GOUVERNEMENT - 3 questions à Etienne Gernelle, directeur du "Point"

  • il y a 1 heure
Décryptage du nouveau gouvernement Barnier avec Etienne Gernelle, directeur du "Point" et invité de Jérôme Florin.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 23 septembre 2024.

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Transcript
00:006h13 sur RTL, c'est l'heure de votre rendez-vous au plus près de l'info, c'est au coeur de l'actu ce matin,
00:08le nouveau gouvernement qui entre dans le dur, 8h réunion à Matignon, 15h premier conseil des ministres à l'Elysée.
00:15Bonjour Etienne Gernel, merci de commencer un peu plus tôt ce matin, patron du point, éditorialiste politique à RTL,
00:21on vous retrouve du lundi au jeudi à 7h15.
00:23Il y a beaucoup de colère à gauche depuis l'annonce de cette équipe,
00:27il y a beaucoup de colère aussi chez certains de nos auditeurs qu'on avait ce matin à l'antenne qui disent
00:30« mais à quoi ont servi ces législatives si c'est pour retrouver les mêmes ou quasiment ? »
00:36Écoutez, ce qui s'est passé c'est quand même, l'information principale quand même, il ne faut jamais oublier,
00:41des législatives c'est la progression du RN, c'est l'information numéro 1.
00:45La deuxième information c'est que les français ne veulent pas les voir au pouvoir parce que le fonds républicain a marché,
00:50il y a cette contradiction-là. Donc on se retrouve avec une solution, comment dire, de repli, c'est normal.
00:54Après que les électeurs de gauche se disent « mais attendez, on s'est fait avoir »,
00:58c'est peut-être aussi qu'ils se sont fait avoir par leurs propres dirigeants politiques
01:02qui leur ont vendu une fausse information selon laquelle la gauche avait gagné les élections, ce n'est pas vrai ?
01:07On est passé d'un gouvernement macroniste teinté à l'air, à un gouvernement macroniste teinté à l'air.
01:12Ça a servi à quoi tout ça ?
01:14Et teinté à l'air depuis le début, la naissance du macronisme, je vous rappelle,
01:17c'est quand Macron qui est élu président de la République, un peu en passant entre les gouttes,
01:22nomme Édouard Philippe à Matignon, nomme Bruno Le Maire à Bercy, et puis fait venir Gérald Darmanin.
01:27Depuis le départ, le macronisme est une alliance de lui, venant plutôt du centre-gauche...
01:32Oui, mais il y a eu une dissolution depuis ? Il y a eu une élection ?
01:34Oui, et le NFP a obtenu 193 sièges.
01:39La base sur laquelle s'appuie le gouvernement Barnier, elle est de plus de 200 sièges, 205, 207,
01:45et même sans compter le groupe Liott, il y a un peu de Liott dans le trône,
01:47mais on peut considérer que le groupe n'est pas tellement homogène.
01:50Et donc de toute façon, on ne peut pas dire que Lucie Castex aurait eu une base à l'Assemblée plus faible que Michel Barnier.
01:57Mais attendez, c'est des maths, c'est une évidence.
02:00Donc vous dites que c'était impossible de tenir, de prendre en compte les résultats de ces législatives ?
02:03C'était tout à fait possible si le PS n'avait pas été dirigé par Olivier Faure,
02:09et donc en réalité, sous l'emprise, puisque c'est un mot qu'on utilise beaucoup aujourd'hui, de Jean-Luc Mélenchon.
02:14Celui qui a empêché un gouvernement avec vraiment du centre-gauche et de la gauche, c'est Jean-Luc Mélenchon,
02:20et son vassal, on va dire, Olivier Faure.
02:23Donc, le gouvernement est comme il est. On dit d'ailleurs, le gouvernement le plus à droite depuis François Fillon, c'est vrai ou pas ?
02:29Je ne sais pas si c'est tout à fait vrai. Les temps ont changé. Sur le papier, c'est vrai.
