• il y a 2 mois
Mardi 3 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Didier Borowski (Responsable Recherche Politiques Macroéconomiques, Amundi Institute) , Pierre Bismuth (Directeur Général et Responsable des Gestions, Myria AM) , Nicolas Brault (Directeur Associé, Hottinguer banque privée) et Jean-Marc Peter (Directeur général, Sofidy)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne pour rester à l'écoute des
00:11marchés chaque jour sur Bsmart4Change à 17h si vous nous suivez en direct à la télévision
00:17à travers vos box, émission que vous retrouvez évidemment chaque soir en replay sur notre
00:21site bsmart.fr ou encore en podcast à l'heure qu'il vous plaira et sur vos plateformes
00:26préférées.
00:27Au sommaire de cette édition ce soir, une séance un peu compliquée qu'on va décrypter
00:31avec nos invités de manette marché dans quelques instants, la pression s'exerce notamment
00:35sur le compartiment des matières premières, que ce soit les métaux ou l'énergie, on
00:40voit des décrochages assez violents, le pétrole qui recule de 4 à 4,5% sur fond d'inquiétude
00:46macroéconomique, pas tant du côté américain que du côté chinois d'ailleurs, c'est bien
00:52la poursuite de l'enlisement et de la non-reprise de l'économie chinoise qui semble inquiéter
00:56les investisseurs à ce stade, même s'il y a des interrogations également sur la course
01:02de l'économie américaine à ce sujet, les investisseurs vont faire face à des séries
01:07de données statistiques importantes dans les prochains jours relatives notamment au
01:11marché du travail américain qui est désormais le point de focalisation et d'attention de
01:16la réserve fédérale américaine et de son président Jérôme Powell qui l'a parfaitement
01:21expliqué il y a une dizaine de jours lors de son discours de Jackson Hole, la Fed ne
01:26veut plus voir de dégradation du marché du travail à ce stade et se tient prête à
01:30agir si nécessaire.
01:32L'ambiance était un peu différente du côté de la banque centrale européenne même si
01:37sur le plan économique, la situation pourrait justifier peut-être d'une action un peu plus
01:42rapide de la part de la BCE, ça ne semble pas être dans les tuyaux pour l'instant même
01:48si une deuxième baisse de taux de la BCE est attendue le 12 septembre prochain à l'occasion
01:52de cette réunion de rentrée, discussion à suivre sur ces sujets macroéconomiques et
01:56de politique monétaire avec nos invités de Planète Marché, dans un instant sur la
01:59partie action on voit des indices qui lâchent un peu plus de 1% en Europe, là aussi vous
02:03aurez le détail dans un instant avec Pauline Grattel et peut-être une nouvelle hiérarchie
02:09sectorielle qui est en train de se mettre en place, depuis quelques semaines en tout
02:12cas on voit des secteurs traditionnellement perçus comme défensifs regagner en intérêt,
02:18on peut citer le secteur de la santé par exemple, le secteur des télécommunications,
02:22des opérateurs télécom ou encore le secteur de l'assurance qui font figure de secteur
02:26leader en Europe ces dernières semaines et à l'inverse un secteur qui semble connaître
02:31une tempête parfaite c'est celui du secteur automobile qui a rendu beaucoup d'égain qui
02:36avait pu être accumulé sur les 3-4 premiers mois de l'année, pendant un trimestre au
02:41moins le secteur automobile a été un secteur leader en Europe, c'est une histoire passée
02:45désormais entre les problématiques chinoises, les questions sur la demande vis-à-vis du
02:50véhicule électrique, on voit un secteur automobile en Europe qui est lourdement affecté
02:55aujourd'hui encore tant et si bien qu'un groupe comme Volkswagen évoquait pour la
02:59première fois de son histoire hier l'idée de pouvoir fermer certains sites de production
03:05en Allemagne, pays dans lequel Volkswagen emploie un peu plus de 300 000 salariés,
03:10la tempête parfaite du secteur automobile ce sera un sujet également avec nos invités
03:13dans un instant et puis dans le dernier quart d'heure, quart d'heure thématique on fera
03:16un point et un état des lieux même du marché immobilier à travers les SCPI, c'est un des
03:22leaders du marché qui sera avec nous à partir de 17h45, le directeur général de Sofidi
03:26Jean-Marc Petter sera avec nous en plateau pour ce dernier quart d'heure de SmartBourse.
03:41Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de SmartBourse, les infos clés du jour sur
03:44les marchés avec Pauline Grattel.
03:46Bonsoir Pauline.
03:47Bonsoir.
03:48Tendance négative pour les marchés d'actifs risqués et pour les bourses européennes
03:51dans leur ensemble aujourd'hui.
03:52Oui exactement, la tendance est à la baisse alors que les marchés américains rouvrent
03:56leurs portes après une journée off, celle de la fête du travail.
04:00Le CAC 40 reste tout de même au-delà des 7600 points.
04:03Les investisseurs attendaient la publication de différentes enquêtes dont l'ISM manufacturier
04:08américain du mois d'août qui ressort toujours en zone de contraction à 47,2 mais en légère
04:14amélioration par rapport à juillet.
04:16Je le disais, si on peut s'interroger sur la course de l'économie américaine, les
04:22vrais doutes profonds concernent plutôt l'économie chinoise qui pose de plus en plus de problèmes
04:27au marché en cette rentrée.
04:28Oui c'est ça, les doutes sur une reprise chinoise s'expriment à travers la baisse marquée
04:33de l'ensemble des matières premières aujourd'hui.
04:36Le pétrole lâche jusqu'à plus de 4%.
04:39Dans le sillage des matières premières, on constate une baisse des taux longs généralisés
04:43avec un disant américain qui retombe autour de 3,80%.
04:47Dans l'actualité des entreprises, Exocence brille après sa première publication semestrielle.
04:53L'entreprise qui est entrée en bourse en juin dernier fait état d'un chiffre d'affaires
04:57qui a doublé au premier semestre à 187 millions d'euros.
05:01La croissance organique de l'entreprise grimpe de 35% grâce au volume des ventes.
05:06Ce matin, le titre était en tête du SRD et gagnait 8%.
05:10Nexence, de son côté, atteint son plus haut niveau historique en bourse.
05:14Oui, Chypre et la Grèce ont signé un accord pour relier les deux pays grâce à une liaison
05:18électrique et le fabricant de câbles français sera ainsi chargé de ce tronçon.
05:23Ce projet d'interconnexion de la Grand-Mère permettra de lier l'Union européenne et Israël.
05:28Le titre de Nexence touche son pic historique et est en hausse de plus de 7%.
05:32Et puis la santé qui revient sur le devant de la scène.
05:34On évoquait Sanofi hier.
05:36Aujourd'hui, c'est Valneva qui est en vue avec une belle hausse pour le titre aujourd'hui.
05:40Oui, Valneva et Pfizer annoncent des données positives pour le potentiel vaccin contre
05:45la maladie de Lyme dans une étude de phase 2.
05:48Le titre est en hausse au sein du SBF 120 de 4%.
05:51Enfin, dans le secteur automobile, Volkswagen évoque la fermeture d'usines en Allemagne
05:56dans une optique de réduction des coûts et ce serait une première pour Volkswagen.
06:00En 90 ans d'histoire, le titre lâche 1%.
06:04En France, Renault aussi est en baisse de 2,5% et bon dernier du CAC 40.
06:09Et puis on retiendra côté américain la baisse du titre US Steel aujourd'hui.
06:12Kamala Harris affirme que l'entreprise doit rester américaine alors que Nippon Steel
06:17a émis l'idée d'un projet de rachat sur l'entreprise en décembre.
06:20Depuis le début de l'année, le titre US Steel est en baisse de plus de 20%.
06:25Enfin, l'agenda macro qui va se charger dans les prochains jours et notamment demain.
06:29Demain oui, la journée sera rythmée par la publication des enquêtes PMI Service Définitif
06:34et les prix à la production industrielle de juillet pour la zone euro.
06:38Aux Etats-Unis, les investisseurs regarderont aussi la balance commerciale du mois de juillet
06:42mais surtout le rapport Jolt sur les ouvertures de postes en juillet.
06:46Tendance mon ami, chaque soir, les infos clés du jour sur les marchés en ouverture de Smart
06:51Bourse avec Pauline Grattel.
06:553 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
07:06Nicolas Braud nous accompagne, directeur associé chez Autingre Banque Privée.
07:09Bonsoir Nicolas.
07:10Bonsoir Grégoire.
07:11Merci d'être là.
07:12Merci à Pierre Bismuth de nous accompagner également.
07:14Bonsoir Pierre.
07:15Bonsoir Grégoire.
07:16Vous êtes directeur général et responsable des gestions de Myriad Asset Management et
07:19Didier Broski à nos côtés également.
07:20Bonsoir Didier.
07:21Bonsoir Grégoire.
07:22Vous êtes responsable de la recherche politique macro chez Amundi Institute.
07:25Un mot peut-être de la macro et des politiques monétaires pour commencer avec vous.
