Nathalie Iannetta reçoit Estelle Mossely, boxeuse française, championne olympique en 2016 à Rio et championne du monde.
Championne olympique, athlète engagée, mère de famille, ingénieure et figure inspirante, c'est ce qui fait la vie d'Estelle Mossely. Dans cet entretien avec Nathalie Iannetta, elle revient sur sa discipline, la boxe mais également sur le sport comme moyen d'émancipation, de se renforcer et de prendre une revanche sur la vie. Plongée très jeune dans le monde de la boxe composé en grande majorité d'hommes, elle a su s'imposer et montrer ses capacités. Alors que la boxe ne sacrait pas les femmes, elle réussit à gravir les échelons et prendre sa place au sein de cette discipline jusqu'à devenir championne du monde puis championne olympique. Après ce dernier titre elle voit un chamboulement dans sa vie sociale, des rencontres avec un monde qu'elle ne connait pas, une légion d'honneur et des contrats de professionnalisation. Elle fait partie des rares femmes à vivre de la boxe grâce à l'entourage qu'elle a choisi pour sa carrière. Estelle Mossely revient également sur sa vie en dehors de la boxe, son enfance dans une famille issue de l'immigration, le déclassement de ses parents, son adolescence rythmée par l'école et le sport, ses études d'ingénieur, sa vie de famille et sa vie de femme.
En cette année olympique, Nathalie Iannetta rejoint LCP, pour présenter une nouvelle collection de "Grands Entretiens" sur le sport, "Paroles de sportifs".
2024 année olympique, grande fête du sport dans l'écrin parisien : des femmes et des hommes incarneront le dépassement de soi, ils vont se surpasser sur les pistes, les rings, dans les bassins... et dans les fauteuils des « Grands Entretiens » de Nathalie Iannetta, ces grands sportifs qui ont connu le sommet des podiums, ou ceux qui en rêvent encore, viennent expliquer leur discipline et ses particularités, racontent leur parcours, leur détermination, leurs sacrifices pour des joies intenses. Les champions et les championnes se livrent sur la place du sport dans leur vie, les choix ou sacrifices que le haut niveau peut les amener à faire quant à leur vie personnelle, le travail d'équipe et l'importance de leur entourage. A travers ces témoignages et ces trajectoires hétéroclites, se dessinent le sens du sport et ses valeurs, qui mettent en lumière son caractère universel : "Paroles de sportifs".
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Championne olympique, athlète engagée, mère de famille, ingénieure et figure inspirante, c'est ce qui fait la vie d'Estelle Mossely. Dans cet entretien avec Nathalie Iannetta, elle revient sur sa discipline, la boxe mais également sur le sport comme moyen d'émancipation, de se renforcer et de prendre une revanche sur la vie. Plongée très jeune dans le monde de la boxe composé en grande majorité d'hommes, elle a su s'imposer et montrer ses capacités. Alors que la boxe ne sacrait pas les femmes, elle réussit à gravir les échelons et prendre sa place au sein de cette discipline jusqu'à devenir championne du monde puis championne olympique. Après ce dernier titre elle voit un chamboulement dans sa vie sociale, des rencontres avec un monde qu'elle ne connait pas, une légion d'honneur et des contrats de professionnalisation. Elle fait partie des rares femmes à vivre de la boxe grâce à l'entourage qu'elle a choisi pour sa carrière. Estelle Mossely revient également sur sa vie en dehors de la boxe, son enfance dans une famille issue de l'immigration, le déclassement de ses parents, son adolescence rythmée par l'école et le sport, ses études d'ingénieur, sa vie de famille et sa vie de femme.
En cette année olympique, Nathalie Iannetta rejoint LCP, pour présenter une nouvelle collection de "Grands Entretiens" sur le sport, "Paroles de sportifs".
2024 année olympique, grande fête du sport dans l'écrin parisien : des femmes et des hommes incarneront le dépassement de soi, ils vont se surpasser sur les pistes, les rings, dans les bassins... et dans les fauteuils des « Grands Entretiens » de Nathalie Iannetta, ces grands sportifs qui ont connu le sommet des podiums, ou ceux qui en rêvent encore, viennent expliquer leur discipline et ses particularités, racontent leur parcours, leur détermination, leurs sacrifices pour des joies intenses. Les champions et les championnes se livrent sur la place du sport dans leur vie, les choix ou sacrifices que le haut niveau peut les amener à faire quant à leur vie personnelle, le travail d'équipe et l'importance de leur entourage. A travers ces témoignages et ces trajectoires hétéroclites, se dessinent le sens du sport et ses valeurs, qui mettent en lumière son caractère universel : "Paroles de sportifs".
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00:00 [Musique]
00:20 Une championne olympique, une athlète engagée, une mère de famille, une ingénieure et une figure inspirante.
00:28 Est-ce que ça vous va si je vous présente comme ça, Esthène Mosely ?
00:33 C'est une belle présentation, merci.
00:35 J'ai rien oublié ?
00:36 Non, c'était bien. Merci pour cette présentation.
00:39 Mais oui, ça me va. C'est un peu toutes les facettes de ce que je suis aujourd'hui.
00:46 Regardez cette photo. Nous sommes au mois d'août.
00:48 C'est votre anniversaire, le 19 août exactement, 2016 à Rio.
00:54 Et c'est évidemment le jour où vous êtes sacrée championne olympique dans cette discipline
01:00 qui jusqu'ici ne sacrait pas les femmes, la boxe.
