Gouvernement : Nicolas Sarkozy fait sa rentrée politique et souhaite un Premier ministre de droite

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Tous les week-end Pascal de la Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont au programme.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatour-Dupin.
00:07Il est 19h18, c'est Europe 1 Soir Week-end.
00:12Je suis très heureuse d'être avec vous sur l'antenne d'Europe 1.
00:15Mon rejoint dans ce studio des spécialistes de la politique.
00:20Je suis très très heureuse de vous accueillir.
00:21Et nous on est très heureux d'être avec vous Pascal.
00:23Bienvenue chez vous.
00:26On va passer de bons moments ensemble évidemment
00:28et avec les auditeurs d'Europe 1 bien sûr qui sont avec nous.
00:31Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1 est avec nous.
00:34Paul Melun, écrivain et essayiste également.
00:36Jules Torres, journaliste politique au JDD.
00:39Messieurs, j'ai l'article ici qui est sorti dans le Figaro tout à l'heure.
00:43Nicolas Sarkozy qui sort de son silence pour la première fois depuis les élections européennes.
00:48Il ne s'était pas exprimé.
00:50Mais là semble-t-il l'ancien président, l'ancien chef d'état juge
00:53que la situation en France est catastrophique.
00:57Il parle de plusieurs crises et il appelle les républicains à se mobiliser.
01:01Ça suffit, ça suffit.
01:03Les dissensions partisanes, passez au-dessus.
01:06S'il vous plaît, désignez quelqu'un qui soit capable de gouverner.
01:09Parce que pour l'instant ça fait 45 jours qu'on n'a pas de premier ministre Louis de Ragnel.
01:15Oui, les mots sont très clairs.
01:16Quand Nicolas Sarkozy dit la droite doit assumer la responsabilité de gouverner.
01:20Il dit ensuite les républicains doivent œuvrer à faire nommer un premier ministre de droite.
01:24Donc c'est extrêmement clair.
01:26C'est des propos qui ne sont pas nouveaux de Nicolas Sarkozy.
01:30Déjà en 2017, puis en 2022, Nicolas Sarkozy voulait que les républicains, son parti politique
01:36fassent un accord de gouvernement avec Emmanuel Macron.
01:39Parce que son idée initiale, c'était de faire en sorte que les républicains
01:43prennent le pouvoir un peu au gouvernement d'Emmanuel Macron
01:46en étant très soudés, en étant travailleurs et avec cette culture de gouvernement.
01:50Donc c'est vrai que ça fait depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron
01:53que Nicolas Sarkozy bouillonne en se disant
01:55pourquoi est-ce que ma famille politique se tient toujours à côté de la Macronie ?
01:59Ce qui est forcé de constater aujourd'hui, c'est vrai.
02:02Aucun patron des républicains n'a suivi la stratégie ni les conseils de Nicolas Sarkozy.
02:07Ça c'est vrai ce que dit Louis de Ragnel, Jules Torres.
02:10Pardon, mais on a vu effectivement les républicains sortir du bourreau d'Emmanuel Macron.
02:14Ils étaient d'accord sur rien, aucun accord possible.
02:17Donc peut-être que c'est aussi le moment pour Nicolas Sarkozy de dire
02:20ça suffit, il va falloir trouver des terrains d'entente.
02:23Et il entend peut-être que son candidat serait peut-être Xavier Bertrand.
02:26Bien sûr, mais le problème de Nicolas Sarkozy,
02:29et c'est à mon avis pour ça que cette interview est un coup d'épée dans l'eau,
02:32c'est que les personnes qui aujourd'hui contrôlent le parti des républicains
02:35ont décidé depuis quelques années de faire une rupture avec Nicolas Sarkozy.
02:39Souvenez-vous, Bruno Rotailleau en 2022, il disait qu'Emmanuel Macron,
02:42main dans la main avec Nicolas Sarkozy, menait une déstabilisation de la droite.
