Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 C'est ça qui me fait peur.
00:02 - Oui, dans les deux parties, je pense que...
00:04 - Vous êtes sur l'île depuis combien de temps ?
00:06 - 10 ans, monsieur.
00:08 - Ah bah 10 ans, bien sûr, je vous ai posé la question tous les jours.
00:10 - Donc j'ai du recul.
00:12 - Est-ce que vous vous dites "je vais partir" ?
00:14 Est-ce que la question se pose ?
00:16 - J'en parlais à mes enfants hier, notamment à ma grande-fille de 12 ans et demi,
00:19 je lui dis "ma chérie, comment tu envisages les choses ?
00:21 Comment tu ressens ce qui est en train de se passer ?
00:23 Est-ce que tu penses que tu te sens chassée ?
00:25 Est-ce que tu veux vite quitter cette île ?"
00:27 Et elle a resté les bras tombants à me dire "non, maman, je ne l'ai même pas envisagée en fait".
00:31 - Ah oui, parce qu'elle est née là.
00:33 - Mais bien sûr !
00:35 - Qu'est-ce que vous faites sur... on peut savoir le travail que fait votre mari et vous-même sur l'île ?
00:39 - Mon mari est frigoriste et moi je suis dans le paramédical, on va dire.
00:44 - Mais là, vous n'avez pas travaillé depuis 15 jours ?
00:47 - Mais non, monsieur, ça fait 11 jours qu'on peut...
00:49 Non, je ne travaille pas depuis 11 jours.
00:51 - Et donc...
00:53 - Et lui, il est à son compte en plus.
00:55 - Je laisse tomber des patients aussi.
00:57 - Et vous, vous êtes libérale ?
00:59 - Non, non.
01:01 - Vous étiez salariée ?
01:03 - Oui.
01:05 - Alors bon, déjà, parce que je vous ai eu effectivement deux, trois fois, vous avez quand même le sentiment...
01:09 - Notamment dans les trois premiers jours de terreur, la terreur s'est apaisée.
01:11 - Là, au moins, vous n'avez plus peur pour votre vie ?
01:15 - J'ai autant peur pour ma vie que ce que j'ai peur pour demain.
01:21 Et je sais que l'échelle est haute.
01:23 - Mais votre maison, elle n'a pas été abîmée ?
01:27 - Non.
01:29 - L'école n'a pas repris non plus ?
01:31 - Pareil, non, l'école...
01:33 - Mais l'école, elle a été détruite ?
01:35 - Non, parce que nous on a la chance...
01:37 Le collège de ma fille a été...
01:39 Il y a eu des intrusions et les gars ont fait un travail remarquable.
01:41 Et du coup, le collège est sur surveillance H24.
01:45 Parce qu'on essaie de garder au moins en état de confort et de bienveillance
01:51 les établissements scolaires de nos enfants.
01:53 Et l'école primaire des petits de la presqu'île, où nous sommes,
01:57 elle est protégée par l'entrée de la presqu'île.
01:59 Donc on a beaucoup de chance, mais les écoles crament toutes les nuits.
02:03 - Ah, les écoles crament toutes les nuits encore ?
02:05 - Ah, toutes les nuits ? Ouais, ouais.
02:07 Lycée, école... Quand je vous dis que ça n'a pas changé, c'est qu'on assiste.
02:11 Ah, ben là, ça crame là.
02:13 Ben là, c'est l'école primaire de Caméret.
02:15 Là, c'est le lycée de Révière-Salé.
02:19 - En fait, c'est au sens propre la politique de la terre brûlée
02:23 que font certains indépendantistes.
02:28 En fait, ce qu'ils veulent, c'est que la situation soit tellement irrespirable
02:33 que vous disiez "ben, on s'en va".
02:35 - Ouais. Et après, ils disent que c'est ça, ils mettent leur île.
02:38 Aujourd'hui, on a dû prendre le bateau pour aller prendre...
02:41 à manger, clairement, parce qu'on n'a pas vu un camion ou quoi que ce soit.
02:46 On va se chercher à manger.
02:47 Je regardais au loin cette île magnifique, quoi,
02:49 où je vis si bien depuis dix ans, cette merveilleuse île
02:51 et qui est en train d'être réduite au chaos, quoi.
02:54 C'est terrible.
02:56 - C'est inextricable.
02:58 C'est inextricable parce que...
03:01 - Comment tant de violence a pu être contenue ?
03:04 C'est ça qui nous choque.