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##L_EDITO_POLITIQUE-2024-11-26##

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News
Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Il est 8h12, Elisabeth Lévy, bonjour.
00:07Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.
00:08Alors, vous soulevez ça, ça me fait plaisir de vous entendre parler de ça,
00:12parce que quand nous allons faire nos courses,
00:15nous ne comprenons plus rien aux étiquettes alimentaires.
00:18J'essaye de vous imaginer, Jean-Jacques, au supermarché,
00:21en train de scruter les étiquettes.
00:23Je regarde les étiquettes, je regarde les étiquettes.
00:26Alors, faire ces courses, c'est devenu trop compliqué,
00:30c'est devenu une chiance.
00:33Mais vous voyez, aller au supermarché, c'est devenu une chiance,
00:37il faut avoir fait des études supérieures,
00:39parce qu'un consommateur avisé comme vous, cher Jean-Jacques,
00:42n'achète pas ce qu'il aime,
00:44parce que ce qu'il aime est généralement très mauvais pour la santé,
00:46c'est quand même ça,
00:47mais ce qui est bon pour lui, pour ses enfants,
00:49pour le climat et pour la planète.
00:51Les produits alimentaires se vendent désormais
00:53donc avec une sorte de manuel d'utilisation.
00:55Alors, pour ceux qui aiment bien lire les paquets au petit-déjeuner,
00:58c'est pas marrant, je vous le dis tout de suite,
01:00il vaut mieux avoir un bouquin.
01:01Mais bon, alors c'est des labels, des normes, des signes, des logos,
01:04des garanties, un produit garantie sans ceci ou sans cela,
01:08qui sont supposés orienter le consommateur.
01:11Eh bien, pour la Cour des comptes européennes,
01:13je veux dire, ça ne l'oriente pas,
01:15ça a plutôt tendance, tout cela a plutôt tendance à l'égarer.
01:18C'est un audit qui a été réalisé quand même sur la période 2011-2023,
01:22donc ils ont dû en voir des étiquettes.
01:24Et alors, il n'y a jamais eu autant d'infos sur nos paquets de nourriture.
01:29Des centaines de labels, des empilements de normes nationales européennes,
01:34et plus d'innombrables allégations sur les vertus nutritionnelles
01:39ou sanitaires d'un composant.
01:41Le bidule est bon pour la mémoire, le machin pour la vigueur physique.
01:46À l'arrivée...
01:48– Vous nous indiquerez pour la vigueur ? – Oui, je vous dirai.
01:50À l'arrivée, le consommateur est perdu,
01:54dit la Cour européenne des comptes, et même parfois trompé.
01:56Là, c'est sérieux.
01:58Par exemple, j'ai découvert, ou alors je crois l'avoir compris
02:01en lisant tous ces articles, qu'aucune règle ne conditionnait
02:04l'usage du mot « naturel ».
02:05Or, « naturel », évidemment, ça donne envie d'acheter.
02:08Qui aurait envie d'acheter une boisson qui dit « je suis purement chimique » ?
02:11– C'est vrai que « naturel », on retrouve...
02:13Non, mais ça, c'est une bonne remarque.
02:15C'est vrai que « naturel », on trouve « naturel » partout.
02:18– Eh ben oui. – Partout.
02:19Pourquoi y en a-t-il autant ?
02:20– Eh ben, dans les coulisses, il doit y avoir,
02:22ce qui explique à toutes ces normes,
02:23il doit bien y avoir des bagarres de lobbies agro-industriels
02:26qui jouent pour ça.
02:29Par exemple, j'ai découvert aussi, vous ne le savez pas,
02:31il y a des choses souterraines qui se passent.
02:33Il y a une guerre du Nutri-Score.
02:35Alors, il a été adopté par trois pays de l'Union européenne,
02:38dont la France, mais l'Italie est, paraît-il, très opposée.
02:41Et en tout, il y a sept, je crois, six ou sept normes en Europe,
02:44enfin six ou sept labels de ce type en Europe.
02:48Alors, la véritable raison de tout ça,
02:49parce qu'il y a quand même une raison plus profonde, je dirais,
02:52c'est que nous sommes des consommateurs soupçonneux et procéduriers.
