• il y a 2 mois
Cette discipline a joué un rôle crucial dans son parcours, tant sur le plan sportif que personnel et professionnel.
Une carrière sportive exceptionnelle
Lamour a commencé l'escrime à l'âge de 7 ans, poussé par sa mère qui cherchait à canaliser son énergie débordante. Il s'est rapidement passionné pour ce sport, appréciant particulièrement l'alliance entre le combat et l'élégance du geste, ainsi que la relation de respect entre le maître d'armes et l'élève. Sa carrière d'escrimeur a été remarquable :

13 fois champion de France
Double champion olympique (Los Angeles 1984 et Séoul 1988)
Champion du monde en 1987

Un tremplin vers la politique
L'escrime a également ouvert à Lamour les portes de la politique. C'est grâce à sa performance aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984 que Jacques Chirac l'a remarqué. Cette rencontre a conduit Lamour à devenir conseiller pour le sport à la mairie de Paris en 1993, marquant le début de sa carrière politique.
Un héritage durable
Lamour souligne que l'escrime lui a inculqué des valeurs essentielles telles que le respect, la camaraderie, l'abnégation et le courage. Ces valeurs l'ont accompagné tout au long de sa carrière, tant dans le sport que dans la politique.

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Transcription
00:00Le sabre c'est une arme assez particulière par rapport aux deux autres armes qui constituent
00:13le monde de l'escrime, fleuret, épée et sabre. Le sabre c'est la seule arme avec laquelle on
00:19peut toucher avec ce qu'on appelle le tranchant. C'est l'arme de Zorro. Ça Zorro c'est son arme
00:26avec une sorte de coquille qui enveloppe la main. Je peux dire que l'escrime c'est ce qui a construit
00:30toute ma vie. J'avais une maman qui était institutrice et j'étais à 7 ans dans le
00:50même établissement qu'elle et j'étais extrêmement turbulent. Ma mère n'y tenant plus est allée
00:56voir le pédiatre de la famille et le pédiatre n'a pas trouvé mieux que de proposer à ma mère de
01:02m'inscrire dans un club d'escrime. Et ce club d'escrime était présidé, était animé par un
01:08maître d'armes militaire et le pédiatre le savait. Et le pédiatre a dit à ma mère vous allez voir il
01:16va le remettre un peu dans le droit chemin. Et progressivement, je ne dis pas que ça s'est fait
01:20tout de suite, mais progressivement ce maître d'armes m'a donné une envie quoi. Voilà en tout
01:25cas un cap, un objectif. Et je pense que le déclic c'est quand j'étais champion de France au moins
01:31de 15 ans. C'est bizarre, c'est pas grand chose champion de France au moins de 15 ans. C'était
01:36donc dans les débuts des années 70. Celui-là il marque un changement assez radical dans mon rapport
01:46à l'escrime. Mon maître d'armes aussi, le maître Augustin Parent, je crois qu'il notait tout sur un
01:52carnet. Et j'ai récupéré ces carnets où je voyais un peu ses analyses, ses observations me concernant.
01:59Je lis le changement dans son analyse. Comme s'il sentait que j'avais compris que c'était quelque
02:06chose qui allait me conduire à me développer, à améliorer mon rapport à la société. Un sportif de
02:14haut niveau c'est quelqu'un d'extrêmement déséquilibré dans son comportement. Il est toujours à la
02:19recherche de l'excellence, du petit plus qui va le faire monter sur le podium par rapport à un autre.
02:26Donc si vous n'êtes pas bien accompagné, bien encadré dans votre parcours de haut niveau, vous risquez
02:32la sortie de route. Et donc ça m'a construit, c'est une évidence, mais je le dois bien sûr aux efforts
02:40fournis, aux choix aussi dans ma vie, pas des sacrifices mais des choix, mais aussi à celles et
02:45ceux qui m'ont encadré, mes parents aussi, qui m'ont laissé quand même la bride sur le cou. Ils auraient
02:50pu dire écoute arrête avec ça, concentre-toi sur tes études. Ils m'ont laissé faire aussi. Je le dis
02:56aujourd'hui parce que s'ils n'avaient pas fait confiance au maître d'armes, je pense qu'il
03:01m'aurait demandé peut-être d'arrêter quand j'avais 15-16 ans. Or ils m'ont encouragé à continuer.
