Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Bruno Retailleau.
00:02Bonjour Sonia Mabrouk.
00:03Et bienvenue monsieur le ministre de l'Intérieur à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:07Vous avez d'ores et déjà effectué votre premier déplacement hier soir au commissariat de la Courneuve en Seine-Saint-Denis
00:12pour rappeler votre priorité de rétablissement de l'ordre.
00:15Tout d'abord sur la méthode Bruno Retailleau, qu'est-ce qui garantit que vous ne serez pas uniquement dans la communication et dans les coups de menton ?
00:23C'est ma volonté, c'est ma volonté et j'ai toujours fait preuve dans ma vie politique de conviction
00:28et j'ai toujours voulu les appliquer.
00:30Si je me suis déplacé hier à la Courneuve, c'est pour aller au milieu de mes troupes et pour saluer des policiers
00:36dont un a été très grièvement blessé, il a malheureusement eu une main très fracturée.
00:41J'ai voulu leur dire ma solidarité, j'ai voulu leur dire que je ne laisserai rien passer
00:45et qu'ils font leur travail et ce travail était un travail réussi
00:49parce que même s'il y a eu ce blessé, il y a eu quatre interpellations
00:53donc ma volonté elle sera inflexible, je serai intraitable.
00:57J'ai une feuille de route que le Premier ministre m'a donnée, c'est l'efficacité, c'est le rétablissement de l'ordre.
01:03Les Français d'ailleurs nous ont donné leur feuille de route.
01:06Il faut entendre le message qu'ils nous ont envoyé au premier tour des législatifs.
01:10Qu'est-ce qu'ils veulent ? Plus de sécurité, moins d'immigration.
01:13Eh bien moi je suis un démocrate respectueux du peuple souverain et donc j'appliquerai cette feuille de route.
01:19On va parler de votre feuille de route, vous dites que vous serez intraitable Bruno Rotailleau.
01:22Vous avez d'ailleurs affirmé plus largement que tous ceux qui mettraient une cible dans le dos de nos forces de l'ordre,
01:27ils vous trouveraient sur leur chemin. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
01:30Je vous prends un exemple précis, un responsable politique aujourd'hui qui dénigre la police,
01:35qui dit que toute la police tue sans distinction, qui affirme qu'elle est raciste,
01:39comme le disent certains responsables d'extrême gauche.
01:42Comment vous réagirez ? Est-ce que vous allez saisir automatiquement la justice ?
01:46Absolument et là je vais être plus précis et encore plus clair.
01:50Toutes celles et ceux qui mettent une cible dans le dos de nos policiers, de nos gendarmes,
01:56me trouveront en travers de leur route.
01:58Un exemple très concret, un député, monsieur Raphaël Arnaud qui est par ailleurs fiché S,
02:05un insoumis, fait il y a deux jours un tweet.
02:09Je vais vous lire simplement le début du tweet.
02:13Assassinat de Kanak par les forces policières envoyé spécialement à 17 000 kilomètres.
02:20Vous avez ici, mais les auditeurs radio ne le voient pas, ceux qui écoutent ces news le voient.
02:25Dans la journée, je saisirai le procureur de la République, ça signifie que je porterai plainte.
02:31Vous estimez qu'à travers cette réaction sur X, Raphaël Arnaud affirme que les policiers ont prémédité,
02:37que les forces de l'ordre ont prémédité un meurtre ?
02:40Absolument, et je ne laisserai rien passer.
02:42Et à chaque fois, et en plus c'est un député, on ne peut pas se scindre d'une écharpe bleu-blanc-rouge
02:48pour avoir de tels comportements.
02:50Ce genre de comportement est une violence qui est inacceptable.
02:53Les policiers et les gendarmes sont le bouclier de la République.
02:56Ils protègent les Français et ils protègent, je le dis dans mon discours, les Français les plus faibles.
03:01Parce que le problème aujourd'hui, cette demande d'ordre à nos frontières, d'ordre aussi dans la rue,
03:07elle n'émane pas de Français les plus riches, elle émane au contraire des Français les plus modestes.
03:11Pourquoi ? Parce qu'eux, ils n'ont pas les moyens de mettre leurs enfants dans les bonnes écoles,
03:15ils n'ont pas les moyens d'habiter les bons quartiers.
03:17Toutes paroles qui dénigrent la police ou qui selon vous dénigrent la police,
03:21vous saisirez automatiquement la justice.
03:23Exactement, parce que j'estime que rétablir l'ordre, vous me demandez quels sont les moyens pour rétablir l'ordre,
03:28c'est déjà le respect des forces de l'ordre.
