SOUMISSION CHIMIQUE - 3 questions à la députée Sandrine Josso

  • il y a 2 semaines
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 02 septembre 2024.

Category

🗞
News
Transcript
00:00RTL, au coeur de l'actu.
00:04Au coeur de l'actu, c'est le nouveau nom de ce rendez-vous au plus près de l'info.
00:08Et au coeur de l'actu, il y a ce procès de l'horreur à Avignon.
00:12Il démarre aujourd'hui, il va durer 4 mois.
00:1451 hommes jugés pour avoir, durant des années, violé une femme
00:18qui était droguée et mise à disposition par son propre mari.
00:22Bonjour, donc, Sandrine Jossot.
00:24Bonjour, Jérôme Florent.
00:25Vous êtes députée de la Loire-Atlantique,
00:27victime vous-même de ce qu'on appelle la soumission chimique.
00:30Les faits, vous les avez dénoncés en novembre dernier.
00:34On va revenir sur ces faits.
00:36Vous accusez un ami sénateur de vous avoir drogué pour abuser de vous.
00:42Ça s'est passé un soir, il vous a invité chez lui pour boire un verre, c'est ça ?
00:46Alors, ce sénateur, je le connais depuis 10 ans.
00:51Et donc, il m'invitait, tout simplement, dans le cadre de sa réélection, pour fêter sa réélection.
00:58Et là, vous avez senti qu'il se passait quelque chose de bizarre ?
01:02C'est ça.
01:04Donc, j'ai senti des palpitations, des soeurs, au bout de quelques gorgées de champagne.
01:14Et à un moment donné, je me suis quand même inquiétée.
01:20Et heureusement, moi j'étais dans le salon, il était dans la cuisine.
01:25Heureusement, j'ai eu le réflexe de regarder ce qu'il faisait dans la cuisine.
01:29Et c'est à ce moment-là que j'ai compris, en fait, qu'il tenait dans sa main un sachet blanc.
01:34Et là, j'en ai déduit que c'était de la drogue.
01:38Et ce sachet, il était en train de le ranger.
01:40Il ramenait deux autres nouvelles coupes de champagne.
01:43Et là, je me suis enfuie.
01:44Vous étiez toute seule avec lui ?
01:46Absolument.
01:47Et vous avez donc réussi à vous échapper ?
01:49Vous avez compris qu'il se passait quelque chose, donc vous avez pu partir et échapper à l'agression ?
01:55Oui.
01:57Je précise qu'il est mis en examen, ce sénateur.
02:00Et il est toujours présumé innocent puisqu'il n'a pas encore été jugé.
02:04Est-ce qu'on découvre avec votre cas et celui de ce procès d'Avignon,
02:08un genre d'agression qui était ignorée ou en tout cas passée sous silence ?
02:12La soumission chimique, vous avez raison, est un angle mort des agressions sexuelles.
02:20Aujourd'hui, on en parle un petit peu plus, mais il faut savoir qu'il y a une augmentation des signalements.
02:27Par exemple, selon les dernières statistiques, entre 2021 et 2022, il y a une augmentation de 69% de signalements.
02:38Donc, les gens portent plainte plus facilement ?
02:42La libération de la parole avec les vertus de MeToo font que les victimes parlent plus.
02:51Je ne sais pas si les personnes portent plainte plus facilement.
02:57C'est sûr que vous comprenez bien que quand on porte plainte, c'est plus facilement recensable.
03:03Parce que ce qu'il faut comprendre dans ces agressions, c'est qu'une victime sur deux ne se rappelle de rien.
03:10Donc, c'est difficile de porter plainte.
03:12C'est pour ça qu'il est vraiment important qu'on comprenne les mécanismes de cette prédation.
03:19C'est toute une préméditation de la part des agresseurs.
03:24Et ça a des ravages très importants du fait que, d'une part, une victime sur deux ne se rappelle de rien.
03:36Et puis, malheureusement, l'accessibilité à la preuve est difficile.
03:42Parce que ce sont des drogues qui disparaissent très rapidement du sang.
03:48Donc, c'est une course contre la montre.
03:50Au bout de combien de temps ?
03:51Avoir des preuves.
03:52Au bout de combien de temps disparaissent ces drogues du sang ?
03:54En fait, très rapidement.
03:56C'est-à-dire qu'au bout de 72 heures, vous n'avez plus rien.
03:59Et au bout de quelques heures, très souvent, vous n'avez plus rien.
04:02L'accessibilité à la preuve, c'est vraiment très important.