01:03 Qu'est-ce qui a changé, Esthèle, à partir de ce jour-là dans votre vie ?
01:08 Beaucoup de choses. Beaucoup de choses ont changé.
01:12 Ça a été la consécration après énormément d'années de travail, après beaucoup de sacrifices, après...
01:21 C'est un rêve qui prend jour.
01:25 Et puis c'est surtout le travail, l'équipe qui est là autour, la famille.
01:31 On se dit "on n'a pas fait ça pour rien".
01:33 Mais là, vous avez explosé aux yeux de la France entière.
01:37 Donc ça aussi, ça a changé dans votre vie.
01:40 Ça a énormément changé. Je suis passée de l'anonymat à "tout le monde me connaît,
01:44 je n'allais plus faire les courses, je n'allais quasiment plus dehors".
01:49 Et c'était bien, c'était des bons moments à vivre
01:51 parce que c'était des retours de partout, mais des retours hyper positifs.
01:55 C'est ce que je trouve particulier autour des Jeux olympiques,
01:58 c'est que les retours des gens, ça faisait du bien.
02:03 J'avais l'impression d'avoir transmis des messages à travers cette médaille.
02:06 Lesquels ?
02:07 Comme quoi les choses sont possibles, des messages pour les femmes aussi.
02:13 Je pratique un sport assez masculin, la boxe.
02:17 Oui, on va en parler.
02:18 Et donc voilà, qu'on peut se démarquer dans un milieu d'hommes, quelque part.
02:23 En plus, la finale que j'ai eue, c'est une finale hyper serrée.
02:26 Donc d'autant plus que ma ténacité à faire les choses,
02:31 c'est tout ça comme message, mais que des messages positifs.
02:35 Et ça, ça m'a fait du bien.
02:36 Et je pense que la médaille aussi a fait du bien à beaucoup de monde.
02:41 Alors, on va rembobiner un petit peu,
02:42 parce que quand on est une petite fille à Créteil,
02:46 qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné,
02:47 on dit à son père et à sa mère, je veux faire de la boxe ?
02:49 Je n'étais pas à Créteil, je suis née à Créteil,
02:52 mais du coup, moi, j'ai commencé à Champigny-sur-Mer, la boxe.
02:55 Et c'est vrai que j'ai toujours habité entre Champigny et Chaunevière.
02:59 Et je pousse la salle de boxe de Champigny parce que j'avais testé plein de sports.
03:04 Et au départ, c'est des sports parce que nos parents nous menaient dans un sport.
03:07 D'école, d'activité, comme on dit.
03:09 Exactement, jusqu'à ce qu'on nous demande notre avis.
03:13 Et là, c'était la boxe.
03:15 Mon père était content, ma maman moins.
03:18 Je fais trois ans de danse classique quand même.
03:20 Trois ans de danse classique, j'ai fait du patinage artistique.
03:23 Elle a eu peur ?
03:24 Elle a eu peur.
03:25 Et puis, ce n'était pas ce qu'elle voulait forcément pour sa petite fille.
03:29 Ma maman, elle m'habille en princesse.
03:31 À l'école, elle était en blanche.
03:33 C'était trop rock.
03:34 C'était l'opposé total.
03:37 Et puis, je commence la boxe.
03:38 Et finalement, ça me plaît énormément.
03:41 Qu'est-ce qui vous a plu ?
03:43 J'ai trouvé exactement ce que j'attendais d'un sport.
03:45 C'était physique, c'était dur.
03:47 Il fallait quand même réfléchir beaucoup.
03:51 Le combat, c'est beaucoup de réflexion.
03:53 C'est de la tactique.
03:54 C'est de la tactique.
03:55 Un combat.
03:56 Exactement.
03:57 Et en fait, tout ça s'entremêlait et il fallait être bon partout pour réussir.
04:00 Et ça, ça m'a plu.
04:02 Et en plus de ça, je pense que dans un sport où,
04:04 quand j'ai commencé, j'étais la seule fille dans cette salle,
04:06 j'ai été accueillie comme il fallait.
04:08 C'est-à-dire ?
04:09 Il y avait quoi comme regard sur vous ?
04:11 C'est-à-dire que de la part des entraîneurs,
04:13 à la fois, on faisait attention à moi,
04:16 parce que j'étais une fille.
04:18 On ne mettait pas ça de côté.
04:19 J'étais la seule fille dans une salle de boxe
04:21 où je mettais les gants avec des...
04:22 J'ai commencé à 12 ans.
04:23 Et les gars avec qui je mettais les gants,
04:24 c'était des garçons de 15 ans, 15, 16 ans.
04:27 Donc, on faisait attention à moi.
04:28 On les avertissait.
04:29 "Attention, tu vas mettre les gants avec elle. Fais attention."
04:31 Et pourtant, dans tout ce qui est technique, du sport,
04:34 intensité, tous les à-côtés du combat,
04:38 qui sont quand même la majorité de ce qu'on fait en entraînement,
04:41 là, c'était comme tout le monde.
04:43 Regardez cette photo.
04:45 La boxe, quand même, c'est un sport difficile.
04:49 Au sens propre du terme, c'est dur.
04:51 On donne et on prend des coups, Estelle.
04:54 Vous l'avez dit, après votre médaille d'or,
04:56 ça a ouvert des perspectives à des jeunes filles.
05:00 Et on a vu un afflux massif dans les salles de boxe
05:03 de petites filles qui ont voulu faire de la boxe
05:05 parce que c'était possible,
05:06 parce qu'on pouvait devenir Estelle Mosley
05:09 ou Sarah Oramoun, qui avait, elle aussi, été médaillée à Rio.