03:31Donc là-dessus, ne rien laisser passer.
03:33Comme agresseur des forces de l'ordre, là je parle physiquement,
03:35doit-il systématiquement, de votre point de vue, faire de la prison ferme ou passer par la casse-prison ?
03:40Absolument, c'est fondamental.
03:42Vous savez, ce policier, jeune policier qui a eu une main brisée,
03:46plus de 40 jours d'interruption temporaire de travail, ça n'est pas rien.
03:50Il me racontait que celui qui a été la cause en réalité de ces dommages,
03:56de cette atteinte à son intégrité physique, il avait 33 antécédents.
04:01Parmi ces 33 antécédents, donc c'était un mineur,
04:04dans un cas, il avait fait un vol avec torture.
04:09Pas un seul jour de prison.
04:11Bon, donc il y a sans doute des textes à changer
04:15et si on veut aboutir à des résultats, il faut que l'ensemble de la chaîne puisse être réactive.
04:20Mais est-ce que vous aurez les moyens de ces ambitions-là, monsieur Rotaillot,
04:23puisque là vous parlez d'un domaine qui n'est plus tellement le vôtre
04:26et qui est celui du garde d'essau Didier Migaud.
04:28Il vous a répondu hier d'ailleurs à votre volonté de changer la politique pénale.
04:32Il vous dit, vous concernant, il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays
04:37et que c'est essentiel dans une démocratie.
04:39Le bras de fer commence ?
04:40Non, il a parfaitement raison.
04:42Mais c'est un avertissement ?
04:43Non, il a parfaitement raison.
04:44Vous ne le voyez pas comme une mise en garde ?
04:46Une démocratie, ce n'est pas seulement le suffrage universel,
04:48c'est aussi la séparation des pouvoirs.
04:50Donc bien sûr, la justice est indépendante et le garde d'essau doit pouvoir le rappeler.
04:55Et cette indépendance s'impose à tous.
04:58Simplement, ce que je veux dire, c'est que les juges appliquent la loi.
05:01Les juges ne sont pas déconnectés de la volonté générale,
05:05la volonté notamment du Parlement.
05:07Et il nous appartient, gouvernement, de prendre l'initiative,
05:11parlement aussi, pour changer les lois.
05:13Monsieur Dupond-Moretti avait dans ses cartons d'ailleurs un texte
05:17pour modifier le cadre de la justice des mineurs.
05:20J'estime que sur la justice des mineurs, on ne peut plus rester de cette façon-là.
05:24On ne peut pas, moi, me demander d'envoyer mes policiers, mes gendarmes en première ligne.
05:30Ils risquent parfois leur vie sans qu'il y ait des sanctions qui soient fermes.
05:34Donc ce n'est pas un problème de la justice, de l'indépendance.
05:37L'indépendance des juges, oui, mais il y a la souveraineté du Parlement
05:42et du peuple français à travers les lois que le Parlement peut voter.
05:46Monsieur le ministre de l'Intérieur, vous êtes en train de dire ce matin clairement
05:48sur CNE, que si la révolution pénale ou le changement pénal n'est pas enclenché,
05:52vous n'aurez pas les moyens de vos ambitions et de protéger les Français et les policiers.
05:56Évidemment, je pense qu'il faut faire très attention.
05:59Il faut faire très attention parce que je ne m'estime pas à l'enfermement dans les rôles qu'on peut avoir.
06:04Moi, comme ministre de l'Intérieur, Didier Migaud, comme garde des Sceaux...
06:07Vous reconnaissez que c'est plutôt, j'allais dire, un duel, une confrontation qu'un duel.
06:12Non, non, non, mais je pense que ce qui doit...
06:15Vous êtes en face parfaitement, monsieur Romagnol.
06:17Ce qui doit nous inspirer, c'est la feuille de route du Premier ministre.
06:20Voulons-nous, oui ou non, avoir des résultats au-delà des discours, au-delà des mots ?
06:26Est-ce que nous voulons avoir des résultats en matière de fermeté, de rétablissement de l'ordre républicain ?
06:31Je pense que le Premier ministre, à plusieurs reprises, a dit ce qu'il en pensait.
06:35Encore une question sur ce sujet. Didier Migaud est un homme de gauche.
06:38Il a été député socialiste de nombreuses années.
06:40Il a voté contre les peines planchées de Nicolas Sarkozy.
06:42En 2007, Didier Migaud avait voté contre la fameuse loi qui a instauré les peines minimales en cas de récidive.
