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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
Retrouvez "Le portrait sonore de l’invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-culture
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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1, 9h30, 11h avec Thomas Hill et vos invités ce matin.
00:05Thomas, vous recevez le comédien Bernard Campant et le réalisateur Takis Kandilis.
00:10Oui, et Bernard Campant, dans le film de Takis Kandilis, vous incarnez un promoteur immobilier,
00:15riche et puissant, qui va voir son monde basculer.
00:18Le jour où il est licencié, il apprend la mort de sa fille Sophie, qu'il n'a pas vue depuis 12 ans.
00:23Et ce deuil, ça le ramène à ses racines, à la Grèce, où il se découvre un nouveau rôle,
00:29celui de grand-père.
00:31Bonjour, je suis le papa de ta maman.
00:33C'est pas facile de dire la vérité à un enfant, surtout à un enfant comme lui.
00:36Comment ça ?
00:37Yann, il s'est autiste à ce par cœur.
00:38Qu'est-ce que tu comptes, là ?
00:40Le nombre de places.
00:41Sophia avait besoin de quelqu'un pour s'occuper de Yann.
00:44Moi, j'avais besoin d'un deuxième boulot, comme un peu tout le monde ici.
00:47Tu cherches quoi ?
00:48J'ai l'impression que ce garçon aurait besoin quand même d'une vraie éducation, plus adaptée.
00:52Pensez pas.
00:52Je pense que je m'occupe très bien de lui.
00:54Voilà, le personnage que vous incarnez, Bernard Campant, dans L'Enfant qui mesurait le monde.
00:59Ce personnage, il a tout perdu en une seule journée,
01:02mais il va trouver un petit-fils qui s'appelle Yannis,
01:04qui est atteint d'autisme à ce père-cœur.
01:06Alors, au départ, les rapports sont très distants,
01:08mais petit à petit, au fur et à mesure des jours,
01:11ils vont un petit peu se guérir l'un l'autre.
01:14On peut dire ça, Bernard Campant ?
01:16Oui, ce sont, je dirais même trois personnages,
01:19puisqu'il y a encore une femme qui s'appelle Maria Apostolochea,
01:24qui joue un guide, enfin une ex-guide.
01:28Et ces trois personnages vont apprendre ensemble à se reconstruire,
01:32à faire un deuil.
01:33Alors, l'approche est évidemment très difficile, déjà,
01:37d'apprendre qu'on a un petit-fils.
01:39Voilà, c'est une chose, en plus.
01:41Voilà, qu'il souffre du spectre autistique, c'est encore autre chose.
01:45Donc voilà, les choses vont se faire progressivement, oui.
01:47Et alors, Alexandre, il a quitté Paris pour l'île de Kalamaki, en Grèce.
01:51C'est une île fictive, vous avez tourné sur l'île de Spetses, c'est ça ?
01:57Mais ce n'est pas du tout la Grèce de cartes postales,
01:59avec les petits toits bleus dont on a l'habitude.
02:02Vous, vous avez cherché quelque chose de plus authentique.
02:05Oui, je cherchais une île, ce qu'on appelle,
02:07avec une architecture néoclassique.
02:09C'est-à-dire pas les petites maisons blanches, les ânes et les marches.
02:14Et je cherchais surtout à montrer que la Grèce,
02:17au-delà des 38 millions de touristes qui la visitent chaque année,
02:22elle a une âme, elle a une souffrance, elle a une âpreté.
02:25Et c'est ça que je voulais montrer, donc on a tourné hors-saison, on va dire,
02:30donc pas l'été, et il y a cette lumière un petit peu
02:35moitié-moitié, moitié soleil, moitié foylet.
02:38Oui, ce n'est pas écrasé de soleil.
02:39Ce n'est pas écrasé de soleil, on n'entend pas trop les grillons.
02:42Il y en a quelques-uns, mais il n'y en a pas beaucoup.
02:44Et on montre la Grèce telle qu'elle est.
02:46Avec ses difficultés économiques aussi.
02:47Avec ses difficultés économiques, mais en même temps avec son cœur
02:50et avec ces gens formidables qui la peuplent.
02:53Et ce n'est pas un rôle simple, j'imagine, Bernard Campant,
02:56pour vous, comme pour Raphaël Brottier aussi, qui joue votre petit-fils,
03:00parce qu'il y a finalement assez peu de dialogues et beaucoup de choses
03:02qui sont dites par les attitudes, par les regards.
03:05Ce n'est pas forcément simple à jouer, contrairement à ce qu'on peut imaginer.
03:10Non, texte ou pas texte, ce n'est pas trop la difficulté.
03:13Si tu n'es pas là, non, ce qu'il faut, c'est être vraiment dans la situation,
03:19comprendre le personnage et la situation.