05:13 Ce physique-là, donner des coups et en recevoir
05:17 quand on est une jeune fille, comment on l'appréhende ?
05:20 C'est pas quelque chose qui me posait problème.
05:23 Moi, je pense que, déjà,
05:24 quand on rentre dans un sport comme celui-ci,
05:26 il faut accepter de prendre des coups,
05:27 parce qu'on va prendre des coups.
05:29 C'est absolument pas quelque chose qui me posait problème.
05:31 Et puis, on apprend aussi...
05:33 Comment on accepte de prendre des coups,
05:34 de se faire mal et de recevoir des coups qui peuvent faire mal ?
05:37 Franchement, je pense que c'est aussi notre part d'histoire,
05:42 quelque part.
05:43 C'est la vie qu'on mène qui fait qu'on est prêts
05:45 à être autant dans le dur.
05:47 Moi, cette médaille d'or,
05:49 je voulais devenir championne olympique pour plein de raisons.
05:52 Parce que je voulais être la meilleure dans mon sport,
05:54 ça, c'est clair.
05:55 Mais parce que, aussi, j'avais envie de prendre une revanche
05:58 sur la vie par rapport à l'histoire de mes parents,
06:00 le fait qu'ils soient venus en France...
06:02 Vous êtes une enfant d'immigrés.
06:03 - Voilà, exactement. - Et ça compte pour vous.
06:05 Ça compte énormément.
06:06 C'est des parents qui ont fait de très grandes études
06:08 qui n'ont pas été reconnues...
06:09 Et qui ont été déclassées en arrivant.
06:11 Exactement.
06:12 Donc, tout ça, dans la vie que je mène jusqu'à aujourd'hui,
06:15 c'est une revanche que j'avais envie de prendre pour eux.
06:18 Et je pense que c'est ce qui a forgé mon caractère d'année en année.
06:21 Et je trouve que je me suis retrouvée dans ce sport,
06:24 dans la boxe,
06:25 et devenir championne olympique, pour moi, c'était le grêle.
06:28 Et c'était pas juste devenir la meilleure dans mon sport.
06:31 C'était...
06:32 - Un accomplissement. - Impacter au-delà.
06:34 Mais surtout impacter au-delà.
06:36 Et c'est exactement ce que j'ai vécu.
06:38 Ça n'a pas été juste être championne olympique.
06:40 Ça a été tous les messages à côté
06:42 qui ont pu en découler, cette médaille.
06:46 Je trouve que la médaille d'or, la médaille des Jeux,
06:49 ça a un très gros impact social.
06:52 Et...
06:53 C'est en cela que les Jeux sont au-dessus de tout.
06:55 Oui, je pense.
06:56 Je pense que c'est en cela que ça dépasse une autre médaille,
06:59 telle qu'une médaille d'or.
07:00 J'ai été championne du monde quelques mois avant.
07:02 - Et pourtant, c'est pas pareil. - C'est pas pareil.
07:04 Non, c'est pas pareil.
07:05 Outre la médiatisation, il y a cet impact dont vous parlez.
07:08 Il y a cet impact social.
07:09 On rencontre du monde.
07:11 J'ai obtenu une Légion d'honneur, quand même,
07:13 juste après cette médaille.
07:14 On croise énormément de monde, de différents milieux,
07:17 des politiques, du milieu artistique.
07:19 Et...
07:20 On devient un sportif important,
07:22 mais on devient aussi une personne importante.
07:24 Et c'est là qu'on peut mener d'autres projets.
07:26 Oui.
07:27 Alors, ces autres projets, on va en parler,
07:29 mais je voudrais qu'on reste un petit peu encore sur le ring.
07:32 Est-ce qu'on a peur, Estelle, parfois ?
07:35 J'ai pas peur.
07:36 Quand je monte sur le ring, je n'ai pas peur,
07:38 parce que je fais toujours en sorte de m'entraîner du mieux que je peux,
07:43 pour justement ne pas avoir cette peur en montant sur le ring.
07:47 Je peux peut-être avoir peur à l'entraînement,
07:49 avant une piste,
07:50 quand je sais que je vais finir, limite,
07:52 en vomissant après une séance d'entraînement,
07:54 j'appréhende pendant trois jours ma piste, par exemple.
07:57 Expliquez-nous ce que c'est, une piste, pour les téléspectateurs.
08:00 On a un sport très cardio,
08:02 donc on fait ce qu'on appelle du fractionné sur les pistes,
08:05 de l'athlétisme, on court énormément.
08:07 Et on pousse toujours notre corps à l'extrême,
08:09 on pousse notre cœur à l'extrême.
08:11 C'est pas ce que je préfère, moi, dans les entraînements,
08:14 mais c'est le passage obligatoire.
08:16 Et parfois, je termine mes séances d'entraînement
08:19 après 10, 100 mètres, 5, 400 mètres,
08:23 limite en vomissant et à quatre pattes.
08:25 Mais là, ouais, j'ai peur avant.
08:27 Deux, trois jours avant, j'angoisse.
08:29 - En fait, c'est la réaction de votre corps.
08:31 - C'est la réaction de mon corps.
08:33 J'ai mal au mentre trois heures avant de monter sur la piste.
08:36 Alors que quand j'arrive sur le ring, ça ne m'arrive absolument pas.