07:29Didier, qu'est-ce que vous comprenez à ce stade de la fonction de réaction des banques
07:34centrales, notamment de la fonction de réaction de la Fed dans le sillage du discours de Jerome
07:39Powell au regard de l'état de santé de l'économie américaine par rapport à la fonction de réaction
07:44de la banque centrale européenne.
07:46Les deux banques centrales vont délivrer une baisse de taux au cours du mois de septembre.
07:50On a quand même l'impression que les motivations sont un peu différentes de part et d'autre
07:56de l'Atlantique.
07:57La situation est radicalement différente entre ce qui se passe aux Etats-Unis et en
08:01Europe.
08:02Ça c'est un premier élément.
08:03Ce qu'il faut quand même avoir en tête si on met les choses en perspective depuis
08:05début 2022, c'est qu'il y a quand même une hausse des taux très marquée aux Etats-Unis
08:08et que depuis le pic d'inflation, l'inflation a beaucoup ralenti.
08:11Alors qu'est-ce que ça veut dire ?
08:12Le taux des Fed Funds, le principal taux directeur de la réserve fédérale est désormais au-dessus
08:18des principales métriques d'inflation et notamment de l'inflation sous-jacente.
08:21Quand on regarde le déflateur de la consommation des ménages dans les comptes nationaux, c'est
08:25un peu technique, mais c'est ce que regarde la réserve fédérale.
08:27Au cours des trois derniers mois en rythme annualisé, on est déjà en dessous de 2%.
08:30Donc il y a des indicateurs qui montrent qu'il est temps en effet de commencer à baisser
08:33les taux.
08:34Rappelons quand même une chose, la réserve fédérale n'a pas commencé à baisser ses
08:36taux.
08:37La BCE a déjà commencé à baisser ses taux.
08:38Donc il y a un argument taux réel qui est bien là.
08:41Deuxième argument qui est très important, c'est que quand on regarde les gains de productivité
08:45aux Etats-Unis et la dynamique des salaires, on a des coûts salariaux unitaires qui sont
08:48sous contrôle.
08:49Et donc ça devrait ancrer les anticipations d'inflation et permettre à cette désinflation
08:54de persister.
08:55Et donc ça c'est un élément qui consiste à dire est-il rationnel de maintenir des
08:58taux réels d'effet de fin de société élevé, même si la croissance, on va revenir dessus,
09:02reste assez solide dans ce type d'environnement ? Non, il y a une volonté de revenir graduellement
09:08et c'est là la grande question, c'est à quel rythme, à un taux dit neutre.
09:12Alors maintenant la question c'est en effet, est-ce qu'il faut baisser les taux quand
09:15la croissance reste très au-dessus de son potentiel ? Parce qu'on a un 3% de croissance
09:19au deuxième trimestre, on a l'impression que ça ne faiblit pas trop du côté de la
09:22conjoncture américaine et puis on a Jérôme Poel qui nous dit « la principale menace
09:26c'est maintenant l'emploi, ce n'est plus l'inflation ». Alors évidemment on se pose
09:29la question de savoir s'il est urgent de baisser les taux d'intérêt, mais je crois
09:31que le cycle américain va commencer à s'essouffler, à battre de l'aile.
09:35Alors il n'y a pas péril en la demeure, pas de récession, etc.
09:38Mais l'idée qu'on ait une croissance qui revienne et qui soit même pendant plusieurs
09:41trimestres, entre ça du potentiel dans les trimestres qui viennent, est assez fiable
09:44avec une détérioration sans doute un peu graduelle du marché du travail.
09:47On va regarder bien sûr le marché du travail de vendredi compte tenu de ce qu'a dit Jérôme
09:51Poel, mais on peut très facilement justifier 50 à 100 points de base de baisse de taux
09:55du côté de la réserve fédérale sans avoir d'affaiblissement conjoncturel très marqué.
09:58Il y a un côté un peu « forward looking » dans le discours de Jérôme Poel qui est
10:02capable de voir à travers le 3% de croissance du PIB au T2, le 4,3 ou 4,2% de taux de chômage
10:09qu'on aura encore pour l'été et pour le mois d'août, il est capable de voir au-delà
10:13et de se projeter au-delà de ce qu'on voit immédiatement.
10:16Mais il peut déjà justifier indépendamment, sans affaiblissement de l'activité, il peut
10:19déjà facilement justifier 100 points de base de baisse de taux.
10:22D'accord.
10:23Donc ça c'est un premier règlement.
10:24Donc il y a 4 baisses de taux faciles pour la Fed là.
10:254 de 25.
10:26Justifiées compte tenu du niveau de l'inflation, des coûts salariaux unitaires, etc.
10:29Ensuite, la vraie question c'est à quel rythme il va le faire, parce qu'évidemment
10:32si la croissance reste solide, il n'y a pas de raison d'aller à un rythme très
10:35rapide.
10:36Mais l'idée de faire 100 points de base dans les 6 à 9 mois qui viennent, c'est
10:39quand même assez crédible.
10:42Alors de notre point de vue, il y a un emballement des anticipations de marché avec 4 baisses
10:46de taux anticipées d'ici la fin de l'année, ça nous semble un peu rapide.
10:49D'accord.
10:50Compte tenu d'une fonction de réaction normale.
10:51C'est un peu trop concentré vous dites.
10:52C'est un peu trop concentré, il y a peut-être un excès d'anticipation du côté des baisses
10:55de taux.
10:56La seule direction que j'ai un problème, c'est peut-être sur l'ampleur des baisses
10:58de taux en aussi peu de temps, il faudrait vraiment une séquence de chiffres très négatifs
11:02pour faire que la réserve fédérale aille dans cette direction et donc on va regarder
11:04de très près bien sûr, comme tout le monde, le marché du travail vendredi.
11:08Alors en Europe, ça n'a rien à voir, parce que nous on n'a pas une croissance très
11:12au-dessus du potentiel, on peine à revenir vers le fameux potentiel de croissance qui
11:15en plus est beaucoup plus faible qu'aux Etats-Unis.
11:18On a des coûts salariaux unitaires qui restent très élevés, parce qu'on a des salaires
11:22qui, même s'ils ralentissent, continuent de croître avec retard et de rattraper un
11:25peu les hausses de prix, et puis il n'y a pas de productivité, ou très peu, et donc
11:31la question qui se pose pour la Banque Centrale Européenne, c'est que oui, d'ici un an,
11:35si on a des coûts salariaux unitaires qui continuent d'être assez élevés, est-ce
11:38qu'on ne va pas avoir une inflation sous-jacente, notamment dans les services, qui va rester
11:41persistante ?
11:42On ne voit pas quand même la tension sur les salaires décélérer un petit peu devant
11:45nous à travers les négociations salariales ? Je crois que même c'est accrédité par
11:49la Banque Centrale Européenne, et un membre comme Isabelle Schnabel, dans son dernier
11:53discours, elle met quand même ce point dans la case de la désinflation et de la tendance
11:58des inflationnistes intactes à ce stade.
12:00On s'attend à ça.
12:01On pourrait aussi avoir une petite reprise technique de la productivité.
12:04Les marges de profit qui vont aussi se réduire un peu, etc., elles se sont déjà beaucoup
12:08réduites.
12:09Donc il y a des éléments qui permettent de militer pour une poursuite de la désinflation,
12:11et c'est pour ça qu'abondant dans votre sens, nous, on anticipe un peu plus de baisse
12:14de taux du côté de BCE que ce qui est anticipé.
12:16Sauf que la conclusion que tire Isabelle Schnabel de cette situation et de cet état
12:20qu'elle dresse n'a pas l'air d'être la vôtre, Didier.
12:23Non, mais comme je dis, je pense qu'il y a un élément qui a toujours des faucons du
12:27côté de la Banque Centrale Européenne, il y a les évolutions salariales et les coûts
12:29salariaux unitaires, et à juste titre, ils peuvent s'inquiéter de la persistance de
12:34certaines pressions inflationnistes.
12:35Mais je suis assez d'accord que dans l'ensemble, les indicateurs plaident pour continuer la
12:40séquence monétaire et faire trois baisses de taux d'ici la fin de l'année, un peu
12:43comme aux Etats-Unis, enfin je veux dire d'ici la fin de l'année, ça nous semble
12:45assez raisonnable et rationnel, et il n'y a pas grand danger à le faire compte tenu
12:49du fait qu'on a déjà passé le pic d'inflation.
12:51Maintenant, la question c'est à quel rythme est-ce qu'on peut aller beaucoup plus loin
12:54et quand est-ce qu'on va revenir vers les sacro-saints 2% ? Cette persistance de l'inflation
12:58sous-jacente, elle est plus marquée en zone euro qu'aux Etats-Unis, donc il est normal
13:01qu'il y ait plus de débats en zone euro qu'aux Etats-Unis.
13:03Et puis un point d'interrogation, on y reviendra si vous avez des questions, sur le cycle en
13:06Europe, il y a des risques, la demande interne n'est pas vraiment au rendez-vous que vous
13:10attendez.
13:11Et puis comment les facteurs politiques et les facteurs réglementaires budgétaires
13:16peuvent aussi peut-être avoir un impact sur la poursuite du cycle en Europe ?
13:21C'est clair que l'étape qui vient pour l'ensemble de l'Europe, c'est une phase
13:26dite de consolidation budgétaire qui ne va pas évidemment ajouter de la croissance.