03:10À l'approche des Jeux de Moscou, j'entends que peut-être on ne va pas y aller, alors que c'était
03:27peut-être ma première expérience. Il y avait énormément de déceptions et de frustrations,
03:32énormément. Quelques mois plus tôt, la Russie, l'URSS à l'époque, envahit l'Afghanistan.
03:39Réaction immédiate d'un certain nombre de pays occidentaux. Nous n'irons pas aux Jeux de Moscou.
03:46La France est située à mi-chemin entre ces deux positions. Nous n'avons pas suivi les Etats-Unis,
03:53qui ont boycotté avec un certain nombre d'autres pays, mais nous y sommes allés. Écoutez bien,
03:59sans hymne, sans drapeau, nous n'avons pas défilé. À chaque fois qu'un athlète français montait sur
04:05le podium, il montait avec le drapeau olympique qui montait derrière lui. Ça, c'est un acte
04:12politique. C'est terrible. C'est terrible pour un athlète en particulier de ne pas représenter son
04:17pays lors des Jeux olympiques. C'est un geste fort auquel je suis d'ailleurs, moi, totalement opposé.
04:24J'avais fait une déclaration à la presse où, en gros, je critiquais Giscard, à ma manière,
04:30en disant pourquoi est-ce qu'on nous interdirait d'aller à Moscou, ça fait quatre ans qu'on se
04:34prépare, etc. Donc, gentiment, le conseiller de l'époque de Giscard m'avait invité, puisque
04:40convoqué à l'Élysée, en m'expliquant que la politique, c'était quelque chose de très important
04:45et qu'il fallait se plier aux décisions du Président de la République. Bon, j'avais été
04:50assez impressionné à l'époque par tout ça. J'avais écouté, donc je m'étais écrasé par la suite.
04:56Et puis finalement, on y était allés, certes dans des conditions très particulières, mais on y était
05:01allés. J'ai terminé à l'époque 25e. J'étais le seul Français, d'ailleurs, à être entré sans médaille
05:06en escrime, donc ça, ça m'a beaucoup marqué. Et puis le fait d'avoir vécu la série ou une ouverture
05:12sans pouvoir y participer, c'est un mauvais début quand on veut participer de manière forte aux
05:19Jeux olympiques. Voilà, donc c'est pas un très bon souvenir, mais ça forge le caractère.
05:24Après les Jeux de Moscou 80 et les Championnats du monde, d'ailleurs, qui ont lieu à Clermont-Ferrand
05:33en 80, on est au fond du trou, le sable. On termine par équipe 9 ou 10e derrière la Grande-Bretagne,
05:40ce qui était une honte, ça, très clairement. Et là, on a la chance d'avoir un directeur
05:48technique national, Jean-Michel Loprendek, qui dit on ne peut pas continuer comme ça,
05:52on ne peut pas rester entre Français, il faut faire venir un entraîneur étranger.
05:56Et donc Cepesci arrive six mois plus tard avec ses méthodes, à la hongroise. Un volume de travail
06:05multiplié par cinq. Là où on s'entraînait une heure, une heure et demie par jour, on passe à cinq
06:12heures par jour. Une qualité de travail aussi, de leçons qui n'avaient rien à voir avec ce qu'on
06:18avait connu précédemment. Cepesci nous avait dit une chose, il avait dit je me donne huit ans
06:23pour qu'on soit au plus haut niveau. Donc notre objectif c'était pas Los Angeles, c'était Séoul
06:3088. Donc on commençait à avoir quelques résultats en 83, mais 84 on le prend comme une étape. C'est
06:39des jeux, ce n'est pas n'importe quelle étape.
06:41Il se trouve qu'il y a des conditions particulières. Évidemment les Russes
07:11qui s'étaient fait maltraiter en 80 rendent la pareille aux Américains et ils ne viennent pas.