02:47Laurent Wauquiez, lui, il essaye de le ménager le plus possible.
02:50Nicolas Sarkozy, c'est d'ailleurs pour ça qu'il avait tenté d'imposer
02:53Brice Hortefeux sur la liste aux européennes,
02:56c'est pour contenter Nicolas Sarkozy et ne pas le froisser.
02:59Ce que vous dites du autoré, c'est que Nicolas Sarkozy, finalement,
03:02il n'a plus l'aura qu'il avait à droite dans sa famille ?
03:05Oui, complètement. Parce qu'il a aussi voulu ne pas avoir de successeur.
03:09On pense à Xavier Bertrand, il n'a jamais voulu que lui
03:12prenne la direction du parti, il ne l'a jamais soutenu.
03:16Eric Ciotti, c'est pareil, quand il disait qu'il avait pris la présidence
03:19des Républicains, il disait « j'ai été déçu que Nicolas Sarkozy
03:22ne me soutienne pas ». Malheureusement, je ne suis pas sûr
03:25que cet appel soit vain. Nous, d'ailleurs, on a proposé
03:28une interview pour ce week-end à Laurent Wauquiez, il nous dit
03:30« on ne répondra pas, on va attendre, on ne subit pas la pression ».
03:33Vous voyez, c'est intéressant, personne ne va réagir à droite ce week-end.
03:36Il n'est pas très aimable avec Laurent Wauquiez, dans le papier du Figaro.
03:39Nicolas Sarkozy, c'est assez normal, je pense qu'il ne veuille pas réagir.
03:42Bien sûr, il dit à Laurent Wauquiez et à la droite
03:45« rejoignez Emmanuel Macron, parce qu'aujourd'hui
03:48il faut avoir une hauteur de vue, détachez-vous de 2027 ».
03:51Et il dit surtout « aucun risque de se dissoudre
03:54aujourd'hui dans le macronisme, si vous êtes fort,
03:57vous ne vous dissolvez pas ». Et finalement, c'est un petit peu la critique
04:00qu'il y a envers Laurent Wauquiez, c'est qu'il choisit toujours le coup d'après
04:03et à force de choisir le coup d'après, il va finir par le rater.
04:06Souvenez-vous du petit mot de Marine Le Pen, « Laurent Wauquiez, c'est le taureau
04:09qui ne veut pas aller à la corrida ». Je pense qu'on est complètement là-dedans.
04:13Ecoutez, moi ce que je pense, c'est que Nicolas Sarkozy a raison au moins sur un point,
04:16c'est que l'ADN de sa famille politique, l'ADN je dirais
04:19gaulliste des Républicains, c'est de gouverner.
04:22C'est dans les moments de trouble, dans les moments de doute,
04:25dans les moments où la démocratie est fracturée, de dire « nous sommes là
04:28pour exercer le pouvoir et pour exercer la continuité
04:31de l'État ». Et que ce parti n'est pas conçu
04:34et n'a pas été conçu pour être dans l'opposition
04:37ad vitam aeternam. Donc, sa parole doit être
04:40entendue. Et si Nicolas Sarkozy tient cette parole
04:43en ce moment, c'est parce qu'il pense que sa parole peut être
04:46déterminante et qu'elle peut faire pencher.
04:49Moi je pense que là où Jules a raison, c'est qu'aujourd'hui
04:52la parole de Nicolas Sarkozy est largement
04:55démonétisée au sein des LR, comme d'ailleurs celle de François Hollande au sein
04:58du Parti Socialiste. Cependant, auprès de l'électorat,
05:01Nicolas Sarkozy compte énormément. C'est l'ancien
05:04président de la République, il incarne la droite et d'ailleurs,
05:07depuis lui, pas grand monde au sein de l'LR n'a su incarner
05:10sa famille politique avec le même poids que lui.
05:13Les autres à côté, sans leur faire offense, sont un peu des nains à l'échelle
05:16de l'histoire. Lui, là, ces 20 dernières années, à droite, on retiendra Nicolas Sarkozy.