06:49Vous nous dites quand même aujourd'hui, ce matin, que police et justice peuvent, malgré tout, marcher du même pas au même rythme.
06:55J'en suis convaincu. J'en suis convaincu parce que je connais des magistrats, d'ailleurs,
06:59et je pourrais vous désigner des décisions de justice qui ont été très, très fermes.
07:04Donc, on ne peut pas généraliser. Ce n'est pas le problème des magistrats en tant que tel.
07:07Ce n'est pas le problème du garde des Sceaux en tant que tel.
07:10C'est le problème de texte qu'il faut changer.
07:13Je pense que, je l'ai dit hier soir sur un autre plateau, on a malheureusement élaboré, depuis un certain nombre d'années, en France,
07:20une sorte de droit à l'inexécution des peines par des aménagements.
07:25Ce que conteste le garde des Sceaux qui affirme que les peines sont exécutées en France ?
07:29Eh bien, nous verrons. Mais je pense qu'en tout cas, il doit y avoir des modifications législatives.
07:35Il me semble que sur la justice des mineurs, vous savez, aujourd'hui, les choses sont simples.
07:39Et je pourrais vous amener très concrètement, et je suis prêt à le faire publiquement, publiquement,
07:44des parcours de jeunes qui ont été enfermés dans des parcours de violence, de délinquance,
07:50qui ont 20, 30, voire même plus d'antécédents.
07:54Et en réalité, en les enfermant dans ces parcours de violence, on attend l'ultime extrémité pour pouvoir les condamner.
08:01Moi, je pense qu'il faut inverser les choses.
08:04Dès qu'il y a un délit sérieux, notamment atteinte à l'intégrité physique, il faut vraiment agir.
08:10Parce que sinon, on les condamne, ces jeunes. On les condamne.
08:12La sanction fait partie aussi de la prévention, de la pédagogie.
08:16Votre action, monsieur le ministre, en matière migratoire, est très attendue.
08:19Vous dites vouloir mettre un coup d'arrêt aux entrées illégales sur notre sol et cesser les appels d'air.
08:23Vous n'excluez pas de revenir sur la circulaire Valse. Vous pouvez nous le confirmer ce matin ?
08:28Bien sûr. Plusieurs points. Je pense que, là encore, il faut utiliser plusieurs leviers.
08:33Je vais convoquer à mon ministère une dizaine de préfets qui ont les départements où il y a beaucoup de désordre migratoire,
08:41pour qu'ils me disent eux-mêmes quels sont les trous dans la raquette qu'il faudrait réparer.
08:46Mais aussi, je vais leur demander des résultats en matière, notamment, de régularisation, de naturalisation et d'expulsion,
08:52puisque la loi, nous l'avons changée. J'y ai participé, d'ailleurs, et on a des leviers qu'il faut se saisir.
08:58Deuxième point, je ne m'interdis pas, évidemment, de prendre, notamment par la voie réglementaire, un certain nombre de choses, de dispositions.
09:05Vous en avez cité une sur la circulaire Valse. Il peut y en avoir d'autres, par exemple, sur l'aide médicale d'État.
09:12Le prédécesseur de Michel Barnier, Gabriel Attal, je sais, a commencé ce travail. Je vais voir où cela en est, pour pouvoir le reprendre.
09:20Mais, là encore, sur le point réglementaire, on a des leviers. Puis il y a la loi.
09:24Moi, j'estime que sur un certain nombre de points, rétablissement du délit de séjour irrégulier, quand on franchit illégalement la frontière, c'est un délit.
09:33Je pense que c'est François Hollande qui l'a annulé il y a un peu plus de dix ans. Je pense qu'il faudrait le rétablir.
09:39Pareil, on a énormément aujourd'hui d'une immigration, notamment pour les étudiants.
09:44Il faut nous donner les moyens de bien voir si ces études sont vraiment le caractère réel et sérieux des études.
09:51Pareil sur les contributions sociales. Une aide sociale en France ne doit pas être induite.
09:55Mais là, vous vous appelez à une révolution. Également sur la politique migratoire, il y a aussi des garde-fous.
10:02Comment allez-vous faire, M. Rotaillot ? Vous-même, vous avez été confronté aux limites par le Conseil constitutionnel, par le droit européen qui supplante le droit national.
10:11Est-ce que, par rapport aujourd'hui à ces garde-fous, vous avez une solution, maintenant que vous êtes aux manettes ?
