• il y a 3 mois
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00:00D'abord ce rapport accablant concernant les urgences.
00:02Effectivement. Selon une enquête rendue publique ce matin par Samu Urgences de France,
00:06de nombreux services ont subi durant l'été des difficultés majeures de fonctionnement.
00:11Un euphémisme. Faute d'effectifs soignants suffisants.
00:15Le mois dernier pourtant, le ministre de la Santé Frédéric Valtout nous disait que ça allait mieux que l'an dernier.
00:21Manifestement, pas tellement du point de vue des urgentistes.
00:24Dans ce rapport annuel de Samu Urgences de France, les chiffres sont accablants.
00:29On va les détailler avec vous, Margot de Frouville, chef du service France de BFM TV.
00:33C'est d'autant plus étonnant pour certains de nos téléspectateurs comme Léo,
00:37qui pensaient que tout allait mieux grâce notamment aux moyens mis en place pendant les JO.
00:40Léo nous demande, est-ce que c'est vrai que ces services d'urgence fonctionnent mieux suite à tous ces moyens ?
00:45Bien là, l'Alegrès c'est vrai, des JO, et le dispositif mis en place à ce moment-là
00:49a peut-être caché la forêt des difficultés réelles sur le terrain, Margot ?
00:53Selon cette enquête, en effet, on a plus de 60% des services d'urgence qui ont répondu,
00:58qui ont dû fermer au moins une ligne médicale cet été.
01:01Ça veut dire concrètement qu'il y avait un médecin en moins pendant 24 heures.
01:04Donc si on a pris en charge des patients, c'était clairement en mode dégradé.
01:08Alors que c'était 57% l'an dernier.
01:09Côté SMUR, vous savez, c'est les structures mobiles, les ambulances qui partent pour réanimer souvent des personnes.
01:15L'enquête révèle qu'il y a eu 174 fermetures de lignes, c'était 166 l'an dernier.
01:21Et dans une dizaine de cas, il n'y avait même aucune ambulance pour couvrir tout un secteur,
01:24donc pour répondre aux urgences vitales.
01:27C'est la troisième enquête annuelle consécutive de SMUR qui s'intéresse à la situation estivale.
01:33Et le syndicat estime que le fonctionnement en mode dégradé est devenu habituel.
01:36Ce qui n'est pas l'avis, vous l'avez souligné, Candice, du ministre de la Santé démissionnaire Frédéric Valtoux,
01:40selon qui les choses allaient un peu mieux cet été que l'an dernier avec des tensions qui n'étaient pas aussi fortes.
01:45De son côté, on a une autre enquête qui était parue il y a quelques jours de la Fédération hospitalière de France
01:50qui estimait que la situation s'était dégradée dans près de 40% des établissements.
01:54Plusieurs explications à cette difficulté estivale.
01:57Il y a bien sûr le manque de personnel, de médecins urgentistes,
02:00mais aussi la difficulté à trouver des lits en aval pour hospitaliser des patients.
02:04D'ailleurs, il y a quasiment un quart des établissements étudiés qui ont répondu
02:08qu'ils ont fermé plus de lits de réanimation cet été qu'habituellement,
02:12et 65% des établissements qui ont fermé plus de lits en médecine ou en chirurgie que les étés précédents.
02:17C'est ce qui explique notamment tous ces patients qu'on appelle les patients brancards
02:21qui restent pour une durée indéterminée sur un brancard alors que leur place serait dans un lit d'hospitalisation.
02:26Malheureusement, ce sont des difficultés qu'on connaissait déjà un peu, mais qui ne vont pas en s'arrangeant.
02:30Manifestement, Marc Noiset, président du syndicat français de médecine d'urgence, est avec nous.
02:35C'est vous aussi, ce rapport, c'est votre syndicat qui est à l'origine de ce rapport.
02:40Quel est votre sentiment, Marc Noiset ?
02:43On imagine de la lassitude avant tout devant des services d'urgence qui se dégradent finalement d'année après année ?
02:51Évidemment, il y a une grande lassitude qui s'installe chez tous les professionnels de la médecine d'urgence.
02:56Vous savez, c'est la troisième année consécutive, vous l'avez dit, qu'on publie ce rapport.
03:00Malheureusement, on aimerait bien pouvoir dire que ça y est, les urgences vont bien, mais ça n'est pas le cas.
03:05Et ce qui était normalement une gestion de crise en 2022 à la sortie du Covid est devenu notre quotidien.
03:12Et ce quotidien, visiblement, même le ministère estime qu'il n'y a plus lieu d'attirer l'attention
03:19parce que la communication, et vous l'avez dit également, est relativement édulcorée par rapport à cette situation.
03:24Alors qu'elle est accablante.
03:25Les chiffres que vous avez évoqués montrent quand même qu'il y a une nette dégradation de la qualité de la prise en charge
03:31et une sécurité qui n'est plus respectée dans l'urgence vitale dans un certain nombre de territoires en France.
03:36Justement, je fais un lien avec ce que vous venez de dire à l'instant.
03:39C'est quand même extrêmement inquiétant.
03:40Est-ce que vous diriez aujourd'hui que la sécurité, là, vous venez de dire, des patients est en jeu ?
03:44C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on peut mourir en France faute de prise en charge correctement assurée ?
03:50Écoutez, très honnêtement, vous n'avez pas besoin d'être médecin pour comprendre que dès le moment où vous n'avez plus les ressources médicales en face
03:56pour vous prendre en charge dans un service urgence, eh bien, la qualité de la prise en charge et la sécurité des soins,
04:03elle n'est plus là où elle devrait être, c'est-à-dire à son excellence.
04:07Comme exemple, dans un service de soins hospitalier, n'importe médecine ou chirurgie,
04:11lorsqu'il manque des infirmières, lorsqu'il manque un médecin, on ferme des lits ou on ferme la consultation,
04:15voire on ferme le bloc opératoire.
04:17Aux urgences, on ne peut pas le faire.
04:18Donc, on continue d'accueillir le même nombre de patients avec des nombres de médecins qui sont moins nombreux.
04:23Et donc, c'est là où est la dangerosité, parce que finalement, le service est ouvert,
04:26sauf que vous avez un médecin seul pour répondre aux besoins.
04:28Donc, oui, la sécurité n'est plus au rendez-vous et ça, ce n'est pas admissible en 2024 en France.
04:33Alors, quelles solutions, selon vous ?
04:36Alors, les solutions, nous avons fait un certain nombre de propositions,
04:39dix dans ce rapport, qui viennent compléter d'autres propositions que nous avions déjà faites au ministère.
04:44Et ces dix solutions, c'est important, ne demande pas de moyens financiers supplémentaires.
04:48La première chose, c'est de faire de la médecine d'urgence une médecine qualitative
04:53et donc de regrouper les effectifs de médecins urgentistes sur des pôles de référence
04:58et pas de les disperser dans le territoire national.
05:00Donc, il faut qu'on ait une gradation sur les territoires entre des centres de référence,
05:06où il y aura des urgentistes, des antennes de médecine d'urgence,
05:09où les services seront fermés la nuit, et puis des centres de soins de proximité,
05:14où on aura un accès aux soins sans prise en charge de l'urgence vitale
05:18et qui ne nécessiteront pas la présence de médecine d'urgence.
05:20Donc, c'est vraiment une gradation des soins pour économiser et recentrer les médecins urgentistes
05:25sur leur cœur de métier dans des centres de référence.

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