• il y a 3 mois
Tout compte fait avec Lisa Karmen, enseignante et auteur d'essais sur l'éducation, tous les jeudis à 7h20

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##TOUT_COMPTE_FAIT-2024-09-05##

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News
Transcription
00:00Il est 7h25, partons maintenant pour Villeneuve-les-Avignons dans le Gard.
00:05Lundi c'était la rentrée, comme partout ailleurs en France,
00:08et les parents d'un enfant élève de seconde au sein du lycée Jean-Villard de Villeneuve-les-Avignons
00:16se sont émus. Pourquoi ?
00:18Et d'ailleurs ils ont alerté la direction des services de l'éducation nationale du Gard. Pourquoi ?
00:22Parce que leur fils, qui a 15 ans, et qui l'année dernière, en juin, a été victime d'une violente agression au couteau,
00:30se retrouve scolarisé, écoutez bien, dans le même établissement, le même lycée,
00:37que fréquente l'auteur présumé de cette attaque.
00:41Alors leur fils est en seconde, l'auteur présumé est en première.
00:46Nous recevons ce matin, et j'en suis très heureux, Lisa Carmen, bonjour.
00:51Bonjour Jean-Jacques.
00:51Merci d'être avec nous pour notre petite chronique vie quotidienne.
00:55Incroyable histoire, les parents sont stressés, on le serait à moins, et sont humiliés aussi, Lisa.
01:01Tout à fait. Alors, comment est-ce possible ?
01:04Oui, comment est-ce possible ?
01:05Comment peut-on se retrouver dans la même classe que son agresseur, ou dans le même lycée que son agresseur ?
01:09Comment est-ce possible ?
01:11Alors, dans l'attente d'un procès, l'académie ne souhaite pas prendre des mesures,
01:15parce que le procès n'a pas eu lieu.
01:18Donc, en gros, l'agresseur, dont tout le monde sait qu'il est l'agresseur,
01:21n'a pas été déclaré coupable par la justice, d'accord ?
01:24En attendant, il y avait quand même eu des mesures qu'on appelle des mesures conservatoires,
01:28c'est-à-dire que l'idée, c'était de l'empêcher d'aller dans la même ville
01:31que la personne qui l'avait agressée, ce qui semble à peu près logique.
01:35Le principal a réuni les parents, d'ailleurs, a entendu les parents, et une décision va être prise.
01:40Alors, normalement, il n'aurait pas dû être scolarisé dans le même lycée que cette personne.
01:44Je croyais qu'on avait engagé des campagnes contre le harcèlement.
01:47Comme il y a une obligation scolaire, l'État a levé cette interdiction d'aller dans la même ville
01:52que la personne agressée, et il se retrouve dans le même lycée.
01:55Effectivement, le gouvernement clame depuis des années que le harcèlement est une priorité,
02:01à grand renfort de sites internet, de spots de publicité.
02:06Pas plus tard qu'il y a, je crois, une semaine,
02:08M. Attal a relancé une campagne de communication à grand renfort de spots de pub
02:13pour expliquer que c'était la priorité du gouvernement.
02:15Il y a un programme qui s'appelle le programme FAR,
02:18dont l'acronyme a été choisi avec une subtilité dont seule l'administration a le secret.
02:22J'ai mis un moment à comprendre ce que ça voulait dire.
02:25C'est le programme de lutte contre le harcèlement à l'école.
02:29Le programme FAR, qui a été déployé, soi-disant, dans toutes les écoles à partir de 2022.
02:34Maintenant, c'est général, c'est dans toutes les écoles,
02:36à l'exception notable quand même des écoles maternelles,
02:39puisqu'on considère évidemment qu'un enfant de 6 ans ne peut pas humilier ses camarades.
02:44Alors je certifie que c'est faux.
02:46Un enfant de 6 ans est tout à fait capable de harceler un autre enfant.
02:49Voilà. Donc tout ça, ça gesticule beaucoup,
02:52mais pour un résultat qui est finalement assez mauvais.
02:55Le harcèlement a toujours existé déjà ?
02:57Oui, il suffit de lire la littérature du XIXe siècle,
