Les Évasions Célèbres - 1972 - Episode 10 - Le Colonel Jenatsch

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DB - 01-09-2024
Transcript
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
01:00Le Cardinal de Richelieu
01:09À la fin de l'année 1634,
01:11le Cardinal de Richelieu,
01:13ayant conclu ouvertement une alliance
01:15avec les protestants allemands et les suédois,
01:18ordonne au Duc d'Orohan
01:20de lever des régiments dans les cantons suisses et dans les Grisons
01:23et de prendre leur tête.
01:26Le but véritable et secret de la campagne
01:29était l'occupation de la Valtelline
01:31afin d'empêcher les impériaux et les espagnols
01:34d'y pénétrer et d'y réunir leurs forces.
01:49C'est ici qu'on recrute pour la compagnie du colonel Yannach ?
01:52C'est ici. Rentrez, soyez les bienvenus.
01:55Une petite signature et en plus de la solde,
01:57le colonel vous offre à boire. Profitez-en.
02:05Et voilà trois mois de solde.
02:07Le supplément, c'est pour acheter l'uniforme.
02:09Et pour commencer, tu vas boire ça à ma santé.
02:12À la vôtre.
02:14Klaus Trippi, par exemple.
02:16Mais que diable fais-tu ici ?
02:18J'ai besoin de viande fraîche, mon vieux,
02:20et surtout pas de vieux os comme les tiens.
02:22Bois quand même un coup.
02:24Colonel Yannach, si vous n'en prenez jamais de plus fatigué que moi,
02:27je vous jure que tout ira très bien.
02:34Malheureusement pour vous, je ne... je ne rempile pas.
02:38Le bon roi de France devra se contenter de l'aîné de mes fils,
02:42mon brave Rudy.
02:44Le bon roi de France.
02:46Il me doit encore six mois de solde.
02:48J'ai servi trois ans dans la compagnie du capitaine Burkhardt.
02:51Mais à la fin, il n'a pas réglé la note.
02:53Alors je ne suis pas prêt de recommencer.
02:55Les affaires du sûr Burkhardt ne me regardent pas.
02:58Quand je forme ma propre compagnie, c'est moi, Yannach, qui en répond.
03:03Oui, mais n'empêche que si la France ne le paie pas,
03:07le colonel ne pourra pas répondre de grand-chose.
03:10Attention, aujourd'hui, c'est le duc de Rohan et lui seul
03:12qui représente le royaume de France.
03:14Et personne ne peut dire un mot contre le duc de Rohan.
03:17Une belle manière de servir l'église réformée.
03:21La solde du cardinal de Richelieu. Très peu pour moi.
03:24Si l'argent du cardinal nous aide à écraser les ennemis de notre religion
03:28et les ennemis de notre pays, tant mieux.
03:30Ça ne me gêne pas. J'accepte de l'argent du cardinal.
03:33Le colonel a beau dire, c'est la France qui lève les régiments.
03:37Et tant que derrière le roi de France, il y aura la soutane du cardinal,
03:41rien à faire. Moi, je ne marche pas.
03:43Et puis, on ne sait même pas à quoi ils vont servir tous ces régiments.
03:46Moi, je le sais.
03:48Écoutez tous.
03:52Depuis toujours, nous autres grisons avons prométhié de faire la guerre
03:56et nous la faisons aux quatre coins du monde pour les autres.
03:59Aussi bien pour les princes allemands que pour le bon roi de France.
04:04Et pour Venise, s'il le faut.
04:08Aujourd'hui, la guerre est partout.
04:11Alors, les grisons vont partout.
04:14C'est ça, la vie du soldat.
04:16Il va où on a besoin de lui, où on le paye, quand on le paye.
04:21Mais cette fois, c'est différent.
04:23Cette fois, mes amis, la musique va changer.
04:26Car cette fois, la guerre, nous allons la faire pour nous.
04:31Le duc d'Orohan.
04:34Le bon duc d'Orohan a besoin de nos régiments, n'est-ce pas ?
04:38Très bien.
04:40Mais que veut-il faire avec ces régiments ?
04:43Il veut prendre la valtoline.
04:46Alors, on va lui donner nos régiments.
04:49Mais je peux vous dire que cette fois,
04:51nos régiments y resteront, en valtoline.
04:54Parce qu'elle était à nous, la valtoline.
04:58Et je vous jure, sur l'éternel, qu'elle sera de nouveau à nous.
05:03Aussi vrai que je m'appelle Yenach.
05:08Il te plaît bien, le vin de valtoline ?
05:10Naturellement.
05:12Comme je te comprends.
05:14Bientôt, il sera de nouveau à nous.
05:17Et nous le paierons beaucoup moins cher.
05:19Oui, mais quand même, mes six mois de solde.
05:21Tes six mois de solde, je vais te les payer de ma poche.
05:24Je veux bien prêter mon argent, surtout au roi de France.
05:27Je vais te le prêter.
05:29Je vais te le prêter.
05:31Je vais te le prêter.
05:33Je vais te le prêter.
05:35Je veux bien prêter mon argent, surtout au roi de France.
05:38Mais toi,
05:40tu signes pour un an.
05:43Tope là.
05:45Tope !
05:50A boire pour tous !
05:55Aux grisons ! Aux grisons !
05:58Colonel Yenach !
05:59Ces messieurs des ligues vous attendent au Tanglé.
06:01Un envoyé du duc de Rance est avec eux.
06:03Et dans ce cas, voici notre colonel Jenatsch.