10:15Oui, absolument. Premièrement, le Conseil constitutionnel a censuré 35 articles très fermes que nous avions introduits au Sénat.
10:24Plusieurs d'entre eux, d'ailleurs, venaient de mes propres amendements. Il les a censurés non pas pour le fond, mais pour une question de forme.
10:30Si on reprend un certain nombre de ces articles, ça nous permet de passer dans les mâles du filet.
10:37Deuxième chose, sur la justice européenne. Moi, je pense que le moment est venu parce qu'il y a un alignement de planètes et c'est une chance.
10:43En Europe, on a beaucoup de gouvernements et de droite et de gauche. M. Scholz n'est pas de droite, il n'est pas conservateur, il est social-démocrate.
10:49Et je pourrais vous citer bien d'autres pays. Il y a une fermeté des gouvernements européens. Je pense qu'il y a un travail à faire en Europe, là encore, pour durcir et pour changer des règlements, des directives européennes.
11:02Mais en Allemagne, les contrôles aux frontières respectent le droit européen. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle ils sont temporaires.
11:10Est-ce que vous pourriez venir contre ce droit qui supplante aujourd'hui le droit national ? Est-ce que vous avez cette vision-là aujourd'hui, des choses pour changer la politique migratoire en France ?
11:18Bien sûr, mais l'Allemagne, alors nous, on a rétabli tous les six mois des contrôles aux frontières, pas dans la même forme depuis les attentats de novembre 2015.
11:27Mais je vous donne un exemple très concret. Nous, on s'interdit de renvoyer en Afghanistan les Afghans. Les Allemands viennent de renvoyer 28 Afghans.
11:35Mais plus généralement, je pense qu'il faut avoir une alliance avec les grands pays européens qui veulent durcir et qui ont déjà durci leur arsenal législatif pour changer des règles européennes.
11:45Je pense à la directive retour qui a été imaginée il y a plus de 20 ans. Elle est totalement obsolète. En tout cas, elle ne correspond plus aux menaces du moment. Ça, c'est fondamental.
11:54Vous aviez été très critique, Bruno Retailleau, à l'endroit d'Emmanuel Macron et de Gérald Darmanin au sujet de l'exécution des obligations de quitter le territoire français.
12:02Est-ce qu'aujourd'hui, vous, ministre de l'Intérieur, vous pouvez nous donner un chiffre, justement, un objectif, un but d'exécution de ces fameuses OQTF ?
12:09On se souvient que le président avait évoqué le chiffre de 100 % des exécutions de OQTF.
12:14Ce n'est pas, malgré tout le respect que j'ai pour le président de la République, 100 %. Ce n'est pas un objectif que je peux reprendre.
12:20Pourquoi ?
12:21Parce que 100 %.
12:23Vous prenez l'efficacité.
12:24Mais c'est parce que, là encore, les OQTF sont soumises, notamment à la justice. Et moi, je ne peux prendre des engagements que je peux tenir moi-même, mais pas pour d'autres.
12:35Et je pense qu'aujourd'hui, le taux d'exécution est très bas, moins de 10 %, 7 %. Et il faut absolument... Je ne vais pas vous donner de chiffres aujourd'hui.
12:43J'ai pris la passation de pouvoir, c'était il y a moins de 24 heures. Donc laissez-moi... Je vous le donnerai quand j'aurai vu les préfets, etc.
12:51Je veux travailler sérieusement. Je ne veux pas faire des faits d'annonce. Je l'ai dit moi-même dans mon discours de passation de pouvoir.
12:56Je ne raconterai pas d'histoire aux Français. Je vais me mobiliser et on va augmenter considérablement. Vraiment, ça, c'est un engagement, le taux d'exécution des OQTF.
13:05Vous ne voulez pas raconter d'histoire aux Français, mais certains de vos propos que vous avez tenus ont provoqué des polémiques.
13:11Vous le savez, M. Rotailleau, hier, sur notre antenne, à votre place, Manuel Bompard, responsable de la France insoumise, a dit que vos propos,
13:17notamment sur la régression vers les origines ethniques ou encore les Français de papier, relevaient du racisme. Est-ce que vous regrettez de tel...
13:25C'est l'hôpital qui se manque de la charité.
13:27Pourquoi ?
13:28Parce que les insoumis, pour moi, en voulant racialiser les rapports sociaux, en passant par ce critère de la race, en réalité, finalement,
13:38font de cet antiracisme un nouveau racisme et notamment avec cette inclinaison qu'ils ont, notamment sur l'antisionisme,
13:47qui n'est bien souvent que le masque pour cacher l'antisémitisme. Je n'ai pas de leçons à recevoir de M. Bompard.