08:39 Et je pense que ça ne m'arrive pas
08:41 parce que je fais en sorte, à chaque fois,
08:43 d'avoir cette peur avant,
08:45 d'avoir cette peur dans les entraînements.
08:47 - C'est comme ça que vous la gérez ?
08:49 - C'est comme ça que je la gère, que je la dépasse.
08:51 Et c'est comme ça que, quand j'arrive sur le ring,
08:53 je n'ai pas à avoir peur, puisque j'ai fait le travail qu'il fallait.
08:56 - Comment est-ce que vous préparez un combat ?
08:58 Est-ce que c'est vous-même et vous seul,
09:01 ou bien c'est aussi l'étude de votre adversaire ?
09:04 Comment est-ce que ça se passe ?
09:06 Parce que vous avez dit que c'était aussi tactique,
09:08 à la fois avant et pendant.
09:10 - C'est un tout. On étudie l'adversaire
09:12 ou les potentiels adversaires qu'on va avoir
09:14 sur un combat professionnel.
09:16 Par exemple, on a un adversaire,
09:18 c'est planifié longtemps à l'avance.
09:20 Sur un format olympique, c'est sous forme de tournoi.
09:22 On va être amené à rencontrer différents adversaires,
09:25 et il y a un tirage au sort au départ.
09:27 Donc on étudie les adversaires,
09:29 et puis on fait en sorte de réit au maximum
09:32 tous les défauts qu'on peut avoir au fur et à mesure.
09:35 Et ça, ça se fait avec les entraîneurs.
09:38 C'est un travail d'équipe, dans le sport individuel.
09:41 Ça reste un travail d'équipe, un gros travail d'équipe.
09:43 Mais pour moi, ça prend un travail familial, limite.
09:46 - C'est-à-dire ? - Parce que quand j'arrive au combat,
09:49 c'est mon équipe, c'est ma famille, on est tout le temps ensemble.
09:52 Et j'ai vraiment fait le choix de m'entourer de personnes très proches.
09:55 Et puis il y a aussi mes enfants, il y a mes parents.
09:57 - On va y venir à vos enfants.
09:59 On va y venir parce que c'est quelque chose de très important.
10:03 Et dans la vie qui a changé depuis cette médaille,
10:05 il y a aussi, évidemment, ces deux garçons qui sont arrivés.
10:09 Mais quand des jeunes filles viennent vous voir
10:12 et vous disent "moi j'aimerais bien faire de la boxe",
10:15 comment vous arrivez à les convaincre qu'elles peuvent y aller,
10:18 qu'elles doivent y aller ?
10:20 Qu'est-ce que ça va leur apporter ?
10:22 - Déjà, elles me voient.
10:24 Donc elles me voient et moi, quand je vais à la rencontre,
10:27 ça m'arrive beaucoup, un ou deux fois, d'aller à la rencontre des personnes,
10:30 des jeunes, beaucoup.
10:32 Et des fois, j'arrive même avec mes enfants.
10:34 Alors, quand on voit que j'ai réussi dans le contexte dans lequel je suis,
10:40 ça laisse pousser au champ des possibles.
10:43 Et moi, je dis toujours,
10:45 la seule chose qu'il ne faut pas avoir peur, c'est peur des coups.
10:48 C'est pas qu'on prend des coups. Il ne faut pas avoir peur de ça.
10:50 - Mais qu'est-ce que ça apporte ?
10:52 Vous leur dites "si tu fais de la boxe, tu verras, tu seras plus..."
10:56 Plus quoi ?
10:58 - Pour moi, il faut toujours oser.
10:59 Il y en a qui sont dans la crainte,
11:00 il y en a qui vont me dire "oui, mais je ne sais pas trop, si je suis à ma place".
11:03 Ce n'est pas une question de place, ce n'est pas une question...
11:05 En fait, c'est soit et soit.
11:07 C'est à nous de décider où est-ce qu'on a envie d'aller.
11:09 Alors oui, il ne faut pas avoir peur de coups,
11:11 parce que c'est un sport de combat,
11:12 mais à partir du moment où on a envie de tester un sport,
11:14 au contraire, il faut oser.
11:15 Moi, je dis beaucoup ça.
11:16 Il faut oser y aller, il faut oser pousser la porte d'une salle de boxe.
11:19 C'est un sport comme un autre.
11:21 - Mais c'est un sport difficile, exigeant d'un point de vue physique.
11:24 Vous avez parlé de vos vomissements en fin de piste, etc.
11:27 C'est un sport qui exige du corps et du mental.
11:31 - Oui, c'est un sport exigeant,
11:32 mais comme tous les sports, il y a aussi des paliers.
11:34 Quand on commence ce sport-là, on ne sera pas tout de suite dans le dur.
11:37 On sera dans la technique, on sera dans la tactique.
11:40 Et je trouve que c'est un sport qui est très complet
11:42 et on peut le pratiquer différemment.
11:44 - Le plaisir et le plaisir dans tout ça.
11:46 À quel moment il vient, le plaisir ?
11:48 Uniquement quand on gagne un combat ?
11:49 - Non, le plaisir, il vient à l'entraînement,
11:51 quand on a réussi à un enchaînement qu'on n'arrive pas à faire depuis deux mois,
11:54 que ça devient limite instantané.
11:56 Il vient quand on est en face d'un adversaire,
11:59 puisqu'il y a le combat, mais il y a ce qu'on appelle les sparrings,
12:02 où c'est des essais du combat, on va dire,
12:06 et où on n'a pas réussi pendant X semaines à boxer contre cet adversaire
12:11 et que finalement on arrive à esquiver la majorité des coups.