07:16Donc on a quand même pas mal de Nations de l'Est qui ne sont pas à Los Angeles. Et puis je gagne,
07:21voilà. Et on fait médaille d'argent par équipe et on a même d'ailleurs un autre tireur qui est en
07:25demi-finale. Et on prend ça comme un formidable encouragement. On se dit mais ça y est là,
07:31il y a quelque chose. La mayonnaise a pris, ce qu'il nous a dit, on le respecte, on respecte
07:38notre plan de charge, notre feuille de route. On est sur la bonne voie. Donc on est reparti de
07:46Los Angeles mais gonflé à bloc. On y va avec la certitude qu'on avait tout fait pour être bien
08:02préparé au jeu de Séoul, évidemment. On avait vu la progression. J'avais gagné les championnats
08:07du monde en 87. On avait fait médaille de bronze par équipe. On était au top. Je gagne et je
08:15gagne bien ma finale en individuelle contre un Polonais, Janusz Szolek. J'étais vraiment au top,
08:20voilà. Et donc ce deuxième titre, c'est vraiment la consécration. Je ne sais pas comment on peut
08:28exprimer ça, un peu comme un compagnon du Tour de France qui finit son chef d'oeuvre, pas que moi,
08:35mais mon maître d'armes, les gens de l'équipe. On s'était préparé pour ça, on s'était fixé un
08:41objectif et on l'atteignait comme on l'avait dit. Ça je peux vous assurer que je me retourne sur mon
08:49passé et quand j'ai commencé à sept ans et demi et je me dis, ben voilà quoi, il y a quelque chose,
08:55enfin j'ai fait quelque chose de ma vie.
09:05Je portais le drapeau pour les derniers Jeux. C'était quelque chose d'assez unique et d'assez
09:19exceptionnel. Et puis on s'était fait là aussi une promesse, qu'il faut se faire des promesses un
09:25peu dans un groupe comme ça pour avancer. Comme on n'avait pas gagné de médaille par équipe à Los
09:30Angeles, encore une fois à cause d'un arbitre, on va dire un peu tatillon pour ne pas dire
09:35plus. Moi j'avais dit, malgré peut-être le fait que je commençais déjà à fatiguer, on va repartir
09:42et on va aller chercher une médaille par équipe à Barcelone. Et on gagne une médaille de bronze.
09:47En plus c'est ma dernière médaille, c'est moi qui marque la dernière touche du dernier match,
09:52comme si finalement la boucle était bouclée. Une petite symbolique assez sympathique mais
09:57qui montrait bien encore une fois qu'on avait réussi là où on s'était préparé.
10:05Jacques Chirac, je le rencontre, sans savoir d'ailleurs que j'allais le voir, je le rencontre à
10:30Los Angeles. Il est au pied de mon podium après qu'on m'ait remis ma médaille d'or, ma première
10:36médaille d'or au jeu. J'avais jamais rencontré, j'ai en face de moi un grand bonhomme qui me met
10:43sa grande patte sur l'épaule et me dit, c'est bien ce que vous avez fait, bravo, je suis content
10:48pour vous. Il y avait Guy Drude derrière lui qui était son conseiller adjoint au sport à la ville
10:54de Paris. Puis je ne sais pas, il y a un truc qui se passe, c'est un homme très particulier pour qui
11:00j'ai une grande affection. Son intérêt pour les sportifs n'était pas fin. J'ai plein d'anecdotes
11:06à son sujet où il appelait les sportifs autant quand ils gagnaient que quand ils avaient une
11:12grave blessure. Après les Jeux de Barcelone, huit mois après, alors que j'étais kinesithérapeute et
11:18que je m'apprêtais à rejoindre la ville de Lyon, je reçois un coup de fil de sa part directement en
11:26me disant, Jean-François, il faudrait que tu viennes me voir. Il tutoyait les athlètes et évidemment nous
11:32on le vouvoyait. Donc je vais le voir à la mairie de Paris et il me dit, voilà, écoute, j'ai mon
11:38conseiller sport de la ville qui arrête, enfin qui change d'orientation, est-ce que tu veux le
11:43remplacer ? Mais je ne connaissais rien à la politique, encore moins à la vie de cabinet dans
11:47une mairie. Et je me suis formé sur le tas à la ville de Paris, donc pendant un an et demi. Et
11:54puis quand il gagne à la présidence de la République, je le vois dans le couloir, il me dit, tu viens avec
12:00moi à l'Elysée. Bon, d'accord. Je deviens son conseiller pendant sept ans à l'Elysée. Ça a été, je
12:08mette de côté le sport, mais certainement les plus belles années de ma vie, les sept ans à
12:13l'Elysée. Parce qu'on était au cœur du pouvoir, avec un homme qui faisait confiance. C'est la victoire
12:18de l'équipe de France en 98 au Stade de France, où Chirac est aux premières loges, où il vit
12:24pleinement le moment, à sa manière. Alors il a souvent été brocardé parce qu'il y avait
12:29beaucoup d'empathie et d'emphase, mais il avait une affection très sincère pour les joueurs. Alors ça,
12:36c'est des moments forts, parce que c'est à la fois la grandeur de la France, des moments politiques
12:41très forts, et puis une relation humaine aussi, parce que la politique, c'est aussi de l'humain.