13:31Donc on va sortir de la période de vache grâce entre guillemets, c'est-à-dire d'expansion
13:34budgétaire pour combler, et ça, ça peut en effet jouer négativement sur l'activité.
13:39Comment vous regardez ces histoires de baisse de taux et ce cycle devant nous ? Est-ce
13:41qu'on peut s'attendre à quelque chose d'assez synchronisé ou est-ce qu'il faut
13:45imaginer du désordre entre une Fed, ou en tout cas un Jerome Powell qui tient un discours
13:49résolument doviche ou agressif, alors que l'économie américaine n'a peut-être
13:54pas besoin, urgemment en tout cas, de baisse de taux agressive, et à l'inverse, une
14:01BCE qui, si elle est partie la première, semble quand même sur la retenue et ne semble
14:05pas se précipiter vers une accélération de son cycle de baisse de taux, quand bien
14:10même la conjoncture pourrait le justifier.
14:12On en avait parlé la dernière fois que je suis venu, et même la fois d'avant, et la
14:20prochaine, il me semblait évident qu'il y avait un manque de stratégie de la part
14:23de la BCE et malheureusement, malheureusement, on ne parle plus de la stratégie.
14:26En tout cas, on a l'impression qu'il ne voit qu'un risque.
14:28Le discours Schnabel, là-dessus, est très clair.
14:30Qu'il y ait un risque, peut-être, de persistance de l'inflation, je ne le nie pas, mais c'est
14:34le seul risque sur lequel il se focalise aujourd'hui.
14:37Oui, mais à la limite, ils sont dans leur mandat, et puis c'est vrai que c'est 20
14:42gouverneurs qui ne s'entendent pas, ou chacun campe sur une idée qu'il se fait de l'histoire.
14:53C'est vrai que le consensus est difficile à trouver, mais au final, ce qu'on disait
14:59ce matin au comité d'advocation, est-ce que c'est bien ça le plus important ? Parce
15:03que finalement, le consensus se trouve tout le temps, et c'est vrai que la BCE…
15:08Ils ont même réussi à baisser les taux en premier !
15:10Mais la BCE n'avait pas de stratégie.
15:12Là, je pense qu'avec la Fed qui entame un cycle de baisse des taux, c'est plus
15:15facile pour la BCE de savoir ce qu'elle doit faire.
15:20Ça va inciter la BCE à…
15:21Je ne pense pas, mais ça va rassurer la BCE, parce que je pense que la BCE qui tirait
15:26en avance de la Fed, c'était extrêmement inconfortable pour la BCE, parce que, d'ailleurs,
15:32je ne sais même pas pourquoi…
15:33Bah si, je vais vous dire ! L'euro va s'effondrer, et on va se reprendre à un choc d'inflation
15:38importée.
15:39L'euro n'a cessé de monter depuis la baisse de taux du mois de juin.
15:42Oui, mais parce que ce n'est pas ça qui fait les dynamiques des devises, c'est
15:45toujours les anticipations, et donc on sait que la BCE va aller vers un taux… Je dis
15:51au hasard entre 2 et 2,5, on sait que ça sera le taux d'arrivée, et puis que la
15:55Fed va probablement atteindre un taux entre 3 et 3,5.
16:00Avec une étape, on pense à 4.
16:03Donc une fois qu'on a dit ça, la route est assez tracée.
16:06Sur les banquiers centraux, j'ai l'impression que c'est un peu de l'histoire ancienne,
16:10et que finalement, la route étant tracée, les marchés savent qu'en cas de choc, et
16:17de choc quelque chose de jeune, qu'on ne voit pas bien.
16:19Alors là par contre, on a du mal à voir, on a même changé le scénario négatif de
16:24Myriam Asset Management, parce qu'on a du mal à voir quel peut être le scénario
16:29négatif qui nécessiterait vraiment une réplique musclée de la part des banquiers centraux.
16:36Le seul truc que j'ai trouvé, alors je vous le livre, c'est que la réaction du
16:41marché au Japon peut constituer les prémices de risque, un peu comme ce qu'on avait
16:49vécu en 2018 avec des corrélations qui remontent d'un coup, les corrélations implicites
16:53qui remontent d'un coup, et qui finalement nous amènent à une année un peu délétère.
16:58Donc ça c'est, on a maintenant des risques beaucoup moins, j'ai l'impression, géopolitiques,
17:03politiques, parce que les conflits sont quand même assez identifiés, et même si on prend
17:08le Proche-Orient, ça nous semble être, on va vers une désescalade, plus qu'une escalade,
17:14et donc on n'a plus ces risques géopolitiques, on a l'Ukraine qui est vraiment, encore une
17:22fois, un truc dramatique, mais c'est quand même assez figé, les positions sont assez
17:27figées, et là on rentre dans une séquence financière où on a du mal à voir quels
17:33peuvent être les désordres qui infligent à l'équilibre ambiant, l'équilibre ambiant
17:39étant constitué par les banquiers centraux, donc là on a des risques financiers.
17:43En plus, le dernier point sur lequel je veux aborder, parce qu'on l'oublie tout le temps,
17:46mais je pense que l'obsession de la Fed, enfin je ne sais pas si c'est l'obsession de la
17:51Fed, mais en tout cas, si j'étais à la Fed, moi mon obsession ça serait de dégonfler
17:56mon bilan, et de revenir à un truc post-2020, et c'est vrai que l'effort est quand même
18:02assez important, puisqu'on a perdu un mille milliards de liquidités, et donc je pense
18:07que ça amène de l'eau à ce que disait Didier, c'est que vraiment on a, ils peuvent faire
18:13100 bips sans aucun problème, parce que d'autant plus que parallèlement ils vont
18:16retirer de la liquidité, et ils vont continuer ce cycle de retrait de la liquidité, tant
18:22que l'équilibre...
18:23Même s'ils ralentissent, je crois, le rythme de réduction du bilan quand même, ils sont
18:26prudents aussi sur cet aspect quantitatif de leur politique.
18:30Mais c'est quand même continu, c'est qu'on voit vraiment que le bilan, le bilan des droits
18:34des producteurs...
18:35Ah bah il n'y a pas de doute, on le voit oui.
18:36Et donc, de toute façon la Fed, sa stratégie, et là elle est toujours claire depuis des
18:39années, c'est toujours d'avoir des bases de manœuvres et des munitions.
18:43Si ça ne vous inquiète pas, les histoires de banquiers centraux et de politiques monétaires,
18:46qu'est-ce que ça implique pour les marchés ? Est-ce que ce qui se passe là, et les baisses
18:50de taux qui sont intégrées, pricées, vous dites voilà, le chemin semble assez bien
18:53balisé, ce qui est balisé là, c'est bon pour les actifs risqués toujours ?
18:57Oui, absolument, sauf que ce qui nous paraît bizarre, c'est que les marchés achètent ou
19:05vendent l'aléa morale.
19:07Donc là, le 1, 2 et 5 août, tout d'un coup, il ne va plus y avoir d'acheteurs en dernier
19:14recours et de sauveurs, et les banquiers centraux vont démissionner de leur mission de stabilisation,
19:18et donc on a moins 20 sur le Nikkei, parce que le gouverneur de la BOG a un discours
19:24un peu au quiche, et dit on va peut-être remonter les taux, mais on part quand même
19:27de très, très, très, hyper bas.
19:30C'est à la mesure du levier qui s'est accumulé, j'imagine, sur ce genre de trade, Pierre ?
19:35Non, mais là, c'est vraiment l'effet papillon, honnêtement, 0,15, avec une banque centrale
19:41qui a à peu près tous les actifs, et un levier qui sert à financer l'économie japonaise.
19:48Si ce n'est plus le one-way trade que ça a été, je peux comprendre que ceux qui sont
19:53positionnés sur du carré soient un peu stressés.
19:58Que ça se déboucle, oui, mais que ça engendre autant de volatilité, là, ça nous paraît
20:05être là le danger.
20:06Donc le marché, il est aussi entre j'achète l'aléa morale et je vends l'aléa morale.
20:10Qu'est-ce que ça vous inspire tout ça, notamment du point de vue de l'investissement
20:14actions ? Est-ce que les baisses de taux qui se profilent sont bonnes pour l'investisseur
20:17actions ? Qu'est-ce que ça implique pour le marché actions ? Et je veux bien qu'on
20:20commence à évoquer un peu l'idée peut-être d'une émergence, d'une nouvelle hiérarchie
20:25sectorielle.
20:26Les secteurs dont on parle aujourd'hui, qui sont sur le devant de la scène, ne sont
20:29plus forcément les mêmes dont on parlait il y a quelques mois encore.
20:32Nicolas Brome.
20:33Disons que le seul point à propos des banques centrales, je voudrais rajouter, au-delà
20:39du sujet du policy mix différent, structurellement différent aux Etats-Unis, la sensibilité
20:44à la croissance, le mandat qui est différent, de dire, de faire comme on semble le dire
20:51en ce moment, que la Fed invoque les sujets de l'emploi qui n'est pas absolument un
20:56indicateur avancé.
20:57Pour dire qu'ils vont trop vite, il y a quelque chose que je ne comprends pas.