05:19Mais c'est vrai que Nicolas Sarkozy a énormément
05:22de fans. Il suffit de voir les dédicaces pour ses livres. Il n'y a pas un politique
05:25Il a du charisme Nicolas Sarkozy. Qu'on l'aime ou qu'on l'aime pas,
05:28Nicolas Sarkozy a du charisme. Mais c'est un charisme qui ne
05:31se traduit pas forcément par une obéissance absolue
05:34alors qu'il professe des consignes. Et on l'a vu à plusieurs reprises,
05:37Nicolas Sarkozy donnait des consignes, incitait sa famille à aller
05:40dans telle ou telle direction. Et de plus en plus,
05:43on observe que sa famille politique ne le suit pas.
05:46Ensuite, ce que je trouve intéressant, et ça Nicolas Sarkozy ne l'a pas perdu,
05:49c'est quand il dresse des diagnostics sur la situation.
05:52Je me souviens de l'entretien, le dernier entretien
05:55que Nicolas Sarkozy avait accordé à la presse écrite, c'était au journal
05:58du dimanche, au moment des dernières élections législatives,
06:01et où il avait parlé de la Russie, il avait parlé du contexte géopolitique.
06:04Et là, Nicolas Sarkozy parle des défis
06:07qui se présentent à la France, si on peut simplement
06:10les citer. Il dit que la France est face à
06:13trois crises simultanées qui peuvent exploser, soit
06:16en même temps, soit successivement. D'abord la crise financière,
06:19la crise sociale, il dit d'ailleurs que c'est une triste tradition
06:22française. Et enfin la crise politique, et là il a des mots
06:25extrêmement durs. La France est au bord du précipice.
06:28Derrière, en filigrane, il ne le dit pas explicitement,
06:31mais c'est une critique extrêmement forte contre ce que fait Emmanuel Macron.
06:34Il redit que la dissolution était une erreur,
06:37ce sont ses mots. Ensuite, c'est assez amusant, il était surpris,
06:40mais moi aussi j'étais surpris, donc je me sens un peu moins seul.
06:43Du succès du Front Républicain.
06:46Voilà, du succès du Front Républicain. Il dit,
06:49j'avais pas du tout perçu, je pensais pas, que le Front Républicain
06:52allait fonctionner de manière aussi efficace. Voilà, si on revient quand même
06:55aux trois crises que la France
06:58va affronter selon lui, force est de constater
07:01aujourd'hui qu'on est absolument pas prêt. On a une classe politique
07:04qui est très faible, on doit voter un budget, on sait absolument pas comment
07:07ça va se produire. Et puis enfin, cette crise politique dont il parle...
07:10Mais il agite le chiffon rouge. Rien ne va,
07:13rien ne va, il faut trouver des solutions notamment.
07:16Trouver un Premier Ministre... Et sur la France insoumise, je termine
07:19simplement par là, il parle quand même de la France insoumise
07:23La France insoumise cherche à faire un coup d'Etat.
07:26Il dit que la France insoumise aujourd'hui ne veut pas gouverner.
07:29Que la France insoumise ne veut pas gouverner, mais ils sont prêts à faire un coup d'Etat.
07:32Et donc quand ça, ça représente une sorte de coup d'Etat, dans le sens où
07:35ils cristallisent la tension autour d'eux au sein du Front Populaire,
07:38disent qu'ils censureraient même aujourd'hui un gouvernement qui serait
07:41dirigé par Bernard Cazeneuve. Donc on voit bien que Jean-Luc Mélenchon, il vise
07:442027, et moi je pense que c'est ça finalement, moi la chose
07:47qui m'intéresse le plus, c'est qu'il appelle tout le monde, il implore
07:50tout le monde d'arrêter de penser à la présidentielle, et il nous dit finalement
07:53que la vie politique française depuis des années est malade de son obsession
07:56pour la présidentielle. Laurent Wauquiez...
