Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.
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00:00Autre sujet qui nous intéresse, tout va bien, c'est le dernier message terrible d'ailleurs envoyé par les membres du TITAN,
00:05le submersible qui a implosé près du Titanic, faisant cinq morts en juin 2023,
00:10dont le scientifique français Pierre-Henri Nargelet, vous vous souvenez évidemment de cette affaire dramatique.
00:15Des propos révélés lors d'une audience publique, ce message avait été envoyé au navire de soutien qui se trouvait en surface.
00:22Le contact avec le submersible a ensuite été perdu après un échange de questions sur la profondeur et le poids.
00:29Donc tout va bien, c'est évidemment lorsqu'on sait ce qui s'est passé derrière, ce dernier message est glaçant.
00:36Nous sommes avec Bernard Sibos, j'espère que je le dis bien, bonjour M. Sibos.
00:41Bonjour M. Proust, Bertrand Sibos, mais ça va aller.
00:45Pardonnez-moi, donc effectivement, je voyais sur ma fiche Bernard, Bertrand Sibos, chasseur d'épaves.
00:52Est-ce que vous savez ce qui s'est passé ?
00:56Non, je pense que personne ne sait encore ce qui s'est passé.
00:59Par contre, on peut déjà émettre des conjectures et des hypothèses qui sont plus qu'intéressantes,
01:07puisque Stockholm-Rusch avait déclaré près de deux ans avant sa mort, c'est-à-dire il y a trois ans,
01:14qu'il avait lui-même enfreint certaines règles pour réaliser le submersible.
01:19Donc, comme je l'ai déjà dit sur votre antenne, moi pour 250 000 $, je ne serai pas monté à bord, c'est une chose qui est certaine.
01:27Par contre, à la vue des dernières informations que l'on a, à la vue de ce qui a été déclaré par les autorités,
01:38on comprend que tout allait plus ou moins bien.
01:42J'ai écouté les conversations, j'ai vu les déclarations.
01:47On ne peut pas dire que ce sont des conversations fluides comme celles que l'on a maintenant.
01:52C'était plutôt des onomatopées qui étaient destinées à dire qu'on arrivait à une certaine profondeur avec des termes techniques.
02:01Par contre, il était arrivé à 3 300 et quelques mètres, donc pas loin de 500 mètres du fond, et là, il a implosé.
02:13Donc, ça a été instantané.
02:16Toute la partie arrière du sous-marin est tombée à côté, mais la partie arrière du sous-marin contenait tout ce qui était technique.
02:25Je ne pense pas être soumis à la pression.
02:28Par contre, toute la partie capsule dans laquelle étaient les malheureux, dont mon ami Paul-Henri Largelet,
02:37ont été soumis à la pression et donc ont dû imploser dans l'espace du dixième de seconde.
02:44Donc ça, ça peut être, pardonnez-moi de le dire comme ça, mais peut-être rassurant pour les familles de savoir que M. Largelet et les personnes qui étaient dans cette capsule
02:52ne se sont pas vues mourir et n'ont sans doute pas souffert.
02:56Oui, c'est ce que je dis depuis le début.
03:00Les familles le savent, les familles en sont persuadées.
03:02J'ai été en contact avec eux durant l'année dernière.
03:06Oui, c'est 99% sûr.
03:09Ils n'ont même pas eu le temps d'entendre le craquement fatal qu'ils étaient déjà morts, en fait.
03:15Entre le moment où le dernier message arrive, tout va bien, et le moment de l'implosion,
03:20est-ce que vous savez combien de temps se sont passés, combien de temps s'est passé ?
03:24Non.
03:26Non, pas précisément, puisqu'il y a plusieurs hypothèses de l'implosion.
03:31Le moment exact de l'implosion peut être celui où, prétendument,
03:36les autorités américaines ont entendu ou auraient entendu cette implosion.
03:40Mais c'est toujours facile d'entendre quelque chose à posteriori, plus qu'a priori.
03:47Donc on n'a pas de moment exact de l'implosion, puisque c'est une implosion,
03:54par essence même, c'est moins fort qu'une explosion,
03:57et donc les capteurs n'ont pas forcément entendu le moment exact.
04:00Tout ce que l'on peut savoir, c'est la profondeur à laquelle était le sous-marin
04:04au moment du dernier message qu'il a envoyé, c'est-à-dire pas très loin du fond,
04:08enfin tout est relatif quand même, mais une grosse partie de sa descente était déjà effectuée.
04:14Là, il allait donc à moins 3500 mètres, disiez-vous, c'était l'objectif ?
04:21Oui, tout à fait, le fond est à priori 3800 mètres de mémoire,
04:27et le sous-marin, sa dernière position était à 3300 mètres, je pense.
04:36Je ne suis évidemment pas spécialiste des sous-marins,
04:39un sous-marin classique, il évolue à combien sous la mer ?
04:44A combien de mètres sous la mer ?
04:46On ne parle pas de sous-marin dans ce cas-là, en plus de submersibles,
04:50et dans les opérations scientifiques de batiscaphes.
04:53Les batiscaphes ne sont pas des espèces de bulles que vous avez très certainement vues dans les émissions de Cousteau,
04:59les émissions sous-marines, où on va voir le fond très profondément,
05:02mais c'est très sérieux, c'est fait par des scientifiques.
05:05Là, ce n'est pas le cas.
05:07Par contre, un sous-marin classique, les sous-marins français, militaires, vont au maximum à 300 mètres.
05:15Oui, c'est ça, ils sont assez proches, au fond, de la surface.
05:22Et à un moment, la pression ne serait pas trop forte, nous sommes d'accord ?
05:27Bien entendu.
