La députée européenne LFI, Manon Aubry était l’invité de #LaGrandeInterview de Florian Tardif dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour, Manon Aubry, vous êtes députée européenne de la France insoumise.
00:04Emmanuel Macron a-t-il, en juin 2022, il y a deux ans, donc, gagné les élections législatives ?
00:09Oui, c'est une évidence.
00:11Vous le dites. A présent, alors, je vous cite Jean-Luc Mélenchon,
00:14il parlait de déroute du parti présidentiel qui était total.
00:18Vous dites ce matin, oui, c'est une évidence, tout simplement,
00:20peut-être parce que les circonstances ont changé et que cela vous arrange.
00:23Je vous l'explique. La déroute, c'était par rapport au résultat qu'il avait fait en 2017.
00:27Si vous regardez le nombre de députés démacronistes, il n'a cessé de baisser de 2017 à 2022,
00:32puis de 2022 à 2024.
00:34Donc, j'ai envie de dire que cette déroute est allée à son paroxysme
00:38après ces élections législatives et qu'on a un président de la République aujourd'hui
00:42qui, 50 jours plus tard, refuse toujours d'accepter sa défaite.
00:46Je me mets à la place des gens qui, j'espère, parce que ce n'est pas le cas de tout le monde,
00:50sont partis en vacances au début de l'été, au moins les enfants qui sont partis en vacances
00:53le 9 juillet dernier après les élections législatives.
00:56Ils reviennent à la fin de l'été. Il n'y a toujours pas de Premier ministre.
01:00Il y a un gouvernement démissionnaire qui gère beaucoup plus que les affaires courantes.
01:04Et à la fin des fins, on revient dans le monde d'avant en consultant les anciens présidents de la République.
01:10On nous propose même Bernard Kasdem. J'ai l'impression d'un immense retour dans le passé.
01:14Un peu comme, oui, une faille spatio-temporelle dans laquelle on est.
01:18C'est un peu singulier à cette rentrée.
01:20Comment vous qualifiez justement cette attitude du chef de l'État qui pourrait, on pourrait le dire ainsi, procrastine peut-être ?
01:26C'est plus que de la procrastination. Je pense que c'est un coup de force contre la démocratie.
01:31Un coup de force démocratique ? Vous avez lu la Constitution ?
01:34Oui, un coup de force. Oui, le président de la République doit nommer, pas choisir.
01:38Et donc il doit tenir compte des élections législatives.
01:41Ces élections législatives ont donné au Nouveau Front populaire le plus grand groupe politique,
01:45certes avec une majorité relative, mais le plus grand groupe politique.
01:48Et j'ai le sentiment qu'on a un président de la République qui veut être président de la République,
01:52mais qui veut être aussi Premier ministre, qui veut être président de l'Assemblée nationale,
01:56qui veut être aussi chef de l'opposition. Au final, il veut une cohabitation avec lui-même.
02:00Mais pardon, en fait, dans une démocratie, ce sont les urnes qui parlent, les urnes ont parlé.
02:04Elles ne veulent plus des macronistes, de sa politique de malheur, de sa politique de misère sociale.
02:09Politique de malheur ?
02:11Oui, c'est une politique de malheur. Je pense que sa politique a créé du malheur dans notre pays,
02:15a augmenté les inégalités sociales, a créé du désespoir pour tout un tas de gens,
02:20a fait un recul en matière de lutte contre le changement climatique,
02:24a poussé des millions de gens à travailler deux ans de plus à cause de la réforme des retraites.
02:30Donc toutes ces choses-là, il est temps d'en tourner la page.
02:35Ce matin, je le dis de manière encore plus ferme, parce que sans doute, parmi les gens qui nous écoutent,
02:43j'imagine qu'il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec notre projet politique.
02:46Ils ont bien le droit, c'est la démocratie.
02:48Et ils sont votés, d'ailleurs. Ils ne vous ont pas donné une majorité.
02:50Et d'ailleurs, c'est peut-être tout le problème.
02:52Non, mais j'ai pas lu au bout de ce que je disais.
