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Dans son émission média, Philippe Vandel et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Franck Guérin, réalisateur, pour la série documentaire "Omerta" sur Canal+ Docs.

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Transcription
00:00 Vous écoutez Culture Média avec Philippe Vandelle et votre invité aujourd'hui.
00:03 Bonjour Franck Guérin.
00:04 Bonjour.
00:05 Vous êtes réalisateur, documentariste et vous venez nous présenter la série documentaire
00:09 Omerta consacrée au gang de la brise de mer.
00:12 4 épisodes d'une heure qui seront diffusés les 19 et 26 mai.
00:15 Le 19 c'est demain vendredi, donc vendredi et vendredi prochain à 21h sur Canal+ doc
00:20 et qu'on pourra évidemment retrouver sur MyCanal.
00:22 MyCanal.fr.
00:23 Merci d'être avec nous en direct sur Europe 1.
00:25 Alors la brise de mer, pour les plus jeunes, c'est quoi ?
00:28 C'est un gang de jeunes Bastiais qui a régné sur la Corse de quelle période à quelle période ?
00:32 D'un mot.
00:33 On va dire une trentaine d'années entre le début des années 80 et la fin des années 2010.
00:39 Alors c'est un nom très poétique mais vous dites que la brise de mer était le plus grand
00:44 groupe criminel en France depuis la seconde guerre mondiale.
00:47 D'où vient leur nom ?
00:48 La brise de mer au départ c'est un bar sur le vieux port de Bastia dans lequel des jeunes
00:54 gens se réunissent, il y a un peu de tout, il y a des pêcheurs, des ouvriers, des artisans
00:58 et puis il y a cette bande de jeunes qui ont entre 22 et 27 ans et qui ont déjà un petit passé
01:06 et qui vont s'associer.
01:08 Leurs spécialités c'était lesquelles ?
01:09 Oh là, ils ont eu beaucoup de spécialités.
01:12 Au départ, comme on raconte une histoire sur 30 ans, au départ il y a les classes,
01:18 on fait ses classes à Marseille, on va apprendre à faire le métier, à faire au départ des
01:23 petits braquos et petit à petit ils vont s'améliorer, ils vont se spécialiser, ils
01:28 vont faire la même chose en même temps que le gang des postiches dont on a entendu parler
01:33 et puis ils vont investir, enfin ils ont eu beaucoup de spécialités.
01:36 Braquage, machine à sous, pas de drogue ?
01:38 Non, pas de drogue, pas de drogue, il y a quelque chose de l'ordre de la culture là,
01:43 on empoisonne pas ses enfants, il y a quand même quelque chose comme ça, alors je dirais
01:49 pas que c'est une forme de morale mais enfin on en pensera ce qu'on veut, il n'y a pas
01:53 vraiment de drogue.
01:54 Alors après il y avait sans doute un peu des investissements déguisés, il y avait
01:57 quand même en l'occurrence des connexions si je puis dire avec la French Connection
02:03 et d'ailleurs dans le film on a un ancien de la French Connection qui nous parle.
02:06 Alors justement, votre film s'appelle "Omerta" et c'est totalement antinomique puisque l'Omerta
02:10 c'est le fait de ne pas parler, comment avez-vous réussi à faire parler des témoins ?
02:14 C'était ça l'enjeu quand même.
02:19 Bah oui effectivement, on a un groupe criminel qui va imposer la loi du silence pendant 30
02:24 ans, donc même si d'une certaine manière on peut considérer sans spoiler que la brise
02:30 de mer dans sa gloire est terminée, même s'il y a encore des héritiers quand même,
02:35 le problème c'est de faire effectivement parler des gens à qui on a dit de se taire
02:40 pendant des années, comment on fait ? Avec grande difficulté, en avançant prudemment.
02:46 Alors, le premier épisode raconte les débuts du gang et un procès hallucinant qui s'est
02:51 tenu à Dijon en 85 pour l'assassinat d'un patron de discothèque.
02:54 D'abord il a été déplacé, délocalisé ce procès, à l'époque le parrain de l'île
02:59 Corse, donc la Corse et Louis Mémi, il est de Corté, sauf que la brise de mer veut changer
03:03 les règles du jeu.
