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Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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00:00 - Nous sommes avec Luc qui est chef d'un quartier dans l'agglomération de Nouméa.
00:03 Bonjour Luc et merci d'être avec nous. Il est 11h26 ici en métropole, quelle heure est-il chez vous ?
00:11 - Bonjour Pascal, il est 20h26 actuellement.
00:14 - Je voulais savoir d'abord est-ce qu'on dit que la situation est apaisée, est-ce que c'est une réalité ?
00:20 - C'est difficile à dire puisque chaque jour on nous annonce des
00:27 forces de l'ordre qui devraient venir nous secourir et
00:32 on les voit...
00:34 On découvre sur le terrain que ces forces de l'ordre n'arrivent pas.
00:38 Ensuite, il y a une pression très importante par la
00:43 cellule de coordination des actions de terrain, qu'on pourrait plutôt appeler cellule de coordination des actions terroristes,
00:50 puisqu'en fait on a affaire à des actes terroristes qui
00:56 détruisent tous nos commerces, toutes nos entreprises et qui
00:59 annoncent très clairement sur les réseaux sociaux et même physiquement devant les barrages
01:04 qu'ils ont l'intention de détruire les quartiers résidentiels, de brûler nos maisons, de tuer nos familles.
01:11 Donc aujourd'hui on se sent pleinement abandonné par l'État,
01:15 l'État qui nous a pourtant expliqué pendant des années qu'il allait s'assurer de notre sécurité.
01:21 On avait dernièrement le haut-commissaire qui nous disait "faites confiance au service de l'État,
01:26 restez chez vous,
01:29 laissez faire les forces de l'ordre".
01:31 Et bien figurez-vous qu'on a les forces de l'ordre qui viennent sur les barrages qu'on a dû ériger pour nous protéger dans notre quartier
01:36 et qui
01:38 nous disent
01:40 "surtout faites tout ce qu'il faut pour vous protéger" parce que
01:45 nous on est complètement débordé,
01:48 on n'a plus de moyens. J'ai même eu une gendarmerie qui m'appelait, qui me demandait des conseils pour aller
01:55 récupérer des grenades dans le nord de l'île parce qu'il y a des problèmes de circulation.
02:00 Figurez-vous qu'ils vont tout au nord de l'île récupérer des grenades en hélicoptère.
02:03 Enfin c'est
02:07 complètement anarchique en termes de réaction de l'État.
02:09 - Luc est chef d'un quartier dans l'agglomération de Nouméa. Il est
02:15 armé, il se défend évidemment avec ses amis, il protège j'imagine sa famille. Il y a quelque chose que vous avez dit sur lequel je
02:22 voudrais revenir.
02:23 A priori il y a des renforts qui sont arrivés sur l'île et vous me dites vous ne les avez pas vus ni l'armée ni la gendarmerie ?
02:30 - Oui alors qu'on est en
02:33 état d'urgence, les renforts qui sont arrivés cette nuit ont servi vraisemblablement à remplacer
02:42 les effectifs qui étaient épuisés et qui ne pouvaient plus faire le boulot. Donc en définitive on se retrouve avec à peu près le
02:49 même effectif on va dire efficace que avant la crise.
02:54 Donc j'imagine que c'est uniquement quand les premiers effectifs se seront reposés
03:00 qu'on pourra considérer que les renforts doublent
03:05 les effectifs de force de l'ordre. Et donc ça nous projette à du lundi ou du mardi.
03:11 - Donc vous faites la protection vous-même ? Alors je vais vous poser une question, vous n'êtes pas obligé de répondre, mais est-ce que vous êtes armé ?
03:16 - On n'a pas le choix Pascal.
03:19 Les gens d'en face sont armés et c'est de... alors on voit les fusils dans les bennes quand ils passent en bas de chez nous.
03:27 Ils tirent sur les quartiers résidentiels.