07:58Vous faites de la politique depuis des années, vous savez très bien que ça y est,
08:01les candidats sont déjà sur 2027, c'est terrible ! Non mais c'est vrai !
08:04C'est ce qui est intéressant, c'est que Mélenchon pense déjà à 2027,
08:07Marine Le Pen, c'est exactement la même chose, pense à 2027,
08:10Laurent Wauquiez pense à 2027, et au final, finalement...
08:13Mais personne veut s'occuper de moi !
08:16Une toute petite nuance, c'est qu'on est dans un pays qui est devenu
08:19une étrangeté démocratique, où globalement, si vous êtes dans l'opposition,
08:22ça ne sert à rien. Et donc forcément, les partis d'opposition,
08:25et ça ce n'est pas une critique uniquement
08:28contre Emmanuel Macron, ou contre d'autres présidents de la République,
08:31ça ne sert à rien, quasiment à rien, c'est plus à rien...
08:34Mais ça a l'esprit de la Constitution de la Ve République ! Non, parce que je me souviens
08:37et ce n'est pas forcément pour dire que c'était mieux avant, mais sous Jacques Chirac,
08:40sous François Mitterrand, il y avait cette culture, non pas
08:43du compromis, mais si vous voulez, dans les commissions
08:46parlementaires, les députés avaient l'habitude de travailler ensemble, ça faisait 1, 2,
08:493, 4, 5, 6 mandats qu'ils étaient ensemble, et
08:52il était de coutume d'accepter un certain nombre de propositions
08:55des partis d'opposition, ça se faisait. Aujourd'hui,
08:58ça c'est complètement mort, c'est complètement terminé, et donc
09:01je peux comprendre aussi certains élus d'opposition qui disent
09:04mais moi j'ai beau proposer tout ce que je veux, ce sera toujours non,
09:07et personne ne m'écoute. Moi aussi, ce qui m'interpelle aujourd'hui, je parle
09:10souvent de contrôle, c'est-à-dire que les partis à gauche et à droite
09:13dit modérés, donc on pense aux républicains, on pense aux
09:16OPS, sont divisés. C'est-à-dire qu'on a une France aujourd'hui
09:19effectivement avec deux extrêmes, on a deux blocs qui
09:22s'affrontent, et au milieu, on va en parler,
09:25on en parlera notamment avec Raquel Garrido.
09:28Quand vous êtes faible, vous êtes divisé, vous avez raison.
09:31Quand il y a un leader charismatique, comme on disait autrefois,
09:34qui s'impose naturellement la tête d'un parti politique, il n'y a aucun problème
09:37de gouvernance et d'autorité. Quand vous avez Olivier Faure,
09:41mais évidemment, la première tentation, si vous êtes élu socialiste,
09:44c'est d'essayer de le désituer.
09:47Olivier Faure, on vous remercie.
09:50On ira justement à l'université d'été du PS
09:53à Blois tout à l'heure, vous allez rester avec nous
09:56dans un tout petit instant, c'est une exclusivité Europe 1,
09:59Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation sera mon invité,
10:02il sera à 19h45, il va réagir pour la première fois
10:05à la vente de 12 Rafales à la Serbie, alors qu'Emmanuel Macron
10:08est arrivé là en fin d'après-midi en France
10:11à son retour de son déplacement à Belgrade.
10:20On est toujours en studio, toujours en studio avec le chef du service politique
10:23d'Europe 1, Louis de Ragnel, Jules Thorez, journaliste politique
10:26au JDD, Paul Melun, essayiste, écrivain
10:29également, évidemment, revient
10:32sur cet entretien, un long entretien au Figaro
10:35de Nicolas Sarkozy, tiens juste un petit mot, je rebondis
10:38sur ce que disait Maël, on a parlé de Xavier Bertrand
10:41de Laurent Wauquiez qui était exclu, Xavier Bertrand
10:44il tenait la corde pour Nicolas Sarkozy pour incarner un Premier Ministre, pas Laurent Wauquiez
10:47pas Valérie Pécresse non plus qui l'exclut
10:50et pas non plus Bernard Cazeneuve.