03:21Après, les choses, c'est du travail.
03:23On reprend, on fait plusieurs prises.
03:24Et non, ce n'est pas plus difficile, les silences.
03:28Même moi, je préfère d'ailleurs, j'ai moins de texte à apprendre.
03:32Et ce petit garçon-là, c'était son premier film, je crois.
03:35Oui, Raphaël, c'était un petit garçon formidable.
03:39Moi, j'en ai vu 80 avant de le choisir.
03:42J'en ai fait revenir une partie, etc.
03:43Et à chacun, j'avais donné des textes à préparer.
03:48Et puis, on les filmait pour voir exactement comment ça se passait devant une caméra.
03:52Et Raphaël, c'est le seul qui n'avait pas fait de film avant.
03:56Il n'avait pas de CV, comme d'autres arrivaient avec des CV énormes.
03:59Et il était d'une justesse et d'une...
04:02Et puis, surtout, il comprenait ce qu'il jouait pour des raisons.
04:06Il a un petit frère qui est handicapé, malheureusement,
04:09donc il s'est beaucoup inspiré de ça.
04:10Il comprenait ce que moi, je lui demandais.
04:12Et quand je lui demandais de dévier un petit peu de ce qu'il avait imaginé,
04:16il le faisait immédiatement.
04:17Donc, il a cette compréhension de ce que peut être ce garçon.
04:23Ce n'est pas simple.
04:23Il est très juste.
04:25Comme vous le dites, il faut des silences.
04:27Alors, toute la première partie, il est vraiment en train de...
04:30Et puis, il y a ce problème de rapport social où il y a une distance qui se crée.
04:34Et puis après, il agresse plutôt et à la fin, il s'ouvre.
04:38Et il faut expliquer que ce film, c'est l'adaptation d'un livre de Metin Arditi.
04:43Comment est-ce que vous avez découvert ce livre, Taki Scandilis?
04:45Qu'est-ce qui vous a donné aussi, derrière, l'envie de l'adapter?
04:47Oui, alors, comment je l'ai découvert?
04:49C'est mon producteur, qui n'était pas mon producteur,
04:52qui est un producteur et qui me l'a envoyé en disant, tiens, toi qui es grec,
04:56dis-moi ce que tu en penses.
04:57On me dit que ce bouquin est bien.
04:59Est-ce que je peux l'adapter?
05:00J'ai lu le livre et je suis tombé follement amoureux du livre.
05:03Et c'est vrai qu'après avoir fait un film il y a quelques années,
05:05comme vous l'avez dit au début de l'émission,
05:08j'ai décidé de replonger alors que ce n'était pas du tout prévu
05:12ni imaginé avant.
05:15Et ce livre m'a beaucoup touché pour de multiples raisons.
05:19Parce que moi aussi, je suis un grec de la deuxième génération
05:21et que quelque part, après toute cette carrière,
05:25carrière, entre guillemets, bien sûr, dans l'audiovisuel,
05:29je ne m'étais pas vraiment rendu compte que j'avais
05:31un nom qui avait une certaine consonnance.
05:35Vraiment, vous n'aviez pas réalisé?
05:37Ah non, pas du tout.
05:38Je trouvais tout normal.
05:39Tout ce qui m'arrivait, je le trouvais normal.
05:41Il faut qu'on le dise à Nico Saliagas aussi.
05:43Il doit bien le savoir, non?
05:44Non, mais je me suis dit,
05:48mais c'est vrai, moi aussi, et voilà, et c'est parti.
05:51Et c'est vrai qu'il y a beaucoup de points communs
05:52entre le personnage que joue Bernard Campant et votre propre histoire à vous.
05:55Un petit peu, oui. Il y en a quelques-uns.
05:59C'est drôle, parce que c'est vrai qu'une fois, tu disais,
06:00quelqu'un était venu te voir en disant, je fais un reportage,
06:04un documentaire sur les Grecs de Paris.
06:07Il s'est dit, mais pourquoi tu me demandes ça?
06:10C'est étonnant, quoi.
06:11Comme quoi, on ne se rend pas compte.
06:12C'est fou, ça, et ouais, on va continuer à parler de ce film dans un instant.
06:17L'enfant qui mesurait le monde, c'est en salle mercredi.
06:20Et puis, on va retrouver Sébastien Bordeneuve
06:22pour le premier Indispensable du jour. On parle de quoi ce matin?
06:24Un anniversaire, les 30 ans des drôles de petites bêtes avec,
06:27j'ai invité Marie la fourmi, Loulou le Pou et Patouche la mouche.
06:29Ah, mais j'adore, j'adore, c'est merveilleux.
06:32C'est magnifique, c'est des dessins.