21:04C'est le seul point.
21:06Je ne suis pas du tout sûr.
21:07Après Didier et Pierre ont dit plein de choses dans lesquelles je me retrouve.
21:12On part de 5,5 niveaux de taux, la croissance est en train de ralentir, il y a des signaux
21:21qui rassurent et des signaux qui sont historiquement plutôt annonciateurs d'un ralentissement
21:28plus sérieux.
21:29Je ne conteste pas l'importance des chiffres de l'emploi, mais de dire que la Fed panique
21:35pour ça, non, je ne crois pas.
21:37Après, quelles implications ? Du point de vue des marchés obligataires, des marchés
21:42actions, il faut qu'on y aille, c'est bien.
21:45On ne va pas parler que de ça tout le temps, de la baisse des taux.
21:48Le chemin est tracé depuis un moment, la baisse des taux, il fallait l'acheter aussi
21:53quand les taux étaient beaucoup plus élevés.
21:56Donc, on se laisse porter, mais ce n'est pas ça qui va guider en tout cas notre raisonnement
22:03principal sur la classe d'actifaction, c'est le rythme de la croissance et après la séquence
22:08entre d'une part le ralentissement qui est à l'oeuvre et qui se voit dans les résultats
22:14des entreprises.
22:15Rien de dramatique à ce stade.
22:17C'est une décélération par rapport aux attentes, c'est une décélération même en absolu,
22:22notamment en Europe, et puis l'effet favorable de la baisse des taux qui va avoir, d'un point
22:29de vue marché, des impacts a priori favorables sur des secteurs qui sont favorables à la
22:33baisse des taux.
22:34Il se trouve que dans les derniers, mais ça n'est pas un call, c'est un sujet de réflexion,
22:40un des derniers qui a commencé à se réveiller cet été, c'est le secteur de l'immobilier.
22:46On a énormément d'indications sur le secteur de l'immobilier, de la construction qui est,
22:54on va dire, pour l'essentiel, compliquée même s'il y a des zones, et le cycle s'agissant
23:00de la France, c'est le cycle électoral des collectivités locales qui compte, pas le
23:04cycle dont on parle tout le temps, mais sur l'immobilier résidentiel c'est très compliqué,
23:10l'immobilier de bureau c'est compliqué, la promotion c'est très compliqué, néanmoins
23:14on a atteint des niveaux de performances passées, de valorisation et peut-être de
23:20dynamique macro qui peut revenir, en tout cas c'est un sujet de sensibilité pour les
23:25prochains mois.
23:26Le reste, je dirais que moi je n'y vois pas assez clair pour voir émerger ce qui est
23:31l'espérance, comment on se projette dans l'année 2025, est-ce qu'il y a des nouveaux
23:37thèmes qui émergent, donc je dirais que tout ça milite pour maintenir un peu des
23:43positions et faire quelques ajustements à la base, pas des grands paris.
23:46Moi je suis orienté avec une sensibilité de croissance, il est certain qu'il y a des
23:53questions, on va peut-être en parler, vous aurez peut-être des questions sur le monde
23:58de la technologie.
23:59Il y a deux éléments que j'ai envie de poser, le premier d'un point de vue stratégique
24:05ou structurel.
24:06Don't fight the Fed, don't fight Wall Street, don't fight le pays, il ne faut pas se mettre
24:10à l'envers d'un pays qui est pionnier, soit créateur, soit qui sait attirer tous
24:15les innovateurs en matière d'innovation technologique, premier point, néanmoins, au sein du secteur
24:22de la technologie, il y a des cycles, on peut les appeler les super cycles, donc le sujet
24:28des semi-conducteurs, il y a une telle accumulation de performance, évidemment incarnée par
24:34NVIDIA, mais pas que, et en même temps des signes qui s'accumulent, timing, j'en sais
24:42rien, personne n'en sait rien, mais des signes qui s'accumulent, qu'on atteint des niveaux
24:46un peu de haut de cycle.
24:48Donc c'est peut-être moins avec ce secteur des semi-conducteurs et NVIDIA son flagship,
24:54qu'on fera de la performance dans la tech, c'est peut-être ailleurs, en regardant un
24:59peu ailleurs.
25:00C'est plus facile, notre métier c'est d'apporter des réponses et de le traduire en acte, donc
25:03là c'est une question, mais cette question, elle me semble intéressante à l'horizon
25:092025.
25:10Pour l'instant, sur les segments en forte croissance, il y en a encore sous le pied,
25:17mais comme les marchés sont forward-looking et qu'on agit aussi en variation relative
25:22en dérives et secondes, on voit bien que quand un titre comme NVIDIA fait des plus
25:28hauts, plus bas que les précédents, le marché nous dit des choses, rien de conclusif, ça
25:35veut dire qu'il y a dans les marchés qui sont très porteurs, un début d'opposition
25:40entre ceux qui disent je ne veux pas rater ce mouvement transformationnel, once in a
25:46generation, donc on ne peut pas louper ça, et puis la crainte que tout est cyclique.
25:52Tout se finit par soit une demande qui diminue, mais le plus probable en tout cas dans les
25:57semi-conducteurs, c'est l'offre qui augmente.
25:59C'était Sander Pitchaill, le patron de Google je crois à l'occasion de la publication
26:04des résultats, interrogé sur l'IA aujourd'hui, lui en tant que patron de Google, il dit le
26:08risque à ce stade, ce n'est pas de surinvestir dans l'IA, c'est de sous-investir.
26:13Et ces forces-là sont à l'oeuvre.
26:16Ceux qui s'inquiètent des surcapacités qui pourraient s'accumuler à un moment dans
26:19les infrastructures d'IA, le patron de Google dit on n'est pas encore à ce point-là.
26:24Alors, juste là-dessus, et je ne suis pas un expert, et puis je ne veux surtout pas
26:28m'opposer au mouvement sur l'IA, d'abord je ne suis pas expert, et ensuite je crois
26:34que c'est un peu vain.
26:35En revanche, d'essayer de comprendre ce qu'il y a derrière, les transformations, les grandes
26:40innovations technologiques, celles qui ont du coffre, qui durent, ça a été souvent
26:46celle qui permettait de réduire les coûts d'implémentation.
26:51Or, là, réduire des effectifs pour le remplacer par une technologie dans laquelle on va investir
26:571000 milliards de dollars en l'espace de 1 ou 2 ans, ne répond pas à ça.
27:01Ça ne dit pas du tout, mon propos ne dit pas qu'il n'y a pas d'avenir, ça ne joue
27:08pas la même fonction que d'autres révolutions précédentes où là on avait un facteur adoption
27:14qui était évident parce que je sais tout de suite ce que je vais en faire et d'ailleurs
27:17je vais réduire mes coûts.
27:18Encore un gros point d'interrogation sur le retour sur investissement, la monétisation
27:22des CAPEX qui auront été faits dans les infrastructures IR.
27:26Le fait que les investisseurs s'interrogent sur ces sujets-là me paraît extrêmement
27:32sain.
27:33Mais vous notez quand même un marché qui est plus défensif dans son approche aujourd'hui ?
27:38Alors, je vais essayer de résumer parce que je vous ai tenu des discours, donc je les
27:43ai pratiqués aussi, mis en pratique, j'étais plutôt défensif en fait depuis 5-6 mois,
27:51trop tôt, mais prudent.
27:53Et je dirais je sors de l'été avec un état d'esprit qui est, je pense qu'on a un certain
28:04nombre de sujets à risque qui sont devant nous, mais j'ai l'impression dans les quelques
28:08mois qui viennent on va avoir des réponses et que davantage de sujets sont sur la table
28:13et donc j'aurais plutôt envie de changer de posture à horizon 2025, c'est-à-dire
28:18quand ça se courra, comme tu le disais tout à l'heure, début août, quelles que soient
28:23les raisons, essayer de reconstruire des positions et de se projeter sur 2025.
28:28Qu'est-ce qui fait qu'on reste dans une prolongation du cycle de la conjoncture que
28:32ce soit aux Etats-Unis ou en Europe et qu'est-ce qui fait la différence entre cette situation
28:36qui semble plutôt une situation favorable à la prise de risque, aux actifs risqués,
28:40et une situation qui nous ferait basculer dans quelque chose de plus délétère sur
28:44le plan macro ? Je pense notamment à l'Europe à nouveau, Didier, on a évoqué la politique
28:48monétaire, il y a aussi l'aspect budgétaire qui compte beaucoup, qui est cher à votre
28:53réflexion Didier, et de ce point de vue-là, est-ce que la consolidation budgétaire, le
29:01retour de la consolidation budgétaire en Europe est quelque chose que le marché a
29:05bien évalué sur l'impact que ça va avoir sur le plan de la conjoncture, notamment ?
29:11Là, je n'en suis pas certain parce que la plupart des économistes raisonnent à politiques
29:14budgétaires inchangées, à commencer par ceux de la Commission européenne, et quand
29:18on regarde les simulations de la Commission européenne sur ce que provoquerait en termes
29:23de croissance un ajustement ou une consolidation budgétaire dans l'ensemble des pays de la
29:26zone euro, il faudrait écréter la prévision de croissance l'an prochain d'environ un
29:30quart de point de pipe, disons dans le meilleur des cas, un quart de point de pipe, donc ce
29:33n'est pas la fin, on n'est pas du tout dans une forme d'austérité budgétaire, mais
29:37c'est quelque chose qui va limiter la croissance, surtout si on a une reprise qui se poursuit.