10:53Non, mais ça c'est moins étonnant. Franchement c'est moins étonnant.
10:56Il est plutôt sympathique avec Bernard Cazeneuve, évidemment
10:59il n'appartient pas à sa paroisse, mais il dit que quand même
11:02c'est la tête unique d'un hollandisme finissant, c'est absolument pas
11:05la ligne qu'il voudrait au gouvernement, parce que le nom
11:08qu'on entend le plus ces derniers jours, c'est quand même celui de Bernard Cazeneuve
11:11alors hier, Ségolène Royal a fait un acte de candidature
11:14un petit peu baroque, c'était la première fois que je voyais ça
11:17Elle a dit qu'elle était disponible.
11:20Mais donc, quand même, plus on entend Bernard Cazeneuve
11:23moins je crois que ce sera le Premier Ministre la semaine prochaine.
11:26Vous avez remarqué, parce que vous l'avez dit Pascal
11:29aujourd'hui tout le monde est candidat pour être Premier Ministre
11:32Tout le monde est disponible.
11:35Il n'y a pas si longtemps que ça, tout ça c'était des coulisses
11:38des campagnes un peu secrètes, là maintenant tout le monde se dit
11:41en fait moi j'ai envie de ce boulot.
11:44C'est complètement dingue, et je trouve que c'est un symptôme un peu de l'effondrement
11:47du niveau de la classe politique, parce que autrefois
11:50il y avait des députés qui savaient très bien que jamais ils ne seraient
11:53choisis Premier Ministre, et ça leur allait très bien.
11:56Et puis, vous ne voulez pas être Premier Ministre, Jules Thorel ?
11:59Pourquoi pas, mais on pourrait être Premier Ministre.
12:02On serait contents quand même de vous garder.
12:05Vous savez, ça fait un mois qu'il est devant Mme Caster
12:08qui est inconnue, qui est à la mairie de Paris
12:11C'est aussi un Premier Ministre alors qu'elle ne l'a jamais été.
12:14Ce n'est pas que le déclin politique, même si je suis d'accord sur le constat
12:17c'est aussi la tripartisation de la vie politique qui fait que du coup
12:20il y a beaucoup plus de candidats différents qui peuvent prétendre au poste
12:24La dislocation de la vie politique, d'abord, n'est pas que le fait
12:27d'Emmanuel Macron, en plus, c'est aussi le fait des électeurs
12:30qui ont choisi cette issue-là, notamment avec la vigueur
12:33du Front Républicain. Mais aujourd'hui, il y a effectivement
12:36beaucoup de prétendants possibles, et je crois qu'Emmanuel Macron
12:39s'amuse de là où il est, de toutes ses candidatures
12:42les regarde, que les bruits de couloir que l'on donne aux uns et aux autres
12:45notamment aux conseillers et qu'on redonne ensuite aux médias
12:48créent cette ambiance un peu particulière, qui c'est vrai, est un peu inédite.
12:51Mais alors, ça fait 45 jours maintenant, 45 jours
12:54que la France est gouvernée, on va dire
12:57ça tangue, on ne sait pas où on va, ça fait 45 jours
13:00qu'on n'a pas de Premier Ministre nommé, on n'a que
13:03des démissionnaires, ça va durer combien de temps, Louis ?