03:00les Desarrois de l'Eleafterless, ou même la Majesté des Mouches.
03:03Il y a plein de ça dans la littérature.
03:05Là, on est passé à la vitesse supérieure.
03:06Là, on ne parle pas de se faire traiter de 4 yeux.
03:08Moi, je suis très myope, donc j'ai eu droit à ça toute mon enfance.
03:104 yeux, ficelle, j'en suis pas morte.
03:13Et le problème aujourd'hui, c'est qu'on en meurt.
03:15Qu'on en meurt, qu'on se scarifie, qu'on fait un refus d'aller à l'école.
03:19Il y a des élèves qui ne veulent plus aller à l'école
03:22et qui se font du mal à eux-mêmes pour échapper à cela.
03:25Alors, on pense, on connaît tous les cas de la petite Lindsay
03:30ou du petit Nicolas qui se sont même suicidés.
03:33On considère aujourd'hui qu'il y a à peu près,
03:34ce sont les chiffres officiels, c'est sur le site de l'Éducation Nationale,
03:37à peu près 5% des collégiens et des écoliers qui sont harcelés.
03:41Alors, comment on en est arrivé là ?
03:44Pour moi, il y a d'abord...
03:46Plusieurs facteurs ?
03:47Il y a plein de facteurs, évidemment.
03:48Toi, c'est multifactoriel, mais chaque facteur compte pour 100%.
03:51C'est-à-dire qu'on a une machine administrative qui est très difficile à bouger.
03:55Le principe, c'est que l'administration n'est pas faite pour raisonner,
03:58mais pour appliquer des règlements.
03:59Et les règlements sont très compliqués à appliquer.
04:01Il y a ce que j'appelle le rousseauisme d'État.
04:04C'est-à-dire qu'on imagine que les enfants sont bons,
04:07qu'il faut valoriser chez eux des qualités qu'ils ont intrinsèquement.
04:12Or, un enfant, ça s'éduque.
04:14Il y a un manque d'exemplarité de l'État.
04:17Et l'insécurité règne à peu près partout.
04:20Donc forcément, elle règne à l'école aussi.
04:22C'est vraiment un problème d'exemplarité.
04:24C'est que les hommes politiques, eux-mêmes,
04:26ne se plient pas à ces exercices de respect, etc.
04:30Entre eux, ils s'insultent, etc.
04:32Et à mon avis, il y a un énorme problème dont on ne parle pas beaucoup.
04:35C'est l'obligation scolaire.
04:37C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on scolarise les enfants de 3 à 18 ans.
04:41L'État fait passer l'obligation de formation de 16 à 18 ans.
04:45Avec des élèves qui sont de plus en plus violents,
04:49qui ont de plus en plus envie de quitter l'école.
04:52En réalité, il y a beaucoup d'absentéisme.
04:54D'ailleurs, en début d'année, j'ai une collègue qui me racontait
04:56qu'elle avait 7 absents sur 24 élèves en quatrième.
04:58En quatrième, normalement, l'obligation scolaire s'applique encore.
05:01On a 14 ans, 13 ans.
05:03Et cette question-là, on ne la soulève jamais.
05:06L'État considère que c'est une obligation d'envoyer les mômes à l'école jusqu'à 18 ans.
05:10Il y a des pays où ce n'est pas le cas.
05:12Il y a des pays où quand vous êtes mal à l'école, on vous propose une orientation,
05:15on vous propose un apprentissage, une formation dual.
05:17Je pense à la Suisse, les pays du nord de l'Europe, etc.
05:19Donc ça, c'est un problème qu'on ne soulève pas souvent.
05:22Après, il y a aussi le fait qu'on accueille des populations
05:25qui n'ont pas exactement les mêmes codes que nous.
05:27Que faire ?
05:30Mon conseil aux parents,
05:32personne n'aimera jamais vos enfants autant que vous-même,
05:35surtout pas l'État.
05:37Ne comptez pas sur l'État pour agir.
05:39Sortez vos enfants de l'école au moindre problème.
05:41Quand je dis moindre problème, encore une fois,
05:43on peut le faire.
05:45J'ai des exemples de gens qui ont changé leurs enfants d'école.
05:48L'Académie a dû accepter le fait que l'enfant ait changé d'école.
05:52Il faut prendre les mesures pour protéger ses enfants.
05:55Merci Elisa Carmen.

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