03:31 Les forces de l'ordre nous informent qu'il faut absolument qu'on ait de quoi se défendre
03:39 parce qu'ils ne pourront pas nous venir en aide. Donc bien évidemment nous sommes armés parce que parmi nous il y a figurez-vous
03:45 des chasseurs, des tireurs sportifs
03:48 et bon il y a même des sportifs puisqu'on
03:52 trouve des battes de baseball, il y a des jardiniers puisqu'on trouve des outils de jardin, enfin tout est bon pour défendre nos
04:00 foyers sur les barricades qu'on a érigées pour protéger notre quartier.
04:04 - Mais en ce moment là vous me parlez d'où ?
04:08 - Alors là je suis rentré chez moi pour pouvoir vous parler
04:10 confortablement mais je vous parle depuis le lotissement dans lequel nous sommes depuis
04:15 presque une semaine et nous ne pouvons pas en sortir.
04:17 - Donc vous n'êtes pas sorti, alors il y a des problèmes peut-être de ravitaillement également, je sais pas comment vous allez tenir, je sais pas
04:22 si vous avez assez d'eau, assez de victuaire pour tenir quelques jours ?
04:26 - Il y a de vrais problèmes de ravitaillement à venir puisque les stocks dans les maisons s'épuisent.
04:33 Il y a des problèmes de
04:36 médicaments également donc il faut faire le nécessaire pour
04:40 obtenir des médicaments en ouvrant une pharmacie, en allant chercher le pharmacien etc.
04:48 C'est compliqué alors il faut aller le chercher par la mer, enfin c'est délirant ce qui se passe en fait.
04:55 Oui on est sur un théâtre de guerre.
04:58 - Et tout est rasé, tout est cassé, tout est démoli, c'est ce qu'on nous disait hier et que vous confirmez, il n'y a plus un commerce
05:06 de viables, je sais même pas comment l'île va pouvoir repartir une fois que les choses seront apaisées ?
05:10 - Ce qui est terrible c'est qu'on vivait une situation économique
05:15 dramatique avant ces événements là et aujourd'hui je ne sais pas comment on va pouvoir redresser la situation.
05:23 En effet les
05:26 magasins et les entreprises sont pillés puis incendiés
05:30 donc ça fait depuis lundi qu'on respire des odeurs de fumée en permanence.
05:35 Parce que tout brûle. Aujourd'hui, tout à l'heure, cet après-midi, c'était la mairie de Dimbéa qui était en feu.
05:43 Hier c'était le centre de Dialyse qui est utile pour énormément de diabétiques sur le territoire.
05:49 Tout brûle, oui c'est atroce. Alors autour de chez nous directement non,
05:53 sauf les commerces, mais je veux dire les maisons
05:57 limitrophes ne sont pas impactées parce que nous sommes fortement
06:04 situatifs
06:06 sur les barrages et très organisés parce qu'on veut absolument sauver la vie de nos familles et nos maisons
06:12 qu'on a payé sur 20 ou 25 ans. - Fortement disosie, ça veut dire, c'est ce que vous m'avez dit tout à l'heure, vous êtes armés et ceux qui arrivent
06:18 risquent leur vie, c'est ça que vous me dites ?
06:20 - C'est clair puisqu'ils viennent sur les barrages nous expliquer qu'ils vont venir nous tuer,
06:26 ils nous traitent d'enculés de blancs. Alors ce qui est rigolo c'est qu'ils ont dit ça à un antillais.
06:30 Bon, vous voyez qu'il n'y a vraiment plus aucun sens
06:34 Et
06:37 évidemment,
06:39 ils prennent un très très grand risque à venir essayer de
06:44 s'en prendre à nos familles puisque ça sera pas possible, on sera obligé de se défendre coûte que coûte.
06:52 - Témoignage édifiant là encore comme hier de Luc qui est sur un barrage
07:00 même s'il a pris quelques minutes pour nous répondre et qu'il est chez lui.

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