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Dans son émission média, Philippe Vandel et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Laurie Cholewa, présentatrice radio et TV, pour le documentaire "Re-Belles" sur Canal+.

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Transcription
00:00 - Et justement quand on parle de cinéma, elle est là, la spécialiste du cinéma sur Europe par notre collègue Laurie Cholivard.
00:07 - Bonjour Laurie Cholivard. - Bonjour Philippe Vandel, bonjour à tous.
00:09 - Les auditeurs d'Europe vous connaissent bien, vous présentez Clap l'émission de cinéma d'Europe le samedi de 17h à 18h.
00:15 Vous êtes aussi présente à la télé, notamment sur Canal avec l'émission Tchitcha qui parle aussi de cinéma.
00:20 C'est le vendredi à 19h. Votre actu c'est un documentaire initié par vous, ça s'appelle Re-Belle au pluriel.
00:26 Il y a un sous-titre "Et si vieillir au cinéma n'était plus un drame ?"
00:30 On comprend donc que c'est un drame. C'est demain à 23h10 sur Canal+.
00:34 C'est réalisé par Sophie Pagès, mais vous en êtes à l'origine, la colonne vertébrale et également la productrice.
00:39 Tout est parti Laurie, votre questionnement à l'approche de vos 40 ans.
00:43 - C'est vrai, même quand j'ai eu 40 ans, j'ai eu comme un sentiment de compte à rebours.
00:47 Je me suis dit "Bon, il me reste combien de temps avant d'être périmée ?"
00:50 J'avais le sentiment de ne pas du tout avoir accompli tout ce que je rêvais d'avoir accompli à 40 ans.
00:56 Un sentiment de panique, de me dire "Je suis une femme, combien de temps il me reste pour pouvoir le faire ?"
01:02 Ensuite, je me suis ressaisie et je me suis dit "Non, c'est à moi d'être convaincue".
01:05 Et puis 40 ans m'a toujours dit que c'était le bel âge, donc il faut que je puisse en profiter sereinement.
01:09 - Périmée ? Un homme ne se dit pas ça ?
01:12 - Non, tout commence pour un homme à 40 ans.
01:16 C'est vrai, c'est là l'injustice de cette société entre les hommes et les femmes.
01:21 C'est aussi ce qu'on veut démontrer dans ce documentaire, c'est que les choses doivent évoluer.
01:26 Elles commencent, mais lentement.
01:28 - Comment ça se passe justement, parce que c'est l'objet de vos documentaires, dans le cinéma ?
01:31 Ce qui est très intéressant, on en reçoit ici des gens du cinéma, ils disent tous "C'est dégueulasse,
01:36 les hommes ne sont pas vus comme les femmes, mais pourtant les femmes de plus de 40 ans, de plus de 50,
01:41 il n'y en a quasiment plus qui tournent, vous avez fixé l'étiage à 45, comment ça se passe dans le cinéma ?
01:47 - Difficilement, on le voit, les femmes de plus de 50 ans, elles représentent 22% de la société,
01:53 un quart de notre société, mais 6% des rôles au cinéma.
01:55 Donc il y en a très peu, les cinéastes, les producteurs ne sont pas inspirés par cette tranche d'âge,
02:01 et donc elles n'existent pas.
02:03 On a un témoignage dans le documentaire de Marina Thome, qui est une actrice qui a créé ce collectif,
02:09 le tunnel de la femme de plus de 50 ans.
02:11 - Le tunnel de la comédienne de 50 ans.
02:13 - C'est ça, exactement.
02:15 Tunnel, parce qu'il y a un moment donné où la femme disparaît des écrans,
02:18 pour revenir une fois qu'elle est à l'âge de la grand-mère.
02:21 Là, elle retrouve une position plus installée dans la société, on peut l'identifier,
02:25 et elle inspire de nouveau quelque chose.
02:27 Mais il y a ce fameux tunnel, alors bien sûr il y a aussi les contre-exemples,
02:30 et des femmes qui continuent à travailler et à avoir des rôles très enrichissants.