13:06C'est qu'on ait un gouvernement avant Noël, ce serait quand même pas mal
13:09Louis, franchement
13:12Vous croyez que c'est possible ? De manière très sérieuse
13:15et promis, cette fois je suis beaucoup plus court que pour les précédents
13:19On va avoir, oui, un Premier Ministre
13:22mais qui sera à la tête toujours d'un gouvernement démissionnaire qu'il n'a pas choisi
13:25ensuite va démarrer la phase de constitution
13:28du gouvernement, et alors là, ça va être
13:31et je pense, parce qu'Emmanuel Macron a en tête l'idée
13:34d'avoir un gouvernement qui n'est pas renversé
13:37mais le risque, c'est d'avoir un gouvernement qui ressemble à une paella
13:40il y aura un peu de tout, un peu de gauche, un peu de droite, un peu de centre
13:43un peu de fonctionnaire, surtout pas trop politique
13:46mais à la fin, le problème, c'est qu'en fait, la situation exige
13:49d'avoir des politiques forts, puissants, avec de l'envergure
13:52de l'étoffe, pour pouvoir piloter les administrations, faire des choix un peu courageux
13:55et je crains qu'on se retrouve avec un gouvernement
13:58très faible, et donc qui prend très peu de mesures, qui est complètement
14:01coincé, avec un parlement qui a beaucoup de pouvoir
14:04mais qui ne peut pas prendre de décision parce qu'il est complètement éclaté
14:07donc, il va falloir s'habituer à vivre comme ça
14:10C'est terrible ce que vous nous dites !
14:13Non, ça ne se voit pas là, ça ne se voit pas du tout
14:16Jules Torres, est-ce que la France peut rester entre guillemets
14:19ingouvernable, comme ça encore pendant des mois ?
14:22La crainte, c'était intéressant dans ce que Louis disait
14:25sur le fait que tout le monde aujourd'hui se déclarait candidat
14:28pour être Premier ministre, et c'est aussi intéressant de voir le nombre de ministres
14:31qui aujourd'hui sont démissionnaires, mais qui veulent rester, et qui ont fait acte de candidat
14:34Ils sont très attachés à la voiture à cocarde
14:37à tous les avantages que peuvent procurer
14:40le fait d'être ministre. Il y a eu un papier, je crois, hier dans le Figaro
14:43qui disait qu'entre 10 et 15 ministres
14:46aujourd'hui du gouvernement veulent absolument rester
14:49et ont déjà lancé les tractations pour rester dans le prochain gouvernement
14:52Il y en a qui veulent partir aussi, et qui sont empêchés de partir
14:55Donc vous voyez, ça contribue aussi à l'affaissement de notre vie politique
14:58et au niveau de notre débat politique
15:01Alors après, est-ce que ce sera gouvernable ou ingouvernable ?
15:04Ça, malheureusement, je n'ai pas pour l'instant les clés
15:07Mais dans une majorité, dans une assemblée nationale aussi fragmentée
15:10où ça va être très difficile de gouverner
15:13et toujours sous le coup de l'épée de Damoclès
15:16de la motion de censure, à mon avis, ça va être très compliqué
15:19Évidemment, situation très compliquée, on n'a pas la réponse
15:22Je sens, Pascal, que vous cherchez un truc positif
15:25L'inflation est à 2%, Pascal
15:28On en a parlé sur le journal
15:31Et partagez votre heure avec Lou Dragnel et Paul Meur
15:34Et je lui tourne évidemment
15:37Vous avez l'humilité de ne pas me chiter, c'est bien
15:40Question, est-ce que Emmanuel Macron peut-être
15:43entre guillemets, j'ai peut-être utilisé un terme qui n'est pas approprié
15:46mais s'amuse de cette situation, c'est-à-dire qu'il consulte à droite, à gauche, il prend son temps
15:49Vous me dites oui
15:52Vous êtes tranquille
15:55Sans trahir de secret, c'est un grand lecteur du prince de Machiavel
15:58et je pense qu'il s'amuse beaucoup
16:01Il y a beaucoup de chapitres du prince de Machiavel qui sont consacrés à la façon dont le prince doit traiter ses ministres
16:04Parfois avec des égards, parfois avec des avantages
16:07Parfois en les congédiant, parfois en les exilant
16:10Et que par ce petit jeu, on occupait une place solaire dans le système politique
16:13Et je crois que ce président jupitérien aime cette place solaire
16:16Qu'il aime être le maître des horloges
16:19Qu'il le l'est de moins en moins
16:22Parce que là, la crise politique que nous vivons actuellement
16:25a démonétisé aussi une partie considérable de son pouvoir
16:28Il n'a pas de majorité absolue
16:31L'Emmanuel Macron de 2017 n'est pas du tout le même que l'Emmanuel Macron de 2024
16:34Et pour autant, il conserve, et ça c'est un violet goli
16:37C'est le violet de notre constitution, ce pouvoir immense
16:40qui est celui de nommer le premier ministre
16:43Et il a bien la volonté en lui de profiter de ce pouvoir jusqu'au bout
16:46Et de jouer avec nos nerfs, analystes, commentateurs, écrivains, journalistes
16:49En se disant, je vais continuer
16:52Le problème c'est que ce petit jeu là, il serait juste drôle
16:55Et c'est aussi malsain au niveau de la démocratie
16:58Parce que nos compatriotes se disent, mais qui va travailler sur le pouvoir d'achat ?