29:43Alors il y a cette problématique de la consolidation budgétaire qu'il va falloir étaler dans
29:47le temps, il y a des nouvelles règles budgétaires, je pense qu'on aura l'occasion de revenir
29:50dessus parce qu'il va y avoir évidemment des échanges avec la Commission européenne
29:53à l'automne, mais il faut quand même se préparer au fait que les années qui viennent
29:56doivent s'accompagner d'une consolidation budgétaire, ne serait-ce que pour consolider
30:00la position de l'Europe.
30:01Est-ce que ça condamne la zone euro à une atonie économique comme celle qu'on vient
30:04de vivre depuis deux ans ?
30:05Non, je ne crois pas.
30:06On peut faire ces efforts de consolidation budgétaire et garder l'idée d'une reprise
30:11économique en zone euro.
30:13On ne peut pas compter sur le budget ou sur la politique budgétaire pour faire le cycle
30:16de croissance, donc le cycle de croissance doit être fait de demandes intérieures privées
30:21et cette demande intérieure privée peut toujours se reprendre, notamment du côté
30:23de la consommation, s'il y a plus d'optimisme sur le futur, avec une reprise des revenus
30:28réels qui soutient la consommation, qui fait baisser les taux d'épargne, on n'y
30:31est pas.
30:32On ne le voit pas, ça ne marche pas.
30:33Plus on accumule d'épargne, moins on en dépense.
30:37Mais voilà, là il faut se poser une question d'ajustement.
30:40Mais il faut aussi se dire que l'Europe a besoin de se muscler face aux Etats-Unis,
30:45notamment compte tenu des élections présidentielles américaines.
30:47On voit bien qu'il y a des scénarios qui peuvent amener l'Europe à devoir prendre
30:51des positions assez fortes et cette musculature, elle ne sera possible que si elle est d'accord
30:58sur la consolidation.
30:59Je m'explique.
31:00On parle beaucoup, par exemple, de besoins et ça, quel que soit le candidat qui gagnera
31:04les élections présidentielles américaines, on aura besoin de mieux structurer la défense
31:09européenne, d'investir davantage dans l'industrie de la défense en Europe, etc.
31:12Si on veut, à un moment donné ou à un autre, faire naître l'espoir de pouvoir financer
31:16ça conjointement par des obligations européennes, on n'y est pas et on est loin d'un accord
31:21entre les Européens sur ce point.
31:22Mais si on veut aller dans cette direction avec l'idée qu'il y a des biens communs
31:24européens qui seraient bons de financer par de la dette commune en Europe, un peu
31:28comme on a fait avec le Next Generation EU, il faudra bien, en contrepartie, que les
31:32Etats européens, qui sont les mondes plus rétifs à aller dans cette direction, observent
31:36que ceux qui ont été les plus dépensiers, qui ont des dérives des dépenses plus élevées,
31:39font de la consolidation budgétaire.
31:40Donc il ne faut pas voir la vision à courte vue, c'est-à-dire que la consolidation budgétaire
31:45c'est mauvais conjoncturellement sur l'année prochaine, oui mais attention, ça peut redonner
31:48des degrés de liberté face au choc du futur, on a besoin de reconstruire des amortisseurs
31:52budgétaires, et on les a plus, et puis ça peut aussi inciter, si jamais il y a cette
31:56conjoncture, à avancer un peu plus loin dans la construction européenne, et à s'installer
32:01sur le plan structurel en Europe.
32:02Même si j'ai l'impression que politiquement on s'est éloigné, puisqu'on ne s'est
32:05rapproché quand même ces derniers temps de ce chemin-là.
32:08Oui, il y a des cycles politiques pays par pays qui rendent compliqué, évidemment,
32:11la gestion des choses publiques, mais la direction elle est là, et il ne faut surtout pas voir
32:16la consolidation budgétaire comme étant quelque chose qui affaiblira l'Europe à
32:19moyen terme, au contraire.
32:20Il faut la présenter comme étant quelque chose qui permettra.
32:22J'entends cet argument.
32:24Un mot de la Chine rapidement Didier pour que je passe la parole sur la Chine, parce
32:27que là les matières premières s'effondrent, enfin s'effondrent, pardon, ça en perd 4%
32:30sur le pétrole, mais c'est quand même des mouvements significatifs, et j'ai l'impression
32:33qu'on fait assez vite le lien avec le trou noir chinois dont on n'arrive pas à sortir.
32:38Oui, alors il y a une crise immobilière, alors ça, ça tout est en ligne avec notre
32:41scénario, il y a une crise immobilière qui n'est pas encore bien endiguée, il y a des
32:44autorités en Chine qui ne sont pas prêtes à sortir des grands plans budgétaires ou
32:49même du concours de l'industrie monétaire, donc ils sont très lents à la réaction,
32:54et donc mécaniquement on a en effet ces ralentissements qui rétroagissent sur l'Europe et notamment
32:58sur l'industrie européenne.
32:59Et ça c'est un vrai sujet de préoccupation du côté de l'industrie européenne qui n'est
33:02pas lié à la politique monétaire.
33:03D'où mon point pour les investisseurs et notamment vous Pierre, pas besoin d'être
33:06investi en Chine, je crois que j'ai bien retenu le message et la demande des clients
33:10de Myriam Asset Management de ne pas se forcer à investir en Chine, néanmoins, comme le
33:15disiez, ça a forcément des impacts sur les activités de nos entreprises, de nos
33:19groupes occidentaux, etc.
33:21En Allemagne.
33:22Et oui, en Allemagne en première ligne, oui.
33:25Non mais c'est sûr, et justement la difficulté en cas locataire d'actifs c'est de mélanger
33:30deux risques, à savoir allouer de l'argent sur des zones géographiques, sur des indices,
33:36et mélanger avec des risques de gestion active, donc de choix d'entreprise.
33:41Et c'est vrai que quand on a des zones de ralentissement et des zones de croissance
33:48peut-être en berne, on peut faire le choix finalement, et c'est un peu comme ça que
33:52moi je gère les fonds d'investissement de Myriam Asset Management, de finalement se
33:57limiter à un seul risque, c'est un risque d'allocation d'actifs.
34:00Donc effectivement, on n'est pas investi sur la Chine, et pour assez bien gérer les
34:05risques sectoriels, puisque on en est là sur… C'est vrai que les indices et se
34:10rapprocher, réduire les marges de manœuvre sur les investissements sous-jacents permet
34:15sans doute d'éviter des déceptions dans un environnement qui est un peu changeant.
34:20On a bien vu qu'il y avait pas mal de rotation sectorielle depuis avril, vous en avez parlé
34:24sur l'automobile, mais il n'y a pas que…
34:25Non on n'en a pas parlé encore, on en parlait entre nous, mais on va en parler, oui.
34:28Alors sur l'automobile il y a eu effectivement une grosse rotation sectorielle, mais…
34:31Le secteur a été divisé par deux sur le plan boursier depuis les points hauts du
34:34printemps.
34:35On a les banques qui sont en train de revenir, on va dire que c'est des phénix, notamment
34:40en Europe, puisque…
34:41Et ça, ça tient ?
34:42Ça tient vraiment depuis 2021.
34:45On a aussi le secteur du luxe qui est plus volatile, on va dire, dans ce cadre-là, avec
34:51une incertitude sur les baisses des taux.
34:53C'est vrai que l'impact de la Chine est important sur l'économie européenne, mais
34:59d'un point de vue investisseur, c'est vrai que nous on reste complètement à l'écart
35:03des actions chinoises.
35:04On aime beaucoup, en revanche, les emprunts émergents, pas forcément chinois, puisque
35:10là c'est vrai qu'on a renforcé les emprunts émergents et c'est vrai que les banquiers
35:14centraux nous donnent vraiment une vision assez claire sur les dettes émergentes en
35:19devise forte.
35:20Quant au… pour ne pas se faire piéger par tel ou tel secteur, c'est vrai qu'on privilégie
35:25vraiment des gestions très diversifiées sur tous les secteurs, avec des paris relativement
35:31contenus par rapport à la structure des indices.
35:33Le boulet chinois, Nicolas, qui est souvent retenu à travers le discours des entreprises
35:36qu'ont publié notamment, grossièrement j'ai l'impression que toutes les entreprises
35:41occidentales exposées en Chine ont reporté de mauvaises nouvelles et des déceptions
35:47sur cette partie chinoise.
35:49Je partage votre impression.
35:51C'est manifeste, il y a des tas d'exemples, le luxe et la beauté qui font une personnalité,
36:01une identité forte de l'indice parisien emportent la marque, mais ça va beaucoup
36:08plus loin, les sujets de consommation, consommation des manages, équipement, équipement de la
36:13maison, équipement de la cuisine, les cèpes de ce monde, on le voit très bien depuis
36:21post-Covid.
