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Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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Transcription
00:00Donc effectivement, a priori, il n'y avait pas de problème d'encadrement.
00:03Par principe, il n'aurait pas dû en avoir, non.
00:06Bon, donc la colonie de vacances a duré une dizaine... 6 jours, c'est ça ?
00:12Oui, alors ce qui est lourd...
00:13Du 23 au 29.
00:15C'était prévu ou il est rentré en avance ?
00:18Non, non, non, c'était prévu comme ça. A savoir qu'ils ont passé la journée de l'aller et la journée du retour en bus,
00:26parce que à Amiens-Camaraît, il y a une journée de bus.
00:30Bon, alors ça a commencé, Jean vous a rapporté ce qui s'est passé.
00:34Quand est-ce qu'ont commencé ces brimades et ces agressions ?
00:37Alors dès le lendemain matin, donc dès le 24 matin, il s'est fait réveiller donc par une claque en pleine tête.
00:47Voilà, c'est une colonie où il y a plein d'ados, donc lui, sur cet événement, il a pris ça un peu comme une blague.
00:55Et par la suite, quand il a compris que les violences étaient de plus en plus fortes, de plus en plus régulières,
01:04bon ben là, il a bien compris que c'était pas du tout une blague et qu'il allait subir toute la semaine.
01:09Mais l'organisation de cette colonie de vacances, c'était dans quel cadre ? C'était sous quelle égide, si j'ose dire ?
01:16Alors c'est un sous-traitant de la communauté de communes de Poit-de-Ficardy, qui s'appelle EGN,
01:23qui gérait donc du coup cette colonie.
01:28Bon, et évidemment, eux vont devoir s'expliquer sur ce qui s'est passé pour votre fils.
01:34Donc en janvier, le 24 août, la première fois, il reçoit une claque. Est-ce qu'il va voir les encadrants ?
01:41Alors pas sur la première claque, parce que comme je vous explique, au début, il a pris ça pour une blague d'ados.
01:46Alors ils appellent ça une tartine...
01:49Comment ça ?
01:50Une tartine de crâne, voilà.
01:52Donc sympa le terme, tartine de crâne.
01:55Donc sur le tout début, non, il n'est pas allé les voir, parce que lui pensait que c'était un jeu, en fait, entre ados.
02:02Et par la suite, quand les violences se sont aggravées, et sont devenues de plus en plus répétitives,
02:08là oui, il a été prévenir les animateurs de son groupe, du coup.
02:13Mais en aucun cas, il a été entendu.
02:16Lui, il a 11 ans. Les ados qui l'ont martyrisé ont 12 et 13 ans. Il était un des plus jeunes, Jean ?
02:22Oui, oui, oui, c'était des...
02:25Alors sur le document, c'est des 11-17 ans, et après avoir eu enquête d'un de vos confrères, c'était des 11-15 ans.
02:36Donc Jean, on s'est attiqués au plus faible, parce que Jean, physiquement, il est plus grand, plus petit que ses petits camarades ?
02:44Jean est de gabarit très petit et très fin.
02:49Oui, donc c'est pour ça qu'il a été peut-être une cible, parce qu'il est plus faible, disons-le,
02:54que quelqu'un qui a 12 ou 13 ans, qui a deux ans de plus que lui, et puis qui est peut-être un peu plus fort, c'est ça ?
02:58C'est ça, c'est ça. Physiquement, c'est une cible facile, oui.
03:01C'est une cible facile. Bon, ce que je trouve extraordinaire, c'est que donc le 24 août,
03:05la première fois qu'il vient, c'est le 24 août en fin de soirée, ou c'est le 25 août qu'il va se plaindre auprès des encadrants ?
03:13C'est dès le lendemain.
03:18Dès le lendemain, oui, dès le lendemain, parce qu'il se rend compte que ça va devenir, à la limite, une habitude.
03:27Mais ça, c'est incroyable, les encadrants, parce qu'il a des bleus, il aurait passé une journée entière cachée, paraît-il ?
03:33Alors, pas une journée complète, pas une journée complète, c'est l'information qui a été dite,
03:39mais non, non, c'est pas une journée complète, c'est une soirée, par contre.
03:43Donc, il est allé à la douche, une fois de plus, il a eu des menaces, du coup...
03:51Ah non, alors même pas, je vous dis, je confonds, je vous dis des bêtises, c'est pas ça, c'est pas ça,
03:55c'est quand ils l'ont forcé à se mettre à quatre pattes et qu'ils ont essayé de lui retirer son pantalon.