13:54D'ailleurs, j'aimerais savoir si M. Bompard, ce matin, va condamner les propos de ce député Raphaël Arnault,
14:00qui siège dans le groupe LFI des insoumis à l'Assemblée nationale, en accusant, je le dis encore, les forces de l'ordre en Nouvelle-Calédonie.
14:07Je lui rappellerai que deux gendarmes sont décédés, laissant des familles endeuillées, des amis.
14:13Voilà, une souffrance terrible. Je n'ignore pas aussi que d'autres, puisqu'il y a eu 13 morts. Je ne les ignore pas, mais un peu de respect, un peu de dignité.
14:20Vous avez affirmé hier, M. le ministre, qu'il n'était pas question de revenir sur certaines lois, comme le mariage pour tous.
14:25Certains pointent malgré tout une opposition de votre part. En tout cas, ils l'imaginent au droit des homosexuels.
14:30Plus largement, je voudrais vous faire réagir à ce qui s'est passé à Mazamé, où une dizaine de jeunes a roué de coup Paul, âgé de 17 ans.
14:37Ses agresseurs sont mineurs, tabassés semble-t-il, car homosexuels.
14:41Beaucoup de responsables politiques ont réagi, Marine Le Pen notamment.
14:45D'abord, comment vous réagissez ? Et est-ce que vous serez, comme ministre de l'Intérieur, le garant du droit des homosexuels à pouvoir vivre librement ?
14:52Je serai le garant des droits de tous les Français.
14:55J'ai à mes côtés un homme qui est très estimé, qui s'appelle Othmane Nassrou, qui est secrétaire d'État à mes côtés, au ministère de l'Intérieur,
15:03et qui est chargé, justement, de la lutte contre les discriminations.
15:06Eh bien, je veux que l'on sache de façon très, très claire que je serai intraitable aussi, nous serons intraitables,
15:11vis-à-vis de ceux, celles qui attaquent un certain nombre de nos compatriotes à raison de leurs origines, à leur raison de leur confession, etc.
15:21Et ça, je pense que j'ai vu. C'est un jeune qui avait, je crois, 17 ans. C'est ignoble, c'est ignoble.
15:26Et je suis à son côté, comme aux côtés de tous les Français qui souffrent lorsqu'ils sont injustement attaqués.
15:33Des questions un peu plus politiques, M. Rotaillot. Le RN et Marine Le Pen surveillent de très près le gouvernement.
15:40Est-ce qu'aujourd'hui, vous dépendez du bon vouloir du Rassemblement national ?
15:45Moi, je dépends du bon vouloir des Français. Je l'ai dit, et encore une fois, je veux, moi, et c'est le Premier ministre qui le dit aussi,
15:53nous voulons faire la politique de la majorité nationale. Au premier tour, les Français, encore une fois...
15:58Sans majorité ?
15:59Mais sans majorité à l'Assemblée.
16:01Arithmétiquement ?
16:02Arithmétiquement.
16:03Est-ce que Marine Le Pen détient la feuille des calculs qui peut vous dire merci, au revoir ?
16:07Menons la politique que veulent les Français.
16:10C'est la garantie de ne pas être censurés ?
16:12C'est le meilleur bouclier. Parce que si on mène cette politique-là, que nous ont demandé les Français, c'est-à-dire beaucoup plus de fermeté,
16:19le rétablissement de l'ordre. L'ordre, toujours l'ordre. L'ordre, mais aussi pour la concorde.
16:23Parce que sans ordre, il ne peut pas y avoir de fraternité républicaine. Parce que c'est l'ordre, c'est la violence qui détruit les liens les uns avec les autres.
16:31Je pense que l'ordre est concorde.
16:33L'ordre étant la condition de la concorde, la condition de la fraternité.
16:37J'ajouterai, M. Rothery, pour vous poser ma question, après avoir tant critiqué Emmanuel Macron, vous l'avez fait beaucoup ici même sur ce plateau,
16:43vous l'avez remercié hier lors de la passation des pouvoirs.
16:46Que dites-vous ce matin sur ces news européens à un électeur de droite,
16:50un électeur de droite qui vous a connu pendant des années, critiquant sévèrement ou lucidement Emmanuel Macron,
16:55et qui vous voit ce matin membre de ce gouvernement ?
16:59Je lui dis qu'il y a une logique.