02:54J'imagine, ils ont le droit de ne pas être d'accord avec la France insoumise, avec le Nouveau Front Populaire,
02:58quoique la hausse du SMIC et l'abrogation de la réforme des retraites sont des mesures populaires.
03:03Mais à ces gens-là...
03:04Mais est-ce que vous êtes prêt à amender votre programme ?
03:06Vous n'avez pas de majorité absolue.
03:08Et c'est vrai que lorsque l'on écoute les membres du Nouveau Front Populaire,
03:11on a l'impression que c'est tout le programme du Nouveau Front Populaire
03:14et uniquement le programme du Nouveau Front Populaire.
03:16Florian Tardif, ce qu'on est en train de défendre, c'est ni plus ni moins que la démocratie.
03:19C'est pour ça que j'en appelle, y compris à toutes celles et tous ceux qui ne sont pas d'accord avec nous.
03:22Si demain, on a le droit de gagner les élections,
03:24est-ce que vous trouveriez ça normal que la gauche vienne dire
03:27« Attendez, non, ce n'est pas à vous de gouverner ».
03:29Bien sûr que c'est à la gauche, au Nouveau Front Populaire.
03:31Vous n'avez pas eu un blanc-seing de la part des électeurs.
03:33Vous avez raison, nous n'avons pas de majorité absolue.
03:35C'était le cas des macronistes aussi qui n'avaient pas de majorité absolue.
03:37Est-ce que vous pouvez répondre à la question ?
03:39Est-ce que vous êtes prêts, ce matin, à dire à vos collègues
03:41« Il faut peut-être amender notre programme,
03:43tout simplement pour tenter de créer une majorité ».
03:45C'est ce que vous souhaitez, j'ai l'impression.
03:47Il faut faire la distinction entre le gouvernement, d'un côté,
03:50qui est l'exécutif, qui doit être composé à partir du Nouveau Front Populaire
03:53qui a gagné les élections, et ensuite le travail parlementaire.
03:56Et bien entendu, nous serons respectueux du travail parlementaire
03:59et donc texte par texte, nous irons construire des majorités.
04:02Dit autrement, c'en est fini avec la brutalité de l'Assemblée Nationale,
04:05la manière dont les macronistes ont gouverné.
04:08Pour être précis, pour les gens qui nous regardent et nous écoutent sur Europe 1,
04:10est-ce que, ce matin, vous estimez que le programme du Nouveau Front Populaire
04:14doit être amendé pour obtenir une majorité, peut-être texte par texte ?
04:18C'est ce que je comprends.
04:20Le programme du Nouveau Front Populaire est la base de travail du gouvernement
04:24qui fera des propositions sur la base de ce programme.
04:27Ensuite, l'Assemblée Nationale, le Parlement fera son travail
04:31et nous le respecterons.
04:33Donc c'est le programme du Nouveau Front Populaire,
04:35uniquement le programme du Nouveau Front Populaire,
04:37qui pourra ensuite être amendé au Parlement.
04:39C'est la démocratie !
04:41L'exécutif propose, et ensuite l'Assemblée Nationale...
04:44Et vous n'avez pas peur d'une motion de censure ?
04:46Je vais vous donner des exemples concrets.
04:48Sur l'abrogation des réformes des retraites, je pense qu'on peut avoir une majorité à l'Assemblée Nationale.
04:52Grâce aux voix de l'URL, notamment.
04:54Sur la taxation des dividendes, par exemple, et des super-profits,
04:57je pense qu'on peut avoir une majorité à l'Assemblée Nationale.
04:59Ça avait même été proposé par le MoDem.
05:01Donc oui, c'est possible de construire des majorités texte par texte.
05:04Encore faut-il que le roi, là, depuis son palace doré à l'Elysée, Emmanuel Macron,
05:09tienne compte des élections, parce que c'est quand même lui-même qui a provoqué ces élections,
05:13sur un coup de billard à 50 bandes en pensant fracturer la gauche.
05:19Manque de peau, on a réussi à la faire tenir ensemble.