02:56Nous voulons tout savoir sur ce qu'il y a dans notre assiette.
02:59Est-ce qu'on a parlé gentiment au poulet,
03:00quel est son bilan carbone ?
03:02Est-ce qu'il n'y en a pas eu deux grammes de trop de pesticides
03:05sur les aliments qu'il a mangés ?
03:06C'est pareil pour nos voitures et pour nos téléphones,
03:08encore que pour le téléphone,
03:10on est peut-être un peu moins regardant sur le bilan carbone.
03:13Enfin, toutes ces étiquettes ne nous empêchent pas
03:16d'acheter des cochonneries industrielles,
03:18ce qu'on appelle la junk food,
03:19mais au moins on sait que c'est mauvais pour nous,
03:21ça va beaucoup mieux.
03:22Alors, accessoirement, enfin pas si accessoirement que ça,
03:25cette inflation normative, ça contribue évidemment
03:28à l'obésité de la fonction publique,
03:29parce qu'il faut des gens pour fixer les normes, les édicter,
03:32ensuite pour les appliquer, pour les vérifier leur application,
03:35pour contrôler la vérification, etc.
03:37C'est infini, ça mobilise des armées de techno
03:41qui veillent à la qualité de tout ce qui se fabrique.
03:45On pourrait trouver que c'est un progrès,
03:46moi j'appelle ça, enfin c'est pas moi d'ailleurs,
03:48ce sont des sociologues qui appellent ça la société de défiance.
03:52Moi consommateur, j'ai des droits sacrés,
03:54j'exige de tout savoir et je me méfie de tous,
03:57l'État, le producteur, le revendeur, le supermarché.
04:00Alors bien sûr, on a besoin d'une information minimale et honnête.
04:04Mais aujourd'hui, il y a des processus de production
04:08qui sont standardisés, des normes d'hygiène et de sécurité
04:11qui doivent être respectées dans toutes les entreprises,
04:14et moi je crois qu'à la fin, on devrait peut-être moins s'inquiéter
04:18de ce qu'on met dans l'assiette de nos enfants
04:20que de ce qu'on leur fourre dans la tête.
04:22Qu'en pensez-vous ?
04:24Elle est redoutable.
04:26Elle est diabolique.
04:28Elle est diabolique parce qu'elle nous a par le rire évidemment.
04:31Souvent, Elisabeth, quel humour, je salue la maestria.
04:35Ceci dit, ma chère amie, ceci dit,
04:37je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous parce que
04:39je pense que, là je suis d'accord sur l'inflation des normes,
04:43En fait, ce n'est pas moi, c'est vraiment la cour européenne.
04:45Non, mais il faut avoir des polytechniques, effectivement,
04:47pour lire une étiquette.
04:49Et ça, c'est une erreur parce qu'on a quand même le droit
04:51d'être informé sur les pesticides.
04:53Il faut avoir de bonnes lunettes.
04:55Mais ceci dit, là où vous dites qu'il y a des processus,
04:57oui, on devrait avoir confiance.
04:59Mais la réalité, c'est que chaque scandale alimentaire
05:01nous montre qu'on ne peut pas avoir confiance.
05:03Souvenez-vous des lasagnes à la viande de cheval.
05:05C'était lamentable. Pendant des années ou des mois,
05:07les gens ont acheté des lasagnes avec de la viande de cheval.
05:10Souvenez-vous, il y a trois mois...
05:12Et de poney pour les onsons.
05:14Souvenez-vous, il y a trois mois,
05:16Nestlé Waters, pardonnez-moi,
05:18avec de l'e-coli
05:20dans un certain nombre de sources,
05:22notamment la source Perrier.
05:24L'e-coli, ah pardon, la bactérie.
05:26Vous vous rendez compte quand même que,
05:28à un moment donné, moi je suis d'accord que
05:30les industriels de l'agroalimentaire
05:32ont fait des progrès énormes
05:34quand vous allez dans une usine d'eau,
05:36comme j'ai pu en visiter dans le monde,
05:38et que la main humaine, par exemple, ne touche l'eau.