06:26Monsieur de Vaudreuil nous est envoyé par le Duc de Rouen.
06:29Colonel Jenatsch, je vous apporte les amitiés et les compliments du Duc de Rouen.
06:33Il vous attend incessamment à Venise où il prépare les plans de la prochaine campagne.
06:37Je crois comprendre qu'il entend vous confier une mission de la plus haute importance.
06:41Monsieur de Vaudreuil, si vous voyagez dans les grisons, vous entendrez partout parler du bon Duc de Rouen.
06:46C'est vous dire l'amitié et la très grande estime que nous avons tous pour lui.
06:52Mais...
06:55Mais quoi?
06:57Enfin, messieurs, je ne comprends pas vos perplexités.
07:00Je voudrais bien qu'on me dise franchement si le Duc peut compter sur les ligues grisonnes
07:04pour cette campagne qui, en fin de compte, servira aussi bien à vos intérêts que ceux de la France.
07:09Justement, voilà la question. Quelle garantie avons-nous?
07:13La parole du Duc de Rouen n'était-elle pas suffisante?
07:16Elle ne serait bien plus si elle était agrémentée d'un bon petit traité.
07:20Oui, en français ou en latin, cela revient à dire qu'ici, on fait fi de la parole du Duc.
07:24Dans cette affaire, messieurs, la parole du Duc de Rouen engage la France.
07:29Ce ne serait pas la première fois que la France nous ferait des promesses.
07:32Monsieur, je vous interdite...
07:34Messieurs, allons, allons. Ne nous fâchons pas.
07:38Mettez-vous à notre place, monsieur de Vaudreuil.
07:41Asseyez-vous.
07:44Je vous en prie.
07:52Nous sommes un petit pays, mais nous avons tout de même notre fierté.
07:56Ce n'est pas vous qui nous donnerez tort.
07:59Or, il se trouve que le cardinal de Rouen,
08:02qui est le premier ministre de la France,
08:04n'est pas le premier ministre de la France.
08:07Il n'est pas le premier ministre de la France.
08:11Or, il se trouve que le cardinal de Richelieu
08:13nous a déjà joué quelques vignes un tour en Valtheline.
08:17Monsieur, nous respectons la parole du Duc de Rouen,
08:20certainement pas celle de Richelieu.
08:22De tels propos, monsieur, dans ma position...
08:24Mais non, mais non, n'y voyez aucune malveillance.
08:28Nous parlons entre amis, c'est tout.
08:30Vous connaissez le vieux proverbe, chat échaudé.
08:33Je vous ferai remarquer que nous avons déjà rempli notre contrat,
08:36car dans tous les grisons, nous levons des régiments pour le Duc de Rouen.
08:39Un contrat, ça se fait à deux.
08:41Le cardinal de Richelieu, lui, n'a rien signé du tout.
08:47Eh bien, je m'engage, messieurs,
08:48à présenter vos tolérances au cardinal de Richelieu.
08:52Tout ce que nous voulons, monsieur de Vaudreuil,
08:54c'est un simple bout de papier
08:55que le cardinal de Richelieu aura signé de sa main
08:58et dans lequel il s'engagera à nous rendre la Valtheline.
09:00Ce n'est pas les Amériques.
09:01Je puis vous assurer que tout sera mis en oeuvre
09:04pour que vous ayez satisfaction.
09:06Voilà qui est bien dit.
09:08Tellement bien, d'ailleurs,
09:09que je ne tarderai pas plus longtemps à obéir aux ordres du Duc de Rouen.
09:13Dans une heure, je serai parti pour Venise.
09:38...
10:07...
10:13Yénâche, assassin, défends-toi !
10:15...
10:34Ah !
10:46Souviens-toi de Pompey Planta.
10:51Tu l'as assassiné.
10:54Tu le perds un jour.
11:01Pompey Planta,
11:03valet du roi d'Espagne,
11:04traître à ton pays.
11:06Tu es mort.
11:12Qui es-tu ?
11:15Frédéric Planta.
11:17Son fils.
11:18Une sœur d'Ucrétia.
11:21J'ai encore un frère.
11:24Ils te tueront.
11:26Tu es un homme mort, Yénâche.
11:45...
12:00...
12:12Dans ce palais vénitien qui avait été le lieu de son exil,
12:16Henri de Rouen préparait les plans de cette campagne de Val Théline
12:20qui devait lui mériter le nom de plus grand capitaine de son temps.
12:24Mais les subtiles machinations politiques du cardinal de Richelieu
12:28ne voulaient pas qu'il y ait cet homme qui était la droite urmaine.
12:32Il avait promis à ses amis les Grisons de leur rendre la Val Théline.
12:36C'était pour eux qu'il allait la reconquérir.
12:39Et c'était pour cela qu'il avait fait appel à Yénâche.
12:51Le défroqué n'est toujours pas arrivé, monsieur.
12:54Lieutenant Wertheimer,
12:56vous voulez dire le colonel Yénâche ?
12:59Monsieur le duc, il faut vous méfier de cet homme.
13:02Il n'hésitera pas à vous trahir s'il y trouve son intérêt.
13:05Allons, allons.
13:07Je croyais qu'il était entendu qu'on ne revenait pas là-dessus.
13:12Le colonel Yénâche est un brave.
13:15Quoi qu'il ne soit plus dans la religion, comme vous l'avez fait remarquer si gracieusement,
13:19il est resté bon protestant.
13:21Pas pour longtemps.
13:23Et un bon protestant ne trahit pas.
13:26Il est grison avant tout.
13:28Rien d'autre ne compte pour lui.