05:21Et 50 jours après, il refuse toujours de nommer,
05:24parce que soi-disant il y a eu les Jeux Olympiques...
05:26Il y a justement plusieurs personnalités de poids dans notre pays ce matin, dont Bernard Cazeneuve.
05:31Vous l'avez évoqué, ce nom circule depuis plusieurs jours.
05:34Est-ce que vous nous dites ce matin, j'ai l'impression que c'est la position de la France insoumise,
05:37que tout gouvernement Cazeneuve sera censuré ? Et si oui, pourquoi ?
05:41Au témoin d'un doute, il a gagné les élections, Bernard Cazeneuve ?
05:44Non, je ne crois pas. Mais il ne s'est pas présenté.
05:46Mais c'est mieux vaut, ce matin, avoir gagné également ses élections.
05:49En l'occurrence, Bernard Cazeneuve...
05:51Lucie Castex, je ne crois pas, a gagné les élections.
05:53Si, avec le Nouveau Front Populaire, c'est la candidate du Nouveau Front Populaire.
05:56C'est la candidate désignée par le Nouveau Front Populaire.
05:58Oui, par les quatre partis politiques qui ont remporté les élections.
06:00Vous savez, Bernard Cazeneuve, il a un parti politique qui s'appelle la Convention.
06:04Et vous savez combien de députés il a à l'Assemblée Nationale ?
06:07Un.
06:08Alors, je veux bien que notre majorité, nous, du Nouveau Front Populaire,
06:12soit un peu étriquée, mais faire une majorité à partir d'un député, vous m'excuserez,
06:17on voit qu'Emmanuel Macron utilise tous les prétextes possibles
06:21pour refuser que le Nouveau Front Populaire gouverne.
06:23Alors d'abord, il y a une question de timing, les Jeux Olympiques.
06:25Je pense qu'on va attendre aussi la Toussaint, Noël et la Saint-Glinglin pour nommer un Premier ministre.
06:30Et ensuite, il nous a dit que le problème, c'était des ministres de la France insoumise.
06:34Nous avons dit très clairement, dans ce cas-là,
06:37est-ce que vous allez censurer un gouvernement du Nouveau Front Populaire
06:41sans ministre de la France insoumise ?
06:43Et la réponse a été très claire, les masques sont tombés.
06:46Leur problème, c'était le programme du Nouveau Front Populaire.
06:50Et je vais plus loin, leur problème, à la fin des fins, c'est la démocratie.
06:54Et on voit bien qu'Emmanuel Macron fait tout ce qu'il peut pour contourner la démocratie.
06:58On a compris Bernard Cazeneuve, motion de censure à l'Assemblée nationale.
07:00Mais si le Président de la République décide de nommer un autre Premier ministre
07:04issu de la gauche, qui ne serait pas Lucie Castillon,
07:06on a compris qu'il avait écarté cette possibilité.
07:08Est-ce que vous maintiendrez votre appel à la mobilisation ce 7 septembre ?
07:12Oui. Je vais vous dire pour une chose très claire.
07:16Mettez-vous à la place d'Emmanuel Macron.
07:18Je sais que ce n'est pas facile en ce matin de rentrée.
07:21Mais si Emmanuel Macron refuse de nommer Lucie Castillon à Matignon,
07:25au-delà du coup de force démocratique, c'est bien parce qu'il refuse ce qu'incarne,
07:29ce que représente Lucie Castillon, c'est-à-dire le programme du Nouveau Front Populaire.
07:33Donc s'il nomme quelqu'un d'autre, c'est bien pour que cette personne
07:36ne défende pas ce programme, ne l'applique pas.
07:39Il l'a dit lui-même qu'il ne voulait pas qu'on défasse sa réforme des retraites,
07:43qu'on défasse sa réforme de l'assurance chômage qui crée tant de malheurs dans notre pays.
07:47Donc je veux dire que ça a à peine voilé de la part du président de la République.
07:51Et nous, on est des démocrates, on a fait campagne sur un programme,
07:54c'est ça qu'on doit défendre.