12:14 Là, il y a du plaisir, parce qu'on a franchi une étape de plus.
12:17 Le plaisir, il vient même sur une séance physique,
12:20 en musculation ou sur une piste, justement,
12:22 où on a dépassé un chrono.
12:24 Tout ça, c'est du plaisir.
12:26 - Alors, vous avez parlé de sacrifice.
12:28 Tout à l'heure, quand vous avez revu cette médaille d'or olympique,
12:33 c'était l'aboutissement aussi de tous les sacrifices.
12:36 Vous avez fait des grandes études aussi.
12:38 L'école, c'était aussi très important pour vos parents,
12:41 vous l'avez expliqué.
12:43 Comment est-ce que vous avez tenu le coup, Estelle ?
12:47 Cette détermination, vous êtes allée la chercher
12:49 à l'intérieur de vous-même ?
12:51 - Oui. Oui, et puis je n'ai pas connu autre chose.
12:55 J'étais jeune, j'avais 12 ans, j'ai fait du sport.
12:59 Très vite, ça a été deux fois par semaine, puis trois fois,
13:02 et puis il y avait les études à côté, ça faisait partie de ma vie.
13:05 Ça a toujours fait partie de ma vie.
13:06 C'est plus quand j'en suis sortie, je me suis dit,
13:08 "Mais comment j'ai fait ? Ça serait dur de revenir à ce rythme-là."
13:10 - "J'ai pas assez profité de ma jeunesse aussi, peut-être ?"
13:12 - Il y a des choses qu'on ne fait pas.
13:15 On ne s'en rend pas forcément compte,
13:17 mais c'est vrai qu'au quotidien, il y avait des choses...
13:19 J'étais étudiante, avec des horaires quand même conséquents.
13:22 Les horaires n'étaient pas adaptés
13:24 à mon rythme de sportif de niveau,
13:26 donc je ratais l'école, après, il fallait rattraper le soir.
13:28 Donc il y a des choses, forcément, d'une personne de mon âge,
13:30 que je ne faisais pas.
13:31 Et c'est ça, ma part de sacrifice.
13:33 C'est qu'il y a plein de moments que mes copines vivaient,
13:36 que moi, je ne vivais pas,
13:38 mais je vivais quand même des choses tellement hors du commun à côté.
13:42 - Vous aviez eu conscience de ça, très vite.
13:44 - Très vite, très vite, très vite, j'y voyageais.
13:46 Je suis rentrée en équipe de France,
13:48 je voyageais à l'international tout le temps.
13:50 C'est des choses que les personnes de mon âge ne faisaient pas forcément.
13:53 Très rares sont ceux qui le faisaient.
13:56 J'ai eu une accélération,
13:59 je pense que ça a été un accélérateur de maturité aussi, beaucoup.
14:02 J'ai côtoyé des gens de différents milieux,
14:05 de différentes nationalités,
14:06 ça amène à voir les choses différemment aussi
14:08 vis-à-vis de la société ou vis-à-vis de plein de choses.
14:12 Vraiment, ça a été un accélérateur au niveau de ma maturité, énormément.
14:15 - Alors, on l'a dit, vous avez fait des brillantes études,
14:19 vous êtes ingénieure.
14:21 Comment est-ce que vous arrivez à concilier,
14:24 aujourd'hui encore, cette "double vie" ?
14:28 - Aujourd'hui et après la médaille d'or,
14:30 c'est ce qui a aussi changé, cette médaille d'or au jeu.
14:33 J'ai pris le temps, j'ai eu un enfant,
14:36 et puis je suis passée professionnelle dans mon sport
14:38 et j'ai eu la possibilité aussi de ne faire que ça.
14:41 Donc, mon métier d'ingénieure, je ne l'ai pas finalement poursuivi,
14:45 puisque je suis passée professionnelle
14:47 et je n'ai fait que mon sport.
14:49 Jusqu'à présent...
14:50 - On peut vivre alors de son sport ?
14:52 - Oui, chose que je ne pensais pas.
14:54 Moi, je ne me voyais absolument pas passer professionnelle
14:56 parce qu'on ne pouvait pas vivre de la boxe, encore moins pour une femme.
14:59 - Pour une femme.
15:00 - Et la médaille d'or a tout changé.
15:02 J'ai eu la possibilité d'avoir des contrats,
15:04 et ces contrats m'ont permis de ne faire que ça.
15:06 Et là, j'ai dit "OK, ça vaut le coup",
15:08 parce que...
15:10 J'ai la possibilité d'être à la hauteur de la concurrence.
15:14 Et pour moi, concilier sa vie entre un sport très exigeant,
15:19 un sport de haut niveau, et devoir travailler à côté,
15:22 je n'aurais pas été dans la capacité d'être à la hauteur de la concurrence.
15:26 Et ça aurait posé un problème.
15:28 - Ça aurait été trop compliqué.
15:30 - Je suis quelqu'un qui aime aller au bout des choses,
15:33 et dans certaines conditions, on ne peut pas aller au bout des choses.
15:36 - Le tout, vous l'avez dit,
15:38 en assumant le fait d'avoir une vie de femme,
15:42 en ayant des enfants,
15:44 tout en continuant d'être une sportive de haut niveau,
15:48 à aucun moment, Estelle, ce choix-là,
15:50 vous vous êtes dit "ça sera l'un ou l'autre",
15:53 c'est-à-dire la boxe de haut niveau ou les enfants ?