17:01D'abord, on a tout fait, et je veux associer Laurent Wauquiez, Annie Gennevard aussi, pour que l'on bloque finalement l'arrivée de la gauche au pouvoir.
17:10On a bloqué, c'est pour ça qu'on a fait un pacte législatif.
17:13Et quand Michel Barnier a été nommé, c'est-à-dire un premier ministre de notre famille politique,
17:17à un moment où on peut enchaîner les crises, des crises en matière de sécurité, crises aussi financières, crises politiques aussi,
17:25on ne pouvait pas rester, si j'ose dire, planqués.
17:28Je pense qu'on attendait de nous, justement, qu'on monte au front, qu'on monte au front sous la mitraille.
17:33Vous n'êtes pas les supplétifs d'Emmanuel Macron ?
17:35Mais c'est très différent. Il n'y a pas de cohabitation.
17:38Quels mots vous envoyez ?
17:40Je n'ai pas de mots.
17:42Intéressant, si ce n'est pas une cohabitation, c'est quoi ?
17:44Ce n'est ni une cohabitation, ni le système qu'on a connu où le président gouvernait.
17:48Pas un Nini, mais ça donne quoi, Monsieur Rotailleau ?
17:50C'est la Ve République. Moi, je suis gaulliste.
17:53Il y a une fonction présidentielle, je l'ai remerciée, parce que ce n'est pas le premier ministre qui nomme.
17:57Le premier ministre propose ses ministres, son gouvernement, la composition du gouvernement.
18:01Mais celui qui signe ensuite, c'est le président de République.
18:03Donc moi, je suis respectueux de la fonction présidentielle.
18:06Mais ce qui change tout, et c'est la raison pour laquelle je pouvais aller dans ce gouvernement,
18:10sinon je n'y serais jamais allé, ce n'est pas le président qui gouverne,
18:14ça fera Michel Barnier, qui est issu de notre famille politique.
18:18En un mot pour conclure, Monsieur Rotailleau, est-ce que vous avez un père spirituel en politique ?
18:22On a beaucoup vu votre parcours détaillé ces derniers jours.
18:25On a vu François Fillon, votre fidélité, mais aussi une ascendance, j'allais dire, un peu plus ancienne et importante,
18:30avec Philippe de Villiers, le Puy-du-Fou.
18:33Est-ce que vous reconnaissez peut-être en Philippe de Villiers ou en François Fillon, un père ou un frère spirituel ?
18:37Non, je n'ai pas de père spirituel ni de frère spirituel.
18:41J'essaie de m'inspirer.
18:43Vous savez que je lis, j'essaie d'avoir des convictions que je nourris dans mes lectures,
18:47que je nourris par la réflexion, et j'essaie d'accorder, ce n'est jamais facile,
18:52cette réflexion sur le fond avec la possibilité d'une action.
18:55Et je pense que ce qui est terrible dans le monde actuel, c'est que,
18:58chez les hommes et les femmes politiques, c'est que la communication a mangé l'action.
19:03Il y a une sorte de frénésie de la communication pour cacher l'impuissance.
19:08Et ça, je ne veux pas tomber dans ce piège-là.
19:10Vous allez agir plutôt que communiquer, comme vous le demandez, Monsieur le Président.
19:13Il faut les deux, parce que nous sommes dans une démocratie et il faut s'exprimer.
19:17Parce que quand on ne s'exprime pas, les gens pensent qu'on ne fait rien.
19:20Donc il faut à la fois s'exprimer, mais rechercher vraiment les résultats.
19:23Ça sera ma ligne. Il n'y a pas d'ombre tutélaire qui plane au-dessus de moi.
19:29La seule ombre tutélaire, c'est le peuple souverain.
19:31Ce sont les Français, c'est ma patrie que j'aime, je la sers.
19:34J'ai eu un grand-père paternel qui a eu la gorge traversée par une balle allemande en 1914,
19:39mon père qui a fait la garde d'Algérie.
19:41Je me suis toujours demandé dans ma petite province, dans ma toute petite commune rurale,
19:45comment je pouvais rendre ce que l'on m'avait donné,
19:48si je pouvais un jour être à la hauteur de ce qu'on m'avait inspiré.
19:52C'est le sentiment de gratitude. Je suis redevable.
19:55Je suis redevable aux miens, aux Français, et je vais essayer de ne pas les décevoir.
19:59Merci Bruno Retailleau.
20:00C'était votre grande interview sur CNews Europe 1.
20:02Monsieur le ministre de l'Intérieur, à bientôt et bonne journée à vous.
20:04Merci.