07:56Et pour revenir à Bernard Cazeneuve, c'est celui qui a quitté le Parti Socialiste
08:00au moment où a été créée la Nouvelle Espèce.
08:02Et d'ailleurs, ce n'était pas l'objet de ma question.
08:04C'est s'il y a un autre Premier ministre issu de la gauche.
08:06Je vous donne l'exemple de ce type de profils qui ont construit leur trajectoire politique
08:10contre l'unité de la gauche qu'on a construite avec la NUPES,
08:15puis ensuite avec le nouveau Front Populaire.
08:17Donc si on défend, ce n'est pas Lucie Casté, bêtes et ongles, parce que c'est elle,
08:22c'est parce qu'elle incarne ce que nous avons voulu construire politiquement.
08:27Certains de vos détracteurs estiment que c'est une forme de putsch parlementaire
08:30d'appeler à la rue, comme ça une mobilisation importante
08:34pour tenter d'influer la décision du président de la République.
08:38On va s'arrêter sur ce mot-là.
08:39Qui est en train de procéder à un putsch à l'heure actuelle ?
08:42Qui est en train de nier le résultat des urnes
08:45comme une forme de trumpisation de la vie politique ?
08:48Qui est en train de s'asseoir sur les votes des Français ?
08:50Emmanuel Macron est une forme de Donald Trump à la française ?
08:52C'est ce que vous dites ce matin.
08:53Je pense qu'on assiste à une trumpisation de la vie politique française.
08:57Quand on a Donald Trump qui, à l'époque, avait demandé de recompter les voix
09:01parce qu'il n'en avait pas confiance,
09:03là j'ai un peu le sentiment que le président de la République
09:05force un recompte des voix parce que le résultat des urnes
09:08qu'il a lui-même provoqué ne lui plaît pas.
09:10Et donc oui, dans une démocratie, nous utilisons tous les outils démocratiques
09:14à notre disposition pour qu'elles soient respectées.
09:16Ça passe par une grande mobilisation ce samedi 7 septembre
09:19partout en France, qui j'espère sera la plus large possible
09:22pour que les Françaises et les Français, à la fois celles et ceux
09:25qui ont voté pour le nouveau Front Populaire,
09:27mais celles et ceux aussi qui sont attachés à la démocratie,
09:29disent au président de la République qu'il ne peut pas décider seul
09:32en son royaume pour l'avenir de millions de Français
09:35qui se sont exprimés d'abord dans les urnes.
09:37Et puis, nous allons utiliser aussi l'outil constitutionnel
09:40de la destitution, puisque le président de la République
09:44manque à ses devoirs élémentaires et essentiels,
09:48en l'occurrence le respect des urnes,
09:50et nous avons initié également cette procédure.
09:52Et ces deux droits sont tous deux protégés par la Constitution.
09:55Nous avons appris ce week-end que Camilia,
09:57cette jeune fillette de 7 ans percutée jeudi dans les Alpes-Maritimes,
09:59est morte des suites de ses blessures.
10:01On a bien évidemment une pensée ce matin pour ses proches.
10:03L'un de vos collègues, Antoine Léaumont, a adressé ce week-end
10:05un message à la famille.
10:07Sur les réseaux sociaux, il parle de motard.
10:10Est-ce que cet homme, qui doublait une file de voiture,
10:12je le précise en empruntant la voix opposée,
10:14le tout sur une roue, est un motard ?
10:17Manon Aubry.
10:18Écoutez, d'abord, je voudrais avoir une pensée
10:20pour la petite Camilia, sa famille.
10:23Le drame est horrible.
10:25Elle avait 7 ans et toute la vie devant elle
10:28et ses proches, mais aussi tout le village de Valory.
10:31Si ça se trouve, j'ai grandi pas très loin de là-bas.
10:34Et je pense affectée aujourd'hui par ce drame.
10:37Maintenant, c'est à la justice de faire son travail,
10:39à la justice de condamner.
10:42Vous ne répondez pas à la question.
10:44Est-ce que vous utiliseriez ce terme, excusez-moi, de motard ?