02:33Après, si vous regardez sur le fond, avoir une politique plus restrictive sur l'immigration,
02:38écoutez, tout le monde le fait à peu près en Europe, et je pense que même Bruno Retailleau, de ce point de vue-là,
02:43est plus souple que les sociodémocrates danois, et même que les sociodémocrates allemands.
02:49– Il y a des ministres très conservateurs sur le sujet de la société, proche de la manif pour tous.
02:53– Absolument, ça c'est vrai. – Ce n'est pas ce qu'on demandait les Français ?
02:56– Ce n'est pas ce qu'on demandait les Français, et en même temps, ce n'est pas forcément le programme du gouvernement.
02:59C'est ce qu'a dit Barnier hier soir, c'est-à-dire que ce n'est pas forcément là-dessus que ça va se jouer.
03:03Que eux soient personnellement conservateurs, c'est une certitude.
03:06Qu'ils en fassent une politique, pas forcément que ça change quelque chose.
03:09Et d'ailleurs, Barnier, hier soir, sur France 2, a été très clair.
03:11Il a dit qu'on ne touchera pas à ce qui a été fait. Donc, qu'est-ce que c'est ?
03:15Ça annonce une nouvelle politique.
03:16J'allais dire, ce n'est pas vraiment le sujet des législatives où il y avait deux sujets.
03:20Il y a les sujets régaliens, sécurité et immigration d'un côté,
03:23et d'autre part, des sujets socio-économiques.
03:25Et ça, ce n'est pas vraiment dans le programme.
03:26– La grande question, c'est est-ce que ce gouvernement passera l'hiver ?
03:29– On ne sait pas s'il passera la semaine, on ne sait pas s'il passera le mois.
03:33– Qu'est-ce qui peut le faire tomber ?
03:35– Il suffit que Marine Le Pen baisse le pouce.
03:38C'est très simple, il va y avoir une motion de censure venue du LFP.
03:43Il suffit que Marine Le Pen dise on la vote, ça peut aller très très vite.
03:49Puis il peut aussi ne rien se passer.
03:51Il se peut aussi que les partis qui ont envie de voter des motions de censure se disent
03:55on n'a pas envie d'apparaître comme des fauteurs de troubles,
03:57il faut bien un gouvernement à la France.
03:58Ils ont peur peut-être aussi d'endosser les responsabilités un jour.
04:01– Emmanuel Macron, il sort gagnant ou perdant de cette séquence ?
04:03– De toute façon, je pense qu'il est le seul à n'avoir pas vraiment réalisé
04:07qu'il n'était plus dans le jeu.
04:08Mais ce n'est plus lui le maître de la situation.
04:11Il y a une assemblée, il y a un premier ministre, ça peut changer.
04:14Mais là, il s'en est mêlé encore.
04:16Il a encore envie de s'en mêler parce qu'il est fait comme ça
04:19et parce qu'on ne le changerait peut-être pas.
04:21Mais la réalité c'est que ce n'est plus lui qui est au manette.
04:23– Il vous avait dit lors d'un long entretien en août 2023 pour Le Point,
04:27Etienne Gernel, je présiderai jusqu'au dernier quart d'heure.
04:30– Oui, c'était à Brégançon, je me souviens.
04:32C'était à l'époque où il faisait beau pour lui, ça allait encore à peu près.
04:35Oui, il présidera peut-être jusqu'au dernier quart d'heure,
04:37mais vraiment comme président, pas comme gouvernant.
04:40Parce que jusqu'à présent, Macron, il était président, premier ministre,
04:43ministre de l'intérieur, ministre de la justice, ministre de l'économie, ministre de tout.
04:46– Et là aujourd'hui, il n'est plus tout ça.
04:47– Il faisait les secrets, il faisait aussi les directeurs de cabinet, il faisait tout.
04:50– Et il ne fait plus tout ça.
04:51– Ah ben non, je suis fier que c'est terminé.

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