13:30Méfiez-vous.
13:32Monsieur Wertheimer, là,
13:34je n'ai pas pour habitude de mesurer mon amitié.
13:36Si je donne ma confiance, je ne peux la donner que toute entière.
13:43Allons, mon garçon.
13:45Pas de hargne.
13:48Vous êtes appelé à combattre aux côtés du colonel Yénâche ou dans le fer de bon cœur ?
13:57Madame, la duchesse est ravissante.
14:00Ma pauvre Nicolette, on ne peut pas faire de miracle.
14:03Les miroirs sont comme les auberges espagnoles.
14:06On n'y trouve que ce qu'on y apporte.
14:08Madame est injuste.
14:10Madame a un vrai teint de rose.
14:12Madame a surtout de bons yeux pour voir.
14:15Je ne sais pas.
14:17Je ne sais pas.
14:19Je ne sais pas.
14:21Je ne sais pas.
14:23Je ne sais pas.
14:25Madame a surtout de bons yeux pour voir.
14:27Allez, sauvez-vous.
14:29Et faites entrer mademoiselle Lucrezia Plomta d'Irienberg.
14:34Je n'ai déjà que trop fait attendre.
14:46Madame, la duchesse prie mademoiselle d'entrer.
14:54Ma petite Lucrezia, il y a si longtemps.
14:57Comme je suis contente de vous revoir.
15:00C'est gentil de vous être arrachée à vous, nonne ?
15:03Madame, les soeurs sont très bonnes pour moi.
15:05Je ne sais pas ce que je serais devenue sans elles.
15:07Allons, allons.
15:09Ne vous fâchez pas, voyons.
15:11Est-ce que ça peut être susceptible, les catholiques ?
15:23Je ne sais pas.
15:25Je ne sais pas.
15:27Je ne sais pas.
15:29Je ne sais pas.
15:31Je ne sais pas.
15:33Je ne sais pas.
15:35Je ne sais pas.
15:37Je ne sais pas.
15:39Je ne sais pas.
15:41Je ne sais pas.
15:43Je ne sais pas.
15:45Je ne sais pas.
15:47Je ne sais pas.
15:49Je ne sais pas.
15:51Je ne sais pas.
16:09General,
16:11vous l'avez peut-être oublié,
16:13c'est après vous avoir rencontré que je suis devenu un soldat.
16:17Et c'est avec une grande joie
16:19D'après ce qu'on m'a dit, et à ce que je vois,
16:24je n'ai pas lieu de regretter les conseils que j'ai pu vous donner autrefois.
16:28L'épée vous va mieux que l'habit ecclésiastique.
16:32Bah, le temps presse.
16:43Une armée française se rassemble en ce moment aux frontières de l'Alsace.
16:46Le roi a dénié m'en donner le commandement.
16:49Je me propose de la conduire secrètement jusqu'en Val Théline.
16:53Secrètement ? C'est impossible.
16:56Vous n'aurez pas quitté l'Alsace que les Espagnols en sont avertis.
17:00Ils bloqueront tous les passages. Rien de plus facile.
17:04Comme vous le savez, mon père était le chef du parti espagnol.
17:08Après l'avoir assassinée, les protestants ont confisqué tous nos biens,
17:12commencés par notre château de Riadper.
17:14Et puis ils nous ont expulsés des Grisons.
17:17Mes deux frères et moi. Ils nous ont chassés comme des chiens galeux.
17:21Quelle abomination, ces guerres de religion.
17:24Tous ces gens qui s'égorgent pour dire la messe à leur façon.
17:27Nous en savons quelque chose, croyez-moi.
17:30J'étais encore petite.
17:32C'est alors que Lucas, le fidèle serviteur de mon père, m'a conduite à Venise,
17:35à Sainte-Aplacide, et que les bonnes sœurs m'ont accueillie.
17:39Ma chère enfant, vous viendrez chez nous.
17:41Je vous emmènerai en France, et notre maison sera la vôtre.
17:45Suivez-moi.
17:47J'entrerai en Suisse par Bâle,
17:50traversant ensuite les cantons de Berne, d'Argovie, de Zurich,
17:54Saint-Gaël, jusqu'aux Grisons.
17:57Au passage, je ramasserai les régiments suisses
18:00qui seront rassemblés à Zurich,
18:03et les Grisons à Coir.
18:05Mais, pour que cette opération réussisse,
18:07il faut qu'elle soit menée rondement, et dans le plus grand secret.
18:11Vous oubliez les cantons suisses catholiques ?
18:14Ils s'y opposeront certainement.
18:16Même chez nous, dans les Grisons,
18:19ça fourmille de catholiques.
18:21Tenez, prenez la ligue grise.
18:23Tous des catholiques.
18:25Tous des espions du roi d'Espagne.
18:27Madame, vous êtes très généreuse, mais ma voie est tracée.
18:30Je veux retourner dans mon pays.
18:32C'est pour ça que je vous demande de m'aider.
18:34Le duc de Rouen est très respecté dans les Grisons.
18:37Avec un sauf conduit signé de sa main, je ne courrai aucun danger.
18:41Mon mari vous donnera tout ce que vous voulez, je m'en charge.
18:44Mais mon Dieu, pourquoi retourner là-bas ?
18:46Après tout ce qu'ils vous ont fait ?
18:48Mon père avait fait de grandes donations au couvent de Casis.
18:52C'est chez nous, dans la Domme-Lèche.
18:54Il y a toujours une cellule prête pour moi.