10:49Franchement, je n'ai même pas envie d'avoir un débat
10:51sur les termes à utiliser, la polémique.
10:53Là, ce matin, c'est juste l'émotion qui domine.
10:57Et je pense qu'aujourd'hui, on doit tous être derrière
11:01et en soutien à la famille et laisser la justice
11:04faire son travail au lieu d'essayer de chercher
11:06une polémique sur la virgule, le mot, le machin.
11:08Est-ce que j'ai utilisé le bon mot ?
11:10Non, là, attendez, on a une famille qui pleure
11:12la mort d'une petite fille de 7 ans.
11:14C'est tout ce qui compte, ce matin.
11:16Et que la justice puisse faire son travail
11:18le plus rapidement et le plus sereinement possible.
11:20Est-ce que vous estimez, ce matin, sur ces news européens,
11:22qu'il y a une réponse néanmoins politique
11:24à apporter face à ce drame ?
11:25Karl Olive estime qu'il faut, par exemple,
11:27appliquer, je le cite, la présomption de culpabilité
11:30et mettre en place un délit de criminalité.
11:33Est-ce que vous partagez cette proposition ?
11:35La remise en cause de la présomption d'innocence
11:39est une attaque fondamentale à ce qui constitue
11:42aujourd'hui un des principes de la justice
11:44et de l'État de droit.
11:45Et je voudrais poser la question aujourd'hui
11:47à Gabriel Attal, qui est le chef de groupe,
11:51le président de groupe macroniste
11:53dans lequel siège Karl Olive.
11:54Est-ce qu'il soutient aujourd'hui la remise en cause
11:56de l'État de droit dans notre pays ?
11:58Et cette question, je l'adresse assez solennellement,
12:00ce matin, à votre antenne.
12:01J'espère qu'il pourra répondre le plus rapidement possible
12:04parce que l'émotion légitime, forte ce matin,
12:07ne doit pas conduire à la remise en cause
12:10de nos principes fondamentaux,
12:12qui sont les principes qui ont régi la justice
12:14depuis maintenant des dizaines, voire des centaines d'années
12:16dans notre pays, et donc qui doivent permettre
12:18à la justice de travailler sereinement.
12:19Il y aura, je le souhaite, une condamnation
12:22la plus rapide possible,
12:23mais je laisse la justice faire son travail
12:25et je ne profite pas de ce drame
12:27pour remettre en question nos principes fondamentaux.
12:2912 millions d'élèves retrouvent les bancs de l'école
12:32ce matin, s'ils nous écoutent ou nous regardent.
12:34On les salue.
12:35Est-ce que vous craignez que l'instabilité politique,
12:37on en a longuement parlé depuis le début de cet entretien,
12:39ait des conséquences néfastes pour ces derniers ?
12:42Évidemment, je pense ce matin aux 12 millions d'élèves,
12:45à leur famille, qui doivent avoir un peu d'appréhension
12:48parce que c'est la rentrée, on avait tous la boule au ventre
12:50quand on était petits, au moment de la rentrée,
12:52on s'en souvient tous dans quelle classe on va être.
12:54Mais j'ai envie de dire, cette année, il y a une double appréhension
12:56aussi pour la communauté éducative.
12:58Je voudrais penser à tous les enseignants
13:00qui font un travail formidable,
13:02d'éduquer nos enfants, préparer l'avenir,
13:05et qui font cette rentrée dans un flou total.
13:07Est-ce que le choc des savoirs va s'appliquer ou pas ?
13:09Il manque plus de 3 000 postes d'enseignants.
13:12Dans la plupart des écoles et des collèges de France,
13:15vous avez au moins une classe qui sera sans professeur.
13:18Vous avez les élèves en situation de handicap
13:21qui n'ont pas suffisamment d'AESH,
13:23donc d'assistant pour les élèves en situation de handicap.
13:26Voilà la rentrée dans laquelle on est.
13:28Et puis, vous avez Nicole Belloubet,
13:30la ministre démissionnaire de l'Éducation,
13:32qui vient faire des annonces, comme si elle était encore légitime,
13:35en disant qu'il va falloir serrer la ceinture.