15:56 - Jamais. Jamais.
15:58 Jamais, le sport...
16:00 - C'est nouveau, ça, hein ? - Oui.
16:02 - Vous êtes la nouvelle génération,
16:04 parce que les autres athlètes, quels que soient les sports,
16:07 se sont interdits de faire des enfants.
16:09 - Oui, complètement. Beaucoup.
16:11 Et c'est vrai que c'est ce que j'ai remarqué après ma médaille d'or,
16:14 par rapport au retour que j'avais eu.
16:16 Et finalement, quand on fait le bilan,
16:18 on se dit "oui, quand même, il y a beaucoup de femmes qui sont interdites".
16:22 - Et pour qui un jour, c'était trop tard.
16:24 - Exactement. En plus. - Après.
16:26 - Je fais les choses pour ne pas vivre avec des regrets.
16:29 C'est pour ça que j'aime bien faire les choses comme je l'entends,
16:32 et pas comme on souhaite me l'imposer.
16:34 Et pour moi, les enfants, c'était une suite logique
16:37 dans mon parcours de femme.
16:39 Après la médaille d'or, j'avais besoin déjà de repos,
16:41 j'avais besoin de me retrouver moi-même,
16:43 dans une vie hyper chargée, intense, où j'ai eu ma part de sacrifice.
16:46 J'avais besoin de faire ça, et d'avoir un enfant.
16:49 Et je l'ai fait.
16:51 Et puis j'en ai fait un deuxième,
16:53 parce que, voilà, il se trouve que ça faisait aussi partie de ma vie de femme.
16:57 J'étais en couple, j'avais envie d'un autre enfant,
16:59 et j'ai fait un deuxième enfant.
17:01 Et à aucun moment, je me suis dit "ça m'arrêtera dans ma carrière".
17:04 - Parce que, là, à ce moment-là,
17:06 votre outil de travail, c'est votre corps.
17:08 - C'est mon corps, bien sûr. C'est mon corps.
17:10 Mais je me dis quand même, aujourd'hui,
17:13 on a assez de moyens pour faire des choses.
17:17 Ce qui nous freine, c'est plus ce qu'on entend.
17:21 - Qu'est-ce qu'on entend ?
17:22 - On entend beaucoup de choses.
17:24 Il y a des athlètes qui ont peur de le faire,
17:26 parce qu'elles ont peur d'être mises à l'écart dans les équipes,
17:29 dans les équipes de France.
17:30 Elles ont peur, peut-être, d'un manque de confiance en soi aussi,
17:33 qui fait qu'à un moment donné, on se dit
17:35 "est-ce que je vais arriver à être à la hauteur de la concurrence avec un enfant ?"
17:38 Moi, j'ai pas peur de tout ça.
17:40 - Parce que la parenthèse, elle est grande, forcément.
17:42 - Elle est grande.
17:43 - On peut pas boxer en étant enceinte.
17:44 Vous avez boxé jusqu'à quel terme ?
17:46 - La première grossesse, j'ai totalement arrêté.
17:48 La reprise, c'est vrai, a été difficile.
17:50 J'ai arrêté plus d'un an.
17:52 Et la deuxième grossesse, par contre,
17:54 j'ai continué à m'entraîner jusqu'à sept mois.
17:56 Et j'ai repris six semaines après mon accouchement.
17:58 - C'est phénoménal.
18:00 Est-ce que vous mesurez ce que c'est pour des femmes "normales",
18:03 en l'occurrence, comme moi, par exemple ?
18:05 C'est phénoménal, ça.
18:07 - Je sais que c'est... Voilà.
18:09 Tout le monde ne peut pas le faire,
18:11 mais je m'entraînais,
18:13 telle une athlète de haut niveau,
18:15 35 heures par semaine.
18:17 Donc, il faut avoir confiance de ce qu'on est capable de faire, aussi.
18:20 Et souvent, c'est femmes qui décident de...
18:23 Il y en a qui décident de faire leur enfant après leur carrière,
18:26 parce que c'est un choix, et ça, c'est très bien,
18:28 tant que ça reste un choix, mais parfois, c'est limite imposé.
18:31 Et pourtant, on a la possibilité d'eux.
18:33 On peut le faire. On peut le faire.
18:35 - Mais ça veut dire que vous avez trouvé aussi un entourage
18:38 qui vous a accompagnée et qui a cru en ça,
18:40 et qui vous a dit "c'est possible".
18:42 - Oui, complètement. On peut le faire.
18:44 C'est bien d'être entourée, c'est mieux d'être entourée.
18:47 Il faut être entourée. Pour ma première grossesse...
18:49 - C'est quoi ? C'est des coachs, des médecins ?
18:51 - J'ai eu deux grossesses. - Des psys, des tout ?
18:53 - C'est pour ma première grossesse où je me suis totalement arrêtée.
18:56 Je savais que je n'allais pas forcément être aidée.
18:59 Pas être aidée par ma fédération, pas être aidée...
19:02 C'était moi et moi. Il fallait que je constitue mon équipe,
19:04 et c'est personne qui m'entourait.
19:06 Donc ça a été mon kiné, mes entraîneurs, et beaucoup ma famille.
19:11 Parce que je me retrouve quand même avec un enfant,
19:13 et je dois m'entraîner.
19:15 Et pas forcément... Mon enfant n'était pas en crèche pendant un an,
19:20 donc ma famille m'aidait beaucoup.