03:04 Un jour, ils se rendent au Castel, une discothèque tenue par un certain Daniele Zigloli, j'espère
03:11 que j'écorche pas les noms, ce dernier est protégé par Louis Mémi, mais les jeunes
03:15 malfrats débarquent dans la boîte de nuit et lui mettent la pression de quelle manière ?
03:19 - Ils mettent la pression d'une manière un peu classique, c'est-à-dire qu'on arrive,
03:23 on pose une arme sur la table et on commence à dire "bon, toi t'es un honnête garçon,
03:30 nous on est des voyous, les boîtes de nuit c'est fini pour les gens honnêtes, maintenant
03:35 ça va appartenir aux voyous".
03:37 Sauf que, effectivement, comme vous l'avez dit, à ce moment-là, cette boîte de nuit,
03:42 comme beaucoup de commerces, est protégée par un vieux clan, un clan à l'ancienne,
03:46 avec un vieux parrain, qui n'est pas si vieux d'ailleurs qu'à 50 ans, mais quand je dis
03:50 vieux c'est à l'ancienne.
03:51 Mais donc pour récupérer ce business, il va falloir éliminer tout le monde.
03:56 - Alors, le patron de la boîte, Daniele, il ne les prend pas au sérieux, il les vire
03:59 de la boîte et il se plaint justement auprès du parrain Louis Mémi.
04:02 Ce dernier, Louis Mémi, retrouve les deux Bastiets, dont Georges Settelli, et il leur
04:07 fait la leçon à sa façon et c'est un témoin qui raconte.
04:11 - Louis Mémi, il a fait mettre à genoux Georges Settelli, il a braqué le calibre sur la tête,
04:18 il a dit "demande pardon", je sais pas, il a humilié.
04:21 Le mec il t'humilie, il te met un calibre sur la tête, il te dit "mets-toi à genoux".
04:28 Ça peut pas passer ça.
04:30 Chez les voyous, ça peut pas passer.
04:32 Si tu passes ça, t'es... t'es une merde.
04:35 Le mec, il faut qu'il meure, lui, tout le monde.
04:37 - Je n'avais encore jamais vu ça, en 842 émissions, Franck Guérin fait le karaoké
04:42 du voyou qui dit "ça peut pas passer ça".
04:45 - Ouais, je connais un peu le film par cœur.
04:46 - Voilà, mais c'est une phrase exemplaire, "ça peut pas passer" et "c'est pas passé",
04:50 racontez ce qui s'est passé.
04:51 - Bah ça peut pas passer d'avoir...
04:54 Quand on est un jeune voyou, d'avoir un vieux parrain qui met effectivement...
04:58 - Non mais je veux dire ce qui s'est passé, Louis Mémi, il sera assassiné le 10 septembre
05:02 80 et il aura droit à des obsèques quasiment nationales, en tout cas c'est impressionnant
05:08 en Corse, et là c'est une forme d'acte de naissance pour la brise de mer parce que s'ils
05:12 sont capables de tuer le parrain, c'est qu'ils n'ont peur de rien, c'est ça ?
05:15 - Totalement, c'est prendre la place, tout simplement, ce sont les nouveaux qui...
05:19 Le nouveau monde qui va remplacer l'ancien monde et qui va construire un système qui
05:24 est complètement différent de l'ancien.
05:25 C'est surtout ça.
05:27 C'est-à-dire qu'ils vont pas se contenter de récupérer les machines à sous qui étaient
05:31 un peu le business à la papa de Louis Mémi, non seulement ils vont les récupérer, ils
05:35 vont en installer d'autres, ils vont dire au cafetier "maintenant c'est fini les 50%"
05:38 parce que c'est 50/50, on met 50 pour les bouailloux, 50 pour le cafetier, terminé,
05:43 on récupère tout, et puis ils vont installer leur propre business, c'est-à-dire quand
05:48 il y aura des discothèques, ça sera leur discothèque.
05:50 - Donc maintenant c'est 100% mais tu restes en vie.