18:56Mon garçon, le moment venu,
18:58je vous montrerai comment on conduit une armée à travers un pays,
19:01sans même que les clochers des villages le sachent.
19:03A chaque jour suffit sa peine, celle d'aujourd'hui s'appelle Fuentes.
19:07Regardez.
19:09Le fort de Fuentes est la clé d'entrée de la Valtelline.
19:15Parlez-moi un peu de Fuentes et de sa garnison.
19:20Depuis des années, je maudis ce nom tous les jours que Dieu fait.
19:24C'est un lieu sinistre.
19:27Mais encore.
19:33Que vous dire ?
19:36Personne ne sait exactement combien d'hommes il peut y avoir.
19:40Tout ce que l'on sait, c'est que le fort de Fuentes est pratiquement imprenable.
19:44Il est tellement énorme qu'on pourrait y cacher une armée.
19:49Eh bien, c'est ce que vous allez découvrir.
19:52Vous connaissez la région ?
19:54Oh, pour moi, elle n'a aucun secret.
19:57J'y ai même fait quelques bons coups.
19:59Mais Fuentes ?
20:01Pour y pénétrer ?
20:05Il y a autre chose encore à Cassis.
20:08La seule chose qui me reste de mon père.
20:11L'âche avec laquelle ils l'ont tué.
20:13Elle est encore tachée de son sang.
20:15Quelle horreur.
20:18Allons, mon enfant, réveillez-vous. Sortez de ce cauchemar.
20:21Oubliez Rietberg.
20:23Et surtout, oubliez cette chose horrible.
20:27Cette âche.
20:30Je respecte vos croyances, mais je vous assure, le culte des reliques est malsain.
20:35Et tellement inutile.
20:37Ah non, madame, celle-là n'est pas inutile.
20:39Elle servira un jour à faire payer sa dette à l'assassin de mon père.
20:44Très bien, je suivrai vos instructions.
20:47Alors, c'est entendu.
20:49Vous irez à Fuentes.
20:51Et vous me ferez un rapport que vous m'enverrez par M. de Vaudreuil.
20:54Vous pourriez ne repartir que demain matin.
20:56Non, mon général, je n'arriverai pas à dormir de la nuit.
20:59Réfléchissez encore.
21:01En tout cas, mon mari vous aidera par tous les moyens à son pouvoir.
21:04Je vous garde, madame.
21:06Vous également, mon général.
21:16Madame, voici le colonel Jannatsch, dont vous m'avez souvent entendu parler.
21:20Quoi?
21:21Si seulement la moitié des éloges que faites-vous, mon mari, est méritée,
21:25ce dont je ne doute point,
21:27je dois m'estimer heureuse de vous compter parmi mes amies.
21:31Madame.
21:33Voici justement, par le plus heureux des hasards,
21:36une de vos jeunes et charmantes compatriotes qui est venue me voir.
21:39Mademoiselle Lucrezia Planta de Rienter.
21:42C'est un nom illustre dans les grisons.
21:45Quoique sa famille...
21:47Madame.
21:48Quoique sa famille...
21:50Madame.
21:52Mon ami, j'aimerais bien qu'on me laisse finir mes phrases.
21:55Quoique sa famille y ait subi les plus horribles persécutions.
21:59Son père a été sauvagement assassiné par une bande.
22:05Excusez-nous, le colonel est pressé.
22:10Mais enfin, que se passe-t-il?
22:13Qu'est-ce qu'ils ont tous?
22:15Vous l'ignorez?
22:16L'homme qui a tué de sa main le père de Mademoiselle Lucrezia.
22:20C'est Jénatch.
22:22Quoi? Un assassin chez moi?
22:25Et c'est mon mari qui me l'amène?
22:28C'est inouï.
22:30Je suppose que M. le Duc a considéré cela comme un fait de guerre.
22:33Mais en réalité, il s'agissait d'un véritable assassinat.
22:36On ne me dit rien.
22:38On me laisse faire un impair pareil. C'est monstrueux.
22:41De quoi je l'aire?
22:43Et cette pauvre petite?
22:46Elle doit être bouleversée.
23:13Au nom de sa majesté très catholique,
23:16Philippe IV, roi d'Espagne et des Pays-Bas.
23:26Par ordre de son excellence illustrissime,
23:30le commandant de la place forte de Fuentes.
23:34La population est à l'horizon.
23:36La somme de 100 écus d'or sera donnée à qui livrera, mort ou vif,
23:42le soi-disant colonel Georges Jénatch,
23:45appelé aussi Jurg Jénatch, hérétique et criminel.
23:51D'autre part, toute personne convaincue d'avoir hébergé,
23:55d'avoir caché, d'avoir mouri ou d'avoir assisté de quelque manière
23:59à l'assassinat de Philippe IV,
24:01toute personne convaincue d'avoir hébergé, d'avoir caché,
24:04d'avoir mouri ou d'avoir assisté de quelque manière
24:07que ce soit le dénommé Jénatch, sera accusée de trahison
24:11et condamnée aux supplices du Garot.
24:14Signé Alfonso Barriamentosa Iserano,
24:18comte de Figueras, capitaine de l'armée royale
24:22et commandant du fort de Fuentes.
24:31À mon avis, celui qui fera arrêter cette crapule de Jénatch
24:34n'aura pas volé sa récompense.
24:37Si les Espagnols s'imaginent que Jénatch va venir au départ ici,
24:41ils se mettent le doigt dans l'oeil, c'est moi qui te le dis.
24:44Pourquoi ça ? Il est bien venu une fois, non ?
24:47J'en sais quelque chose.