04:06Parce que les prédateurs le savent bien, d'ailleurs.
04:09Comme c'est très difficile à prouver, du fait de ce que je vous ai expliqué,
04:14eh bien, c'est le crime parfait.
04:16Et donc, les prédateurs se sentent, d'une part, intouchables.
04:22Et, en plus, sont très souvent impunis.
04:28Vous avez été entendue et crue, facilement, après votre agression.
04:32Sandrine Jossot ?
04:34Alors, je ne me suis jamais posé la question.
04:36Moi, ça m'est arrivé.
04:37J'ai été sidérée.
04:38J'ai eu la chance d'être bien entourée.
04:41J'ai été entourée d'hommes, de collègues, d'ailleurs.
04:44Ce sont des hommes qui sont venus me porter secours.
04:49Donc, vous voyez comme quoi c'est important aussi de se dire que
04:53la protection de nous tous, par rapport aux agressions sexuelles,
04:57protection aussi de nous toutes,
04:59eh bien, elle se fait aussi avec les hommes.
05:02Et c'est en cela que c'est important.
05:05C'est-à-dire que...
05:06Mais, votre parole a été crue tout de suite.
05:08C'était ça, ma question ?
05:09Ma parole, bien...
05:10Juste après votre agression.
05:11En fait, vous posez une question importante.
05:15Parce que, très souvent, vous avez raison, il y a un biais dans la société.
05:19On se dit que, finalement, est-ce que c'est vrai ?
05:24Est-ce qu'une victime a été vraiment agressée ?
05:28Mais, vous savez, il faut qu'on avance là-dessus.
05:33Parce que, quand quelqu'un vit quelque chose de difficile,
05:36est-ce que c'est bien de se dire est-ce que c'est vrai ?
05:40Non.
05:41Quand quelqu'un vit quelque chose de difficile,
05:42je pense que la société, elle doit, tout simplement, réagir en disant
05:46mais comment tu vas ?
05:47Je crois que c'est ça.
05:48Sandrine Joshua, vous avez été chargée d'une mission par le gouvernement.
05:51Comment faire évoluer la loi ?
05:53Aujourd'hui, comment faire évoluer les textes ?
05:55Parce que, depuis 2018, ça existe, le fait d'administrer à une personne,
06:00à son insu, une substance, afin de commettre, à son égard, un viol ou une agression,
06:04est puni de 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.
06:08Ça existe, la loi existe.
06:09Qu'est-ce qu'il faut changer ?
06:11Alors, la loi existe, et puis aussi, il y a tout le pouvoir judiciaire.
06:15Vous savez, malheureusement, les gendarmes, les policiers,
06:20ne connaissent pas, en fait, tout ce qui concerne la soumission chimique.
06:24Donc, comment voulez-vous qu'on vous pose les bonnes questions,
06:30qu'on vous accueille dans des bonnes circonstances, à plein d'endroits ?
06:33C'est-à-dire, quand vous souhaitez porter plainte,
06:35mais même un médecin de ville ne connaît pas ce phénomène de soumission chimique.
06:40Et c'est en cela que, malheureusement, ce procès va être important,
06:45sur la sensibilisation.
06:47On a vraiment une sensibilisation massive de la population qui va être faite.
06:52Donc, il faut former davantage les professionnels,
06:54à la fois les policiers, les gendarmes, les médecins ?
06:57Les médecins, les avocats, les juges, à tous les endroits de la société.
07:04Et puis, comme ça, on pourra mieux accompagner les victimes.
07:09Parce que, vous savez, moi, toutes les victimes que j'ai entendues,
07:11parce que j'ai auditionné, vous en parliez tout à l'heure de ma mission,
07:15j'ai auditionné des victimes, elles sont ravagées !
07:18Et d'ailleurs, je passe un message ici,
07:22comme il y a eu la dissolution, ma mission s'est arrêtée.
07:26Donc, lors de la nomination du prochain ou de la prochaine Première Ministre,
07:31j'espère que cette personne m'entend,
07:34je vais demander la continuité de la mission.
07:36Nous le devons, pour toutes les victimes,
07:39et pour tous les professionnels qui le réclament.
07:43En tout cas, le procès qui s'ouvre aujourd'hui à Avignon va durer quatre mois,
07:47et il va mettre en lumière, en tout cas médiatiquement,
07:50ce phénomène qu'on appelle la soumission chimique.
07:53Merci beaucoup, Sandrine Jossot, députée de la Loire-Atlantique, d'avoir été notre invitée.

Recommandée