05:40Mais la réalité, c'est qu'il y a des trous dans la raquette,
05:42et moi je trouve quand même, au-delà de
05:44la maestria de votre démonstration
05:46qui me fait mourir de rire, et que normalement
05:48on ne devrait rien avoir à répondre à ça,
05:50je vous réponds quand même qu'il ne faut pas jeter le bébé
05:52avec l'eau du bain, les normes sont
05:54essentielles et fondamentales.
05:56Je vais vous répondre sur le Perrier par exemple,
05:58c'est un très mauvais exemple,
06:00parce qu'en réalité ce n'était pas écrit sur l'étiquette
06:02qu'il y avait de l'e-coli.
06:04Vous disiez les processus de fabrication.
06:06Je vous réponds,
06:08excusez-moi,
06:10Françoise,
06:12ce que je pense,
06:14c'est qu'il devrait y avoir quelques normes,
06:16si possible harmonisées à l'échelle européenne,
06:18ce serait quand même un peu plus malin,
06:20mais qu'on arrête, si vous voulez,
06:22de demander sur tout
06:24comment c'est fabriqué, comment ceci,
06:26comment cela. Je pense que
06:28c'est l'inflation normative, je ne dis pas qu'il ne doit pas y en avoir,
06:30je dis l'inflation normative,
06:32et par ailleurs, dans les cas que vous avez cités
06:34de scandales alimentaires,
06:36pardonnez-moi, Findus n'avait pas écrit sur sa boîte
06:38c'est de la viande de cheval,
06:40donc là on a des fraudes,
06:42ou des fraudes, je ne sais pas,
06:44c'est des fraudes sans doute,
06:46il doit y avoir dans d'autres cas des accidents,
06:48quand vous avez une bactérie, personne n'amène la bactérie,
06:50je suppose.
06:52Mais la réalité,
06:54c'est que ça ne changera rien à l'étiquette.
06:56En fait, ce que je veux dire,
06:58c'est qu'au lieu d'avoir
07:00une information énorme,
07:02énorme,
07:04renforcer les contrôles,
07:06renforcer les contrôles,
07:08moi je crois qu'il y a beaucoup de gens,
07:10et pas seulement ça François, ça va vous intéresser,
07:12vous savez au ministère de l'agriculture,
07:14dans la même période,
07:16le nombre de fonctionnaires a été multiplié par 3,
07:18le nombre d'agriculteurs divisé par 4,
07:20et beaucoup de gens disent,
07:22mais je n'ai pas assez de connaissances,
07:24mais vous vous êtes une fille du terroir.
07:26– Oui, mais ce n'est pas le ministre de l'agriculture qui contrôle,
07:28c'est la direction.
07:30– Non, non, non, attendez,
07:32la DGCCRF c'est la répression des fraudes.
07:34– C'est ce qu'on parle de fraudes.
07:36– Non, à l'agriculture,
07:38c'est la direction générale des services vétérinaires,
07:40qui a été vraiment
07:42ramenée aux aquais
07:44par Nicolas Sarkozy.
07:46– Mais ce que je voulais vous dire, c'est que beaucoup de gens disent aujourd'hui
07:48que des contrôles,
07:50parce qu'il y a des agriculteurs, moi j'en connais,
07:52je connais des éleveurs de Thoreau,
07:54notamment une éleveuse,
07:56ils ont des contrôles, 3, 4, 5 fois,
07:58et donc,
08:00beaucoup de gens disent contrôles aléatoires,
08:02ça devrait suffire,
08:04est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
08:06J'attends ma limite de compétence.
08:08– Non, non, mais j'attends, ce que vous dites,
08:10il y avait deux angles dans votre papier, donc je suis d'accord
08:12sur l'inflation des normes et des étiquettes,
08:14mais je ne suis pas d'accord, vous parlez de la société
08:16de défiance, et c'est à ça que je répondais,
08:18les consommateurs ont tout à fait le droit
08:20d'avoir de la défiance, parce que, je vous le redis,
08:22Nestlé Water, le scandale des eaux minérales,
08:24on va passer ça,
08:26il y aura un accord, si vous voulez, avec la DGCCRF,
08:28mais ce n'est pas acceptable.
08:30– Et ça, c'est marrant qu'on se voie d'abord
08:32comme des consommateurs, en fait.
08:34– 8h21, pardon !
08:36– 8h21 ?
08:38– 8h21, à tout de suite.

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