24:52Oui, il a payé pour le savoir.
24:55C'est le sonneur de cloche, c'est Jénatch qui l'a estropié.
24:58Il était venu avec toute une bande de grisons
25:01dans la région. Ils ont complètement dévasté l'église.
25:05Et ils l'ont précipité du haut du clocher.
25:08Mais Jénatch, il est bien trop malade pour revenir par ici.
25:16Salut, Pusatier. T'as terminé de bonheur aujourd'hui ?
25:20Il faut bien que le mortier sèche.
25:23Et pendant qu'il sèche, il y en a qui s'arrosent, pas vrai ?
25:26Toi, tu vas la fermer, Galopin.
25:28Moi, quand j'étais apprenti, je manquais jamais de respect à mon patron.
25:31Quand j'étais apprenti, je savais même pas ce que c'était que le goût du vin, moi.
25:35Alors, t'auras bientôt fini au fort ?
25:38Penses-tu, le commandant veut faire creuser deux nouveaux puits.
25:42Je me demande bien pour quoi faire.
25:44Peut-être bien qu'ils vont augmenter la garnison.
25:47Je n'en sais rien. Je n'ai pas le droit de parler aux soldats.
25:50Et puis d'ailleurs, je ne comprends pas l'espagnol.
25:53Bon, je vais rentrer. Et toi, ne traîne pas trop.
25:56Demain matin, à l'aube, tu passes me chercher. Compris ?
26:01Oui.
26:15Il est dur, le patron.
26:18Il se fait des idées. Il croit que je vais me coucher avec les poules.
26:22Ce soir, je vais pêcher l'anguille.
26:24Où ça ?
26:25Dans la dalle.
26:28Il n'y a pas d'anguille dans la dalle.
26:29Avec ça qu'il n'y a pas d'anguille dans la dalle.
26:32Mon petit gars, j'ai pêché dans la dalle avant toi et je n'ai jamais trouvé d'anguille.
26:36Viens avec moi si tu n'y crois pas. Je te montrerai les anguilles.
26:40Viens, tiens.
27:00Bonjour.
27:01Bonjour. C'est pour boire ou pour manger ?
27:05Donne-moi une soupe.
27:06Très bien.
27:08Tu n'as pas vu mon garnement d'apprenti ?
27:10Non, pourquoi ? Tu l'as perdu ?
27:12Ce sale vaurien n'est pas rentré chez sa mère cette nuit. Il n'est pas venu au travail.
27:15Je me demande où il est encore allé se fourrer, ce petit feignant.
27:18Il est là.
27:19Il est là ?
27:20Oui.
27:21Il est là ?
27:22Oui.
27:23Il est là ?
27:24Oui.
27:25Il est là ?
27:26Oui.
27:27Il est là ?
27:28Oui.
27:29Il est là ?
27:30Oui.
27:31Il est là ?
27:32Oui.
27:33Il est là ?
27:34Oui.
27:35Maintenant, laissez-le se fourrer, ce petit feignant.
27:37Je le demande donc à ce paysan-là.
27:40Ils sont allés à la pêche ensemble cette nuit.
27:44Oui.
27:45En fait, on devait y aller à la pêche, mais il n'est jamais venu.
27:48Un beau farceur, votre apprenti.
27:53On l'a fait attendre la moitié de la nuit, au bord de la rivière et...
27:58Maintenant j'ai attrapé la crève.
28:01Il doit courir la gueuse, ton apprenti. C'est tout.
28:04Ce voyou va me payer ça.
28:06T'attends seulement que je mette la main dessus.
28:08Mais d'ici là, qui est-ce qui va écarrer mes pierres
28:10et me gâcher mon mortier?
28:14Je vais bien le gâcher, si vous voulez.
28:20Toi, paysan, d'où viens-tu?
28:22T'es pas d'ici, toi.
28:24Je suis de Monte Disgracia.
28:30C'est un nom qui va très bien à ma chaîne de vie, oui.
28:32T'as pas l'accent des gars de là-haut?
28:36Tu sais, j'ai tellement roulé ma bosse.
28:42Très bien, tu vas nous montrer ce que tu sais faire.
28:46Allez, suis-moi.
28:48Allons-y.
29:02Allons-y.
29:24Donne-moi à boire.
29:28Il fait de la chaleur là-dedans.
29:30Ah!
29:32Bougre d'imbécile.
29:34Ça commence bien.
29:36Allez, abruti, va me chercher un autre cruchon.
29:40Eh, dépêche-toi.
29:46C'est pas la peine de traîner en route.
30:00C'est par ici.
30:02Suivez-moi.
30:04Un homme a une déclaration à vous faire.
30:30Un homme a une déclaration à vous faire.
31:00Trois régiments viendront renforcer.
31:04Où est ton nouvel apprenti?
31:06Il est allé me chercher à boire.
31:10Le voilà, le voilà, c'est lui, c'est lui.
31:14George Yenach.
31:20C'est à toi que je parle.
31:22Tu es George Yenach.
31:24Moi, je m'appelle Lorenzo Zanani.
31:26C'est pas vrai, c'est pas vrai.
31:28Il s'appelle Yenach, je le reconnais.
31:30C'est ce qu'on verra.
31:36Mais qu'est-ce que j'ai fait, moi?
31:38Je m'appelle Lorenzo Zanani.
31:40De feu Francesco.
31:44Je suis une montée disgrâce.
31:48Emmenez-le.
31:58Mon général, un messager vient d'apporter cette missive de la part de M. de Baudreuil.