17:01Qui va travailler sur la sécurité ? Qui va travailler sur la question migratoire ?
17:04Qui va travailler pour redonner du pouvoir démocratique au peuple ?
17:07C'était une des déoléances des gilets jaunes
17:10Tous ces sujets là, ils sont en jachère avec ce gouvernement des missionnaires
17:13Et ça, c'est pas une bonne nouvelle du tout
17:16C'est vrai, je voudrais juste rebondir sur ce que vous disiez
17:19Effectivement, Paul Melun, c'est très intéressant
17:22Les gilets jaunes qui tenaient des conférences
17:25Avec des prises de parole, ça durait 6h, 7h
17:28Vous vous souvenez du grand débat ?
17:31On a plus du tout ça, on le sent un petit peu, pardon, mais usé par le pouvoir
17:34Emmanuel Macron, est-ce que vous partagez aussi ce sentiment ?
17:37Vous savez, je cherchais tout à l'heure
17:40A quand remonte le dernier déplacement d'Emmanuel Macron sur le territoire français
17:43A la rencontre d'habitants français de manière très libre
17:46Et je me suis dit que ça remontait très longtemps
17:49La dernière fois qu'il a vraiment fait un déplacement, c'était à l'Île-de-Sein
17:52Il en a fait un à l'occasion du débarquement de Provence
17:55C'était juste un discours, mais il n'y avait pas de grand déplacement
17:58A la rencontre des Français
18:01Et pourtant...
18:04Ces déplacements, peut-être pour des raisons sécuritaires
18:07C'est vrai qu'il y a une contestation
18:10Ou pour des raisons de communication, parce que se faire huer quand vous êtes président de la République
18:13On se souvient de ces images de France, ça s'organise
18:16Ce n'est pas très difficile à organiser, vous mettez des barrières partout
18:19Vous faites les contrôles d'identité
18:22Vous avez raison, sauf qu'aujourd'hui la presse le montre
18:25Il y a des chaînes d'infos qui vous disent qu'il y a un gardien, et les réseaux sociaux
18:28Mais pour rebondir sur ce que disait Paul Melin qui était très intéressant
18:31Moi je pense qu'Emmanuel Macron vit presque sa meilleure vie
18:34Non mais il faut plaisanter, Louis Dranel
18:37Les deux présidents de la République, Jacques Chirac et François Mitterrand
18:40Qui ont fait deux mandats, le confier à leurs proches
18:44Au moment du premier mandat, votre pire ennemi c'est l'opposition
18:47Et une fois que vous êtes réélu
18:50Le pire truc qui existe c'est votre majorité, c'est vos amis
18:53Parce qu'ils vous demandent tous des services, parce qu'ils connaissent tous vos défauts
18:56Parce qu'ils veulent tous vous remplacer
18:59Emmanuel Macron en ce moment est débarrassé non seulement de l'opposition
19:02Mais aussi de sa propre majorité, et même de son premier ministre
19:05Ça vous donne une...