02:33 - De Neuve, Sophie Marceau, Adjani, on va entendre une séquence très forte.
02:37 On est en 96, Annie Girardot a reçu un César pour son rôle dans "Les Misérables",
02:42 mais après 15 ans de traversée du désert, Annie Girardot monte sur scène et elle dit ceci.
02:47 - Ça fait tellement longtemps, je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français,
02:53 mais à moi le cinéma français a manqué.
02:58 Follement et perdument, douloureusement.
03:05 Votre témoignage, votre amour, me font penser que peut-être,
03:12 je le dis bien peut-être,
03:17 je ne suis pas encore tout à fait morte.
03:21 - Et je me souviens d'une anecdote qu'avait racontée un jour Annie Girardot, bouleversante effectivement,
03:25 elle avait rencontré des producteurs qui lui disaient qu'ils cherchaient une Juliette Binoche jeune.
03:29 Et Girardot dit "Vous vous rendez compte, Juliette Binoche a 18 ans,
03:32 on est déjà en train de chercher une jeune Binoche alors qu'elle a 18 ans.
03:36 Pourquoi le cinéma n'aime pas chez les femmes ce qu'il aime chez les hommes, à savoir le temps qui passe ?
03:41 - Parce que la femme a souvent été vue comme un objet de désir,
03:45 et une fois qu'elle sort de cette catégorie, on ne lui trouve plus de fonction.
03:50 C'est aussi ce qu'on dit dans le documentaire, la femme ménopausée n'a plus de fonction dans la société,
03:54 elle n'est plus fertile.
03:57 - Mais dans la vraie vie on a une fonction.
04:00 - Ma question, si vous faites un film avec une femme qui est juge d'instruction,
04:05 elle est juge d'instruction, elle conduit des affaires, la ménopause n'a rien à voir là-dedans.
04:09 - Je suis bien d'accord avec vous.
04:12 C'est là tout le problème, c'est que vraiment la femme au cinéma pendant longtemps,
04:17 je dis bien à part certaines exceptions, était vue comme l'objet de convoitise, l'objet de désir.
04:23 - Elle n'est plus désirable à 45 ans.
04:26 - Ce n'est pas moi qui le dis, mais c'est le constat.
04:29 - Dans votre doc, il y a une sacrée liste de comédiennes qui parlent.
04:32 Ont-elles été dures à convaincre ? J'ai les noms.
04:35 - Non, celles-là n'ont pas été dures à convaincre,
04:38 elles étaient même très contentes de pouvoir parler et témoigner.
04:41 Et puis surtout, nous on a vraiment voulu faire un documentaire aussi positif,
04:45 aller vers la lumière, aller vers des femmes comme Léa Drucker,
04:48 qui sont plus épanouies aujourd'hui, qui justement ont connu le succès un peu sur le tard.
04:54 - Je veux dire qu'il y a Auratika, Anissa Bonnefond, Valérie Abruni-Tedeschi,
04:57 Clotilde Couraud, Reddy Wan, Léa Drucker, vous l'avez dit,
04:59 Marie-Gilaine Grimbert, Irène Jacob, Liliane Rever,
05:02 Elisabeth Tanner qui est agent, Marina Thome dont vous avez parlé,
05:05 Rosalie Varda, ça fait quand même une sacrée liste.
05:07 En même temps, on ne voit pas toutes les femmes qui ont été éjectées,
05:10 qui ont été jetées du train en marche par le milieu du cinéma
05:13 et qui maintenant font un tout autre métier.
05:15 - C'est vrai, il y en a beaucoup qui ont passé 40 ans,
05:18 on n'avait plus de rôle, plus de proposition.
05:21 Elles ont rebondi certaines au théâtre ou ailleurs,
05:24 mais c'est vrai, pour une grande partie des femmes, c'est très compliqué.
05:27 - Vous faites entendre le témoignage d'une très grande comédienne
05:30 que je n'ai pas encore citée, c'est Anne Brochet, comme vous dites,
05:33 après son Cyrano et Depardieu, elle avait le monde du cinéma à ses pieds.