05:29Et vous-même, par exemple, vous êtes descendu jusqu'à quelle profondeur ?
05:34J'ai eu l'occasion de descendre dans les petits sous-marins, mais pas très profond, à un peu plus de 100 mètres.
05:42Mais par contre, personnellement, en tant que plongeur sous-marin, je suis descendu à 80 mètres,
05:48ce qui est déjà un challenge.
05:52Oui, parce que là, on était à 3500 mètres.
05:54Et aujourd'hui, par exemple, vous n'iriez pas, pour tout l'or du monde,
05:58vous n'iriez pas, évidemment, au-delà d'une certaine profondeur ?
06:02Si vous m'envoyez sur un bathyscaphe qui a été homologué,
06:07et que, par exemple, le bathyscaphe dit Frémert,
06:10ou les autres sous-marins qui sont capables à cette profondeur-là...
06:15Vous iriez sans problème ?
06:17Je dirais peut-être avec une petite apparition, mais certainement avec un grand souci de curiosité.
06:24Mais sur le Titan, non, pas question.
06:28C'était clair.
06:30Puisque vous êtes avec nous, M. Bertrand Cybose, et que vous êtes chasseur d'épaves,
06:35évidemment, le Titanic nous intéresse toujours.
06:37J'ai lu ces derniers jours que l'épave du Titanic pourrait peut-être disparaître.
06:44Est-ce une réalité ? Dans combien de temps ?
06:47C'est une réalité. C'est la même réalité que toutes les épaves,
06:51à part que le Titanic est très profond, ce qui fait qu'il va mettre un certain temps à disparaître.
06:56Il y a des organismes marins qui sont en train de le manger.
07:00La rouille le mange, et au fur et à mesure, des choses s'écroulent.
07:04Mais ce n'est ni plus ni moins que ce qui se passe, par exemple, sur les épaves du débarquement,
07:10qui s'est passé il y a 1944, qui elles-mêmes sont en train de s'écrouler de manière plus rapide,
07:17parce qu'elles sont moins profondes.
07:19Il y a la lumière qui peut les gêner, le courant aussi.
07:22Alors là, ça prend plus de temps, puisqu'on n'a quasiment pas de courant et on n'a pas de lumière.
07:28Mais toutefois, la désagrégation des métaux fait qu'ils ne vont plus supporter la structure,
07:36qui elle-même a déjà beaucoup souffert par le choc sur le fond,
07:39et par la descente, puisqu'elle s'est brisée en deux au moment de la descente.
07:42Ce qui fait que d'ici, je ne sais pas, peut-être 50 ans, il aura énormément souffert,
07:47mais d'ici un siècle, je pense qu'on ne trouvera plus grand-chose dessus.
07:51Oui, donc ce n'est quand même pas passé tout de suite.
07:55Merci beaucoup, M. Cibose.
07:59Vraiment, vous faites un métier absolument formidable,
08:03parce qu'il y a des métiers au-delà de l'aspect technique,
08:06qui portent une forme de magie ou de rêve, je ne sais pas comment le dire.
08:12Et c'est vrai que s'approcher par exemple du Titanic,
08:16de voir cette épave, je ne sais pas si vous l'avez rencontrée,
08:22si vous êtes allé jusqu'à ses maîtres pour la regarder,
08:27comme le réalisateur James Cameron,
08:30mais il y a quelque chose de magique dans ces expéditions ?
08:33Oui, évidemment, non, je ne suis pas allé du tout sur le Titanic,
08:37puisque je me suis occupé de bon nombre d'épaves,
08:41et pour tout vous dire, le Titanic méritait un petit peu,
08:43puisqu'on parlait essentiellement du Titanic,
08:45et pas des milliers d'épaves aussi intéressantes, voire plus.
08:48Mais par contre, c'était l'histoire de la vie de Paul-Henri Largelet,
08:51qui lui avait participé à des expéditions, qui a retrouvé le Titanic.
08:55Donc lui, c'était quelque chose de plus personnel,
08:57puisqu'il l'a cherché à l'époque où le Titanic,
09:00mais la position n'était pas encore découverte,
09:02et il l'a retrouvé, et il prétendait,
09:05il y avait un petit peu une guerre avec les Américains,
09:07et Bob Ballard qui prétendait l'avoir trouvé en premier,
09:10mais a priori ce serait Paul-Henri Largelet,
09:12et il ferait maire qu'il l'aurait retrouvé en premier.
09:15Donc c'était l'histoire de sa vie,
09:17et c'est la raison pour laquelle il en est décédé.
09:19Et comme j'avais l'habitude de dire, malheureusement,
09:22après cette triste tragédie,
09:25s'il avait fallu y aller en apnée,
09:28avec un masque et un tuba, il y serait allé.
09:32Il était attiré, c'était pour lui,
09:35c'était vraiment l'histoire de sa vie.
09:37Merci beaucoup, merci beaucoup Bertrand Cibose.
09:41Vous êtes chasseur d'épaves,
09:43voilà un beau métier, chasseur d'épaves,
09:46et à 12h27, cher Olivier Guenec, ça vous fait rêver.
09:51Oui, oui, non mais oui, excusez-moi, oui.
09:53Qu'est-ce que vous voulez me dire ?
09:54C'est des métiers qui font rêver.
09:56Oui, non mais évidemment.
09:58Écoutez, moi je ne peux pas vous parler de ça.
10:00Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
10:01Rien. Chasseur d'épaves.
10:03On en a quelques-unes dans l'équipe.
10:06Je vous tendrai la perche.
10:08Mais je l'avais !
10:09Je vous tendrai la perche.
10:10Mais je n'arrivais pas à savoir si vous vouliez sourire ou non.