12:56Ça arrive vers 18h30, les vrais premiers sondages, avec des projections qui ressemblaient à quelque
13:03chose, parce que l'écart n'était quand même pas très très important. Bon, on commence à sentir que
13:08ça se dégage, que l'écart avec Jospin se creuse. Donc il y a ce truc un peu bizarre, à la fois de
13:15soulagement de l'entourage, mais aussi ce coup de massue de voir le Pen au deuxième tour.
13:22Et je vois Chirac se tasser sur son siège. C'est un coup dur, quoi, pour la démocratie, en tout cas
13:30pour une expression d'une pluralité et d'une image de la France. Donc c'est, vous voyez comment
13:37vous dire, c'est une forme de soulagement, mais aussi d'inquiétude, voilà, et de gravité. Et on a
13:44senti à ce moment-là un basculement de l'opinion, comme ça, qui, je pense, a coûté le deuxième tour
13:51à Jospin, qui avait un rapport à l'autorité qui était, à mon avis, pas du tout adapté au rôle de
13:57président de la République. On avait eu aussi un premier signal, un France à gérer en football au
14:04Stade de France, que Jospin avait organisé, mais avec une petite forme de naïveté qui n'était pas
14:10non plus de bonne alloi, où le stade avait été envahi avant la fin du match, Zidane avait été
14:17sifflé, bon, et lui était resté, il était là avec onze de ses ministres, il n'avait pas bougé, enfin bon,
14:24vous voyez, à un moment donné, il faut exprimer quand même une forme d'autorité, donc il y avait
14:29des petits signaux. C'est madame Chirac qui avait repéré ça avant tout le monde et qui avait dit
14:34qu'il y avait un danger. Il se trouve qu'en tant que conseiller, plusieurs hommes politiques de
14:40l'époque m'avaient demandé de les aider à préparer une possible entrée au gouvernement, si Chirac
14:44gagnait en 2002, donc j'en avais aidé certains, et c'est entre les deux tours que Chirac me fait
14:50monter dans son bureau à l'Elysée, il me dit, écoute, je pense à toi pour être ministre des sports.
14:55Bon, là, j'ai pas eu trop le choix de quoi dire.
15:20C'est la candidature de Paris pour les Jeux de 2012, oui, qui venait après trois autres
15:33candidatures ratées, la première d'ailleurs d'entraide était celle de Jacques Chirac qui avait
15:36porté la candidature de Paris pour les Jeux de 92, que j'aurais aimé terminer ma carrière à Paris
15:43comme porte-drapeau, vous imaginez le moment.
15:46Notre dossier a été élaboré de façon telle que sur le plan technique et sur le plan de ce que doivent représenter les Jeux olympiques pour les sportifs et pour la jeunesse,
15:57je n'imagine pas honnêtement que l'on puisse avoir un dossier meilleur. Alors je suis persuadé que d'ici aux élections, nous saurons convaincre.
16:09Paris est la plus belle ville du monde et le dossier de Paris pour les Jeux olympiques est le meilleur du monde.
16:20Donc, on repart une énième fois avec un Delannoye très allant sur le sujet, voilà, qui avait vraiment envie que Paris gagne, voilà.
16:30Et puis, au fil du temps, je pense qu'on se laisse un peu aller, on se laisse bercer d'illusions, on pense qu'on est devant et on se repose
16:38un peu sur nos lauriers, on ne voit pas les Anglais revenir avec Sébastien Coe et Patatras en juillet 2005, donc très mal, on est à Singapour,
16:50tout le monde est à Singapour pour la session du CIO qui doit désigner la ville organisatrice des Jeux de 2012, et puis on se prend, alors là,
16:59un très très gros coup de massue sur la tête, c'est encore pour moi une blessure non refermée, voilà, même si maintenant on a les Jeux,
17:07ça reste vraiment un échec personnel très très fort. J'ai des grèves, peut-être de ne pas avoir été suffisamment présent aux côtés de Delannoye,
17:15je représentais la candidature non pas comme sportif, mais avant tout comme politique, ministre d'un gouvernement.
17:21Quelques années plus tard, j'aurais lâché mon portefeuille de ministre.
17:25Si on peut dire en contrepoint de la victoire de Paris pour les Jeux de 2024, c'est que la leçon a été bien comprise,
17:33et que c'est donc Bernard Lapassé et Tony Estanguet, donc deux sportifs, qui ont porté la candidature et qui l'ont menée à son terme.

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