36:22C'est quoi la profondeur du sujet pour ces marques occidentales, ces franchises très
36:26puissantes ? C'est un problème de manque de reprise de la consommation chinoise ou
36:32est-ce que c'est de plus en plus, face à un consommateur chinois frileux, l'émergence
36:39de marques chinoises qui trouvent peut-être en première intention le consommateur chinois
36:45là où elle ne les trouvait pas forcément auparavant ? Et ce phénomène-là, jusqu'où
36:50il se diffuse ? Dans l'automobile, je crois qu'on a compris, mais est-ce que ça va jusqu'à
36:54attaquer des secteurs forts pour nous comme la beauté, le luxe, demain, etc.
36:59Grégoire, je crois que le sujet principal récent, c'est-à-dire des 12 derniers mois,
37:06c'est un sujet, on va dire macro, c'est un sujet de manque de confiance dans la conduite
37:14du pays et du consommateur chinois.
37:16Point.
37:17Le reste, la concurrence chinoise, ça a toujours existé, on n'a pas découvert dans cette
37:21décennie que les Chinois étaient capables de reproduire, de copier, d'exporter, d'innover.
37:28Et il est vrai que récemment, c'est-à-dire ces dernières années, comme il y a des avenues
37:33de croissance, l'innovation dans des sujets comme la beauté, c'est absolument patent.
37:40Il y a une foison d'acteurs, les Coréens l'ont été avant, qui progressent, qui gagnent
37:46des parts de marché, mais avec une vitesse, une rotation aussi, un côté parfois éphémère
37:53du succès.
37:54Attention, c'est des étoiles qui filent, ce n'est pas pour autant qu'il y a eu l'émergence
37:59à ce stade de gros acteurs fédérateurs.
38:03Il n'y a pas encore le Hermès chinois ou le LVMH chinois, ou le Louis Vuitton chinois.
38:08Non, je crois qu'on en est loin.
38:12Non, parce que dans d'autres secteurs, je vois un Luckin Coffee, par exemple, sur le
38:16marché du café, qui, lui, n'arrête pas de gagner des parts de marché, là où Starbucks
38:21en Chine, désormais, on perd.
38:22Il y a quand même des histoires de vastes communicants qui sont parfois spectaculaires.
38:26Donc indéniablement, de toute façon, vous avez bien vu dans l'énergie renouvelable
38:31les puces, enfin, just name it, les trains, les voitures, la concurrence chinoise est
38:37à prendre extrêmement au sérieux.
38:38D'abord, sur un plan local, domestique, le marché chinois reste un marché adressable
38:44profond, sauf qu'il a perdu sa croissance à deux chiffres.
38:49Et parfois, c'est de la décroissance qui peut être structurelle ou qui peut être
38:54d'ordre cyclique.
38:57Maintenant, le vrai sujet, c'est contrer la concurrence chinoise sur les autres marchés.
39:04Vous, vous avez envie de parler d'automobiles, moi je n'investis plus dans l'automobile
39:08depuis des années, je n'ai pas d'envie du tout de revenir.
39:12Enfin, il ne faut vraiment regarder que le marché européen pour se focaliser sur les
39:18voitures chinoises qui inondent le monde émergent depuis, je ne sais pas, dix ans.
39:23Et qui est-ce qui a remplacé, je ne sais pas, Peugeot en Iran ? Et l'Iran, c'est un tout petit marché.
39:29Donc, la concurrence chinoise dans l'automobile, c'est devenu la force dominante.
39:34On a vu les Etats-Unis qui faisaient 15 millions d'immatriculations, la Chine est devenue
39:3820-25, ça se tasse, c'est le premier marché de demande locale, c'est le premier sourceur
39:44d'exportation.
39:45Et on retrouve la faiblesse structurelle du marché des acteurs automobiles européens.
39:52Ça n'est que le début des problèmes pour les grands acteurs automobiles européens.
39:58Quand Volkswagen en est à dire qu'on va peut-être fermer des usines en Allemagne,
40:03moi ça me fait penser à Linde qui nous dit « moi je quitte le DAX parce que je serai
40:07mieux valorisé de toute façon sur le marché américain ». Alors là, Linde, c'était
40:10l'aspect boursier.
40:11Là, on est dans la réalité où c'est des emplois, où c'est une marque Volkswagen,
40:16un emblème, etc.
40:17Des chaînes de valeurs.
40:19Grégoire, je vais essayer de ne pas mettre de l'huile sur le feu et ne pas donner de
40:24leçon.
40:25Mais franchement, à partir du moment où le politique dit ce que vous devez vendre
40:32à des consommateurs, et qu'on se rend compte que le consommateur a quand même un goût
40:36assez mesuré de la chose électrique, ça ne rime pas bien avec le capital.
40:41Ça fait cinq ans que le marché automobile européen est dicté par des directions qui
40:48ont été données par des politiques.
40:49Pas par le consommateur et pas par les constructeurs qui, quand ils avaient le parler vrai, ont
40:54tout dit il y a trois ou quatre ans.
40:56Donc là où oui, c'est qu'on n'a encore rien vu, les craintes qu'on peut avoir, c'est
41:02sur le plan social en Europe.
41:05L'écosystème automobile en Europe fait travailler des millions de personnes.
41:10Ça oui, ça fait peur.
41:11Après le reste, on va mettre des barrières, on va se défendre comme on peut.
41:15Mais d'un point de vue, investissement c'est le sujet de votre émission.
41:21Ce n'est pas la peine de s'embêter avec ces métiers.
41:24Si vous n'en avez pas fait depuis 2019, ce n'est pas maintenant que vous avez envie
41:27d'en faire.
41:28Quand l'innovation ne marche pas et ne crée pas le marché, on va rester à l'écart.
41:32Il y a des leçons un peu macro même en termes de politique publique à retirer de ce qui
41:37se passe sur le secteur automobile en Europe aujourd'hui, de cette espèce de tempête
41:40parfaite.
41:41On ne voit pas beaucoup d'issues positives franchement pour ce secteur aujourd'hui,
41:48Didier, qui est un poids lourd.
41:50Et puis il y a un grand point d'interrogation qui va être la politique américaine post-élection.
41:53Sur les tarifs ?
41:54Bien sûr, puisque ça, ça va être le sujet.
41:57Donc je pense qu'il est difficile de se positionner avant parce que c'est assez binaire et on
42:00aura évidemment plus de tensions protectionnistes si Donald Trump est élu.
42:03Donc là, je pense que tout le monde va être sur le qui-vive en fonction des scénarios
42:07et on va vers une montée.
42:09On a déjà des pressions protectionnistes qui sont là pour durer.
42:12Donc ça, ça peut rétroagir sur le plan macroéconomique et ça peut d'ailleurs freiner
42:15et jouer sur les fonctions de réaction des banques centrales puisque selon le candidat,
42:20si on a plus d'inflation, je pense notamment à Donald Trump qui peut être un candidat
42:23plus inflationniste que Kamala Harris, et bien dans ce cas-là, ça peut freiner la
42:29baisse des taux de la réserve fédérale.
42:31Alors il y a deux vecteurs d'inflation potentiels d'une victoire de Donald Trump.
42:36Il y a évidemment les pressions protectionnistes, bien sûr, ça en est un premier, et puis
42:39il y a un deuxième point, c'est ce qu'il ferait vis-à-vis de la main-d'oeuvre des
42:42flux migratoires, c'est-à-dire la volonté de reconduire à la frontière tout un tas
42:45de migrants.
42:46Ça peut jouer aussi sur le coût du travail et provoquer un choc sur les situations d'inflation.
42:50Donc on voit bien que là, on va avoir des élections qui vont être assez fondamentales,
42:55j'ai envie de dire, pour les perspectives et ça dépasse de loin, bien sûr, on l'aura
42:58compris, les Etats-Unis, sur le secteur automobile, bien sûr, mais plus généralement
43:02sur le commerce mondial.
43:03Donc là, on a un vrai sujet de préoccupation et malheureusement, il va falloir attendre
43:08bien sûr le résultat des élections pour en savoir plus, mais je pense qu'il faut
43:11se préparer à une conflictualité quand même plus importante.
43:15Pour des secteurs, effectivement, comme l'automobile, qui vont se retrouver en première ligne,
43:19dans le cas où Trump reviendrait avec l'idée de tarifs, on sait combien il était fâché
43:26de voir des Mercedes circuler sur la 5ème avenue en bas de la Trump Tower.
43:30Et d'où la nécessité de se muscler en Europe, parce qu'il faut se préparer à des
43:33lendemains qui vont être difficiles.
43:34Et comme il y a même Kamala Harris qui serait élue, je pense que l'Europe a besoin de
43:38se consolider de façon...
43:39Et se muscler, ça passe par de la consolidation budgétaire pour des pays comme la France
43:43qui ont abusé un peu.
43:44C'est un élément de la consolidation budgétaire, ce n'est pas le seul, mais si on veut progresser,
43:47il va falloir passer par une consolidation budgétaire à l'échelle de l'Union Européenne.
43:51Ce qui serait hyper collaboratif, c'est d'avoir de la consolidation budgétaire là où on
43:53en a besoin et d'avoir de l'expansion et un soutien budgétaire venant de pays qui
43:59pourraient en avoir besoin pour eux-mêmes et pour l'ensemble de l'Europe.