19:22 Et pour ma deuxième grossesse, j'avais déjà cet entourage,
19:25 cette base solide-là. C'est pour ça aussi que j'ai pu
19:27 continuer la préparation aussi longtemps,
19:29 et que j'ai pu revenir aussi vite.
19:31 Parce que les choses étaient déjà mises en place.
19:33 Et très rapidement, les gens ont pris le pas,
19:37 et puis ont vu que... Ils ont confiance aussi en mon travail,
19:40 à ma capacité de travailler.
19:42 C'est vrai que les choses sont possibles.
19:44 Je dis que les choses sont possibles. Oui, elles sont possibles.
19:46 Il faut qu'il y en ait quand même une qui fasse le pas la première fois.
19:49 Quand vous avez entendu par exemple quelqu'un comme Clarisse Agbenienou
19:52 raconter que quand elle est arrivée avec Athéna dans "Ça fait des judos",
19:56 ils l'ont regardée sur le mode, "Mais qu'est-ce que tu veux qu'on en fasse,
19:59 là, de ce couffin ?"
20:01 Et que ça a été difficile de leur faire accepter que oui,
20:04 elle peut m'accompagner, que oui, je peux faire des pauses
20:07 pour l'allaitement, etc.
20:09 Aujourd'hui, vous êtes plusieurs, il y en a dans des sports courts.
20:11 Exactement.
20:13 Est-ce que vous avez l'impression d'avoir participé
20:15 à une forme de transformation et de progrès ?
20:17 Complètement. Je pense que je participe encore à...
20:19 Parce qu'aujourd'hui, je vise des objectifs sportifs
20:22 très importants, et j'ai mes deux enfants.
20:24 Et ils sont en bas âge, et voilà, à côté de ça,
20:27 le matin, il faut que je me lève pour les emmener à l'école,
20:29 et puis il faut que je rentre à temps après l'entraînement
20:31 pour les chercher.
20:33 Mais est-ce que ça, ça participe pas, en fait, aussi,
20:35 d'une forme d'équilibre et une manière de cloisonner les choses
20:38 et d'être dans son sport et sa performance,
20:40 puis dans la vie, avec tout ce que ça a de positif
20:45 et de difficile ?
20:46 Oui, et c'est pour ça que je l'ai refait une deuxième fois,
20:49 parce qu'au début, c'était mes études et le sport.
20:52 C'est dur, mais psychologiquement, c'est limite plus facile.
20:56 Et ensuite, ça a été mes enfants et le sport.
20:58 Et je pense que si je m'étais freinée sur une partie
21:02 de ce que je voulais faire, ça aurait posé problème à la longue.
21:06 Je pense que psychologiquement, ça aurait été plus compliqué.
21:08 - Pour vous ? - Oui, complètement.
21:10 Que là, bon, c'est dur, parfois, c'est physique,
21:13 c'est une organisation, mais je suis épanouie
21:15 dans tout ce que je fais, et ça joue énormément.
21:18 Vous les emmenez avec vous, souvent, vos garçons.
21:20 - Oui. - Quel regard ils portent
21:22 sur leur maman ? Parce que d'ailleurs, vous avez écrit un livre.
21:25 C'est sur le sport et sur la place que ça a dans votre vie
21:30 pour vos enfants.
21:32 Qu'est-ce qu'ils disent de maman, qui va boxer ?
21:35 - Ah bah... Ils veulent connaître mon emploi du temps,
21:39 ce que je vais faire, les compétitions qui arrivent.
21:41 J'ai eu un accident récemment.
21:43 Alors, le plus grand, "Maman, tu vas pouvoir reboxer,
21:46 "maman, tu vas faire les Jeux", parce qu'ils sont venus
21:48 aux qualifications des Jeux olympiques, ils étaient là.
21:50 Ça m'a permis de leur faire comprendre aussi,
21:52 parce qu'ils sont quand même petits.
21:54 À 6 ans, on commence à comprendre, à 3 ans, on comprend un peu moins,
21:57 parce que c'est les Jeux olympiques, donc il faut montrer des vidéos,
21:59 il faut passer par toute une explication.
22:01 Mais ils sont contents.
22:03 Et je pense que j'essaie de les faire participer au maximum
22:07 pour qu'ils s'imprègnent d'absolument tout,
22:09 qu'ils comprennent, parce que pour moi, c'est une richesse.
22:11 Et puis, on a les Jeux olympiques chez nous.
22:13 Donc là, ils ont cette possibilité-là,
22:15 et j'essaie de les ramener au maximum, dès que je peux,
22:17 pour qu'ils comprennent.
22:19 Parce que pour moi, le sport a été un accélérateur de vie,
22:21 et je pense que ça peut l'être également pour eux.
22:23 - Vous pensez que de toute façon, ils feront du sport, vos enfants,
22:28 parce que c'est essentiel à leur équilibre d'ores et déjà ou pas ?
22:33 - Oui, de toute façon, ils feront du sport, ils font déjà du sport.
22:36 Alors, ils en font pas à haut niveau, mais ils font du sport.
22:38 Ça fait... C'est l'éducation que j'ai reçue.
22:41 Le sport, c'est comme aller à l'école.
22:43 C'est partie de l'éducation, donc ils font du sport.
22:45 Demain, je ne sais pas s'ils seront champions.
22:49 C'est la seule différence.
22:51 - Vous voulez que le sport leur apporte, alors ?
22:53 - Moi, je veux juste que ça leur apporte un équilibre,
22:55 un équilibre de vie.