13:37J'avais noté son expression, ce qui est quand même assez incroyable
13:39pour une ministre démissionnaire.
13:41Il faudra faire cette rentrée avec une particulière rigueur budgétaire.
13:45Vous ne pensez pas que l'éducation nationale a déjà souffert
13:48d'une particulière rigueur budgétaire ?
13:50On a déjà les enseignants parmi les moins bien payés d'Europe.
13:53Vous voyez, cette rentrée exige de la sérénité,
13:56exige du soutien à nos enseignants, mais aussi à nos élèves,
14:00et exige surtout une réforme en profondeur de l'éducation
14:03pour qu'elle soit gratuite.
14:04Vous allez vous battre contre cette réforme du choc des savoirs ?
14:07Oui, on s'est battus depuis le début.
14:09C'est un tri social des élèves.
14:11Et l'éducation a un principe universel.
14:13Vous, moi, nous tous, on doit avoir droit non seulement
14:15au même enseignement et à l'enseignement gratuit.
14:18Je vous le dis parce que là, les familles ont fait les courses,
14:21les cahiers à petits carreaux, à gros carreaux,
14:24l'effaceur, le stylo, etc.
14:26Tout ça, c'est un coût.
14:27C'est plus de 200 euros quand vous êtes en primaire,
14:29plus de 300 euros quand vous êtes au collège.
14:31Ce coût, il est assumé par des familles
14:33qui m'ont déjà beaucoup à payer le reste de l'année.
14:35Et l'école gratuite, vous voyez, on l'avait inscrite
14:37en lettre d'or dans notre programme.
14:39C'est pour ça qu'il aurait été urgent de nommer un gouvernement
14:41du Nouveau Front Populaire dès le début juillet
14:43pour préparer sereinement la rentrée.
14:45Mais on n'y renoncera pas dès le moment
14:47où le président de la République reviendra à la réalité.
14:49Et s'il faut, on le poussera avec motion de censure,
14:52destitution, mobilisation samedi dans les urnes
14:54pour lui rappeler que le Nouveau Front Populaire
14:57a à cœur une éducation gratuite et pour tous.
14:59Dernière question aujourd'hui.
15:00On a lieu l'hommage au gendarme Éric Comines.
15:03Est-ce que vous estimez, compte tenu du profil du chauffard,
15:07que cette personne multirécidiviste émigrée
15:09avait sa place en France ?
15:11Je le précise tout simplement parce que la loi immigration
15:13permet à présent d'expulser ce type de personnes
15:17qui ont pu commettre des délits dans le passé.
15:20Et est-ce qu'aujourd'hui, le Nouveau Front Populaire
15:23souhaite revenir toujours sur cette loi
15:24qui permet donc ces expulsions ?
15:26Écoutez, là aussi, je voudrais avoir une pensée
15:28pour la famille de ce gendarme qui a été tué
15:32dans des conditions absolument atroces.
15:35Et je comprends l'émotion, la colère aussi de ses proches.
15:40L'émotion est, ceci dit, assez mauvaise conseillère
15:43en termes de réforme.
15:44Donc d'abord, il faut que la justice puisse faire son travail.
15:47Quant à la loi immigration, je crois que c'est la fin
15:50de cette interview, on n'a pas forcément le temps
15:51de revenir dans les détails.
15:52Mais là aussi, c'est une remise en cause
15:54de nos droits les plus fondamentaux
15:56et qui aujourd'hui doivent nous interpeller
16:00et nous faire réfléchir sur l'application de cette loi.
16:04Je vois qu'on n'a pas le temps d'aller au bout.
16:06Malheureusement.
16:07Mais on aura le temps d'en rediscuter,
16:08y compris à l'aune de ce drame.
16:10Mais moi, je souhaite d'abord que la justice
16:12puisse faire son travail vis-à-vis de son assassin.
16:14Merci beaucoup Manon Aubry.
16:15C'était votre grande interview sur CNews Europe.