44:02Oui, alors là, il faut être simple.
44:03Exactement.
44:04Je veux dire, ça marche dans les deux sens.
44:05Mais l'Allemagne est piégée par sa règle budgétaire et sa règle budgétaire, ils
44:08ne reviendront pas dessus avant les élections de septembre 2025.
44:10D'accord.
44:11Et donc, on a un an...
44:12Jusqu'à l'automne 2025, rien à attendre de l'Allemagne.
44:13Non.
44:14Malheureusement.
44:15Un mot pour finir.
44:16Alors, pour reprendre peut-être un peu l'idée d'allocation du moment, Pierre, donc toujours
44:22pro-risque, en tout cas l'idée que la situation peut profiter aux actifs risqués reste valable.
44:27Comment ça s'exprime dans une allocation ?
44:29Alors, pour synthétiser un peu tout ce qui vient d'être dit, moi ce que j'entends, vous
44:32amenez de l'eau à mon moulin, j'espère, c'est vrai qu'on ne voit pas bien dans ces
44:38circonstances quoi faire en dehors des grandes capitalisations.
44:43C'est vrai qu'on entend quand même sur ce plateau que le vrai risque, il pèse sur les
44:48petites et moyennes capitalisations bien plus que sur les larges puisque si on a un
44:52absence de consolidation budgétaire des risques, on va dire, sur certaines zones, l'idée
44:59c'est d'être vraiment au maximum diversifié et diversifié sur des acteurs mondiaux.
45:03Donc c'est vrai que c'est un peu ce qu'on fait.
45:05Malgré les valeurs à la casse, malgré un momentum opérationnel qui reste quand même
45:09bon, c'est toujours pas le moment de s'exposer trop en tout cas aux small et mid-cap ?
45:16En tout cas, si je fais la synthèse de ce qui vient d'être dit, on est quand même
45:19assez consensuel dans notre scénario chez Myriam Asset Management, c'est vrai qu'on
45:25a peu de rémunération à s'extraire des indices et c'est vrai que les indices sont
45:32principalement composés de grandes capitalisations donc on n'a pas du tout l'intention de se
45:38surexposer aux petites ou aux moyennes capitalisations.
45:42Toujours les zones les plus développées, on est revenu sur les émergents donc par
45:46la dette en devise dure, on aime toujours le high yield et c'est vrai que là, ce qu'on
45:51aime bien c'est enfin on a un vrai pivot, on parle plus du pivot mais on a un vrai pivot
45:57et donc les banques centrales pivotent donc vraiment c'est pro-risque, c'est pro-croissance,
46:02pro-risque donc on aime beaucoup le haut rendement et donc oui toujours en actif risqué en ayant
46:09toujours cette petite musique qui nous dit attention aux corrélations qui peuvent revenir
46:14à un très très rapidement et ça on pense que les marchés peuvent être un petit peu
46:19plus chahutés.
46:20Compliqués de ce point de vue là, bon cet été on a vu justement plutôt un amortisseur
46:26obligataire face à la baisse des marchés actions, sur la partie actions entre autres
46:30mais plus globalement aussi Nicolas, quelle est un peu la ligne de conduite, la chaute
46:34ingre banque privée pour les clients en ce moment ?
46:36Je vais reprendre ce que j'ai dit tout à l'heure, quand même un fond de prudence.
46:43Vous trouvez des positions latentes ?
46:46Mais qui pivotent, qui va pivoter, je suis plus prudent que la moyenne chez Vautingue,
46:55alors là où je, Pierre a raison d'un point de vue d'allocataire d'actifs, les arguments
47:02j'en ai pas, ayant un goût pour la classe d'actifs des small limit cap, je note qu'un
47:14certain nombre d'histoires sont d'une qualité qui n'a pas grand chose à envier aux grandes,
47:20deux des niveaux de valorisation plus bas, des business models parfois plus faciles à
47:27comprendre, en tout cas des mécanismes de fonctionnement des leviers opérationnels
47:31dans un sens ou dans l'autre, qui sont plus faciles à comprendre, et une classe d'actifs
47:36qui est peu détenue et qui, lorsqu'elle bouge, peut aller vite.
47:40Donc, notre émiction dans la classe d'actifs il y a quelques mois, qui est au stade observatoire
47:49pour préparer 2025, est toujours là.
47:51J'entends, on fera un spécial small et micro cap même demain dans le quart d'heure thématique
47:55de Smart Bourse.
47:56Merci beaucoup messieurs d'avoir été avec nous ce soir pour Planète Marché.
47:59Pierre Bismuth, Myriam Assett-Malgevin, Nicolas Braud, Autunque Banque Privée et Didier Borowski
48:03à Moonti Institute.
48:15Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
48:18On parle d'immobilier ce soir à travers les véhicules d'investissement qui sont les
48:21SCPI et nous en parlons avec un leader du marché et le directeur général de Sofidi,
48:26Jean-Marc Péter qui est à mes côtés.
48:27Jean-Marc, bonsoir.
48:28Bonsoir.
48:29Bienvenue.
48:30Merci beaucoup d'être avec nous.
48:31L'idée de ces interviews thématiques en cette période de début de mois de septembre,
48:35c'est de faire un petit état des lieux de vos marchés sur vos domaines d'expertise.
48:38Une manière justement de parler de l'immobilier à travers les SCPI, c'est de regarder un
48:42petit peu les travaux qui sont effectués de manière récurrente par les experts indépendants
48:45sur la valorisation des actifs que vous détenez en portefeuille.
48:48Ce dernier travail est effectué à l'été, je crois, chez vous, chez Sofidi.
48:52J'ai observé plutôt une progression des valeurs dans les fonds et les stratégies
49:01de Sofidi.
49:02Alors je vous laisse caractériser peut-être effectivement ce qui est ressorti de ces travaux
49:06d'experts indépendants.
49:07Tous fonds confondus et c'est vrai qu'on est très granulaire, donc on a plusieurs
49:10milliers d'actifs immobiliers.
49:13Les expertises qui sont d'ailleurs quasiment obligatoires maintenant à mi-année, chez
49:18nous font apparaître une très légère progression de plus 0,3%.
49:23Donc ce n'est pas une énorme progression, mais au moins ça veut dire qu'on a passé
49:27le cap des baisses.
49:28Et d'ailleurs en cette rentrée, on a plutôt un environnement médiatique qui commence
49:32à se poser la question, est-ce qu'on est arrivé à la fin de la baisse, qu'est-ce
49:35que ça n'a pas remonté ?
49:36C'est le sens des papiers qu'on voit un peu partout sur l'immobilier en cette rentrée.
49:40Donc bien entendu, plus 0,3%, vous avez des plus, des moins.
49:43Alors les moins, c'est encore le bureau, mais on arrive en fin de correction, notamment
49:48les bureaux qui sont en périphérique, grandes villes et ceux aussi en Allemagne, qui ont
49:51un peu corrigé.
49:52Mais il y a des classes d'actifs qui commencent franchement à montrer des progressions.
49:57Alors bien entendu, le commerce, c'est un peu notre spécialité, notre ADN, mais vous
50:01avez aussi l'hôtellerie, vous avez aussi l'activité, la logistique, et même les
50:05bureaux qui sont très bien placés au cœur des villes voient des valeurs qui progressent
50:10un peu.
50:11Et en plus, il y a eu beaucoup, vous savez que les loyers sont indexés, donc les loyers
50:16progressent avec l'indexation, si votre local est bien placé, vous faites payer aux locataires
50:21des progressions de loyers qui participent au maintien des valeurs, voire à la progression
50:25des valeurs.
50:26Et donc, c'est un moment d'opportunité pour des investisseurs en immobilier qui ont
50:30de la poudre sèche, comme on dit, Jean-Marc, et on en a discuté régulièrement avec vous
50:36sur ce plateau.
50:37C'est le cas de Sofidi, ça veut dire que les opportunités existent et vous continuez
50:43de les saisir au fil de l'eau.
50:45Comment ça se passe ? À quel rythme ? Quels ont été les montants déployés, les actifs
50:49ciblés, etc. ?
50:51Effectivement, on ne s'est jamais caché qu'on avait beaucoup de cash, et cash is king,
50:57surtout quand le marché se prête à l'investissement, et on a déjà 600 millions depuis le début
51:03de l'année 2024 qui ont été investis, réellement investis, c'est-à-dire signés dans le patrimoine
51:09la moitié, et il y a 300 millions qui sont sécurisés, donc sous promesses de vente
51:13ou sous exclusivité.
51:14Et ce qui est intéressant, c'est que le taux de rendement moyen à l'achat de ces 600 millions,
51:19et ça couvre beaucoup de classes d'actifs et beaucoup de géographies, c'est près de 10%.
51:23C'est phénoménal !
51:24C'est intéressant.
51:25C'est phénoménal !
51:26Vous savez, l'immobilier c'est cyclique, donc il y a eu une période de baisse assez
51:30forte, l'immobilier va remonter, et donc c'est intéressant d'avoir du cash, c'est intéressant
51:35de profiter de cette situation pour acheter des actifs sans doute dans des conditions
51:39très favorables.