05:52 Alors le patron de la discothèque, Daniel Ezziglioli, sera assassiné un an plus tard
05:57 en septembre 82, mais les trois auteurs présumés de l'assassinat commettent ce soir-là, ce
06:02 jour-là, une imprudence.
06:03 Ben non, je vous demandais.
06:06 - Quelle imprudence ?
06:07 - Ben je vais vous demander.
06:08 C'est qu'il y a une arme du crime qui est retrouvée, un témoignage policier, je l'avais
06:11 noté en secours.
06:12 - Pardon, je croyais que vous lanciez un...
06:14 - Il y a eu un procès, on va sauter des étapes, vous avez raison, il y a eu un procès en
06:17 85 qui a été délocalisé à Dijon, mais rien ne va se passer comme prévu.
06:22 Le procès démarre et tout le milieu corse débarque à Dijon, raconter les voitures
06:26 qu'on voit dans la ville de Dijon.
06:28 - Oui, c'est ce que raconte l'avocate Christine Corrégez, c'est qu'elle dit dès le début
06:31 du procès, on voit et on entend toutes les voitures, des Porsche, des Ferrari, qui démarrent
06:37 dans l'écrissement de pneus, invraisemblable, en gros c'est de l'intimidation.
06:41 - Voilà, avec les plaques d'immatriculation corse.
06:44 - Bien entendu, de la haute corse, et donc à ce moment-là, les services de police sont
06:49 un petit peu paniqués parce que la ville de Dijon c'est plutôt tranquille quoi.
06:53 - Alors le procès, ça démarre très fort, le premier matin du premier jour, le président
06:57 de la cour est offensif, puis arrive le déjeuner, et après l'heure du déjeuner, le ton change.
07:04 On écoute l'avocat de Daniel Zilioli.
07:07 - Je me suis dit "mais qu'est-ce qui se passe ?"
07:09 Et puis, au bout d'un quart d'heure, je me tourne vers mes confrères, je me dis "mais
07:13 ils ont été touchés à l'heure du déjeuner !"
07:15 Et ils m'ont tous dit "bien évidemment, t'as raison, bien sûr".
07:18 "Touchés", ça veut dire qu'on a approché d'une manière ou d'une autre le juge, le procureur
07:23 ou même le jury, qu'on a fait passer un message, et que le message a été reçu.
07:28 - C'était surréaliste.
07:31 Les jurés ont été d'une description absolument totale, j'en ai pas vu un seul poser une question,
07:36 on les a pas entendus, on les a pas vus.
07:38 La seule chose que j'ai vue, c'était un président métamorphosé entre le matin et
07:42 l'après-midi du premier jour, et puis surtout, une attitude incompréhensible et complètement
07:46 inhabituelle vis-à-vis des avocats des partis civils.
07:49 Je ne l'ai jamais vue.
07:51 - Incroyable.
07:52 - Et on n'est pas au 19e siècle, on est en 1985, et puis il y avait un témoin clé, un policier,
07:58 il a changé de témoignage.
08:01 - C'est ça qui est incroyable, c'est qu'un policier voit les meurtriers présumés, on est obligé
08:08 de dire, puisqu'ils ont été acquittés, les voir se débarrasser du crime,
08:13 - De l'arme du crime.
08:16 - Non, ils ne se débarrassent pas du crime, de l'arme du crime, pardon.
08:19 Et effectivement, il est appelé à témoigner à la barre, sauf qu'au moment d'arriver à la barre,
08:23 il ne se souvient plus, il ne sait pas s'il a bien vu, est-ce que c'était bien en l'occurrence
08:28 Robert Moraquini, qui, ben non, peut-être que ce n'était pas lui, donc évidemment,
08:32 on comprend ce qui a pu se passer entre-temps.
08:34 - C'est à voir, le mot "Omerta" prend tout son sens, c'est à voir demain, le 19, et vendredi
08:39 prochain, le 26 à 21h, sur Canal+ Doc, et évidemment sur MyCanal, un grand merci
08:44 Franck Guérin d'avoir été avec nous en direct sur Omerta.

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