32:02C'est urgent.
32:04Lisez-la, je vous prie.
32:14M. le Duc, je viens d'apprendre l'arrestation du colonel Françesco de Baudreuil.
32:20Il a été arrêté.
32:22Il a été arrêté.
32:24Il a été arrêté.
32:26Je viens d'apprendre l'arrestation du colonel Yenach,
32:30qui se trouve maintenant enfermé dans un cachot du fort de Fuentes.
32:34Je tiens s'enseignement d'un prêtre italien qui a assisté à un interrogatoire du prisonnier.
32:40Quoique soumis à la question, il a nié être Yenach et se prétend simple paysan de la Valtelline.
32:46Mon informateur ajoute que le colonel Yenach, sous le couvert de la confession,
32:50a réussi à lui transmettre des informations précieuses.
32:54Le prêtre se prépare à recevoir d'importants renforts, estimés, d'après lui, à trois régiments.
33:12Alors, parle, sonneur.
33:14Yenach était leur chef, Excellence.
33:17C'est lui qui lisait aux autres ce qu'ils devaient faire.
33:20C'est lui qui m'a jeté du haut du clocher.
33:22C'est lui qui m'a estropié. C'est lui.
33:30Yenach, est-ce que tu reconnais les faits ?
33:33Avoue, tu sauveras au moins ton âme.
33:36Je m'appelle Lorenzo Zanonni.
33:49Allez dire au Duc que Mademoiselle est là et que nous l'attendons.
33:52Non, laissez-moi dire d'abord.
33:54J'ai parlé de votre affaire à mon mari.
33:56Naturellement, il est tout prêt à vous aider.
33:59Mieux que vous ne l'espériez.
34:01Il vous emmènera dans l'église en lui-même.
34:04Il y va dans un mois.
34:05Dans un mois ? Mais c'est impossible.
34:08Un mois, mais je ne peux pas attendre un jour, Madame.
34:21Commandant, vous croyez vraiment que le sonneur dit la vérité ?
34:25Je ne serais pas surpris si, dans les jours qui viennent,
34:27on nous dénonçait encore deux ou trois Yenach.
34:33Enfin, pourquoi cette hâte ?
34:36Madame, depuis l'arrestation de Yenach, je n'ai pas dormi une nuit.
34:41J'ai peur, vous me comprenez.
34:43J'ai une peur affreuse de ne pas être là quand ils l'exécuteront.
34:48Mais c'est horrible, ce que vous dites là.
34:51Je sais, mais je n'y peux rien.
34:53J'attends ce moment depuis douze ans.
34:56Je veux aller à Fuentes.
34:58Je veux voir Yenach pendu à la potence.
35:00Je veux le voir de mes propres yeux.
35:02Je n'aurai pas de paix avant.
35:13Il a trouvé un prétexte pour m'emmener au bord de la dalle.
35:15Il faisait nuit noire.
35:16Quel prétexte ?
35:17Il a voulu parier avec moi qu'il n'y avait jamais eu d'anguilles dans la dalle.
35:20Ça prouve qu'il avait des intentions malveillantes,
35:22puisqu'il y en a plein d'anguilles dans la dalle.
35:25J'aime trop la vie et la mort me fait horreur.
35:29Enfin, ce n'était pas à moi de juger.
35:33Quand voulez-vous partir ?
35:34Tout de suite, madame, aujourd'hui même.
35:36Je crois que voilà mon mari.
35:38Je vous en supplie, ne lui dites pas ce que vous venez de me dire.
35:41Lui ne comprendrait pas.
35:43Après tout, cet homme se bat pour lui.
35:47Trouvez un prétexte.
35:54Mesdames, je suis à vos ordres.
35:56Mon ami, j'ai une mauvaise nouvelle pour vous.
35:58Mademoiselle de Rietberg nous quitte.
36:01Allons donc.
36:02Oh, mademoiselle, voilà en effet une fort mauvaise nouvelle.
36:05Mais pourquoi ?
36:08Monsieur, depuis la capture de Jenach,
36:11mes frères et moi, nous avons une chance
36:13d'obtenir la restitution de nos biens.
36:16C'était notre plus grand ennemi au Conseil des Ligues.
36:19Et maintenant que cet obstacle est éliminé...
36:23Enfin, il est bien éliminé, n'est-ce pas ?
36:27Je le crains.
36:29Il ne sortira pas vivant d'où il est.
36:31Ce sera une grande perte pour les Grisons.
36:37La mort d'un assassin n'est pas une perte.
36:47Jenach vous a fait beaucoup de mal, je le sais.
36:51Vous le haïssez, cet humain.
36:53Mais n'oubliez pas que s'il a versé du sang,
36:57c'était pour servir sa patrie.
37:00En frappant votre père, ce n'est pas l'homme qu'il frappait,
37:03mais le parti qu'il incarnait, l'Espagne,
37:05l'ennemi de son pays, de votre pays.
37:09Un jour, on parlera de lui comme d'un héros chez les Grisons.
37:17Cela dit, je suis à vos ordres.
37:19Quand voulez-vous partir ?
37:22Eh bien, j'ai reçu un message de mon frère.
37:25Il rentre à Rietberg et il m'ordonne de les rejoindre immédiatement.
37:29Il m'a envoyé notre serviteur Lucas pour m'accompagner.
37:32Je vois.
37:33Et quand désirez-vous partir ?
37:37Aujourd'hui même, si c'est possible.
37:40Bien, dans ce cas, je vous donnerai Wertmüller pour escorte.