04:01À ce moment-là, il a réussi à esquiver la chose et il est allé se cacher dans un buisson,
04:07et c'était le repas du soir qui est arrivé tout de suite après,
04:13et c'est pendant le repas du soir, en fait, où il s'est caché derrière un buisson,
04:16enfin, toute cette période-là, il s'est caché pendant un buisson,
04:18et il a profité de la fin du repas pour aller dans sa chambre,
04:24donc, et faire semblant de dormir au moment où les enfants sont rentrés dans la chambre,
04:29de cette façon, ils l'ont laissé tranquille sur cette soirée-là, en fait.
04:32Parce que c'est des chambres de combien d'enfants ?
04:35De quatre.
04:36Et ceux qui l'ont martyrisé étaient dans sa propre chambre ?
04:40Alors, un, oui, et les deux autres, dans des chambres différentes.
04:43Bon, et les encadrants, là, de la même manière, n'ont rien dit,
04:46mais il est très jeune, moi je me souviens comment j'étais à onze ans,
04:48c'est un âge où on pleure, si on est attaqué, c'est pas facile,
04:52le traumatisme est grand quand même, on n'est pas un ado à onze ans, on est plus un enfant.
04:59Oui, c'est ça, alors oui, effectivement, les animateurs annoncent qu'ils n'ont rien vu,
05:06bon, vous avez vu les photos vous-même, comment ne pas voir ?
05:08J'ai envie de vous dire, comment ne pas voir ? C'est pas possible.
05:10C'est ça, qu'effectivement, il y a des bleus.
05:13C'est ça, c'est ça.
05:14Vous les avez rencontrés, vous, ces animateurs ?
05:16Pas encore, pas encore.
05:17Alors, j'en ai rencontré, oui, effectivement, j'en ai rencontré un,
05:20donc, à la descente du car, quand je récupère mon fils,
05:24et que je le récupère bleu de la tête aux pieds,
05:26je vais voir l'animateur, je lui demande des explications sur l'état physique de mon fils,
05:29et d'une façon très nonchalante, ce monsieur me répond,
05:34bon, je sais pas, non, donc là, je m'embrouille avec lui.
05:37Mais il y a un responsable général de cette...
05:39Moi, je vous assure, je suis sidéré de ce que vous nous racontez,
05:42mais quand vous le récupérez, Jean, et j'imagine, il court vers vous, il pleure, il est en larmes ?
05:47Alors, même pas, même pas, il descend du bus, non, non, même pas.
05:50Il descend du car et il saute dans les bras de sa grande sœur,
05:53et là, donc, il est de profil par rapport à moi,
05:55je vois qu'il a des bleus, enfin, je vois son cocard en premier,
05:59et du coup, je lui demande des explications tout de suite,
06:02et il veut pas me répondre, il me dit, non, non, t'inquiète, maman, c'est rien.
06:05Et je lui dis, non, non, non, me dis pas que c'est rien, Jean,
06:07t'as un hématome énorme sur la joue, me dis pas que c'est rien, qu'est-ce que t'as fait ?
06:11Oh, mais je suis tombée, et du coup, j'ai le réflexe de retirer son pull,
06:16et là, je constate qu'il a des hématomes sur les bras, dans le dos, sur le ventre,
06:21je relève, donc, du coup, son pantalon,
06:24je vois également qu'il a des coups sur les jambes,
06:28et je lui dis, Jean, t'es tombé, mais t'es tombé où, comment ?
06:31Parce que là, t'es bleu de la tête aux pieds, donc comment tu as fait ?
06:33Et une petite fille, qui fait partie de la colonie de vacances, qui m'interpelle,
06:37qui voit que je m'énerve, en fait, pas contre mon fils,
06:40voilà, je suis énervée de le retrouver comme ça,
06:43et la petite fille m'interpelle en me disant, madame, surtout, ne lui criez pas dessus,
06:46c'est pas de sa faute.
06:48Donc là, je comprends tout de suite qu'il s'est passé quelque chose,
06:50et donc, quand je vais voir l'animateur,
06:53l'animateur est incapable de me répondre à quoi que ce soit, en fait.
06:58Et là, je suis en train de voir la photo,
06:59et puis, les uns et les autres peuvent voir cette photo pendant que vous parlez,
07:02il est mignon comme tout, votre fils Jean,
07:04et je crois qu'il y a un réflexe psychologique dans ces cas-là,
07:07c'est que t'as honte, et on raconte souvent ça,
07:09les femmes racontent ça quand elles ont été parfois agressées,
07:13violées, battues,
07:15et c'est vrai pour un petit garçon, c'est-à-dire que le premier réflexe,
07:18c'est peut-être de ne pas vouloir le dire,
07:20d'abord, peut-être ne veut-il pas inquiéter sa mère,
07:22mais plus sûrement, je pense qu'il y a une forme de honte,
07:25c'est-à-dire que tu culpabilises en plus d'être la cible de ces petits individus,
07:31là encore, la nature humaine, il n'y aurait beaucoup à dire.

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