22:57 Je veux aussi... Pour moi, c'est la santé, le sport.
23:00 Donc il y a ça aussi à prendre en compte, c'est la discipline.
23:03 Je pense que... L'école aussi, c'est la discipline,
23:06 mais je pense que les deux,
23:08 quand on peut faire la bascule entre l'un et l'autre,
23:10 ça permet d'être un peu plus discipliné,
23:12 de comprendre un peu plus les choses
23:14 et d'accepter peut-être un peu plus les choses, l'exigence.
23:17 On me demandait beaucoup de choses à l'entraînement.
23:20 Et on me demandait beaucoup de choses à l'école aussi.
23:23 Mais de passer de l'un à l'autre avec des victoires, des défaites,
23:26 et de se dire, bon, finalement, on est exigeants avec moi,
23:29 ça exige de la discipline, mais c'est pas pour rien.
23:32 C'est pas parce que c'est pour mener à ça ici,
23:34 c'est pour mener à ça ici.
23:36 Voilà, je pense que ça permet de comprendre
23:39 que la discipline, quand même, est importante
23:41 et que parfois, on est exigeants envers nous,
23:43 mais c'est pas pour rien.
23:45 - Qu'est-ce qu'elle serait devenue, la petite Estelle Mosely,
23:47 si elle n'avait pas fait de sport ?
23:49 - Je pense que...
23:51 Une Estelle Mosely sans sport, ça aurait été compliqué.
23:54 Je pense que ce n'est pas possible.
23:56 Très honnêtement, le sport, ça a toujours été mon équilibre.
24:00 Depuis petite, je pratique du sport.
24:03 Et je me vois très, très, très mal sans sport.
24:06 Je sais...
24:08 Ça m'a permis aussi de me canaliser.
24:11 Je suis quelqu'un qui est très active depuis toujours.
24:14 Ça me permet de canaliser mes émotions aussi.
24:17 Donc...
24:19 C'est mon équilibre. - Non, c'était pas possible.
24:21 - Non, c'est pas possible.
24:22 Une Estelle sans sport, c'est pas possible.
24:24 - Une dernière question.
24:25 Vous avez beaucoup parlé de ces valeurs du sport.
24:28 Vous avez parlé du fait que la France organise
24:30 des Jeux olympiques.
24:32 Ce pays et son rapport au sport,
24:34 un peu compliqué,
24:36 notamment quand on est une femme,
24:38 notamment quand on est jeune et qu'on doit concilier
24:40 les études et le sport de haut niveau.
24:42 Qu'est-ce qu'il faudrait changer, Estelle ?
24:45 - Il y a beaucoup de choses à changer, je trouve.
24:48 Et surtout les bases.
24:50 Parce que finalement, on a beaucoup de talent en France.
24:54 Et on a de très grands champions aussi.
24:57 Mais parfois, on a l'impression que...
25:00 que c'est un peu le hasard.
25:03 Alors qu'on a énormément de ressources ici.
25:05 On peut être parmi le top...
25:08 top 3, on peut l'être.
25:10 Mais je pense qu'au niveau de la base,
25:12 il y a des choses à changer.
25:13 Je me suis entraînée aux Etats-Unis pendant deux ans.
25:16 Et quand on voit que pour aller à l'école,
25:18 le sport permet aussi d'aller à l'école.
25:20 - Permet d'obtenir une porte dans des grandes universités.
25:24 - Permet d'obtenir la bourse, dans des grandes universités.
25:26 Moi, quand j'étais en école d'ingénieur,
25:28 un professeur m'a dit "Pourquoi tu fais du sport de haut niveau ?
25:31 "Je ne comprends pas.
25:32 "Pourquoi tu fais du sport de haut niveau ?
25:33 "Ca va t'emmener où ? Là, t'es à l'école, quoi.
25:35 "T'es en école d'ingénieur."
25:36 Donc, c'est l'effet inverse.
25:37 - Il faut choisir, ici.
25:38 - Oui, ici, il faut choisir.
25:39 - Et vous ne voulez pas choisir.
25:40 - Non, je ne veux pas choisir.
25:42 Et je pense que personne n'a besoin de choisir.
25:46 Mais pour ça, il faut changer la base, la mentalité à sa base.
25:51 Et ne pas penser que le sport...
25:53 Enfin, c'est soit le sport, soit les études.
25:55 Ca peut être très complémentaire.
25:57 Et je pense qu'au contraire, ça peut permettre, justement,
25:59 d'arriver à se dépasser.
26:03 De pouvoir réussir à concilier les deux,
26:05 ça peut permettre de se dépasser.
26:06 - Combien de temps vous vous voyez encore sur un ring ?
26:09 - Pas dix ans.
26:11 Je suis plus à la fin que t'es vie.
26:13 - C'est pour ça que je me demande encore combien de temps vous vous voyez.
26:16 - Pas plus de deux ans.
26:17 - Ouais.
26:18 - Ouais. Ca sera mes derniers jeux, c'est certain.
26:20 - Ouais.
26:21 - Je... Derrière, j'ai l'envie, quand même,
26:25 de faire quelques combats professionnels
26:28 qui me mèneront au maximum de ce que je peux faire.
26:31 Donc, la réunification des titres, c'est ce que je vise.
26:33 Et puis, après, je tournerai la page.
26:35 Mais je resterai quand même dans le sport.
26:37 - Merci d'avoir écrit les belles pages du sport français.
26:41 - Merci. Merci.
26:44 (Générique)
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