37:44Monsieur, je n'ai pas besoin d'escorte, mon bon Lucas me suffira.
37:47Et puis nous aurons vos saufs-conduits.
37:49Mon ami,
37:51croyez-vous que ce jeune homme soit un compagnon de voyage convenable
37:54pour Mlle de Rietberg ?
37:56Il s'agit bien de convenance.
37:58Pour entrer chez elle, Mlle Planta devra traverser les ligues protestantes
38:01où son nom... enfin...
38:04où elle est considérée comme bannie.
38:06C'est dangereux.
38:08Votre fidèle Lucas ne fera pas grand-chose.
38:12Croyez-moi, jeune fille,
38:14la présence de Wertmüller ne sera pas inutile.
38:21Allez, continue.
38:22Pendant que j'étais baissé, il m'a donné un grand coup derrière la tête.
38:25Ça c'est vrai, le pauvre garçon a eu mal au crâne pendant plusieurs jours.
38:29Tu l'as frappé pour entrer à sa place dans la forteresse.
38:32Tu as donné un faux nom et maintenant tu persistes à dire que tu n'es pas Jenach ?
38:37C'est pas de ma faute.
38:39Si je m'appelle Lorenzo...
38:49Au nom de sa majesté, le roi Philippe IV d'Espagne.
38:52C'est bien comme ça, Gomez.
38:54Vous pouvez cacher.
38:59Le commandant du fort de Fuentes vous recevra avec tous les égards qui vous sont dus.
39:04Non, Gomez, pas mon cachet personnel.
39:06Le sceau de l'ambassade.
39:09Avec le sceau aux armes royales, ce n'est plus une recommandation, c'est un ordre.
39:14Je ne sais comment vous exprimer ma gratitude.
39:17L'ambassadeur d'Espagne ne pouvait pas faire moins pour l'orpheline du malheureux Plantin.
39:22C'était un grand ami de l'Espagne.
39:24On le lui a fait payer de sa vie.
39:26Si je devais subir son sort,
39:28je souhaiterais que ma fille ait comme vous une aussi grande soif de vengeance.
39:32Je comprends votre sentiment. Il vous fait honneur.
39:40L'ambassade de Fuentes
40:04C'est bien ce que je pensais.
40:06Si nous voulons éviter Fuentes, c'est ici qu'il faut bifurquer vers le nord.
40:10Mais je ne veux pas éviter Fuentes.
40:13Autant vous le dire, lieutenant, nous allons à Fuentes.
40:15Monsieur le lieutenant,
40:17ça fait 12 ans que mademoiselle Lucrecia attend cet instant.
40:20Et moi aussi, sauf votre respect.
40:22Cela vous surprend tellement ce que vient de vous dire, Lucas ?
40:25À la réflexion, mademoiselle,
40:27étant donné les circonstances, cela ne m'étonne guère,
40:30mais j'ai des ordres à respecter.
40:32Je dois vous conduire saine et sauve à travers les grisons.
40:35Or, si les Espagnols me reconnaissent,
40:37j'aurai toutes les chances d'aller tenir compagnie à qui vous savez.
40:42Le duc ne me le pardonnerait jamais, croyez-le.
40:46Ne craignez rien, monsieur.
40:47C'est à mon tour de vous protéger.
40:49Les Espagnols ne toucheront pas à un de vos cheveux.
40:52En route.
41:34En route.
41:52Mon commandant a une missive urgente.
41:59Faites passer.
42:01Notre ambassadeur à Venise.
42:03Le Marquis de Salinas nous envoie une visiteuse de qualité
42:05qui saura apprécier le spectacle.
42:21Mademoiselle, soyez la bienvenue dans ce lieu
42:23qui n'a jamais connu d'ornement plus gracieux.
42:25Et jamais Hazard n'aura été plus heureux
42:27si j'en crois les paroles du Marquis de Salinas.
42:30Je vous prie de me faire l'honneur de prendre place avec moi.
42:34Excellence, j'ai appris que vous avez capturé Jurg Jännatsch
42:37et que vous l'avez condamné à mort.
42:39Je vous en félicite.
42:40Vous avez de la chance, Mademoiselle.
42:42Vous arrivez juste à temps.
42:55Excellence, je ne comprends pas.
42:57Il n'y a pas de Jännatsch ici.
42:59Il n'y a pas de Jännatsch ici.
43:01Pourtant, il est là, devant vous.
43:03En chair et en os, c'est Jännatsch.
43:06Aussi vrai que je m'appelle Alfonso María Mendoza
43:09y será en un conto de figuera.
43:11Et moi, je vous dis, cet homme n'est pas Jurg Jännatsch.
43:16Attention, Lucas, il va y avoir du vilain.
43:19Je ne comprends plus rien, lieutenant.
43:21En êtes-vous sûr ?
43:23Mademoiselle, les hommes qui sont là devant vous,
43:26le révérend père Christophe en premier,
43:29ont tous reconnu formellement le criminel et l'hérétique Jurg Jännatsch
43:32en la personne de ce prisonnier.
43:34Alors, que prétendez-vous ?
43:36Qu'ils se trompent tous ?
43:37Écoutez-moi.
43:39Mon père a été assassiné sous mes yeux.
43:42Croyez-vous que j'aurais pu oublier un instant le visage de son assassin ?
43:46Et croyez-vous que je renoncerais aujourd'hui
43:48à la vengeance dont je rêve depuis des années ?
43:52Tous ces hommes ont prêté serment sur le crucifix
43:55et l'évangile.
43:57Et l'évangile ?