19:08La particularité d'Emmanuel Macron c'est qu'il a dynamité sa propre majorité
19:11C'est bien différent de Chirac ou de François Mitterrand
19:14Mais il en est débarrassé d'une certaine manière
19:17L'un et l'autre avaient quand même mis de près ou de loin leur succession en place
19:20Ce qu'on peut reprocher à Emmanuel Macron c'est que s'il se veut homme d'état
19:23Et qu'il veut exercer la continuité, il a beaucoup parlé de stabilité ces derniers jours
19:26Et bien il faudrait qu'il réfléchisse à sa succession
19:29Qu'il réfléchisse à la structuration de son parti
19:32Or là il s'amuse avec les différentes cartes qu'il a dans son jeu
19:35Et précisément ce n'est pas dans sa nature, et il a préféré balancer cette grenade
19:38Avec sa dissolution, et il les a tous tués
19:41Edouard Philippe, Gabriel Attal, ils ont une relation aujourd'hui qui est absolument exécrable
19:44Elisabeth Borne ne veut même pas en entendre parler
19:47C'est devenu aujourd'hui d'une violence terrible
19:50Et pendant ce temps là, c'est un sujet, parce qu'il nous reste peu de temps sur ce dossier
19:53Que je voudrais aborder pendant ce temps là
19:56La France va mal également sur le terrain, on va aborder quand même les questions sécuritaires
19:59La sécurité s'est abordée aussi par Nicolas Sarkozy dans cette interview
20:02A Mougin, ce gendarme tué lors d'un refus d'obtempérer
20:05Un homme déjà condamné dix fois par la justice
20:08Sa veuve qui accuse la France d'avoir tué son mari
20:11Là aussi, je voudrais qu'on y revienne
20:14Il y a la crise politique, il y a la crise sécuritaire
20:17La crise sociale, Jules Torres
20:20Que fait-on ?
20:23Je ne sais pas si Emmanuel Macron vit sa meilleure vie
20:26Mais les gens qui le connaissent et qui l'entourent disent en tout cas
20:29Qu'il y a une chose qui l'intéresse, c'est quelle trace il laissera dans l'histoire
20:33Quand on fera le débrief en 2028
20:36A quoi on pensera ?
20:39On pensera au gilet jaune
20:42On pensera au fiasco de la loi immigration
20:45On pensera au fiasco des retraites
20:48Et on pensera évidemment au fiasco de ces 50 jours
20:51Et je dirais même de ces 100 jours
20:54Parce que ça dure depuis les élections européennes
20:57Emmanuel Macron s'est félicité de la parenthèse enchantée des Jeux Olympiques
21:00Et on a le réel qui revient de la manière la plus brutale possible
21:03C'est-à-dire qu'on a en effet lundi ce gendarme
21:06Qui est tué par un multirécidiviste capverdien
21:09Qui n'aurait jamais dû être encore sur le territoire
21:12On a ce matin une petite fillette de 7 ans
21:15Qui est percutée par un racaille à Valoris
21:18Où il y a 25 000 refus d'obtempérer aujourd'hui en France
21:21Il y a un laxisme judiciaire incroyable
21:24Et le problème c'est qu'avec un gouvernement divisionnaire
21:27On ne gère que les affaires courantes et on ne peut pas anticiper
21:30On ne peut pas agir et faire de grandes réformes
21:33On va aborder ce volet sécuritaire dans un instant
21:36Il est 19h44 sur Europe 1
21:39Restez avec nous, il y a une exclusivité Europe 1
21:42Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation sera mon invité
21:45Dans une petite minute il va réagir pour la première fois
21:48A la vente de 12 Rafales à la Serbie
21:51Alors qu'Emmanuel Macron vient de rentrer en France

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