari,
04:29 des femmes handicapées, des droguées, des prostituées.
04:32 -Et puis, il y a le personnage de Carole Bouquet
04:35 qui a aussi également existé.
04:37 -Hercile Rouy.
04:39 -Voilà, qui est une grande bourgeoise.
04:41 -Qui a été enfermée là-bas par sa famille
04:43 pour des raisons d'héritage, tout bêtement.
04:46 -Pour l'écarter de l'héritage.
04:47 -Voilà, donc elle a écrit...
04:50 Ses mémoires ont été publiées, je ne sais pas lui,
04:52 mais ses mémoires ont été publiées.
04:54 Ça fait penser à Camille Clodel aussi,
04:57 qui a été enfermée.
04:59 -Son personnage est aussi très fort, celui de Carole Bouquet.
05:02 En tout cas, c'est un film avec un sacré casting de femmes.
05:05 Il faut citer aussi Yolande Moreau, bien sûr.
05:08 Et puis, c'est un film d'époque avec les décors,
05:11 les costumes de l'époque.
05:12 Et ça aussi, j'imagine que ça participe au plaisir
05:15 de jouer dans un film comme celui-là, Mélanie Thierry.
05:18 -Moi, j'adore les films d'époque.
05:20 J'adore avoir la sensation de me transformer
05:24 et d'appartenir à une autre époque.
05:26 Je trouve ça merveilleux,
05:28 parce que c'est pas commun
05:30 et parce que c'est le plaisir de notre métier.
05:33 Mais après, c'est pas toujours confortable,
05:35 d'autant plus quand on est au cœur d'une canicule cet été-là.
05:40 -Ah oui !
05:42 -Moi, je m'en accommode.
05:44 Et puis, je trouvais que l'image était tellement belle,
05:46 qu'il y avait quelque chose de tellement cinématographique
05:50 que je me disais, bon, tout ça en vaut vraiment la peine,
05:53 parce qu'à l'image, c'est vraiment beau.
05:56 C'est vraiment très beau.
05:57 -Josiane, on sent que vous étiez moins cliente, peut-être, du corset.
06:00 -Non, je n'étais pas cliente.
06:03 À un moment donné, j'ai dit, on lâche le corset,
06:05 on ne verra pas la différence.
06:07 C'est exact.
06:08 -Voilà, vous pouvez voir la suite.
06:10 -L'avantage du corset, de le porter un peu,
06:12 parce que je l'ai porté pratiquement les trois quarts du film,
06:14 c'est de donner une tenue.
06:15 On ne se tire absolument pas de la même façon
06:17 avec ou sans corset. On est obligé de se tenir droit.
06:19 -Ça donne une droiture qui correspond bien aussi à votre personnage.
06:22 On va continuer à en parler de ce film "Captive"
06:24 d'Arnaud Despallières, c'était au cinéma demain.