43:59Les accusez-vous de sacrilège ?
44:05Depuis quand les ragots d'une bande de manons
44:07ont-ils plus de poids que la parole d'une planta de Rietberg ?
44:12Croyez-moi, Excellence,
44:14je ne sais pour quelles raisons vous avez emprisonné cet homme,
44:17mais ici, on se moque de vous.
44:20Ces gens dénonceraient leur père pour quelques écus.
44:23Madame, on ne s'est jamais impunément moqués de moi.
44:26Je te vois mal partie avec tes cent écus.
44:28Je crois que tu n'auras pas le temps de les dépenser.
44:30Dans ces conditions, il ne me reste plus qu'à aller m'excuser
44:32auprès du marquis de Salinas, ce que j'ai dérangé pour rien.
44:35C'est à moi de m'excuser, Madame.
44:37Amenez-moi ce coquin !
44:44Je t'apprendrai à te moquer de moi, Vermine.
44:46Tu auras cent coups de foyer, un pour chaque écu que tu as voulu m'extorquer.
44:49Mettez ce misérable au cachot.
44:53Libérez le prisonnier.
44:56Libérez le propriétaire.
45:23On va se séparer ici.
45:26Bonne chance.
45:29Vous avez compris quelque chose?
45:31Mon vieux Lucas, vous êtes grison comme elle.
45:33Vous devriez la comprendre mieux que moi.
45:36Peut-être n'a-t-elle pas voulu abandonner au bourreau le plaisir de tuer.
45:56Bonne chance.
46:26Pourquoi avez-vous menti à l'Espagnole?
46:52Un jour,
46:54les grisons vous remercieront pour ce que vous venez de faire.
46:58Et vous?
47:00Est-ce qu'ils vous ont remercié pour ce que vous avez fait à mon père?
47:06Ils le feront un jour.
47:09Et puis,
47:13c'était lui ou moi.
47:17C'était lui.
47:18Ou moi.
47:20C'était la liberté
47:22ou l'Espagnole chez nous, vous le savez.
47:26Quelle espèce d'homme êtes-vous, Jénatch?
47:30Vous servez les Français.
47:32Mais de notre côté, vos amis vous soupçonnent d'intriguer avec les Espagnols.
47:36Les Espagnols?
47:38Et voilà que ces mêmes Espagnols veulent vous pendre.
47:42Vous n'avez pas d'amis, Jorgénatch.
47:46J'ai des amis.
47:49Les grisons sont mes amis.
47:52Et je n'en veux pas d'autres.
47:57Je servirai les Français, les Espagnols, les Autrichiens.
48:02Je servirai le diable, si ça se trouvait.
48:06Mais dis-toi bien, pauvre petite femme,
48:09que toute ma vie, je n'aurai eu qu'un maître.
48:13Mon pays.
48:14Vous êtes un homme sans foi ni loi.
48:16Vous serez capable de vous faire catholique, si ça vous arrangez.
48:19Mais alors, je me ferai Turc, s'il le fallait.
48:27Mais pourquoi?
48:30Pourquoi as-tu menti à l'Espagnol?
48:34Je vous hais, Jénatch.
48:38Un jour, je vous tuerai.
48:44Un jour, je vous tuerai.
49:15Cette singulière rencontre n'eut pas de suite
49:17et ne pouvait en avoir étant donné la diversité des deux destins.
49:21Jénatch se jeta à corps perdu dans les luttes politiques
49:24où il ne se montra pas toujours d'une probité exemplaire.
49:27Quand il compris que le duc d'Orohan n'obtiendrait pas de riches lieux
49:30qu'il restitue la Valtelline aux grisons,
49:32il se retourna contre les Français et s'allia aux Espagnols.
49:35Blessé dans son honneur, Henri d'Orohan chercha
49:38et trouva une mort glorieuse à la bataille de Reinfeldheim.
49:41Moins d'un an plus tard, le soir du lundi 24 janvier 1639,
49:45à Couart, dans l'auberge...
50:12Nous sommes prêts.
50:16Messieurs, je lève mon verre à notre ami et valeureux chef,
50:21Jurg Jénatch, et à sa politique.
50:23Bravo, bravo.
50:25Oui, oui, un jour avec les Français
50:28et le lendemain avec les Espagnols.
50:31Un jour, quelqu'un va se fâcher.
50:34Un jour, quelqu'un va se fâcher.
50:37Un jour, quelqu'un va se fâcher.
50:40Un jour, quelqu'un va se fâcher et ça pourrait mal finir.
50:46Tu oublies que si quelqu'un ici devait se fâcher,
50:50ce serait moi.
50:54Oui, j'ai fait chasser les Français,
50:57parce que les Français n'ont pas tenu leurs engagements.
51:00Je chasserai les Espagnols aussi,
51:03s'ils ne respectaient pas les promesses qu'ils nous ont faites.
51:07Bel officier, tu veux me donner ta main ?
51:10Je te prédirai l'avenir.
51:13Oui, vas-y.
51:38On ne tarda pas à apprendre
51:41que l'un des assassins de Jénatch était Rudolf,
51:44le fils de Pompée Plantat.
51:47On assure que Lucrezia était aussi parmi les gens masqués
51:50qu'elle avait apporté la hache,
51:53singulière destinée de cet homme
51:56qui fut toujours fidèle sinon à la parole donnée,
51:59du moins à l'amour qu'il avait pour son pays.
52:02Sous-titrage MFP.
52:32Sous-titrage MFP.
53:02Sous-titrage MFP.
53:32Sous-titrage MFP.

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