51:40On a par exemple fait une opération en février 2024 qui a un peu fait parler d'elle, on a
51:47racheté avec les pierres pour 25% le centre au Paris Nord, qui est un centre très installé
51:53avec 11 millions de visiteurs, 200 boutiques, et on l'achetait dans des conditions double
51:58digit, donc dans des très bonnes conditions.
52:00Et ça, ce rendement, parce que quand on est sur des marchés obligataires ou des marchés
52:05actions, je ne sais pas, moi quand je vois du 10-15% de rendement sur une action, je
52:08me dis ouh là, il y a un problème.
52:10Là, on parle d'actifs qui ont des fondamentaux, qui ont une qualité intrinsèque, c'est bien
52:14ce que vous cherchez ?
52:15Absolument.
52:17Et qui se trouvent, et qui se sont trouvés à des prix décotés peut-être comme jamais.
52:22Absolument.
52:23Les fondamentaux, vous savez qu'en matière d'investissement immobilier, c'est d'abord
52:26la qualité de l'emplacement, ensuite il y a la qualité du locataire, la qualité du
52:29bâti, la qualité écologique du bâtiment.
52:32Alors, pour être totalement transparent, il y a une partie de ces investissements qui
52:35servent à alimenter notre nouveau fonds, qui est une S&P qui s'appelle Sophie Dynamique,
52:40dont les objectifs de rendement sont plus élevés que le marché.
52:43Notre objectif c'est 7%, peut-être 8%, peut-être même plus cette année.
52:47C'est un peu plus épicé comme vous dites.
52:49C'est un peu plus épicé, si on fait un petit pas de côté, tout en étant relativement…
52:53Evidemment, tout ça n'est pas garanti, bien entendu.
52:56Pour autant, Sophie Dynamique a cet objectif de rendement un peu épicé.
53:00Sur les dossiers que vous avez signés ou qui sont en cours ou sous promesse de vente,
53:08pour une signature, combien de dossiers analysés, regardés, travaillés ?
53:14C'est beaucoup de travail, parce qu'il faut scanner beaucoup de géographies, beaucoup
53:19de types d'actifs, beaucoup de locataires.
53:21En gros, on a un pourcentage de réussite de 1,3%, 1,4%.
53:27Pour 70 dossiers étudiés, il y en a un qui arrive au bout et qui est signé.
53:32Et c'est un ratio qui est dans la norme historique de Sophie dit ? C'est un ratio qui s'éloigne ?
53:37Ça a toujours été un ratio.
53:39D'accord, ça a toujours été comme ça.
53:40Non, mais c'est pour montrer le travail de 4MIC, ça nécessite quoi !
53:42Peut-être qu'il y a moins de dossiers qui se débouclent et moins rapidement, parce
53:46qu'on est en période chahutée, donc le marché est un peu nerveux, donc ça peut
53:50prendre un peu plus de temps pour aller au bout d'un dossier.
53:53Sur les 600 millions, donc 300 millions signés, 300 millions en cours, c'est l'enveloppe
54:00pour vous sur l'année ? C'est le rythme d'acquisition que vous attendez cette année
54:03ou ça peut aller encore plus loin ?
54:07Aujourd'hui, il y a 300 millions qui vont être investis et aujourd'hui, on a plus
54:13de 500 millions de cash, sans compter l'appel aux banques qu'on pourrait éventuellement
54:19faire, puisque aujourd'hui, acheter à plus de 9%, ce n'est pas idiot de mettre un peu
54:26de levier pour profiter de cette fenêtre de tir.
54:29J'ai cité le Centre Paris Nord, on a aussi acheté des commerces qui sont situés Place
54:35du Capital à Toulouse à 6,6% de rendement, on a aussi acheté un immeuble mix qui est
54:40situé dans le quartier central d'Amsterdam pour 6,2%, donc c'est toujours dans la logique
54:47de notre stratégie d'investissement et quand même de rigueur et de sélectivité.
54:51Le bureau, c'est un segment qui vous intéresse, qui vous intéressera, qui va vous intéresser
54:57à nouveau ?
54:58Le bureau aujourd'hui souffre beaucoup, surtout le bureau de périphérie, puisqu'on voit
55:03qu'il y a un mouvement des grands utilisateurs pour réduire leur surface et concomitamment
55:07aller plus vers la centralité.
55:09Donc être en périphérie aujourd'hui peut poser problème, pour autant ça veut dire
55:14que les bureaux qui sont bien placés dans les central business district des capitales
55:19européennes ont encore de beaux jours devant eux et ça fait partie de nos cibles d'investissement.
55:23Il faut savoir aussi être un peu contrarien.
55:25En termes de gestion des fonds et de vos actifs, Jean-Marc, qu'est-ce qu'on peut dire des performances
55:32opérationnelles de vos locataires, déjà des taux d'occupation que vous pouvez avoir
55:36dans le commerce, etc. et est-ce que les business tournent ?
55:39Les taux d'occupation qu'on constate aujourd'hui au 30 juin, puisque c'est le dernier chiffre
55:45officiel, sont assez élevés, on est autour de 92%, donc il y a beaucoup de travail de
55:51gestion, notamment sur tous les commerces, c'est du travail un peu spécifique dont
55:56on a l'expérience et le savoir-faire.
55:58Donc 92% qui est un taux de bonne qualité et tout ça va logiquement conduire à des
56:05rendements qui seront conformes à ce qu'on a annoncé, bon ce n'est pas garanti, mais
56:09sur tous nos fonds on va être entre 4,75% et plus de 8% quand je pense notamment à
56:14ce fil dynamique.
56:15L'essentiel de nos S&P, les principales, vont sans doute servir à un rendement supérieur
56:21ou égal à 5%.
56:23Et dans le contexte de marché actuel, ce 4,75%, 5%, comment ça résonne chez vos
56:31clients sur le plan commercial, j'allais dire pour ce Philly ? Est-ce que là il y
56:35a une période de souscription ? Est-ce que les gens reviennent ? Est-ce qu'on est rassuré
56:39ou est-ce que c'est encore un peu flou ?
56:42On sent que ça frémit, pour être très transparent, on a beaucoup souffert, ainsi
56:47que la profession des produits concurrents court terme, puisque vous savez que les banques
56:51centrales ont monté les taux court terme de façon très importante et donc il y avait
56:56la possibilité de souscrire à des livrets, à des fonds datés.
56:59Du sans risque à 4%, on l'en trouvait partout.
57:02Donc c'est difficile de lutter contre ça et évidemment au fur et à mesure que les
57:07banques centrales vont assouplir et baisser les taux court terme, évidemment ces produits
57:10vont être moins intéressants, on va retrouver notre place en tant que fournisseur de solutions
57:19pour préparer sa retraite avec un objectif de rendement non garanti de 5% et on est
57:24en train de retrouver notre clientèle.
57:26L'ESCPI, vous savez, entre nous, c'est le fonds de pension à la française et les
57:31retraites en France, c'est un vrai sujet, on a une forme de solution de la retraite
57:36par capitalisation au travers des...
57:38C'est perçu comme tel de la part des Français ou des épargnants français, c'est-à-dire
57:41j'ai pas de retraite par capitalisation mais j'ai une ESCPI, ça fait le job et cette
57:46fenêtre d'opportunité pour en retirer du 4,75, 5%, vous l'estimez durer combien
57:53de temps s'il faut se mouiller un peu là-dessus, Jean-Marc ?
57:57Je pense que ça va durer assez longtemps, ça va durer assez longtemps puisque aujourd'hui
58:02je pense qu'on va faire des bonnes affaires, on va faire des bons coûts à l'investissement
58:06comme on se l'est dit en début d'interview et ensuite on va être porté par une inflation
58:12qui sans doute va rester un peu plus élevée que les 2% objectifs des banques centrales
58:17européennes parce qu'on vit aujourd'hui dans un monde où il faut financer la retraite,
58:21il faut financer l'armement, la transition écologique, etc.
58:23Tout ça c'est inflationniste et donc quand il y a de l'inflation, l'immobilier protège
58:26de l'inflation et les loyers perçus par l'ESCPI sont indexés sur l'inflation contractuellement
58:33s'ils sont bien placés.
58:34Non puis c'est bien, on revient dans une vraie logique de rendement, c'est-à-dire
58:38on ne cherche plus uniquement l'appréciation de la valeur du bien, la logique de rendement
58:43reprend naturellement le dessus.
58:45Absolument, c'est-à-dire on a connu une période de 15 ans où il y avait de plus
58:48en plus de plus-value immobilière et donc de moins en moins de rendement et là on change
58:54de période où il y a moins de plus-value mais plus de rendement en fait.
58:57Et du rendement qui sera durable, on l'espère effectivement longtemps, non garanti, je
59:02crois que vous l'avez dit.
59:03Je pense durer.
59:04Non garanti.
59:05Merci beaucoup Jean-Marc.
59:06Merci à Jean-Marc Péter qui était avec nous dans ce quart d'heure thématique en
59:09studio, en plateau pour faire un état des lieux justement sur ces dynamiques immobilières
59:13et l'investissement SCPI.
59:14Le directeur général de SOFIT.