05:36 Les plus grands cinéastes réveillent de la faire tourner,
05:39 et pourtant, je vous cite encore, elle a pris la tangente.
05:42 Et voici comment Anne Brochet explique sa disparition des écrans.
05:45 - C'est un métier difficile et qui m'a apporté beaucoup d'anxiété.
05:50 Et je n'étais pas prête, j'étais plus fragile que ça,
05:56 et j'avais besoin d'être dans d'autres choses,
05:59 d'autres rêveries, d'autres amours, que de dire oui.
06:07 Pourquoi ? Parce que je pensais que j'aurais 25 ans pendant 300 ans,
06:11 et que je pouvais me permettre de dire non.
06:14 Et je disais non beaucoup, beaucoup, beaucoup.
06:17 - Je pensais que j'aurais 25 ans pendant 300 ans.
06:20 Comment vous expliquez ce déni de réalité ?
06:22 Anne Brochet sait qu'elle n'aura pas 25 ans pendant 300 ans.
06:25 Donc elle le sait, mais elle le pense quand même.
06:28 - Parce que je crois que c'est vraiment ce qu'on dit dans le documentaire,
06:30 elle avait le monde à ses pieds, les comédiennes,
06:33 elles nous font rêver, elles nous fascinent quand elles ont du succès,
06:36 quand elles ont des propositions dans tous les sens,
06:39 ça virevolte, il y a une effervescence de ce métier qui est quand même hors normes,
06:43 hors du commun, elles sont dans un tourbillon.
06:45 Je crois qu'elles sont loin d'imaginer cette réalité qui arrive très brutalement.
06:50 Elle le dit, Anne Brochet, elle en a vraiment souffert,
06:52 elle n'était pas armée pour ça.
06:54 - Votre documentaire, je dois le dire, se termine sur une note d'espoir.
06:56 Ça va mieux ? Les choses changent ?
06:58 - Non, bien sûr, ça va mieux.
06:59 Déjà, c'est à nous, femmes, d'en être convaincues,
07:02 qu'on est belles, qu'on peut être belles à tout âge,
07:04 qu'on peut être épanouies, qu'on peut avoir de belles carrières,
07:07 et que le monde ne s'arrête pas, la vie ne s'arrête pas pour nous à 45 ans,
07:10 bien heureusement.
07:11 Mais effectivement, les choses aussi avancent,
07:13 les femmes réalisatrices qui prennent le pouvoir, qui prennent la parole,
07:16 on l'a vu encore il y a quelques jours avec Justine Trier,
07:18 Palme d'or à Cannes.
07:19 - Palme d'or à Cannes, et j'ai remarqué quelque chose qui fait que ça change,
07:21 vous avez vu que c'est maintenant les femmes qui font polémique
07:24 le discours de Justine Trier, Palme d'or.
07:27 Adèle Haenel qui dit "on se lève, on se casse",
07:29 ou Corinne Maziero complètement nue au César,
07:31 les choses sont en train de changer.
07:33 - De changer, et Adèle Haenel qui a déclaré arrêter sa carrière au cinéma.
07:36 - Merci beaucoup, Laurie Choleva, vous n'avez pas arrêté,
07:39 vous avez fait appel à ce documentaire, "Repel"
07:41 et "S'y vieillir au cinéma ne vaut plus un drame",
07:43 c'est demain à 23h10 sur Canal+.
07:45 Anissa, on peut quoi entendre ?
07:47 - Ah bah Laurie, on l'entend, le mercredi matin,
07:50 à 7h45 dans Europe 1 matin, avec ses bons conseils ciné,
07:53 et puis clape, 1 heure de cinéma tous les samedis, 17h-18h.
07:57 Alors samedi dernier c'était à Cannes avec Martine Scorsese entre autres,
08:00 et samedi prochain c'est à Roland Garros,
08:02 Laurie elle est partout,
08:03 Roland Garros avec Camille Chamoux,
08:05 samedi 17h sur Europe 1.

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